Maître Harold de Athol Fugard

Maître Harold de Athol Fugard
(Master Harold ... and the boys)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre , Littérature => Africaine

Critiqué par Septularisen, le 27 janvier 2023 (Inscrit le 7 août 2004, - ans)
La note : 8 étoiles
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MAÎTRE ET SERVITEUR.

Au début de la pièce nous sommes à Port Elizabeth en Afrique du Sud en 1950. Nous faisons la connaissance de deux personnes d’environ 45 ans, Sam Semela et son comparse Willie Malopo. Tous les deux travaillent au salon de thé «Le Parc Saint-Georges » en tant que serveurs. Comme il fait pluvieux ce jour-là, il n’y a personne dans le salon de thé, et les deux amis, comme un vieux couple, en profitent pour s’exercer pour un prochain concours de danse auxquels ils vont participer. Arrive alors de l’école Harold dit Hally, qui vient déjeuner au salon de thé, avant de rentrer à la maison. La propriétaire de celui-ci n’étant autre que sa mère.

Alors que Hally est en train de faire ses devoirs, il a une discussion sur les «grands hommes» avec Sam. Il y a une franche affection entre eux, puisque Sam et Willie ont été un peu la famille de Hally durant son enfance, passée entre une mère trop souvent absente et un père ivrogne et infirme. La mère de Hally l’appelle alors au téléphone. Elle lui apprend que son père qui était à l’hôpital, viens de rentrer à la maison. Hally est consterné, en effet son père est un alcoolique patenté, et une personne handicapée qui leurs rends la vie infernale à la maison. Il parle d’ailleurs avec son père, cachant avec grande peine ses véritables sentiments…

Quand il raccroche, Hally deviens froid et distant, il éclate dans une tirade de haine envers Sam, et exige que celui-ci l’appelle désormais: «Maître Harold»!..

«Maître Harold», d’Athol FUGARD (*1932), est une pièce en un acte (une centaine de pages…), se déroulant dans un décor minimaliste et – on l’aura compris -, en Afrique du Sud du temps de l’apartheid. M. FUGARD analyse ici la thématique des répercussions de l’apartheid sur les relations entre les individus. C’est en quelque sorte une opposition entre les deux serviteurs, hommes de couleur, au fils de la patronne, un «petit blanc», de 17 ans. L’auteur s’est d’ailleurs inspiré de sa propre jeunesse à Port Elizabeth, pour écrire cette pièce.
Athol FUGARD développe donc ici l’éternelle dialectique du maître (le patron blanc) et du serviteur (l’esclave noir). Dépassant allégrement la problématique raciale (traitée ici sans aucune complaisance!..), il nous expose la nature des relations humaines à l’aune des pressions sociales exercées par l’apartheid... L'éducation, l'amour filial, l'amitié, les liens professionnels, sont ainsi mis à rude épreuve.

C’est une pièce épurée, subtile, élégante, dosant savamment humour et émotion, qui, - si le sujet n’avait pas été aussi grave -, aurait tout aussi bien pu être conviviale et drôle. Il y a beaucoup de sentiments et d’émotion, et le «retournement de situation» finale surprendra tout le monde (non n’insistez pas, je ne vous dirai pas lequel, la réponse est dans le livre!..). Disons simplement que c’est une allégorie du pardon et de la réconciliation…

Je finis agréablement surpris par le talent de l’auteur Sud-Africain, et ne peux que recommander au plus grand nombre d’entre vous de partir à la découverte des écrits d’un des hommes de théâtre les plus étonnant d’Afrique…

Rappelons que le nom d’Athol FOUGARD a été proposé de nombreuses fois pour le Prix Nobel de Littérature.

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