Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian

Que reviennent ceux qui sont loin de Pierre Adrian

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Alma, le 2 novembre 2022 (Inscrite le 22 novembre 2006, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 784ème position).
Visites : 1 825 

le charme discret des vacances dans une grande maison de famille

Un joli titre empreint d'une certaine mélancolie pour un roman qui traduit le charme discret des vacances dans une grande maison de famille où chaque été, en Août, trois générations se regroupent autour d'une grand-mère.

Chacun y vient librement quelques jours ou plus longtemps ; puis repart, comme ressourcé par cette plongée en un lieu qui fédère toute le famille « le lieu des épiphanies, là ou nous avions été des enfants heureux ».
Le narrateur est un trentenaire célibataire qui revient, après quelques années d'absence, dans cette demeure du Finistère où il retrouve tous les activités rituelles qui ont marqué ses jeunes années .

Dans le groupe des enfants présents, il remarque un de ses neveux: Jean, un jeune garçon de 6 ans dans lequel il se retrouve enfant. Il s'y 'attache plus particulièrement, l'accompagne, le réconforte « il m'avait enseigné la tendresse , il avait fait de moi un oncle, un petit père lointain » . Jean « qui se doutait de quelque chose et nous ne savions rien » et qui réunira quelques mois plus tard toute la famille pour une autre cérémonie …....

Le roman, profondément ancré dans les paysages et traditions de la Bretagne s'axe autour de la date du 15 août, « moment de bascule » ponctué de festivités traditionnelles : messe, cérémonie du pardon, feu d'artifice, bal.
Avant le 15 août on arrive, on savoure le plaisir des retrouvailles. Après cette date, on compte les jours qui restent « jours en suspension », puis chacun s'en va selon ses obligations « on avait l'impression d'abandonner la scène d'un théâtre ».

Un roman sur le mode mineur, tout en pudeur, en tendresse et en émotion contenue.
Par ses petites phrases brèves, serrées, par petites touches, Pierre Adrian, à la manière impressionniste se fait ici le peintre des moments heureux et des moments suspendus.

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Les éditions

  • Que reviennent ceux qui sont loin [Texte imprimé], roman Pierre Adrian
    de Adrian, Pierre
    Gallimard
    ISBN : 9782072989681 ; 20,00 € ; 18/08/2022 ; 192 p. ; Broché
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Décevant...

6 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 14 août 2023

Un titre magnifique, un livre très bien écrit !
Mais…

Le narrateur (dont on ne connaitra pas le prénom), un trentenaire de retour dans la « grande maison » pour les vacances, se comporte comme un enfant, sans aucune action de sa part pour participer à l’organisation : préparation des chambres, courses, préparation des repas, ménage, lessive, …

« Débordées, les tantes qui occupaient la maison avaient toujours quelque chose à faire »
« Je paressai entre la salle à manger et le salon. Le petit déjeuner était servi [..] »

Le narrateur traîne son ennui, tourne en rond, se laisse porter, est très peu acteur.
Ce roman me semble être celui de la nostalgie des vacances enfantines dans une « grande maison », avec les oncles, les tantes, les cousins et cousines…
Je conçois que ceux ou celles qui ont vécu des vacances similaires dans leur enfance apprécient ce livre qui leur rappelle de bons souvenirs, mais c’est loin d’être le cas de tous….

« Rester entre soi offrait un confort moral et nous n’étions pas en vacances pour nous ennuyer avec des étrangers. […] Nous formions un monde à part, autosuffisant, suffisant, envié par d’autres sûrement. »

La terre des souvenirs

10 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 18 avril 2023

Un trentenaire revient passer le mois d’août dans la grande maison familiale du bord de mer, à quelques kilomètres de Brest. Absent pendant quelques années, il avait voulu voir d’autres plages, se baigner dans des eaux plus chaudes. Son retour dans le lieu de son enfance est source de réflexions, de prise de conscience sur le sens de la vie, et surtout, celui du temps qui passe.
" Déjà je ne supportais pas que les choses finissent."

Il est immédiatement et naturellement réintégré dans ce groupe social familial, sans remarques, sans questions. Il retrouve sa place mais aussi les objets identiques, sa grand-mère presque centenaire, avec ses mêmes habitudes.
Mais, ce qui l’interpelle, c’est la nouvelle génération; il observe les enfants, leurs jeux, leurs activités, leurs découvertes et apprentissages ; c’était lui 20 ans plus tôt. Il se retrouve dans l’un de ses neveux, entamant une relation privilégiée avec Jean, enfant solitaire et sensible, qui va faire de lui un oncle, un "père sans enfant."
" Mais eux vivaient comme moi à leur âge, insouciants et sans calcul. Désormais je me sentais vivre, je me voyais… Faite la fête, perdre mon temps, c’était aussi accepter ma propre insignifiance."

Il revit les journées, mais aussi les soirées, "les bandes d’amis et de cousins qui se reconstituent, se retrouvent, et la date primordiale du 15 août, la bascule du séjour, sonnant le départ des premiers, la fin de l’été, la distinction entre les locaux et les "parisiens", tous ceux qui vont quitter la maison jusqu’à l’an prochain."

Et c’est avec plaisir qu’il se soumet aux rituels de la tribu dont il perçoit et apprécie la force.
"Les plus forts avaient besoin du soutien des faibles. Sans doute était-ce cela une famille, un enchevêtrement, une tour en Kapla dont l’équilibre précaire tient, coûte que coûte, grâce à la solidité des uns et malgré la fébrilité des autres."

J’ai parfois pensé à Eric Holder, en lisant ce très touchant roman, une même sensibilité, une écriture poétique et une parfaite sensibilité pour raconter les paysages, les cadres, les décors bretons, avec un vocabulaire recherché, raffiné et délicat.
Son sens de l’observation, la justesse de ses réflexions, la poésie des descriptions font de ce récit un espace d’évasion, de nostalgie aussi, une très belle lecture.

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