La pensée du dehors de Michel Foucault

La pensée du dehors de Michel Foucault

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par JPGP, le 18 décembre 2022 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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Foucault et la langue

L’impersonnel, le neutre que Blanchot insère dans le discours n’ont cesse d’interroger Foucault. Son archéologie du savoir se trouve interpellé par cette invitation à penser le sujet non comme intériorité mais extériorité là où le moi n’est même plus « persona » mais personne. En ce sens le philosophe salue - dans le numéro de « Critique » consacré à Blanchot - en l’auteur de « Thomas l’obscur » un maître même. Néanmoins il s’empresse d’ajouter à propos de son impersonnel qui invite à penser le moi non comme fondement mais comme distance : « Il faudra bien un jour essayer de définir les formes et les catégories fondamentales de cette « pensée du dehors ».

La dissolution du sujet dans la pensée de Blanchot, Foucault tente de la rapprocher du néo-platonisme où elle n’a pas forcément son fondement. Mais le philosophe, marqué par ses recherches historiques suppose qu’elle est née de cette pensée mystique qui selon lui « a rôdé aux confins du christianisme » et qui s’est « peut-être s’est-elle maintenue, pendant un millénaire ou presque, sous les formes d’une théologie négative ». La culture occidentale via Plotin ou Maître Eckhart serait donc à la source de cette pensée des marges.

Néanmoins l’émergence du neutre et de l’impersonnel chez Blanchot n’est pas celui qui apparaît dans la grammaire de langue grecque. Cette négation ne demande rien à personne pour personne. Et Blanchot le précise dans « Celui qui m’accompagnait pas » : C’était le tranquille sourire de personne, qui ne visait personne et près duquel on ne pouvait séjourner près de soi, non pas un sourire impersonnel et peut-être même pas un sourire, la présence de l’impersonnel, l’acquiescement à sa présence ».

Il existe donc chez l’auteur du « Pas au-delà » un « pas du pas » que Foucault était moins apte à saisir qu’un Beckett. Ce dernier trouvera là le fondement de son appréhension d’un monde sans monde signe sinon celui de la crise du sujet et de ses origines.

Jean-Paul Gavard-Perret

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