Okavango de Caryl Férey

Okavango de Caryl Férey

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Darius, le 15 janvier 2024 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 9 étoiles
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Pour des cornes de rhinocéros

Un polar hyper compliqué pour lequel l’auteur s’est fortement documenté entre la Namibie, l’Afrique du Sud, l’Angola, le Zimbabwe et le Botswana. Il traite des braconniers qui sévissent dans cette région car les cornes de rhinocéros et les défenses d’éléphants valent de l’or en Chine .

John Lattham dirige le Wild Bunch, une réserve d’animaux sauvages de 90.000 hectares, mais son passé est peu clair .
Solanah, une ranger, traque les braconniers . Elle est mariée à Azuel, son chef et colonel, mais leur mariage bat de l’aile .

Le roman démarre par une intrusion sur les terres de John Lattham, les caméras de surveillance n’ayant pas signalé de braconniers . Et pour cause, elles ont été trafiquées. De plus les animaux sont empoisonnés à la strychnine déversée dans les mares où ils viennent s’abreuver.
John Lattham soupçonne le Scorpion alias Rainer Du Plessis un braconnier richissime . Il est entouré d’une équipe locale sans scrupule : l’un pour l’ablation, l’un pour le recrutement des pisteurs, l’un pour le piratage informatique, l’un pour l’abattage des bêtes, un pour le pilotage des avions .

« Ces groupes armés provoquaient la dislocation des communautés locales et l'instabilité politique et finançaient le terrorisme - Boko Haram et Al-Qaida participaient au trafic -, précipitant l'extinction en cours. Une extinction exponentielle, comme l'avaient subie les peuplades qui considéraient la terre comme leur mère nourricière, privées de l'imaginaire qui fondait leur entité, exactement comme les animaux dans un zoo. Voilà l'avenir que l'homme moderne réservait aux bêtes sauvages : une prison. Un cachot avec des barreaux de fer dans la tête, qui leur feraient perdre jusqu'à l'idée même de liberté »

La ranger Solanah enrage également sur les Occidentaux : «On envisage même de déplacer les parcs nationaux selon le tracé des lieux de forages, et bien sûr les populations qui vivent là, sans leur demander leur avis. J'aimerais voir la tête des Occidentaux si des experts africains venaient leur dicter quoi faire sur leurs propres territoires, quelle espèce protéger et quelle population expulser en conséquence : tu nous imagines, virant la population entière de l'Arkansas pour la sauvegarde d'un oiseau rare? Quand un ours ou un loup est réintroduit en Europe, il faut tout de suite le tuer, tandis qu'en Afrique c'est aux populations de dégager! »

« Cent mille lions vivaient en Afrique dans les années 1960, moins de trente mille aujourd'hui. Un génocide à mesure que les humains empiétaient sur leurs territoires, obligeant les fauves à s'entre-tuer pour continuer d'exister. Pour le reste, les méthodes d'assassinat allaient de L'AK-47 au cyanure ou a l'arsenic injectés dans une carcasse d'herbivore, de l'électro-aution (15 000 volts dérivés d'une ligne électrique plongée dans une mare) aux pesticides déversés dans les points d'eau »

Ce roman ne laisse pas insensible à ce qui se passe en Afrique et à ses réserves d’animaux sauvages .

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