Digue de Cuesme, quatre-vingt-deux de Carine-Laure Desguin
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie
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Poèmes de rage et de colère
Carine-Laure, je la connais bien, pas tellement parce que je l’ai rencontrée une fois mais surtout parce que j’ai lu plusieurs de ses livres, une douzaine au moins dans différents genres littéraire. Ils m’ont bien plus appris sur elle que les quelques paroles que nous avons pu échanger, un peu trop rapidement, lors d’une foire aux livres. Et, le dernier que j’ai trouvé dans la revue Les Chants de Jane, éditée par le Grenier Jane Tony, m’en a encore plus appris sur sa famille, son arbre généalogique, ses rapports avec son cousin… Elle a écrit son histoire avec ce cousin sous la forme de poèmes rassemblés en un recueil qui constitue le présent numéro de cette revue.
Dans sa préface très pertinente, Eric Allard cerne bien le sujet de ce recueil quand il écrit, « Dans cette histoire d’une vie de rien, celle d’un cousin, rieur et viveur, presque un frère, avec lequel elle a partagé des jeux, des joies d’enfance … Carine-Laure traque la poésie là où on ne la soupçonne pas toujours ». Dès ses premières lignes, elle campe le paysage, le cher cousin, l’ami d’enfant, le frère de jeux, n’est plus, « Tu ne liras pas / mon chant de Jane ». Le ton est donné le recueil est tristesse d’avoir perdu un être aimé ; colère de l’avoir perdu de cette façon ; rage de n’avoir pas pu le sauver et dépit de se retrouver seule sans lui qui s’est laissé emporter par un mal génétique qu’il a refusé de soigner. « … / aujourd’hui je le dis / ton vieux avait en lui quelque chose / d’Antonin Artaud / … ».
Carine-laure laisse tomber le masque, sans pudeur inutile, elle raconte son enfance avec ce cousin, leur vie d’ « enfants sauvages libres et nus / accrochés à l’insouciance des années soixante » ; la démence véritable fatalité génétique ; le laisser aller, la crasse, la puanteur, le désordre ; les rendez-vous manqués, … Et « moi je gueule ma hargne / je vomis ma colère / voir tout ce gâchis / y’a pas de mots vraiment /… ». Boule, c’est le surnom du cousin, est mort de sa démence, elle ne le verra plus, elle ne pleure pas, elle ne se plaint pas, elle hurle de rage, de colère, de dépit d’avoir été impuissante devant sa déchéance.
Aujourd’hui, cette douleur, elle l’a met dans ses mots, dans ses vers, dans ce Chant de Jane, dans une écriture vive, ardente, enfiévrée, que Boule ne lira hélas jamais. Ce texte est constitutif d’un deuil qui n’est pas fait mais qui est en marche vers une résilience pas encore possible mais espérée. La poésie nichée jusques dans la souffrance, l’insouciance, la nonchalance et même l’inconscience sera certainement le moteur de l’acceptation et de la résignation nécessaires à ce deuil.
Les éditions
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Digue de Cuesme, quatre-vingt-deux
de Desguin, Carine-Laure
Grenier Jane Tony / Les chants de Jane
ISBN : SANS000065249 ; 01/12/2022 ; 25 p. ; 10 x 19
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Elan de tendresse
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 9 novembre 2023
Elle a un "cash" dans ses expressions, la façon d'aller droit au but, le lecteur se trouve de suite dans le vif du sujet.
Ici c'est en mode "poésie" qu'elle s'exprime, mais c'est une poésie qui explose, qui bouscule et déstabilise.
La poétesse nous raconte l'histoire de son cousin, Boule, qui a eu une triste fin, après avoir vécu son existence comme il l'entendait, avec ses frasques, ses bouteilles, son envie de "déconner" tout le temps, de VIVRE.
Cependant, atteint peut-être du syndrome de Diogène, le quotidien se complique, et sa santé décline.
Et sa cousine essaie de l'aider, de manière douce en lui expliquant les choses, en haussant le ton, puis en hurlant, impuissante face à ce trublion qui n'en fait qu'à sa tête, ne prenant rien au sérieux.
On sent dans ces poèmes le désespoir, l'impuissance et le désarroi de l'auteure. Elle voit sous ses yeux cet être cher qui s'enfonce dans les abîmes.
Les mots fusent, des mots de peine, de révolte, de colère, de douleur et de passion, qui avaient besoin de sortir, d'être couchés sur le papier, dans un élan libérateur, en hommage à ce cousin avec qui elle a grandi un peu trop rapidement, qui l'a marquée profondément et qui rirait sûrement à la lecture de ce recueil, un élan de tendresse envers cet être aimé.
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