L'étranger de Albert Camus

L'étranger de Albert Camus

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Acque, le 11 mars 2001 (Italie, Inscrite le 10 mars 2001, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 128 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (185ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 115 254  (depuis Novembre 2007)

Etranger pour soi-même

Dès les premières lignes: " Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. ", on est plongé dans l'esprit de cet homme, Meursault, qui " passe son existence " comme s'il était un passager dans son proppre corps.
Toute sa vie, ou bien la vie que les autres lui font vivre, sera mise dans les mains de quelqu'un d'autre.
Est-il vraiment le maître de sa vie? Seulement quand il sera condamné en verra-t-il la valeur.
Il entrevoit la responsabilité de ses actions... ... et il voit l'absurdité de Sisyphe.
N'est-ce pas cela l'une des choses de la vie que de ne s'apercevoir de la valeur d'une chose qu'au moment où on risque de la perdre?

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Absence d'émotions et de sentiments ?

10 étoiles

Critique de Windigo (Amos, Inscrit le 11 octobre 2012, 42 ans) - 9 juillet 2024

Ce livre m'a plu pour me faire m'interroger sur l'absence et le déficit d'émotions et de sentiments du personnage principal. Il ne pleure pas au décès de sa mère, il est indifférent à une demande en mariage, ne réagit pas lorsqu'il est témoin de violence domestique... Il ne ressent absolument rien tout au long du livre, à part à la fin, lorsque l'aumônier est entré dans sa cellule pour lui parler de Dieu. Pour le reste, tout a été dit dans les autres critiques.

Etranger à lui-même

8 étoiles

Critique de Pierraf (Paimpol, Inscrit le 14 août 2012, 67 ans) - 7 mars 2023

Je relis ce roman de Camus plus de 45 ans après et il me laisse toujours ce même sentiment de vertige, comme lorsque l'on rêve de tomber dans le vide sans jamais toucher le fond.
Sous un soleil permanent, une chaleur moite perpétuelle, Meursault est étranger au monde qui l'entoure, étranger à lui-même, étranger aux évènements, étranger à son meurtre, étranger à sa condamnation à mort.
Quelle écriture, précise, concise, angoissante, ce livre se lit d'une traite.

Un grand classique

8 étoiles

Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 3 janvier 2020

Je ne crois pas pouvoir ajouter une critique constructive sur ce roman que tout le monde connaît. Je dirais juste que l’étranger m’a beaucoup plu. Meurseault est un personnage étrange qui semble toujours absent et indifférent. Le décès de sa mère, une demande en mariage, une amitié offerte le laissent amorphe et puis un jour, cet acte extrême et incompréhensible ! Un livre qu’on lit d’une traite et que l’on referme avec une foule de questions dans la tête. Magnifique !

Comme l'étranger de Baudelaire

8 étoiles

Critique de Thomas lu (, Inscrit le 11 novembre 2019, 34 ans) - 11 novembre 2019

Un très bon roman malgré quelques défauts. L'intérêt principal, c'est la particularité de Meursault, son absence de sentiment pour autrui, son déficit d'émotion. Il fait penser à ce que les psychiatres appellent "personnalité schizoïde", c'est-à-dire un profil de personne qui ne ressent rien pour les autres, qui les côtoie comme s'il était séparé d'eux par une vitre, ou comme des êtres d'une autre espèce, sauf que les gens de cette catégorie en général n'ont pas d'attraction sexuelle alors que Meursault a une vie sexuelle. Cela évoque aussi cet état qu'on appelle déréalisation/dépersonnalisation, état où se trouvent certaines personnes et qui est sans doute une défense contre l'angoisse. Or Meursault commet son meurtre justement parce qu'il est soudain en proie à une sentiment d'angoisse, de panique. Sous le soleil de la plage, il a l'impression que le ciel s'ouvre "pour laisser pleuvoir du feu" et aussitôt sa main se contracte involontairement sur le revolver et le coup part. Donc c'est cet accès d'angoisse qui est l'origine du meurtre. Mais cette angoisse est focalisée sur le soleil brûlant et non sur l'Arabe. Son sentiment porte sur une force naturelle et non sur un être humain. Son angoisse vient peut-être du déficit de sentiment, du vide affectif qu'il porte en lui et qui ôte tout sens, tout but à sa vie. Ainsi il n'a pas d'ambition, il refuse une promotion professionnelle, il n'a aucun projet de vie. Évidemment, sans projet, sans amour ou ambition la vie perd tout sens, on se contente d'être là, d'avoir des sensations, de survivre au jour le jour. Voilà, je pense, ce que le roman montre très bien, en tout cas la première partie. Qu'est-ce que c'est que vivre sans projet? Qu'est-ce qui reste quand il n'y a plus d'affect? Des sensations, c'est tout. La deuxième partie me paraît moins intéressante, on entre dans un autre registre, plus banal, celui de la critique sociale, critique d'une société et d'une justice qui broie l'individu hors norme, critique de la peine de mort. Le procès est un peu caricatural notamment avec le réquisitoire de l'avocat général, la condamnation semble peu vraisemblable dans l'Algérie coloniale. Il y a un autre défaut. Dans la préface à l'édition américaine, Camus dit que Meursault est un homme attaché à la vérité, qui meurt pour elle. Il est vrai qu'il refuse de mentir lors de l'instruction. Il lui aurait été facile de le faire et de plaider la légitime défense contre un homme armé d'un couteau qui avait déjà blessé son ami Raymond. Il ne le fait pas. Il ne sauve pas sa peau, c'est extraordinaire. C'est aussi que rien ne l'attache fortement à la vie, ni amour, ni projet, il n'y a que les sensations, mer, soir d'été, corps de Marie, c'est un peu mince comme lien à la vie. De même il refuse de mentir à Marie. Mais - contradiction - il accepte de porter un témoignage de complaisance contre la maîtresse de Raymond au commissariat, alors qu'il ne la connaît même pas. Est-ce servir la vérité? C'est une incohérence. De même il accepte l'amitié de Raymond, un type qui bat sa maîtresse, alors qu'il n'éprouve aucun sentiment pour lui, c'est une amitié neutre, indifférente. Est-ce servir la vérité que de se compromettre pour des gens auxquels on est au fond indifférent? N'est-ce pas simplement pour se plier au jeu social? Et pourtant Camus dans cette préface américaine dit que Meursault est condamné parce qu'il refuse de "jouer le jeu". Là aussi, je vois une incohérence qui brouille un peu le message du livre. Autre incohérence : Meursault écrit son récit en prison, son écriture est extrêmement simple, une écriture blanche (le degré zéro, disait Barthes) car c'est un homme simple, un modeste employé qui n'a pas une grande culture et qui, selon Camus, ne veut pas en dire plus, mentir par exagération. Et pourtant, tout à coup, il devient lyrique, dans le récit de la scène du meurtre par exemple, dans d'autres passages aussi, il se hausse au niveau du beau style, de l'allégorie, d'une certaine emphase même. Malgré ces incohérences et la lourdeur un peu démonstrative de la deuxième partie, c'est un livre très séduisant par le portrait qu'il fait d'un type humain non pas désocialisé (il a une vie apparemment normale) mais vide de sentiments et affectivement déconnecté. Un personnage qui rappelle le beau poème en prose de Baudelaire intitulé justement "L’Étranger" auquel Camus a peut-être pensé. Cependant, ce n'est pas un roman émouvant, on n'est guère en empathie avec ce gars, on le plaint évidemment d'aller à l'échafaud mais aussi il n'a pas essayé de sauver sa tête, l'histoire est minimaliste, la crise (le meurtre) survient par une suite de hasards plutôt idiots comme beaucoup de hasards, son geste tient à presque rien, comme sa vie d'ailleurs, cette crise est à la limite du sens et du ridicule - pourquoi a-t-il gardé son veston alors qu'il crève de chaud et qu'il ne savait pas qu'il allait tomber sur l'Arabe et n'avait donc pas besoin de garder la main sur le revolver? pourquoi préfère-t-il souffrir du soleil en marchant sur la plage plutôt que rester avec les femmes au cabanon? - c'est un peu tiré par les cheveux. Mais les personnages de Raymond et de Salamano sont très bien, pittoresques avec leurs problèmes de maîtresse et de chien maltraités, bien plus frappants que Marie d'ailleurs qui manque de traits particuliers. C'est le poème de Baudelaire auquel s'ajoute l'absurde kafkaïen, avec la sensualité propre à Camus, sa connaissance des gens très modestes et une écriture parfaitement en adéquation avec le personnage quand elle est dépouillée.

Comme un miroir

2 étoiles

Critique de Michelozantipode (, Inscrit le 7 juin 2017, 82 ans) - 7 juin 2017

Me voila en Australie depuis bien des années mais avec l'idée que d'être Français ou plutôt être né ainsi, j'aurais dû être cultivé! Cependant rien n'est plus loin de la vérité. Ainsi de temps à autre regardant des films au cinéma ou a la télé je ressens des élans.... Alors là, dans l’un de mes derniers films vus, il y a eu une citation de l'étranger d'Albert Camus... Qu’est ce que c'est vraiment? Un peu de curiosité et mon ami Google m'a répondu. J'ai trouvé le roman sous plusieurs formats et l'ai téléchargé plusieurs fois sur trois instruments, en Français et en Anglais. Définitivement, en Français m'a plu beaucoup mieux. Quand je dis "m'a plu" je veux simplement dire qu'en Français je m’y suis senti plus près. Mais je dois avouer que j'ai été très surpris par la simplicité d'une telle narration! Souvent si banal mais si près de la vie de tous les jours avec tant de petits détails... J'imagine que c'est ce qui a plu à tant de monde. J'avoue qu'au-delà de ma curiosité j'ai été très vite lassé et me suis arrêté de lire au milieu du procès pour essayer d'en savoir plus à propos de cette œuvre, chef-d’œuvre me dit-on; et ainsi suis tombé sur ce forum. Ici j'ai lu beaucoup, enfin disons, quelques critiques ou "reviews" (expression Anglaise). La plupart élogieuses, que je dois accepter, et aussi intéressantes. Peut-être ce qui m’a un peu gêné dans ce roman c’est la proximité que j’ai ressenti avec ce caractère central ; oui j’ai souvent pensé à ma vie comme celle de la proverbiale feuille morte qui a suivi sa course où le vent l’a emportée. Est-ce ainsi que Meursault a vécu ? Vais-je finir de le lire ? Peut-être mais maintenant je ne sais plus si c’est pile ou face !
J'aime les étoiles mais pas pour juger! Alors je n’en donne qu’une simplement parce que je ne suis pas autorisé à ne pas en mettre du tout.

