Un peu d'air frais de George Orwell

Un peu d'air frais de George Orwell
(Coming Up for Air)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Falgo, le 27 août 2023 (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 251ème position).
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Une chronique de grande classe

Publié en 1939 ce roman d'Eric Blair-George Orwell est probablement le dernier écrit avant la deuxième guerre mondiale. Comme d'autres romans d'Orwell, il n'est pas autobiographique, mais contient à mon sens un nombre élevé d'expériences vécues directement par l'auteur, n'en témoignent que les nombreuses pages dédiées à la pêche, activité si prisée par Orwell. Le texte commence par une phrase curieuse dont le sens n'est révélé qu'au cours du récit: "Å vrai dire, c'est le jour où j'ai étrenné mon dentier que l'idée m'est venue." Il s'git d'une sorte de biographie d'un anglais de la classe moyenne comportant souvent une description insolente de lui-même, des gens, des lieux et des circonstances qu'il est amené à rencontrer. Il commence avec son enfance et son adolescence à Binfield-le-bas, poursuit avec son mariage et sa vie d'adulte "vendeur d'assurances sur la vie". Il décrit le monde en train de se construire et laisse percer un certain regret de celui d'avant, mais sans la moindre amertume, comme lors de son retour 20 ans après dans sa ville natale, complètement chamboulée . Il traite d'innombrables sujets avec toujours cette pointe d'ironie qui fait la valeur du texte. Il ne peut s'empêcher de relater une conférence antifasciste où apparaissent, avant ses grands romans, ses idées sur les systèmes totalitaires et leur réception mitigée par des auditeurs enfoncés dans leur confort. Une première traduction française avait donné pour titre à ce livre "Journal d'un anglais moyen", traduisant ainsi une certaine approche du texte que la traduction plus littérale du titre anglais complète en soulignant combien la médiocrité des destins aspire à une plus profonde respiration, thème largement présent chez Orwell. Å lire pour mieux connaître un auteur majeur dont le style est de premier ordre et la formation intellectuelle et morale un cheminement constant.

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De la Belle Epoque à l'entre deux guerres

8 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 9 avril 2024

Années 30 en Grande-Bretagne : le bon gros George Bowling, affligé de fort mauvaises dents, vient de se voir doté d’un beau dentier qui lui change la vie. Le bonhomme mène une vie tranquille et bien rangée. Il travaille comme représentant d’une société d’assurances, « la Salamandre Volante ». Son épouse Hilda, qu’il trompe d’ailleurs assez régulièrement, se dessèche sur tige en se souciant trop de choses insignifiantes comme l’augmentation du prix du beurre. Et c’est tout juste s’il supporte la présence encombrante de ses deux enfants Billy 7 ans et Lorna 11 ans. Il se souvient de sa propre enfance, quelques années avant la première guerre mondiale. Quand celle-ci éclate, il est incorporé dans l’armée et se retrouve vite sur le front, dans l’enfer des tranchées. Une blessure assez légère lui permet d’échapper à la mort. En effet, quand il sort de l’hôpital, il se retrouve affecté à surveiller un dépôt de réserve de nourriture, comme oublié dans un coin perdu de la côte sud de l’Angleterre. Il y restera à bouquiner jusqu’à l’armistice. Pour l’heure, il souhaite s’octroyer une petite semaine de vacances pour retourner seul dans la ville de son enfance où il n’a pas mis les pieds depuis au moins 20 ans…
« Un peu d’air frais » est un roman naturaliste et social retraçant une partie de la vie d’un anti-héros, personnage relativement sympathique en dépit de ses nombreux défauts (lâcheté, égoïsme entre autres). Par certains aspects, il pourrait même être un lointain avatar de l’auteur qui eut une vie bien différente d’ailleurs. Avec cette histoire simple et un brin nostalgique, le lecteur se retrouve assez loin de l’univers oppressant de totalitarisme de « 1984 » et pourtant… Orwell y analyse très finement les problématiques sociales de l’époque comme le drame des petits boutiquiers condamnés à disparaître avec l’arrivée de pimpants magasins à succursales multiples, ou comme la propagande de guerre qui fit imaginer comme fraiche, juste, courte et joyeuse une guerre qui ne fut qu’une horrible, monstrueuse et interminable boucherie. Survivant de ce suicide collectif, le héros en devient imperméable aux arguments bellicistes d’un jeune conférencier alertant contre le danger représenté par la montée en puissance d’un certain chancelier allemand. Livre très bien écrit. Très agréable à lire et très intéressant d’un point de vue historique et social, car très objectif sur la réalité de la « Belle époque » dans la classe des petites gens honnêtes. Une plongée dans un monde disparu.

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