LA PÂQUELINE, VOUS ALLEZ AIMER LA DÉTESTER!

Au début de l’histoire, nous sommes en France en 1798, vers la fin du Directoire. Nous suivons la vie et les aventures de «La Pâqueline» (de son vrai nom Pâqueline Sénéchal, veuve de Johann Renard), qui n’est autre que la mère du jeune Victor Renard, embaumeur de son état, dont le procès vient juste de se terminer et lui a valu une réputation ignominieuse.

Et pire que tout, sa maison vient de partir complètement en fumée suite à un incendie. Il en faudrait toutefois bien plus pour déstabiliser «La Pâqueline»! Puisqu’elle n’a plus de maison, mais que son rejeton, - qui a échappé miraculeusement à la peine de mort -, est en prison pour un long moment, elle va donc s’installer chez lui. Elle découvre alors un luxueux appartement bourgeois, rempli de très beaux meubles, de tentures, de vêtements de luxe, où il y a même un cabinet de curiosités, en effet son fils avait fait fortune grâce à son métier d'embaumeur et… du trafic d'organes, qu’il avait organisé.

Exaspérée par ce qu’elle découvre, d’autant plus qu’elle estime que son fils, - malgré sa fortune -, l’a abandonnée à la misère, elle accouche d'une idée diabolique! Elle va lui jeter au visage tous les secrets dramatiques de son enfance, de sa famille, de sa naissance, en écrivant ses mémoires… Directement sur les murs de son bel appartement!

Pour ce faire, elle va saccager systématiquement l’appartement, en commençant par déposer tous ses biens et ses meubles au mont de piété et reprendre à son compte le florissant commerce de son unique rejeton!..

Vous l’aurez compris à la lecture de ma recension, «La Pâqueline», est donc la suite directe du livre «L’Embaumeur» (1). L’histoire reprend d’ailleurs directement à la suite du livre précédent, mais cette fois Victor Renard n’est qu’un personnage secondaire, puisque le véritable personnage principal du livre est donc sa mère : «La Pâqueline». C’est d’ailleurs elle qui raconte l’histoire. Les chapitres alternent donc entre ses «mémoires» et l’histoire en elle-même en train de se dérouler sous nos yeux.
L’intérêt de ce livre réside donc aussi dans le fait que, grâce aux mémoires de «La Pâqueline», on comprend beaucoup mieux le «pourquoi du comment» de son caractère. Mais aussi pourquoi elle a une attitude plus que répugnante a envers son fils. On découvrira ainsi une femme inclassable, une mère abominable, qui marie finesse et outrance, méchanceté et tendresse, et qui suscite autant de dégoût et de vergogne que d’éclats de rire…

C’est vraiment très bien écrit. Ça se lit très facilement, les pages se tournent sans qu’on s’en aperçoive vraiment. Je me suis même surpris à penser que 100 pages de plus n’auraient pas nuit au livre et à l’histoire. Mme. Isabelle DUQUESNOY (*1960), est vraiment une très grande écrivaine, une conteuse exceptionnelle. Elle sait faire passer à merveille les émotions, et on se laisse vraiment prendre au jeu.
Les descriptions des paysages sont magnifiques, la restitution des mœurs et des us et coutumes de l’époque, notamment la vie dans une ferme normande à l’orée des années 1800, sont rendus de façon exceptionnelle. Il y a vraiment les odeurs, la saleté, la faim, la pauvreté, la crasse, les taudis, les maladies, la mort, les incendies, l'alcoolisme, les meurtres, la violence endémique de la ville, le trafic des dépouilles et des organes, les bas-fonds de la ville de Paris, avec ses rues qui sont des véritables coupe-gorges etc etc…
Comme déjà dit dans ma recension de «L’Embaumeur» (1), l’autrice connaît et maîtrise vraiment très bien son sujet. Et cerise sur le gâteau, il y a même plusieurs retournements de situation dans l’histoire que l’on ne voit absolument pas venir…

Un seul conseil à vous donner concernant ce livre, lisez-le, parce que «La Pâqueline», vous allez aimer la détester!..

(1) : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/63741

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  La Pâqueline: ou les mémoires d'une mère monstrueuse

  de Duquesnoy, Isabelle
  La Martinière / Points
  ISBN : 9782757896792 ; 8,90 € ; 14/10/2022 ; 480 p. ; Poche

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