"A cause du soleil"

5 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 22 avril 2017

Meursault semble insensible à tout ce qui l’entoure dans sa vie de manière générale. Que ce soit à la mort de sa mère où il ne pleure pas, l’amour de Marie pour laquelle il ne ressent presque rien ou le meurtre de l’Arabe pour lequel on l’accuse. On lui reproche justement son absence de sentiment et de ne pas croire en Dieu. Même lors de son procès, il paraitra étranger à une affaire qui pourtant le concerne tout à fait ; il ne cherchera même pas à se défendre et ça, c’est incompréhensible. Pour nous lecteurs, mais aussi pour le juge ou l’aumônier qui l’accusent de ne pas avoir l’attitude qu’on attend de lui. J’admets avoir eu envie de lâcher le roman, certainement à cause de ce côté absurde qui m’a largement rappelé [[ASIN:208126644X Le procès]]de Kafka et son aberration qui m’avaient tant marquée. Toutefois, la lecture se fait très rapidement et n’est pas du tout compliquée ; ce qui l’est davantage, c’est de déchiffrer le personnage de Meursault qui dépasse l’entendement.

Encore plus fort qu'on ne le croit!

10 étoiles

Critique de Arnaud Gérard (, Inscrit le 10 février 2017, 63 ans) - 11 février 2017

Ce livre est aussi une critique implicite du système colonial français: ce Meursault est surtout un étranger dans une Algérie bientôt indépendante... Ce que les précédents commentaires, comme la critique établie, ont toujours un peu oublié...

Excellent roman

9 étoiles

Critique de Beth8262 (, Inscrite le 26 mai 2016, 21 ans) - 26 mai 2016

Un beau roman très bien écrit qui m'a suscité de l'intérêt du début à la fin.
Oui, selon moi, c'est un grand classique à lire dans sa vie.

Une (re)lecture indispensable

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 26 janvier 2016

Avant de lire le « Meursault, Contre-enquête » de Kamel Daoud, je me suis dit qu’il serait utile de relire le roman d’Albert Camus. Cette lecture scolaire, que je relis plus de trente-cinq ans après, a bien entendu un autre goût, une autre saveur que celle d’un devoir à rendre au prof.

Le style efficace, minimaliste et adapté à l’ambiance de l’histoire confirme le sentiment non pas forcément qu’on est face à un chef d’œuvre, mais en présence d’ une référence littéraire, sorte de pierre angulaire ou borne marquante.

Une histoire qui se déroule dans une Algérie française d’avant-guerre encore insouciante des évènements mais qui décrit aussi deux mondes vivant parallèlement où évolue un personnage jeune, fade et qui subit les évènements qui se déroulent autour de lui. Il est par après jugé davantage pour l’être qu’il est plutôt que pour ce qu’il a fait. Personne ne comprend sa vision de l’existence et cette incompréhension populaire le condamne.

Albert Camus était à l’époque un de mes auteurs préférés mais ce roman fait croire à une forme de racisme par omission, en refusant de considérer le monde arabe. Bien sûr, ce n’est qu’une impression car Camus est reconnu pour son profond humanisme, militant pour l’indépendance de l’Algérie et donc ce roman doit être lu avec un certain recul.

Cela me fait aussi dire qu’il est urgent pour moi de relire à court terme « La Chute » et « La Peste », voire encore d’autres ouvrages de ce grand auteur.

Simple

10 étoiles

Critique de Obriansp2 (, Inscrit le 28 mars 2010, 54 ans) - 16 janvier 2016

Il est simplement bien écrit. Aujourd'hui ma mère est morte, on me l'a sortie en Espagne, la première phrase du livre. C'est un roman simple, l'histoire d'un homme, la vie simple d'un homme, je l'ai retrouvé en Australie en français, le seul livre que j'ai lu à deux reprises. Un homme qui se sent étranger là où il est né et là où il vit, tout lui semble loin et distant, la vie et la mort, il est l'étranger au cœur de sa propre société, l'histoire presque autobiographique d'un pied noir dans le département de l'Algérie en 1960.

Impact !!!!

9 étoiles

Critique de Pytheas (Pontoise - Marseille, Inscrit le 5 avril 2012, 59 ans) - 14 octobre 2015

Aujourd'hui, maman est morte. Tout est dit dans cette première phrase du roman d'Albert Camus. Jamais une simple phrase d'introduction n'aura eu tant de sens, elle dit tout sur la personnalité de Meursault et sur les circonstances de l'histoire qui va suivre.
Je remercie SJB pour sa critique, elle m'a donné envie de lire ce chef d'oeuvre minimaliste. Minimalisme de style, minimalisme de sentiments et pourtant si touchant.
« …Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. »
Quel Impact !!!!

Heureuses retrouvailles

10 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 22 septembre 2015

Relire un livre soixante ans après est un privilège du grand âge dont on se passerait volontiers mais, puisque le temps passe sans nous demander notre avis, profitons-en !

J'ai relu l’Étranger, dans mon édition Livre de Poche paru dans les années cinquante, par solidarité avec ma petite-fille qui doit « se le taper » cette année pour l'école. Entre parenthèses, enfin un livre percutant, après tant d'Amélie Nothomb et autres Éric-Emmanuel Schmitt...

Quel plaisir ! Je l'ai relu d'une traite jusqu'à des heures avancées de la nuit, enfermé dans mon tout petit capharnaüm, sous la lampe qui éclaire tout juste mon livre. Et je me suis souvenu de passages entiers et même aussi des circonstances dans lesquelles je les lisais, il y a soixante ans ; la mémoire est une faculté vraiment étonnante mais, venons-en au livre !

C'est un chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre absolu. J'ai retrouvé Meursault comme on retrouve un vieux copain du collège ou, plutôt, un ami, parce que j'ai l'impression que Meursault a été mon ami. J'ai retrouvé aussi toute la bande : Raymond, Marie, Masson, Céleste et les autres. Ce sont des personnages vrais. Albert Camus les a fait vivre dans un livre et ils existent aussi véritablement que des vieilles connaissances qu'on aurait un peu perdu de vue avec le temps. C'est le miracle du bon écrivain : quand on ouvre ce livre on y retrouve ces personnages et on revit avec eux, on les prend en pitié, on compatit... Hier soir j'avais envie de dire à Meursault « je ne t'ai pas oublié, tu sais, vieux camarade ».

Le dernier passage du livre où le condamné reçoit l'aumônier, je l'ai relu deux fois ; pas parce que je suis Belge mais parce que ça m'a vraiment impressionné. Ce passage est un questionnement sur la mort et j'ai eu l'impression que c'était Albert Camus qui parlait : « je n'ai plus le temps de m'intéresser à ce qui ne m'intéressait pas » dit-il à l'aumônier et encore : « je voudrais entrer dans une vie où je pourrais me souvenir de celle-ci ». On a l'impression que Camus était à la recherche de quelque chose qu'il ne pouvait pas – ou ne voulait pas – trouver ; et ses réflexions sur la mort, au moment où elle s'approche, sont vraiment impressionnantes.

Il me reste à dire un mot sur le style : je l'ai trouvé impeccable et simplement beau. Il fait penser à ces objets qui sont beaux, sans artifice, simplement parce qu'ils sont fonctionnels.

J'espère que ma petite-fille aura apprécié ce roman comme je l'ai apprécié et j'espère aussi qu'elle goûtera au plaisir de le relire dans soixante ans... ou encore beaucoup plus tard, pourquoi pas...

La mort de l'Humain

6 étoiles

Critique de OC- (, Inscrit le 4 mars 2011, 28 ans) - 29 août 2014

Camus a réussi avec l'Etranger à illustrer ses essais et ses propos sur le caractère absurde de la vie et de l'existence. On suit froidement le protagoniste, Meursault, qui vit sa vie en étranger, qui est comme hors de lui et totalement désintéressé de son propre sort. Rien ne l'intéresse, il est spirituellement vide; aucune pensée, aucun désir ou si peu, aucune passion. Meursault est un homme plat, tué avant l'heure par la faiblesse de son esprit. De fait, Meursault, c'est un peu la mort de ce qu'il y a d'humain dans l'être humain, c'est-à-dire que tout ce qui est curiosité, désir de savoir, de connaître, s'évanouit et disparaît.

L'Etranger, 1942

9 étoiles

Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 24 août 2014

--- SPOILER ---
Résumé : L’histoire se déroule près d’Alger. Meursault est un homme qui n’a pas de sentiments. Il n’éprouve ni amour, ni haine, ni compassion, ni gratitude, ni attachement d’aucune sorte. A l’enterrement de sa mère, il ne verse pas une larme : mais il se baigne avec une fille et regarde un film de Fernandel. Finalement, il tue un Arabe. Il passe au Tribunal. Et tous, juges, avocat, procureur, amis, ennemis, sont consternés par cet homme indifférent, insensible, qui aux questions qu’on lui pose ne sait que répondre : « Cela m’est égal. »

Mon avis : Comprendre l’Etranger. C’est le but de ce livre. Un homme qui ne ressent rien, sinon, parfois, de la curiosité, de l’intérêt, de l’agacement. Rien de plus. Pendant le procès, il dit : « Même sur un banc d’accusé, il est toujours intéressant d’entendre parler de soi ». D’abord, jusqu’à la fin de la première partie, l’Etranger ne pense pas. Il décrit tout dans le respect le plus rigoureux des faits. Il n’essaie pas de se justifier. Dans la deuxième partie, il approche de la mort et s’ouvre au lecteur ; le brouillard se dissipe un peu et c’est à peine si l’on croit comprendre : pour l’Etranger, la vie est trop absurde pour que les sentiments y prennent place. A la veille de sa mort, il rencontre l’aumônier, qui tente à son tour de percer l’énigme. Est-il possible que pour Meursault, RIEN, pas même son âme, RIEN N’AIT D’IMPORTANCE ? Et pourtant, quand le prêtre dit qu’il priera pour lui, Meursault se met en colère pour la première et la dernière fois de sa vie. Pourquoi cet accès de fureur ? Parce qu’il ne veut pas être sauvé ?
Certains lecteurs éprouvent de la pitié pour Meursault. Pas moi. Il y a un voile entre lui et nous ; il regarde sa vie comme un spectateur impassible regarde un film qui ne le concerne pas.

