Okavango de Caryl Férey

Okavango de Caryl Férey

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Darius, le 15 janvier 2024 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 918ème position).
Visites : 2 568 

Pour des cornes de rhinocéros

Un polar hyper compliqué pour lequel l’auteur s’est fortement documenté entre la Namibie, l’Afrique du Sud, l’Angola, le Zimbabwe et le Botswana. Il traite des braconniers qui sévissent dans cette région car les cornes de rhinocéros et les défenses d’éléphants valent de l’or en Chine .

John Lattham dirige le Wild Bunch, une réserve d’animaux sauvages de 90.000 hectares, mais son passé est peu clair .
Solanah, une ranger, traque les braconniers . Elle est mariée à Azuel, son chef et colonel, mais leur mariage bat de l’aile .

Le roman démarre par une intrusion sur les terres de John Lattham, les caméras de surveillance n’ayant pas signalé de braconniers . Et pour cause, elles ont été trafiquées. De plus les animaux sont empoisonnés à la strychnine déversée dans les mares où ils viennent s’abreuver.
John Lattham soupçonne le Scorpion alias Rainer Du Plessis un braconnier richissime . Il est entouré d’une équipe locale sans scrupule : l’un pour l’ablation, l’un pour le recrutement des pisteurs, l’un pour le piratage informatique, l’un pour l’abattage des bêtes, un pour le pilotage des avions .

« Ces groupes armés provoquaient la dislocation des communautés locales et l'instabilité politique et finançaient le terrorisme - Boko Haram et Al-Qaida participaient au trafic -, précipitant l'extinction en cours. Une extinction exponentielle, comme l'avaient subie les peuplades qui considéraient la terre comme leur mère nourricière, privées de l'imaginaire qui fondait leur entité, exactement comme les animaux dans un zoo. Voilà l'avenir que l'homme moderne réservait aux bêtes sauvages : une prison. Un cachot avec des barreaux de fer dans la tête, qui leur feraient perdre jusqu'à l'idée même de liberté »

La ranger Solanah enrage également sur les Occidentaux : «On envisage même de déplacer les parcs nationaux selon le tracé des lieux de forages, et bien sûr les populations qui vivent là, sans leur demander leur avis. J'aimerais voir la tête des Occidentaux si des experts africains venaient leur dicter quoi faire sur leurs propres territoires, quelle espèce protéger et quelle population expulser en conséquence : tu nous imagines, virant la population entière de l'Arkansas pour la sauvegarde d'un oiseau rare? Quand un ours ou un loup est réintroduit en Europe, il faut tout de suite le tuer, tandis qu'en Afrique c'est aux populations de dégager! »

« Cent mille lions vivaient en Afrique dans les années 1960, moins de trente mille aujourd'hui. Un génocide à mesure que les humains empiétaient sur leurs territoires, obligeant les fauves à s'entre-tuer pour continuer d'exister. Pour le reste, les méthodes d'assassinat allaient de L'AK-47 au cyanure ou a l'arsenic injectés dans une carcasse d'herbivore, de l'électro-aution (15 000 volts dérivés d'une ligne électrique plongée dans une mare) aux pesticides déversés dans les points d'eau »

Ce roman ne laisse pas insensible à ce qui se passe en Afrique et à ses réserves d’animaux sauvages .

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

lions club

8 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 8 juillet 2025

Une vision surprenante des réserves animalières africaines, loin, très loin des clichés colportés par les organisateurs de safaris et autres réjouissances exotiques pour gens friqués. Aux confins de la Namibie, de l’Angola, de la Zambie, du Botswana et du Zimbabwe, une zone transfrontalière a été préservée à la fin des guerres d’indépendance qui ont ravagé cette partie de l’Afrique australe, massacrant des milliers d’humains et d’animaux. Wild Bunch, réserve privée gérée par John Latham à grand renfort d’informatique, offre un refuge salutaire aux rhinocéros, éléphants et autres mammifères convoités par les trafiquants, parmi lesquels sévit le Scorpion, avec sa clientèle asiatique peu regardante sur la provenance de ses trophées et remèdes divers. Une guerre sans pitié entre partisans du bien-être animal et voyous de haut vol, où l’on a bien du mal à discerner la limite entre le Bien et le Mal. Le message de ce polar écolo-guerrier est ambigu, laissant un goût amer, mais l’auteur sait néanmoins nous attacher à quelques personnages solaires, telle Solanah, la ranger Botswanaise devenue amoureuse de John Latham, et il a incontestablement le sens de l’action. Un polar original, à déconseiller toutefois aux âmes sensibles et aux tenants d’une version angélique de l’écologie…

Namibie, Botswana …

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 69 ans) - 26 juin 2025

Caryl Ferey se distingue par l’écriture de romans situés dans des contrées, plutôt lointaines, et en tous cas au passé et à l’actualité chargées. Haka en Nouvelle-Zélande, Zulu en Afrique du Sud, Mapuche, Condor en Argentine et au Chili, et donc Okavango aux confins du Botswana et de la Namibie.
C’est toujours remarquablement documenté, au point que lorsque j’ai lu mon premier Caryl Ferey, Haka, je croyais avoir affaire à un auteur local ! Okavango ne déroge pas à la règle. Et ce n’est plus un sujet sociétal qui est traité là, au contraire de Zulu, dans le grand pays voisin. C’est la question du braconnage et du trafic d’animaux sauvages des réserves africaines qui est traité. Dans un cadre semi-policier, en tous cas très plaisant à lire.

»De l’or à sang chaud pour les mafias du braconnage, qui aujourd’hui en avaient fait le quatrième commerce illégal au monde.
L’Afrique australe n’était pas épargnée par le trafic. Sentant le vent de l’apartheid tourner en leur défaveur, des officiers de l’armée sud-africaine avaient monté des sociétés privées de sécurité, en fait des compagnies de mercenaires répondant à la demande. On échangeait les animaux ou leur ivoire contre du pétrole et des diamants, alimentant les guerres jusqu’en Sierra Leone. »


Soit une réserve, privée, Wild Bunch, située en Namibie mais à cheval aussi, ou en continuité, sur Angola et Botswana. Fondée et dirigée par un Blanc charismatique et sulfureux, John Latham, d’origine sud-africaine. Soit Solanah, ranger, chargée de contrôler ces zones et de lutter contre le braconnage, elle est amenée à intervenir sur Wild Bunch suite à des meurtres difficilement compréhensibles et du braconnage avéré.
John Latham et Solanah vont être amenés à être toujours plus en contact et nous allons suivre l’évolution de tout ceci du point de vue de Solanah.
C’est écrit de manière très vivante et on se sent immergé dans ces contrées étouffantes de chaleur et soumises à tant de contradictions et de violence. Caryl Ferey apprécie manifestement se transplanter dans d’autres pays, d’autres cultures et il sait en faire ressortir leurs particularités …

Forums: Okavango

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Okavango".