Treize petites merveilles

Prétentieux comme je suis, je croyais avoir tout lu de Georges Simenon , soit plus de 200 romans et nouvelles. Eh ben, tintin, j’avais tout faux ! Je suis tombé sur trois recueils de nouvelles remarquables ( = dignes d’être remarquées) Le premier, et non le moindre, s’intitule « Le petit docteur » écrit à partir de 1938, que certains éminents spécialistes de Simenon qualifient de « fantaisies policières ».
Le docteur Jean Dollent officie à Marsilly, un petit village de mille habitants du côté de La Rochelle. « C’est tout juste si avec ses trente ans, sa petite taille et ses vêtements toujours les mêmes, il n’avait pas l’air d’un étudiant ». Si la vue de jeunes femmes ne le laisse pas indifférent, il est toujours célibataire. Anna, sa servante, la quarantaine bien sonnée, assure le bon maintien de sa demeure et son quotidien alimentaire. Lors des deux ou trois premières nouvelles, qui en compte treize, par jeu ou par curiosité, il parvient à résoudre des enquêtes judiciaires. Très vite, la police fait appel à ses services. Sa réputation est faite. Son flair devient légendaire. Face à l’incompétence de la police, de la gendarmerie, des victimes, de chantage par exemple, font appel à lui.
Ces nouvelles sont emplies d’humour sans compter que le Petit Docteur a un sens aigu de l’autodérision. Rarement il ne se prend au sérieux. Il carbure aux petits verres qui comblent ses journées : un verre de bière (ou deux), une petite fine ici, un calva par-là, et pourquoi pas un bon p’tit rouge. Tant et si bien que parfois, il roule dessous la table. Ce n’est quand même pas sa faute si, dans les bistrots qu’il fréquente, le café y est infect. Nul n’est parfait, comme on dit !
Treize petites merveilles. J’ai particulièrement apprécié « Les mariés du 1 er décembre », « Le château de l’arsenic », « La sonnette d’alarme », « Le passager et son nègre », « L’homme roux ».
A ne pas manquer ! Le volume compte 600 pages qui se lisent d’une traite.

Extraits :
- Il eut peur. Au point que, s’il avait pu, il serait rentré dans le premier bistrot venu pour avaler une boisson forte.
- Chaque fois que le Petit Docteur commençait une enquête, il était forcé de boire, pour une raison ou une autre.
- L’inspecteur Snoek commanda au garçon deux « formidables ». L’instant après, on leur apportait des verres qui devaient contenir chacun un litre de bière.
- Après une première fine à l’eau, le Petit Docteur en commanda une seconde et commença de ce sentir mieux. Il lui semblait qu’il percevait avec plus d’acuité la vie qui l’entourait.
- Au cours de mes enquêtes, il y a toujours une raison ou une autre pour avaler quelque chose.
- Je suis descendu… au bistrot du coin … et … je ne sais plus …six ..sept, je crois que c’est sept fines à l’eau.
- Je ne sais pas ce qui se passe mais j’ai une de ces soifs. Si nous allions prendre un verre ?
- Vos verres sont ridiculement petits, madame Germaine … Moi, quand un alcool me plaît, je ne peux pas résister.

• 

  Le Petit Docteur

  de Simenon, Georges
  Gallimard
  ISBN : 9782070467440 ; 9,70 € ; 08/07/2016 ; 624 p. ; Poche

  Go Amazon