Je ne résiste pas, pour ceux qui seraient intéressés, à vous donner un aperçu de l’interprétation de René Girard (in Critiques dans un souterrain), ou plutôt le résumé de ce que j’en ai compris. L’Etranger doit être lu avec la lumière de La Chute. Les deux œuvres s’opposent par leur vision du jugement des hommes. Dans l’Etranger, l’auteur n’approuve guère le procès de Meursault qui est condamné à mort pour un crime non prémédité ; on l’a condamné plutôt pour son attitude stoïque lors de l’enterrement de sa mère. Ainsi, Camus met à jour « l’arbitraire des valeurs qui structurent toute communauté. » Mais l’auteur se trompe lui-même : avec La Chute, il revient sur sa position. La question ne sera plus « Qui est coupable et qui est innocent ? » mais « Pourquoi toujours devons-nous juger et être jugés ? » Comme si Camus estime soudain que, peu importe la sévérité du juge : l’assassin est toujours coupable et veut se croire toujours innocent.

Classique mais court

6 étoiles

Critique de Sonic87 (, Inscrite le 28 mai 2014, 40 ans) - 14 juillet 2014

Un court roman en deux parties, écrit à l'époque coloniale. Qu'en dire aujourd'hui? La violence en tous genres semble être habituelle dans l'univers du personnage principal Meursault: le voisin Raymond qui bat sa compagne et s'avère être souteneur, le vieux voisin Salamano qui bat son chien, et Meursault qui tue un Arabe (et qui soutient la violence de Raymond en témoignant pour lui au commissariat).
L'écriture est fluide, au passé composé généralement, comme pour faire le point sur une vie, une vie qui se terminera par l'attente de la punition.

Mais dis quelque chose !

9 étoiles

Critique de Ournina (, Inscrite le 3 mai 2014, 42 ans) - 2 juin 2014

Quand j'ai lu ce livre, à 12 ans, je n'ai pas tout compris et, à part le début qui m'avait fascinée, je n'en voyais pas l'intérêt. Je l'ai relu plus tard et en ai été bouleversée.
Récemment, je me suis procuré le livre audio, parce qu'il était lu par Albert Camus, lui-même. Le ton monocorde de Camus colle au récit, il en souligne l'absurdité et la passivité de Meursault.
A lire et aussi à écouter !

Détachement

9 étoiles

Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 26 avril 2013

Portrait d'un homme qui ne semble qu'errer au milieu de ses concitoyens, L’Étranger nous fait suivre le destin de Meursault au travers d'une narration à la première personne. L'homme a perdu sa mère, qu'il avait placé à l'asile faute de moyens, mais continue de vivre sans aucun changement significatif sa vie de travailleur sans ambition. Le personnage est presque indifférent à ce qui l'entoure, et l'on ne cessera de le lui reprocher dans une deuxième partie consacrée à son procès. Il discute avec ses voisins sans réellement souhaiter être leur ami, il sort avec Marie (une ancienne collègue) sans vraiment désirer l'épouser par la suite, il travaille "bien" mais ne veut pas spécialement être promu et muté à Paris. Le confort tout relatif de sa situation le rend, sinon heureux, du moins content. La première partie nous peint ce personnage hors norme, loin des autres, qui évolue dans une Alger brièvement mais remarquablement introduite par Camus. Le style colle au personnage, avec des phrases sèches, courtes et directes.

Par la suite, la prison et le procès servent de deuxième acte au roman et soulignent encore un peu plus le détachement du personnage quant à son environnement, des conditions de vie qu'il doit supporter aux personnes ayant rapport à lui. On est alors partagés entre l'amusement et l'émotion que procurent les remarques décalées du narrateur, avec quelques légères similitudes à Kafka et l'on se régale de la merveilleuse simplicité de l'écriture de Camus. D'aucuns la trouveraient aride mais elle colle parfaitement au sujet et parvient à nous séduire malgré son propos sans ambages ni fioritures.

L’Étranger est une drôle de rencontre, celle d'un homme dont le caractère ne plaira pas à tout le monde, un homme différent, étranger à son monde, dont la vie défile sans qu'il ne prenne réellement prise sur cette dernière.

Une rencontre brève, simple mais marquante.

Un roman qui peut modifier le regard du lecteur sur le monde

10 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 26 avril 2013

Combien de lecteurs sont décontenancés par ce personnage qui dès le début du roman ne semble témoigner aucune tristesse suite au décès de sa mère ! Pire encore, il emploie tout un vocabulaire administratif pour un sujet aussi douloureux ! Pour certains Meursault est un monstre, pour d'autres un être égoïste, insensible, un antihéros, un double de Camus et bien d'autres termes ont été utilisés pour le catégoriser.

J'aime profondément ce roman pour la philosophie de son auteur. Comprendre l'absurde ( révolte, liberté, passion ) permet d'appréhender le personnage de Meursault, personnage incarnant assez justement l'homme moderne qui refuse certains codes, le quotidien, les actes répétés machinalement.

Certaines scènes restent inoubliables : ce pauvre Salamano qui bat son chien, mais qui est complètement désemparé lors de la disparition de son animal. Quelle scène pathétique dénonçant le tragique de la condition humaine ! Et puis le combat de Meursault avec le soleil ! Et la sensuelle Marie Cardona, la belle dactylographe ! Et ce procès dont le principal coupable semble simple spectateur !
Les deux dernières pages du roman sont tout simplement sublimes.

Le style de Camus, souvent critiqué pour sa simplicité, est parfait. Simple en apparence, il peut s'avérer poétique dans le scène du meurtre et dans les deux pages finales.

Roman lu ado, redécouvert adulte, relu régulièrement, inclassable et indémodable.

Un récit simple en apparence mais une profondeur rarement atteinte en littérature

9 étoiles

Critique de Kian996 (, Inscrit le 30 juin 2012, 28 ans) - 21 mars 2013

L'étranger ah on en a trop entendu parler, vous savez c'est ce petit livre dont tout le monde fait l'éloge. Puis vient le moment venu le moment où l'on pense qu'il faut l'ouvrir. Et là c'est une surprise, le lecteur lit une prose facile d'accès , assez banale pour l'instant rien de particulier. Meursault est un homme qui va assister à l'enterrement de sa mère. Camus décrit précisément chaque action de Meursault sans porter de jugement sur son personnage, le lecteur en est quelque peu décontenancé mais il suit cet homme qui rentre chez lui, prend le bus, arrive à la porte, rencontre le voisin. Derrière cette simplicité d'écriture et de narration, Camus va plus loin. Il critique la société, le droit à la différence, l'absurdité de la condition humaine et de la religion. Le lecteur comprendra tout cela bien après, après que Meursault ait commis son crime. En effet, alors que ce dernier a rencontré une jeune femme du nom de Marie il est invité par son voisin Raymond à passer la journée chez un ami et tue un arabe. Il dira plus tard qu'il a tué à " cause du soleil". Meursault est un homme sincère, il exprime ses sentiments et mène une vie simple sans passer par quatre chemins. Les hommes sont trop artificiels, ils se cachent sous un personnage qui n'est pas le leur se rassurent auprès de Dieu tout puissant mais se contentent-ils de vivre?
Là est la question soulevée par Camus dans ce récit d'une simplicité déconcertante au premier abord mais qui au fond est une démonstration de philosophie. La scène du jugement est marquante : Tout le monde est enfermé dans la petite salle et le juge en vient à parler du fait que Meursault n'a pas pleuré pour l'enterrement de sa mère afin de trouver un prétexte pour le plaidoyer coupable. Tels sont les hommes cyniques rusés et ne comprenant pas la différence qu'un homme peut avoir. En effet Meursault prend les choses comme elles viennent au premier degré sans se soucier des conséquences que cela peut avoir sur les autres et sur son sort. Il ne prévoit rien mène une vie naturelle, tombe amoureux et s'interroge même sur la signification du verbe " aimer" avec Marie. Je pense que le meurtre est un prétexte pour montrer qu'un homme peut être amené à tuer sans le vouloir. Tout n'est pas manigancé à l'avance . Je ne pense pas que le meurtre est la chose à retenir dans ce roman. Le jugement et les pensées brouillées de Meursault sont passionnantes. Le discours avec le prêtre à la fin du texte est un passage éprouvant. Un livre donc simple qui peut être lu par tout le monde et je pense que chacun s'y retrouvera un peu. On pardonne à Camus son style un peu "simpliste " précurseur de Vian et des auteurs du XX e siècle.

Fabuleux

10 étoiles

Critique de Jaafar Romanista (Rabat, Inscrit le 3 février 2013, 36 ans) - 13 mars 2013

Un très grand livre d'Albert Camus, un livre puissant, bouleversant et marquant, avec un style envoûtant, on plonge dans cet univers sans vouloir en sortir.
Un livre qui nous fait méditer sur notre vie, une leçon de vie.

Meurs, toi qui ne pleures, meurs, sot.

10 étoiles

Critique de Lobe (Vaud, Inscrite le 28 juin 2011, 30 ans) - 24 février 2013

Rien n'est moins sûr que ma compréhension de ce livre. Mais je sais deux choses à l'issue de l'Etranger: l'insensibilité de Meursault me touche, l'écriture de Camus me saisit.
"J'ai souvent pensé que si l'on m'avait fait vivre dans un tronc d'arbre sec, sans autre occupation que de regarder la fleur du ciel au dessus de ma tête, je m'y serais habitué."

L'Étranger: un roman de symboles

6 étoiles

Critique de Hafsa (, Inscrite le 23 janvier 2010, 45 ans) - 18 février 2013

L'Étranger est un roman révolutionnant dans l'histoire littéraire par son silence frappant qui a emmené Roland Barthes à fonder une théorie de l'écriture nommée Le Degré zéro de l'écriture. Mais le silence chez Camus n'est pas gratuit, il a une fonction ici, c'est pour symboliser l'indifférence, l'insensibilité et l'immoralité de l'Occident représenté par Meursault, le protagoniste du roman, dont l'indifférence, la dépendance, la passivité et l'irresponsabilité joueront à son contraire. Raymond va l'utiliser et l'engager même à commettre un crime contre un arabe, le frère de son ex-maîtresse. Raymond n'est rien que Israël engageant l'Occident à prendre une guerre contre les palestiniens représentés par las arabes.
Et comme tout crime exige un procès, Meursault est jugé et condamné. Cette scène symbolise le procès de l'Occident, l'Histoire s'en chargera.
Et voilà que l'ambiguïté qui pèse lourdement sur le roman et qui a fait couler abondamment l'encre des critiques s'évapore après avoir décodé ses signes.

