Le coeur en poche de Christine Aventin
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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"La nouvelle Sagan" ?
Lorsque ce roman fut publié, en 1988, les critiques littéraires, à l'affût de chair fraîche, bombardèrent son auteur "nouvelle Sagan". Elle avait écrit ce livre à 15 ans, avait plu à Simone Gallimard et devait séduire un large public avec l'histoire d'une jeune fille de son âge, Alexandra, dont la mère prostituée est battue puis tuée par son souteneur, puis qui cherche à retrouver le père qu'elle n'a jamais connu.
"Nouvelle Sagan"… la formule était stupide, comme la plupart des formules. L'auteur du "Cœur en poche" n'est pas devenue Sagan. Mais elle est devenue, dès ce moment, Christine Aventin, le petit prodige qui publia un best-seller. Plus de quinze ans après, elle cherche encore à échapper à ce pesant héritage.
Deux ans plus tard en effet, elle publiait "Le diable peint", un livre encore adolescent mais empreint de cruauté, de cynisme, comme si, déjà, elle se regardait écrire, réglait ses comptes, et d'abord avec les figures du père et de la mère.
Christine Aventin avoue aujourd’hui que ses deux romans de jeunesse étaient des livres fabriqués par une bonne élève qui savait lire, écrire, regarder des films policiers à la télévision, vivre par procuration. Le reste ? Un coup éditorial, sauf peut-être du point de vue de Simone Gallimard qui avait sans doute compris que les blessures d’origine familiale étaient profondes, les traumatismes intimes pas seulement littéraires, et qu’une voix personnelle pouvait surgir un jour, une fois gommés les poncifs, traqués les lieux communs, épuisés les stéréotypes de la petite littérature à consommer faute d’aliments plus robustes.
Qu’est devenue Christine ? Etudes de lettres, rupture avec des parents à qui elle eut entre autres à reprocher de ne jamais lui avoir versé les droits d’auteur de ce roman à gros tirage, errance professionnelle toujours un peu marginale, vie affective de l’autre rive, et le silence. Tout plutôt que le modèle parental ; tout plutôt qu’écrire un roman Aventin.
D’où un troisième livre, court et beau, et difficile, plus de dix ans après ses balbutiements d’ado : "Le désir demeuré". Et, aujourd’hui, un quatrième livre, "Portrait nu", publié dans une collection érotique.
Christine Aventin réussira-t-elle à échapper à l’ombre projetée sur son nom depuis le succès du "Cœur en poche"? Elle a aujourd’hui tout en main pour briser l’image, tuer le double après avoir «tué le père», naître enfin à son talent. A cœur ouvert…
Les éditions
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Le Coeur en poche [Texte imprimé] Christine Aventin
de Aventin, Christine
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070382071 ; 6,90 € ; 01/01/1989 ; 184 p. ; Poche
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Appréciable
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 26 juin 2016
Un roman retentissant à l’époque ( en 1988) pour cette jeune lycéenne liégeoise. Elle ne s’en tire effectivement pas mal.
Extraits :
* Je savais que je n’étais au fond qu’une petite catin, qui ne demandait que ça.
* Je considérais les curés comme des planqués. Faites ceci, ne faites pas cela. C’était trop facile de dicter aux gens comment ils devaient vivre : supporter tous les coups, pardonner à ceux qui nous ont fait du mal : foutre la paix aux autres.
* Dieu avait un avantage : il n’était pas rancunier.
* ( le gros curé raciste qui n’aimait pas les arabes) Dans un train :
La tête de l’Arabe reparut derrière la porte vitrée. (…)
- « Toi, excuser nous. Nous vouloir asseoir, femme fatiguée. Attendre bébé, elle pas pouvoir rester debout ».
- « Non, ce compartiment est réservé, va voir de l’autre côté. »
C’est le gros curé qui venait de parler.
- « Mais moi, je n’attends personne », dis-je. « Ils peuvent prendre place à côté de moi et si vous attendez d’autres personnes, j’irai dans le couloir »
- « Non, mon enfant, tu es très aimable, mais nous sommes dans un compartiment de première classe et ces gens n’ont certainement qu’un billet à tarif réduit. N’est-ce pas ? Montre-moi ton billet.
L’Arabe sortit les deux tickets de sa poche avant de les tendre au prélat.
- « J’avais raison, regarde », annonça-t-il en me les montant
- « Quelle importance ? Moi non plus je n’ai pas de billet de première classe. »
J’ignorais que les trains étaient racistes et sectaires.
- « Toi, tu as besoin de réconfort. Je veux bien payer le supplément de prix à ta place »
* Pas si conne. Et puis je me demande si je ne vais m’y mettre à l’aimer vraiment. Ne dit-on pas que nous faisons les meilleurs épouses, nous les catins.
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