Histoire dramatique, triste , romantique , vraie

10 étoiles

Critique de Esr2013 (, Inscrit le 4 février 2013, 26 ans) - 4 février 2013

Aujourd'hui maman est morte. C'est la première phrase de ce livre.
Le premier roman de Camus et son meilleur roman nous montre que la société n'accepte pas les gens qui sont différents et qui disent totalement la vérité
Je dois relire ce livre pour comprendre le but de Albert Camus mais les gens qui disent que ce livre est plat sont juste des gens qui ne comprennent rien à la littérature et à la logique de Albert Camus donc ne commentez pas si vous êtes pas des professionnels.
;)
C'est un des livres que vous devrez absolument lire avant de mourir.

Incontournable

10 étoiles

Critique de Chirhaf (, Inscrite le 19 octobre 2011, 44 ans) - 7 décembre 2012

Un incontournable: touchant, profond, mélancolique, subtil ...
La lecture de ce roman est une expérience à part, qui marque à tout jamais.

Un texte et un personnage ambigus

7 étoiles

Critique de Bleizmor (Bretagne, Inscrit le 3 janvier 2009, 54 ans) - 22 novembre 2012

Comme pour beaucoup d'autres lecteurs, l'impression résultante suite à la lecture de ce livre fut pour moi très mitigée.

D'une part, on essaie de s'identifier au protagoniste en le suivant dans sa vie quotidienne et lors de la séquence d'évènements qui l'amèneront au meurtre. On tente de trouver une certaine sympathie pour une personne simple, qui ne demande pas grand chose à la société, et qu'un concours de circonstances amène jusqu'à ce drame. On se dit qu'on aurait pu avoir les mêmes réactions; qu'on le juge sur son tempérament et non sur les faits; qu'il y a donc une certaine injustice pour cet homme qui n'a jamais tenté de profiter de la société, mais que celle-ci n'en a cure; ...

Et puis... Et puis, on se dit que l'identification au personnage a ses limites; que l'on se voit mal dénué totalement de sentiments; que l'on se voit mal rester de marbre vis-à-vis de la mort de sa mère; que l'on ne peut accepter de donner son soutien à un ami qui bat sa femme; que l'on se voit mal tirer et tuer une personne sans aucun motif réel; ...

Il ne reste plus au lecteur que de se dire que Camus a justement voulu mettre en exergue cette ambiguïté.; nous faire réfléchir sur les limites de l'insertion sociale et celles de la justice.
C'est d'ailleurs un texte qui doit laisser des impressions différentes selon l'âge et l'expérience du lecteur.
A lire et à méditer ...

Bien humblement...

9 étoiles

Critique de Jonath.Qc (, Inscrit le 6 juillet 2011, 46 ans) - 27 juin 2012

Je ne crois pas avoir le niveau d'études et les compétences afin de faire une critique efficace d'un Camus. C'est pourquoi je vous dirai seulement que j'ai adoré: Profond, subtil, très beau. Je le conseille fortement.

Très beau texte

10 étoiles

Critique de Benson01 (, Inscrit le 26 mai 2012, 28 ans) - 16 juin 2012

L’étranger… Quel beau texte…
Le personnage principal, dont on ne connaît pas le nom, est quelqu’un d’assez simple en soit. Quelqu’un d’explicite qui va, en une courte phrase, dire ses sentiments, offrir ses points de vues. Mais quel hasard ! D’une seconde à l’autre, le voilà avec une lourde histoire de meurtre sur les épaules…
Dans ce livre, tout s’enchaîne très vite. Comme si l’auteur voulait nous faire comprendre qu’il n’y avait là rien d’impressionnant vu que, personne, non, personne n’était à l’abri de la peine de mort.
Mais là, fait étonnant, je me suis demandé s’il ne s’agissait pas non plus d’une critique de la justice, de l’impartialité. En effet, le héros a plus tendance à être jugé sur son attitude face au décès récent de sa mère plutôt que pour son meurtre.
Et tout cela magnifiquement embelli par une écriture digne de la réputation du roman.

Lire une telle œuvre est, de mon point de vue, réellement indispensable.


Froideur émotionnelle et chaleur atmosphérique

7 étoiles

Critique de Zephir (Orléans, Inscrit le 26 juillet 2010, 29 ans) - 8 mai 2012

L'étranger est un roman déroutant à deux niveaux. D'abord par le détachement émotionnel de Meursault, personnage principal et surtout narrateur. Ensuite, par le décalage entre son statut de classique de la littérature française et son style minimaliste qui ne vient pas soutenir un récit au départ littéralement banal ; tout juste parvient-il à lui insuffler quelques fulgurances improbables comme dans l'incipit, et à souligner le désintérêt de Meursault qui en deviendrait presque comique.

Cela dit, l'Etranger est loin d'être un roman difficile à lire. Simple, court, et paradoxalement - presque - prenant du fait de l'atmosphère absurde qu'il dégage. A l'issue de la première partie on reste néanmoins perplexe tant elle paraît anecdotique, et légèrement invraisemblable. Elle prendra tout son sens dans la deuxième partie, un peu plus captivante, frappante même, et qui soulève toutes les questions philosophiques et morales que l'on retient habituellement du livre. Le personnage de Meursault reste la plus grande réussite du bouquin, objectivement indigne de sympathie et pourtant tellement passif et amoral qu'il apparaît également comme une victime. Une forme d'inhumanité qu'on hésiterait à condamner par le simple fait qu'on ne s'est pas particulièrement révolté lorsqu'on la lisait, anesthésié par le point de vue sincère du narrateur, mais qui semble des plus choquantes du point de vue externe de la société. L'ambiguité d'un personnage extrêmement froid constamment gêné par le soleil et le climat algérien. Camus semble souligner tout le long une sensibilité uniquement personnelle. Une sensibilité physique donc mais pas seulement, puisque Meursault semble rechercher le bonheur, la tranquillité, de sorte que son indifférence s'effritera
dans les derniers moments du récit.

De manière générale, le style comme le fond prennent une autre ampleur dans cette seconde partie. Ni indispensable, ni un chef d'oeuvre à mon sens, l'Etranger me semble finalement être un roman à thèse pas totalement abouti. Le genre de livre où on se surprend à prendre plus de plaisir à l'analyser qu'à le lire, en quelque sorte. Peut-être pas l'idéal, mais l'assurance que la plupart des lecteurs en retireront quelque chose.

Un Etranger qui ne pense pas.

6 étoiles

Critique de R. Knight (, Inscrite le 18 janvier 2012, 29 ans) - 21 avril 2012

J'ai lu L'Etranger avec de grandes attentes littéraires vu que son auteur a reçu le Prix Nobel de littérature grâce à lui. Et ce sont certainement ces très hautes attentes qui m'ont fait chuter de haut et qui me laissent dans un sentiment de 'Je ne sais pas trop quoi penser'.

A mes yeux, ce roman était une pièce maîtresse de la littérature française et se devait donc d'être écrit dans une prose frisant la magnificence. Que nenni.

C'est dans un style simplissime qu'Albert Camus dépeint l'histoire d'un homme dont on s'aperçoit rapidement... on ne sait rien. Certainement que ce style a été choisi dans le but de reproduire la façon de penser du narrateur et dans ce cas, il s'adapte bien à la situation. Dans un autre cas...

Ce qui est intéressant, c'est que cet étranger nous décrit sa façon de voir la vie, l'existence. Surtout en temps que condamné à mort. Etre plus objectif que le narrateur me semble être impossible.

Avec cet ouvrage on assiste au lancement du héros non-identifié dans la littérature, point qui est intéressant. Seulement, L'Etranger m'a énormément fait penser à La Nausée de Sartre, en moins abouti, malheureusement...
La thèse n'est peut-être pas assez travaillée, et, est-ce-que l'auteur en avait vraiment une ? Car si l'on se détache de ce côté 'profond' qu'a le roman, l'histoire est on-ne-peut plus plate voire ennuyeuse.

En Revanche, le roman se lit vite et ne laisse pas indifférent. Je pense donc qu'il est intéressant d'en avoir fait la lecture, ne serait-ce que pour en tirer une nouvelle thèse ?

une surprise!

8 étoiles

Critique de Valoo88 (, Inscrite le 2 mars 2012, 56 ans) - 18 mars 2012

j'ai voulu lire ce classique pour ne pas mourir idiote , ce fut une surprise. je n'avais jamais entendu parler du contenu de ce livre , on ne l'a pas étudié en classe mais on aurait dû.
"l'étranger" est étranger à tout, au monde extérieur, à ses propres pensées, de par son statut de français en Algérie... il n'a ni désirs ni besoins, sa vie s'écoule parmi les autres sans jugements , sans appréhensions, il ne se pose jamais de questions et ne le fera pas plus à son procès
déroutant, à conseiller

Etranger: "Qui n'appartient pas à un groupe"

7 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 18 décembre 2011

Ce roman est composé de deux parties égales en volume, qui m'ont procuré chacune un sentiment distinct.
La première partie, écrite avec un langage simpliste, est une succession d'actes vécus et même subits par le narrateur. Il nous décrit ce qu'il lui arrive, sans sentiments, comme un passager de son corps. Il assiste à l'enterrement de sa mère, crée une relation avec une femme et avec son voisin, mais tout ceci sans le moindre soupçon d'émotion. On ne porte alors aucune opinion, si ce n'est du mépris, sur ce personnage pour le moins insipide.
La seconde partie, beaucoup plus travaillée dans le style, nous raconte le procès de cet homme sans coeur. Et à cet instant, la magie opère, le message d'Albert Camus passe et nous fait réfléchir sur notre relation aux autres. On comprend que cet homme qui nous paraissait sans coeur, est tout simplement différent, étranger à nos règles sentimentales. Il n'est donc pas jugé pour son crime, mais pour ne pas avoir eu les attitudes de circonstance.
Faut-il, dans ce cas, le bannir parce qu'il ne veut pas suivre les règles de bienséance imposées par la communauté?
La qualité de ce roman passe par le message de la différence qui est apporté avec intelligence par Albert Camus, à travers les yeux de cet homme que personne ne comprend et qui donc dérange. Ce n'est pas pour moi un chef d'oeuvre mais il a le mérite de faire méditer...

BIZARRE

7 étoiles

Critique de Philippe972 (, Inscrit le 16 août 2011, 57 ans) - 21 août 2011

J'étais encore tout retourné en terminant la lecture "Des raisins de la colère" que je me suis attelé à cette 1/2 journée de lecture.

J'en reste dubitatif, je ne sais que penser de ce livre qu'on pourrait penser apathique, et pourtant le ton donné par Camus et juste puisqu'il ressemble tellement au "héros" de cette histoire.

Je pense qu'une deuxième lecture est nécessaire, le fait qu'il soit nommé le meilleur roman du 20ème siècle, nous fait espérer..... sûrement trop.

A lire

8 étoiles

Critique de Mleveteau (, Inscrit le 20 juin 2010, 35 ans) - 4 juillet 2011

Je savais que l'Etranger était un classique à lire. Je n'ai pas été déçu. Ce roman est étrange. Le personnage l'est tout autant et on ne parvient jamais à le comprendre.
C'est un livre captivant et très concis, je n'avais jamais lu quelque chose comme ça et je le recommande à tous.

Eternel étranger

10 étoiles

Critique de Bilo (, Inscrit le 25 mai 2011, 58 ans) - 25 mai 2011

L'étranger c'est un peu comme le Procès de Kafka, on ne peut saisir cet insaisissable mystère du moi à lui-même, et entrevoir dans ses infinies subtilités le vrai du vraisemblable.

C'est en cela que c'est un monument absolu de la littérature.

Quelle merveille que ce livre

10 étoiles

Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 17 mai 2011

Le personnage principal, Meursault, vit dans la routine : routine de son travail, routine des loisirs des week-ends, routine en amour. Sa mère vient de mourir, il assiste aux obsèques sans trop d’émotion, il rencontre une jeune fille qu’il veut bien épouser sans être sûr d’en être amoureux. Il est distant à tout ce qui l’entoure jusqu’à ce qu’il y ait une altercation avec un arabe, c'est pour aider son ami Raymond qui avait déjà malmené sa soeur. Meursault retourne sur les lieux pour se désaltérer. Abasourdi par le soleil, il le tue à coups de revolver. Puis c’est le procès, l’incarcération, et sa condamnation à mort. Meursault souffre dans sa cellule, du moins au début, de l’absence de cigarette, de l’absence de la mer, bref, de tout ce qu’il aimait.

Dans ce roman la mort est l’élément capital d’une prise de conscience de l’absurdité de la vie. La vie est absurde parce qu’on meurt. La mort, toutefois, sera, pour Meursault, apprivoisée dans une certaine mesure. "Mourir à trente ans ou à soixante-dix ans importe peu puisque, naturellement, dans les deux cas, d’autres hommes et d’autres femmes vivront, et cela, pendant des milliers d’années". La prise de conscience de la mort engendre une révolte qui s’exprime violemment chez Meursault. Cette révolte est métaphysique, car elle s’oppose à l’idée de Dieu. Un Dieu bon ne peut avoir créé un monde aussi absurde où ne règnent qu’injustice et misère. Meursault ne veut pas perdre le peu de temps qu’il lui reste à vivre pour discuter avec l’aumônier d’un Dieu auquel il ne croit pas. Mais lorsque l’aumônier lui dit qu’il va prier pour lui, Meursault se révolte, il éclate : il y a quelque chose qui a crevé en lui et s’est mis à crier à plein gosier et à insulter l’aumônier lui disant de ne pas prier: "que lui importe la mort des autres, l’amour d’une mère, que lui importe le Dieu de l’aumônier, et les vies et les destins qu’on choisit, puisqu’un seul destin doit l’élire". En fait, il se découvre maître de lui-même.

C’est par la révolte que, pour Camus, l’homme s’affirme homme, qu’il régénère son propre moi. Cette révolte permet une réconciliation avec soi-même et avec le monde. De ce fait, Meursault, lorsqu’il se retrouvera seul dans sa cellule, après le départ de l’aumônier, sentira monter en lui une grande paix qui le réconciliera avec le monde.

Un ovni dans un monde littéraire de bonne moeurs

10 étoiles

Critique de RobinMiranda (Champigny, Inscrit le 7 février 2011, 31 ans) - 7 février 2011

Après lecture de l'ouvrage, un sentiment, une sensation, réunit les réfractaires et les amoureux de Camus ; un sentiment d'avoir lu quelque chose de différent, quelque chose qui fait, défait, et invente de nouveaux codes de lectures, des nouveaux codes d'interprétations. Cet "étranger" à la vie est tout simplement un nouveau mode de compréhension d'un monde qui nous entoure. Je suis sans doute le seul illuminé qui parfois se retrouve même dans ce personnage aberrant, saugrenu, déstabilisant mais après tout direct, franc et sincère.

C'est alors l'histoire d'une vie qui ne se vit pas, une vie qui se découvre et s'apprend que la limite est déjà atteinte. On ne peut que saluer Albert Camus par son ouvrage de fiction mêlant drame, suspense mais surtout amenant une psychologie nouvelle et plaçant la littérature au rang de philosophie.

Un exercice difficile

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 11 janvier 2011

Difficile d'écrire une critique d'un "classique";
D'abord par respect de l'auteur; alors que je ne me pose pas de questions quand il s'agit d'un contemporain!
Et puis que dire de plus quand presque une centaine de critiques ont déjà été écrites?
Deux raisons donc, qui font, qu'en général, je ne critique jamais les grandes oeuvres de la littérature que je viens de lire.
Exception faite de celle-ci.

Car je me suis posée une question: et si la critique d'une lecture était d'abord une question d'âge?
Ce roman, en lecture obligatoire de lycée (il y a donc plus de 30 ans) m'avait surtout laissé une impression d'ennui.
Mais à plus de 50 ans, une phrase comme "on finissait par s'habituer à tout" prend tout son sens.

Oui, M. Camus avait raison, alors qu'il n'avait que 27 ans, et même s'il parlait des privations dues à l'incarcération (du tabac, des femmes, de la liberté), on a tous dans nos vies, des douleurs, des privations dont on n'est pas responsable, dont on a beaucoup, puis moins souffert; on a une conscience de l'inexorabilité du temps ou de certains événements.
Et puis l'âge permet aussi d'avoir lu suffisamment de livres pour découvrir ce que d'autres auteurs doivent à M. Camus.
Plusieurs fois, je me suis surprise à penser "c'est comme..., ça me rappelle..."
et particulièrement à un livre de P.Poivre d'Arvor, "L'irrésolu" dont je ne me permettrai pas de pousser la comparaison plus loin.

En tout cas, je n'ai retiré qu'un immense bénéfice à la re-lecture de ce fort roman.

Seul contre tout

10 étoiles

Critique de Chameau (, Inscrit le 10 novembre 2010, 44 ans) - 28 décembre 2010

Etranger à la vie, au monde, aux hommes et à lui-même, Meursault fatalement solitaire oppose à la morale sociale, à l'ennui des conventions de la société, à l'absurdité de l'existence, un irréductible non, prémice d'une révolte fondamentale seule capable de justifier la comédie de la vie... Un roman qui marque encore les nouvelles générations, une vision intemporelle et d'une lucidité radicale sur l'existence servie par la fameuse "écriture blanche" de Camus... Toujours à méditer...

Une bonne lecture...

8 étoiles

Critique de Gaeldorozario (, Inscrit le 14 décembre 2010, 45 ans) - 14 décembre 2010

A conseiller !

Gael do rozario

Un roman de notre temps.

9 étoiles

Critique de Antalarion (Thuillies, Inscrit le 20 août 2010, 33 ans) - 20 août 2010

L'enfer de vivre et le regard lucide d'un homme, pris dans les mécanismes du monde, qu'il observe avec objectivité et détachement.
Assis sous le soleil dans une prison aux murs morts, sa découverte d'un humanisme révolutionnaire le conduira finalement à la compréhension. Une œuvre courageuse, pleine d'émotion.

Etrange ... déstabilisant

8 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 21 juin 2010

Pourquoi ce titre l’étranger ? A la lecture de ce roman, il est difficile d’adhérer au comportement du personnage principal, en fait, il est seul face au monde et à lui-même. Il semble subir les événements. Le meurtre qu’il commet est absurde comme son procès et son exécution. Cette lecture m’a déstabilisé car je ne peux comprendre les actions de ce personnage, le but recherché a été atteint par Camus.

Le sort s'acharne sur un seul homme

8 étoiles

Critique de Ninnog22 (, Inscrite le 7 mai 2010, 30 ans) - 16 juin 2010

Un homme se trouvant au mauvais endroit, et ayant fait les mauvais choix au mauvais moment. Cette homme se retrouve finalement en prison, ce livre traite de sa descente aux enfers, du jugement jusqu'à son exécution. D'ailleurs, ce livre poignant fut nommé meilleur roman du XXème siècle, et l'on devine pourquoi...

Grandiose

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 20 mai 2010

Un roman court (je l'ai lu en une demi-journée) mais sensationnel, le meilleur de Camus probablement (jamais été fan de "La Peste"). Personnage principal atypique, difficile à cerner, et bien évidemment assez peu attachant, mais pas antipathique pour autant. Etrange, mais sublime !

Waouh !!!

10 étoiles

Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 14 avril 2010

J'ai lu ce livre une première fois à la fin de l'adolescence. Il m'avait marqué mais j'avais l'impression de ne pas avoir compris le personnage et ses motivations.

Cette année je fais un retour vers Albert CAMUS. J'ai commencé par "L'exil et le royaume" (relecture), puis j'ai poursuivi par la lecture du chef d'oeuvre "Le premier homme".

Cette semaine, j'ai décidé, plutôt que de relire "L'étranger", d'en écouter la version CD lue par Albert Camus lui-même (en 1954). C'est ce que j'ai fait, en voiture, lors de mes trajets professionnels quotidiens (1h15 par jour).

Quelle magie de redécouvrir ce texte extraordinaire par la voix de son créateur !!! Un grand moment de magie et d'émotion. Je n'ai pas vu passer ces trajets (et je les ai même trouvés trop courts...). La scène finale avec le curé m'a donné les larmes au yeux...

Pour ce qui est de la compréhension du personnage de Meursault, j'ai également beaucoup avancé 25 ans après. J'ai l'impression également de saisir beaucoup mieux ce que Camus a voulu exprimer et aussi ce qu'il a voulu laisser comme part de mystère.

Et la "maturité" aidant, j'arrive à accepter de comprendre un personnage même s'il ne m'est pas à 100% sympathique.

un livre qui ne laisse pas indifférent

2 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 16 mars 2010

totalement pour, on a compris, la philosophie, l'absurde ou totalement contre : insipide et ennuyeux.
Personnellement j'ai beaucoup aimé les oeuvres de Camus que j'ai lues mais moi aussi je n'ai rien compris à ce livre, mais Camus lui même n'était pas content de ce livre. Je prends le risque de me ridiculiser quand la révélation m'arrivera à ma troisième lecture en attendant je pars sur la thèse d'un livre raté et tant pis si beaucoup crient au chef d'oeuvre.

Ce livre porte à la réflexion

8 étoiles

Critique de KAROLE (, Inscrite le 9 février 2010, 49 ans) - 22 février 2010

La vie de cet homme qui bascule rapidement , jugé pour ce qu'il est mais pas vraiment pour son acte . Je me suis dit que n'importe qui pouvait un jour se retrouver dans la situation d'avoir commis un acte qui fait basculer sa vie et à ne pas à avoir d'explication sensée à donner aux autres, seulement c'était comme cela et qu'il ne sait pas vraiment pourquoi il a agi ainsi . Il suffit d'une seule erreur et votre vie est foutue . Je suis un peu déçue de la fin de ce livre j'aurais aimé le lire jusqu'à sa mort .

Déshumanisé

9 étoiles

Critique de Thorpedo (, Inscrit le 22 octobre 2009, 45 ans) - 30 janvier 2010

De nombreuses critiques publiées, toutes plus ou moins concordantes, ce qui signifie une chose: LISEZ LE. Je l'ai lu d'une traite, c'est une superbe roman. L'un de ses grands pouvoirs est notamment de laisser une grande liberté d'appréciation au lecteur, et donc de faire marcher son esprit critique, tout le contraire du narrateur. Un petit coup de maître.

"dire le moins"

9 étoiles

Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 25 janvier 2010

"Meursault, homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres. Loin qu'il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace, l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité... Le héros est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu, il est étranger à la société où il vit, il erre, en marge, dans les faubourg de la vie privée, solitaire, sensuelle..."
Que dire de plus que de reprendre quelques phrases de l'auteur pour comprendre le sens réel de ce roman.
Comme tous les grands romans, chaque relecture apporte une nouveauté, une profondeur, et il me semble toujours d'actualité.

L'étrange

6 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 13 janvier 2010

Lors de sa parution, ce livre traduisait peut-être l’esprit d’une certaine société, fait de lassitude, d’apathie, et de mal de vivre. Aujourd’hui (en 2010, 50 ans après la mort de Camus), j’ai eu du mal à poursuivre ma lecture de cet ouvrage pourtant bien court (moins de 200 pages). La première partie est désabusée, descriptive, sans passion. Bien sûr c’est volontaire, mais comment dès lors « accrocher »… Heureusement, la seconde partie (le procès) se lit avec plus d’intérêt.
Ce n’est certes pas un mauvais livre, mais il est pour le moins étrange.

Rendant à Camus...

10 étoiles

Critique de Haiter (, Inscrit le 13 octobre 2009, 55 ans) - 19 octobre 2009

Je viens de lire ou de relire l'étranger de Camus (j'ai du le lire y a longtemps mais j'ai oublié, le seul souvenir c'est peut-être la scène du meurtre sur la plage, je ne sais plus...).
Mais là, la scène du meurtre importe peu, elle passe en second, le procès s'articule sur la façon d'être du personnage, ses comportements ou sa non réaction à certaines scènes de vies: On juge le "paraitre", Meursault ne sait pas montrer d'émotion. Il est ainsi fait : humain ou inhumain?

Camus l'a résumé dans une phrase: "Dans notre société tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort"

Et dire que camus a rédigé l'Étranger pour se distraire...

Aussi riche qu'opaque

6 étoiles

Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 12 juin 2009

Pour chercher les sens enfouis du livre, j'ai du parcourir des analyses et des commentaires. C'est un peu dommage que je sois passé à côté en lisant ce livre une première fois...

Absurde

10 étoiles

Critique de Svartalfareux (, Inscrit le 20 mai 2009, 36 ans) - 20 mai 2009

Je recommande une relecture du roman à tous ceux qui disent ne pas l'avoir aimé. Évidemment ce livre peut sembler insipide, mais il repose sur une philosophie parfois difficile à comprendre ; l'absurde. Rien n'a de sens pour Meursault. Tout ce qui l'entoure est vide de sens. Tout.

Dans la première partie, beaucoup d'événements sont relatés : la mort de sa mère, l'enterrement, la baignade, tout l'épisode de Raymond, et finalement le meurtre, qui sert de transition.

La deuxième partie n'est constituée que de l'instruction et du procès de Meursault, qui reprennent les événements de la première partie, excepté le meurtre. Meursault est condamné pour tout ce qu'il a fait avant le meurtre, mais pas pour le meurtre à proprement parler. C'est précisément ce que Camus appelle l'absurde, le manque de sens.

Le roman doit être lu comme un ouvrage philosophique plutôt qu'une simple histoire, c'est d'ailleurs là l'intérêt de L'étranger. C'est un roman très enrichissant, du moment qu'on en comprend l'essence.

La ligne droite du hasard et les zigzags du destin

8 étoiles

Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 17 mai 2009

Meursault vit avec légèreté, insouciance, désinvolture et en même temps absurdité. Sa vie suit un tracé particulièrement incohérent et décousu, son destin correspond à un interminable entrelacs de zigzags labyrinthiques. Meursault goûte à des joies simples, des bonheurs presques enfantins, boit quand il a soif, se vêtit quand il a froid, touche le sein d'une femme quand il en éprouve l'envie. Tout est naïf chez lui, tout correspond à un besoin, une envie. Tout dénote le comportement, la psychologie d'un enfant.
Et puis tout à coup avec le meurtre de l'Arabe qui est arrivé par hasard (ou pas?) comme tout le reste, il se voit assigné la psychologie de psychopathe tordu et dangereux. On lui attribue des noms, des maladies, des psychopathies particulières, des desseins, des projets, toute une psychologie dense et complexe à laquelle il semblait pourtant ne pas correspondre le moins du monde. Tout à coup le juge entrevoit des liens entre son indifférence devant la mort de sa mère, l'assassinat de l'Arabe, la relation entamée sur le tas avec Marie.

Camus raconte cette histoire avec un incontestable sens de la narration. Il déploie avec une implacable efficace toute sa philosophie de l'absurde dans ce roman impeccable, non sans des clins d'oeil au mythe de Sisyphe, auquel il a d'ailleurs consacré un essai. A lire.

("Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier je ne sais pas.")

L'Etrange(r)

5 étoiles

Critique de Nouillade (, Inscrite le 13 mars 2008, 33 ans) - 22 avril 2008

Ce livre m'est resté totalement étranger, c'est le cas de le dire. Albert Camus raconte une histoire qui ne raconte rien, avec un personnage presque transparent, mou, qui ne semble animé d'aucune volonté.
Le style est très particulier, il est comme "parlé", il suit les actions du personnage, avec une simplicité et comme un "désintérêt".

Bilan, un livre spécial, novateur, mais qui ne séduit pas.

Condamnation d'un asocial dépourvu de sentiment et de sens des valeurs

3 étoiles

Critique de Lindy (Toulouse, Inscrite le 28 mai 2006, 46 ans) - 5 février 2008

Je ne l'avais pas lu à l'école et heureusement car ce n'est pas le genre de littérature qui fait aimer la lecture, en tous cas en ce qui me concerne. L'histoire, assez banale, met en scène un personnage sans relief, auquel on ne s'attache absolument pas du fait de ses lacunes sociales, de son manque de logique sentimentale et comportementale pour lesquelles il se sent malgré tout en décalage avec ses semblables. Ses derniers instants m'ont davantage intéressée, notamment lorsqu'il refuse l'aide de l'aumônier de façon un peu énergique - démarche dont on ne le croit pas capable jusque là. Peut-être est-ce un sursaut d'humanité à l'aube de sa mort, où simplement un regard différent de ma part à ce moment précis, car c'est le seul instant où je me suis sentie un peu proche du protagoniste...

Si c'était le but de l'auteur, en effet, cet homme m'a été complètement étranger. J’aime qu’un ouvrage ouvre la voie de la réflexion, mais à l’issue de cette lecture, j’ai ressenti surtout un grand vide, pas de colère, pas d’empathie, pas de peine. Et d’ailleurs, ça m’a manqué.

Pour corroborer certains avis, le personnage est condamné surtout pour la nature de ce qu’il est, mais il ne me semble pas que ce soit sa sincérité et son honnêteté que l’on accuse mais sa bêtise et ses lacunes en terme de valeurs sociales, comme s’il était étranger à ses semblables. J’aurai très probablement été d’accord sur la volonté de dénoncer le comportement de la société au regard de quelqu’un de différent si le protagoniste avait été un peu sensible, s’il avait eu un peu de jugeote (pourquoi bon sang retourne t-il sur les lieux où se trouve celui qu’il va tuer « par mégarde » ? N’importe qui d’un peu sensé ne l’aurait pas fait !). Certes, la condamnation est un peu sommaire et tient compte de faits qui n’ont pas de rapports directs avec la sentence, mais il me semble malgré tout que le meurtre que Meursault commet est absolument inhérent à sa personnalité…

Simple et beau

10 étoiles

Critique de Bételgeuse (, Inscrite le 7 décembre 2007, 46 ans) - 7 décembre 2007

Pas possible d'écrire plus simple et plus beau. L'extase, quand Meursault jette le prêtre "mort" hors de sa cellule!

fait réfléchir

8 étoiles

Critique de Zanaiide (, Inscrite le 6 juillet 2007, 40 ans) - 6 juillet 2007

Bon livre.

l'histoire d'un homme sans empathie que le monde rejette.

Un livre minimaliste mais très abordable ( histoire en apparence simple), bien écrit et une bonne reflexion sur autrui.

Un classique à découvrir

À quoi bon ?

3 étoiles

Critique de Calepin (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 43 ans) - 28 décembre 2006

On me l'avait vivement suggéré. Je l'ai entamé de bonne fois; le début répondait à mes attentes, quoique un peu fade. Un style qui épouse le minimalisme, quelques images qui visent justes, et un petit quelque chose de beau dans tout ça, de touchant. Mais dès le retour du personnage chez lui, après la mort de sa mère, plus rien qu'une platitude à offrir. À partir de là, un chapitre de plus et puis plus rien, outre un livre remisé aux oubliettes. Je n'ai plus accroché.

ennui

1 étoiles

Critique de Andrea des bois (paris, Inscrite le 20 décembre 2005, 45 ans) - 13 novembre 2006

Quelques pages écrites en gros.
Se lit aussi vite qu'un oui-oui.
Une action aussi trépidante que dans un oui-oui.
Certains ont vu dans ce livre l'absurdité de Sisyphe.
Moi j'ai surtout vu l'absurdité de lire un livre qui ne parle de rien, juste parce qu'on en a entendu dire du bien.

Mon royaume tout entier est de ce monde

10 étoiles

Critique de TELEMAQUE (, Inscrit le 9 février 2006, 76 ans) - 27 octobre 2006

Si, selon l'aphorisme de Malraux, la mort transforme la vie en destin, alors le destin de Meursault aura été d'être heureux.

Même si sa mésaventure, dont le sens lui échappe l'amène face à la justice des hommes, même si la proximité de la mort lui rappelle l'absurdité de la vie, cette vie pour rien dans laquelle chacun est agi alors qu'il croit agir, MEURSAULT meurt réconcilié avec le monde, car c'est en ce monde qu'il lui a été donné de connaître le bonheur.

Loin des bonheurs promis dans des mondes illusoires, loin des consolations des religions qui nient la vie et enseignent l'espoir (que les anciens grecs tenaient pour le pire des maux et qu'ils faisaient sortir en premier de la boite de Pandore), Camus nous avait donné à partager cette vérité simple que "mon royaume tout entier est de ce monde".

Ce petit livre au style tendu, dont l'incipit est aussi prometteur de ce qu'en sera la suite que celui qui ouvre Moby Dick (Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.) se termine sur cette lucidité plus consolatrice que toutes les promesses d'éternité :

"Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon éxécution et qu'ils m'accueilent avec des cris de haine."

Au temps où nous sommes, qui est celui des charlatans et des faiseurs d'illusions, où le désarroi précipite tant d'hommes dans l'irrationnel, CAMUS nous manque. En tout cas il me manque à moi.

Juste pour l'article...

2 étoiles

Critique de Dalania (Dijon, Inscrite le 25 octobre 2006, 38 ans) - 25 octobre 2006

Oui, juste une étoile pour l'article trouvé sous le matelas de la prison par Meursault et qui relate un fait d'hiver. Ce fut pour moi la seule source d'intéret du livre, parce que le seul passage à rebondissement, bien qu'un peu macabre, je vous l'accorde.
Le reste m'a beaucoup ennuyée. Mais c'est certainemet parce que je lis un livre plus pour l'histoire qu'il raconte que pour la réflexion qu'il apporte.

Déprimant mais lucide...

9 étoiles

Critique de Guicard (, Inscrit le 26 avril 2006, 39 ans) - 22 octobre 2006

Ce qui est le plus triste dans ce livre c'est que Meursault est loin d'être un imbécile, et, malheureusement pour lui, est foncièrement honnête. Comme il ne vit sa vie qu'à moitié, il intellectualise tout sans rien comprendre...

Son voisin est souteneur, oui, et alors, c'est quelqu'un de gentil avec lui.. Il a tué quelqu'un, c'est la faute du soleil, oui.

Mais mon passage préféré reste l'entrevue avec le confesseur et la révolte de Meursault... S'il a vécu comme un étranger, il est pleinement lui sur l'échafaud... c'est quand on meurt qu'on est vraiment accompli.

une relecture

8 étoiles

Critique de Véro lé la (, Inscrite le 5 février 2006, 53 ans) - 13 juillet 2006

Un classique...J'ai eu du plaisir à relire ce livre.

terrible...

9 étoiles

Critique de Grenouille (, Inscrite le 6 juin 2006, 40 ans) - 22 juin 2006

meursault est certes un personnage ennuyeux mais il m'a fait de la peine... on a vraiment l'impression qu'il vit son histoire de l'extérieur... il se laisse flotter par les évènement... une soumission pareil c'est terrible...
à noter aussi l'incroyable vision de la justice qui nous est donnée là meursault n'es pas condamné pour avoir tué un homme mais pour n'avoir pas pleuré la mort de sa mère... Effrayant!!!!!!

étonnant!!!!!

7 étoiles

Critique de Mademoisellev (, Inscrite le 25 mai 2006, 35 ans) - 25 mai 2006

Ce livre est vraiment étrange ! La première phrase est bouleversante. La suite nous montre la vie d'un homme à part , hors de la société , et presque insensible . L'histoire est en elle-même laide, je ne vois aucune beauté dans les descriptions. Sinon le livre se lit très vite , il nous montre l'importance du regard des autres et la violence de ce regard.
C'est un livre plat ,brûlant et débordant d'indifférence.

Malgré tout je trouve qu'il sagit d'un excellent roman à lire une fois et à laisser dormir car je l'ai lu l'année dernière et je ne ressens pas du tout l'envie de le relire .

Etrange culte

2 étoiles

Critique de Joachim (, Inscrit le 24 mars 2006, 44 ans) - 2 avril 2006

Etrange culte de Camus, bon dans La Peste, ultra-moralisant dans l'Etranger et très très ennuyeux.

Regardage de nombril à la longue-vue. Grande prétention dont il n'est pas stylistiquement à la hauteur, ça se tortille dans tous les sens, c'est assez snob, humaniste et "raffinement français" au pire sens du terme pour décrire de la pseudo-conversion morale et existentielle, pédant et complaisant...


politique

9 étoiles

Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 51 ans) - 31 mars 2006

je gardais un mauvais souvenir de la lecture au collège de ce premier roman de Camus.
ne voulant pas rester sur une mauvaise impression, j'ai décidé hier de le relire, 20 ans après... et d'essayer de comprendre en quoi ce livre était un chef d'oeuvre.

contrairement à 'la peste' je n 'ai pas accroché dans les premières pages. C'est à partir du chapitre 5 que l'on commence à entrer dans l'intrigue et plus on avance dans la lecture , plus on saisit l'importance des premiers chapitres.

c'est un livre éminemment politique, qui critique l'ordre établi, car l'on reproche à Meursault, non pas le meurtre de l'arabe mais son anormalité sociale (le refus d'exprimer la peine causée par la mort de sa mère, l'indifférence sur l'amour ou le mariage, etc...)
c est la nature de cet homme qui est jugée et non pas ses actes criminels.
un livre que devraient lire tous les magistrats !

encore une fois, je partage l'avis de Jules !

surprenant

10 étoiles

Critique de Zouzoue (, Inscrite le 28 septembre 2005, 35 ans) - 30 janvier 2006

surprenant.Je ne connais pas d'autres mots pour décrire ce livre...

Hymne à la vie qu'on va perdre

10 étoiles

Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 10 décembre 2005

Il me semble que deux clichés tenaces teintent la plupart des critiques de L’Étranger. Le premier voudrait que ce livre soit sombre, ou pire encore, pessimiste. Rien n’est plus faux à mon avis. Oui, cet homme mène une vie absurde et ceci dure presque jusqu’à la toute fin du roman.. Mais on dirait que la plupart des lecteurs s’arrêtent avant la fin. Moi, j’aime Meursault à partir du moment où il prend le curé par la soutane et qu’il le boute hors de sa cellule. Je crois, sans trop m’avancer, qu’il devait en être ainsi pour Camus. À partir de ce moment, Meursault devient maître de sa vie (la révolte dans la première partie de l’œuvre de Camus). Non pas que cette vie ait acquis un sens qu’il lui faut défendre contre les prétentions du curé. Il est le premier à reconnaître que cette vie fut aussi absurde que le sera sa mort. Mais cette vie (si absurde soit-elle) lui a procuré du bonheur. Rappelons-nous et je paraphrase le Camus de Noces : l’homme a le devoir d’être heureux. « Je dois m'occuper d'être heureux », écrit-il dans L’État de siège. À défaut d’un sens, cette vie a une valeur, disais-je. L’Étranger, c'est l’histoire d’un homme qui finit par trouver sa vérité et cette vérité est très simple : toute vie a une valeur si elle procure du bonheur. Personne n’a le droit de condamner Meursault. Personne n'a le droit de décider que telle vie est préférable à telle autre au nom de valeurs sociales, spirituelles, philosophiques. (Je sais, Camus va ajouter une éthique à cette recherche de bonheur, dans ses œuvres ultérieures.) Rappelons-nous que Sisyphe, lorsqu’il descendait de la montagne, malgré une tâche on ne peut plus absurde, y parvenait, lui aussi au bonheur : « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Pour Meursault, pas besoin d’imaginer, il le dit : « J'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. » J’aime beaucoup cette citation de Camus : « Le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu'on fait contre le destin qui nous est imposé. » Extrait des Lettres à un ami allemand. Livre sombre, pessimiste ? Il me semble, plutôt, que ce livre est un hymne à la vie. « Je crois que j'ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage. Des bruits de campagne montaient jusqu'à moi. Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes. La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée.» Tout comme sa mère, Meursault est prêt à tout recommencer. Et la dernière phrase, qu’est-ce que c’est, sinon un pied de nez à tous ces embaumeurs sociaux (il faut y ranger certains critiques) qui n’ont cessé de clamer que cette vie n’avait pas de SENS !

L’autre cliché concerne le style de Camus. On dirait que certains lecteurs se sont arrêtés après le télégramme du début : petites phrases courtes, simples constations, banalités, etc. C’est vrai qu’il en est ainsi dans presque toute la première partie. Mais dans la seconde ? Il me semble que c’est une des facettes du génie de cet auteur. Le style prend du corps, et devient même très incisif vers la fin, à mesure que le protagoniste s’affirme et se révolte. Les figures de style apparaissent dans la scène du meurtre : « La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. » Dans la scène avec l’aumônier, le style devient carrément éloquent, oratoire : nombreuses répétitions, questions oratoires, figure de style, phrases interrogatives et exclamatives.

L'Etranger, anamnèse meurtrière

6 étoiles

Critique de Sylkarion (Saint-Etienne, Inscrit le 9 décembre 2005, 44 ans) - 9 décembre 2005

Une écriture épurée mais terriblement efficace. Le récit suit les derniers mois de la vie d’un homme semble-t-il plus ou moins dénué de sentiments, réglant son jugement sur son peu de principes. Premier roman d’Albert Camus, l’étranger contient déjà en substance toute la tonalité pessimiste de son œuvre. On pense invariablement au roman La mort est mon métier de Robert Merle qui, toutes proportions gardées, suit lui aussi le cheminement d’un homme dont la sensibilité s’efface devant son obsession pour l’ordre et la rigueur, véritable ligne de vie. D’ailleurs, les réactions des deux héros devant la mort sont sensiblement identiques. Au final un petit roman d’à peine 180 pages qui se dévore en une après-midi et qui fait par contre réfléchir longuement sur le sens que l’on peut donner à la vie, sans oublier une profonde réflexion sur la mort.

Une 2ème lecture, peut-être...

1 étoiles

Critique de Shayne (Sambreville, Inscrit le 2 octobre 2005, 42 ans) - 13 novembre 2005

Euh... on parle bien d'un roman là? Que Meursault se fout de la vie, on l'a bien compris. Je ne vois vraiment pas ce que Camus veut nous dire dans cette histoire ultra-ennuyeuse.


A lire absolument

9 étoiles

Critique de Pro2501 (Paris, Inscrit le 21 septembre 2005, 35 ans) - 31 octobre 2005

J'ai vraiment devoré ce livre.

Tout ce que je pense sur L'Etranger à déjà été dit sur cette page donc je n'ajouterais pas grand chose.
Meursault est condamné car il veut être honnête, sincère et ne pas se mentir à lui et aux autres. Il se fout de tout.

Un très grand livre !

Un incontournable de l'absurde

9 étoiles

Critique de Neithan (, Inscrit le 19 juin 2005, 37 ans) - 3 juillet 2005

Meursault est un étranger en ce sens ou il est en marge de la socièté dans laquelle il vit, c'est un être solitaire, mais vrai.

En effet, Meursault n'aime pas le mensonge, il lui préfère la Vérité, il est comme il est, ne joue pas de jeu mais est sincère...

Il se voit condamné pour avoir tué un arabe sur la plage... A cause du soleil, dit-il, il faisait chaud... Il est tout simplement indifférent à tout car il prend conscience que quoi qu'il arive il mourra, il n'est là qu"en sursis, sa vie n'a pas de sens...

Alors c'est sur qu'après cela, comment ne pas avoir envie de se foutre de tout, et Meursault commet "l'acte gratuit" de Gide, et tue quelqu'un sans raison particulière...

C'est un classique de l'absurde (tout de même, il se voit condamné pour ne pas avoir pleuré aux obsèques de sa mère), et l'influence du procès, de Kafka, se fait sentir... Le personnage de meursault est passionnant, mais ne se veut pas rassurant....

Emmerdant! oui, c'est pour ça qu'il est génial

8 étoiles

Critique de Clem\'s (Allonne, Inscrit le 2 juillet 2005, 37 ans) - 2 juillet 2005

Pas mal la critique de calamity jane. 25 ans contre 17 ans. Tu dis que l'étranger est ennuyeux. Pas mal, c'est exactement ça. Ce livre est ennuyeux. Comme le héros.
Pour cela, relisez tous ce livre en prenant compte de la longueur des phrases. Courtes voir très courtes, ce qui donne au livre une lecture monotone, et non chalante. Tout comme son héros (soit-dit en passant.)
Ce livre est absolument formidable et débordant de concepts et de génie.

Court... mais bon!

6 étoiles

Critique de Rcapdeco (Paris, Inscrit le 19 mai 2005, 46 ans) - 23 mai 2005

J'ai lu il y a quelques années, et, par curiosité, j'ai décidé de relire. En effet, j'avais gardé le souvenir d'un ennui profond, sentiment éprouvé pour chaque livre à parcourir pendant les vacances de février...
L'étranger est un bon roman, mais je n'accroche pas vraiment avec le style de Camus, blasphème! Quitte à lire un roman sur l'indifférence, je préfère relire le Voyage de Céline (même si je rabâche!)

pfffff ...

4 étoiles

Critique de Calamity_jane (Montreuil, Inscrite le 20 mai 2005, 44 ans) - 20 mai 2005

Alors autant "la chute" me garde qq souvenirs plus ou moins agréables, autant "L'étranger" ne me laisse rien du tout !

Comme il a été dit dans plusieurs critiques éclair, mais secouez le !!! Je me suis gravement ennuyée pendant 2h en lisant ce bouquin ...

Déjà, je ne me rappelle même plus de l'histoire bien que je l'aie lu l'été dernier. Mais je me rappelle cette sensation de lassitude, d'ennui, de platitude ...

Pas grand chose

7 étoiles

Critique de Kakabar (, Inscrite le 13 octobre 2004, 34 ans) - 11 mai 2005

...comme ce que ce livre m'a inspiré. Mais seulement au début. Je n'accrochais pas du tout, le personnage n'était pas agréable, l'histoire trop plate à mon gout, pas assez complexe. Puis, quand le procès est arrivé, c'est là que tout a commencé à se remuer en moi. Ce personnage jusque là sans interêt se révélait énervant de passivité, d'égoïsme et de stupidité. Mais c'est ça qui a fait tout son interêt.
Cependant, contrairement a beaucoup, ce livre n'a pas été un coup de coeur pour moi, juste un livre que j'ai lu et aimé.

L'oeuvre-phare

10 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 6 mai 2005

Après sondage, Frédéric Beigbéder avait placé en tête cette nouvelle des plus grandes oeuvres littéraires. Dans son ouvrage intitulé Dernier inventaire avant liquidation il commente les cinquante oeuvres favorites des personnes interrogées.
Je vais essayer d'être bref et de ne pas redire ce qui a été dit - et ben dit - avant moi. Cet homme étranger à tout, et avant tout à sa propre histoire, est effrayant et Camus décrit très bien, par la sécheresse de son style, la vacuité d'esprit de ce genre de personnes insoupçonnables capables de tout, aux dépens des autres et d'eux mêmes.
Les paysages décrits et le style sont somptueux. Ca me donne envie de découvrir Alger.
Dans cette vacuité et l'absurde, il y a des échos du film de Godard Pierrot le Fou, la légèreté en moins.

Un dosssier pédagogique

10 étoiles

Critique de MOPP (, Inscrit le 20 mars 2005, 88 ans) - 5 mai 2005

Comme le site n'accepte pas ce nouveau livre paru en février 2005, je suis donc contraint de passer par cette critique-éclair. La référence est : Albert CAMUS, L'Etranger, éditions Folioplus classiques du XX ème siècle, n° 40, ISBN : 207030602X.

Je ne veux pas revenir sur les belles critiques déjà présentes sur le site, mais je voudrais signaler ce dossier pédagogique qui accompagne le roman de Camus. Ce dossier est réalisé par Mériam Korichi, philosophe, spécialiste de Spinoza. Vous y trouverez :

1 - le mouvement littéraire : la littérature engagée et la situation de l'écrivain Camus dans la société.

2 - le genre et le registre : un court roman de moraliste à la première personne, l'horizon d'un mythe.

3 - l'écrivain à sa table de travail : un classique instinctif ; le souci de la forme.

4 - des personnages insoumis : le mépris de l'individu ambitieux, la "chute" d'un homme, l'esprit de liberté, la conscience individuelle.

5 - une chronologie : Camus et son temps.

Je péfère ne pas dévoiler toutes les connexions possibles (je ne ferais que recopier des extraits du dit dossier) et vous laisser le plaisir de la découverte.

Noter que ce livre de poche coûte 3,50 euro.

Ce qui a particulièrement retenu mon attention, c'est la mise en perspective du roman avec l'oeuvre du peintre Edward HOPPER (1882 - 1967). Plus particulièrement à partir du tableau "Conference at night, 1949". Il y a cette froideur et ce vide de l'univers bureaucratique, cette peinture qui exprime une vision d'un monde analogue à celui de Camus, peinture qui souligne la solitude de l'homme dans la société moderne. Comme Meursault, "les personnages de HOPPER semblent étrangers au monde, indifférents à ce qui les entoure, et ce sentiment de vide a une portée existentielle universelle." Cette lecture d'image a été faite par Agnès Verlet, maître de conférences en littérature à l'Université de Provence ; elle est spécialisée dans la recherche des rapports qui existent entre la littérature et les arts plastiques. (Ce qui explique aussi mon intérêt).

Un dossier bien utile aux profs, aux ados, et à tout lecteur qui souhaite approfondir sa lecture grâce à une documentation des plus fournies.

Oh Meursault....

6 étoiles

Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 1 avril 2005

"Standing on a beach with a gun in my hand....Staring at the sea, staring at the sand......"Oups pardon je digresse légèrement. Sérieusement, j'ai beaucoup aimé ce livre pour le message qu'il donne et la phrase introductive est emblématique de l'indifférence (toute relative) qui semble habiter Meursault: De l'enterrement de sa mère (dont il semble n'être qu'un témoin curieux) à sa condamnation, Meursault semble assister, tel un esprit malin au dessus de sa tête, à l'évolution de son personnage, son introspection afin de donner un sens à sa (la) vie. Le résultat est poignant même si j'ai tout de même regretté quelques lourdeurs métaphysiques issues des circonvollutions cérébrales d'un Camus qui (quelquefois) en fait trop.

Absurde...

8 étoiles

Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 49 ans) - 30 mars 2005

une histoire absurde, un homme absurde, Camus dépouille à l'extrême son style et c'est bien réussi... j'en suis ressortie très angoissée et pourtant passionnée. J'ai étudié ce livre en 1ere en français. Je pense qu'il ne faut pas le lire trop tôt et surtout pas si on se pose la question du sens de la vie, car là Camus ne propose rien, il déconstruit et ne reconstruit pas tellement...

Ligne claire.

10 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 16 mars 2005

"Alors j'ai tiré encore quatre fois.
...
Et c'était comme coups brefs que je frappais sur la porte du malheur."
Un style dépouillé à l'extrême. Une concision de mots et même de considérations qui renvoie un Jean Paul Sartre et ses "Mots" en session de rattrapage. Que du brut et qui frappe toujours juste. Et fort. L'impression, dont on ne peut se défaire, qu'on est réellement face à un chef d'oeuvre.

Incroyablement multiple

8 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 8 mars 2005

Voici vraiment un livre à multi-facettes duquel chaque relecture découvre une autre partie.
Alors quand on le lit pour la première fois, comme moi, et que c'est en plus un premier contact avec Camus, on est d'abord soufflés par la fluidité de l'écriture, aucun mot inconnu, aucune tournure stylistique, des faits, des descriptions. Ensuite on s'attache à l'histoire, on relit plusieurs fois certains passages pour essayer de bien comprendre la progression.
Arrivés à la chute, on s'interroge, au départ sur le coup de colère _ d'ailleurs je ne suis toujours pas sûre de l'avoir compris, autant j'ai pu me mettre en empathie avec toutes les pensées décrites de Meursault, autant son éclat final me laisse encore perplexe _, dans un 2° temps sur la portée de ce qui nous est raconté, on tente de classifier L'étranger dans un genre... Et on échoue !
Camus lui-même disait qu'il y avait 10 façons au moins de résumer d'une phrase ce roman, selon ce qu'on met en exergue, et volontairement l'ambiguïté est maintenue tout au long du récit.
A chaud j'en retiens le soleil, les sensations d'une Algérie éclatante de lumière et de chaleur, un homme inadapté pris dans une sorte d'engrenage...
Suite dans un an, à la 2° lecture ...


Un livre exceptionnel

10 étoiles

Critique de Overdose (, Inscrit le 21 février 2005, 39 ans) - 26 février 2005

Des phrases courtes, et pourtant l'auteur nous en donne à voir !
On imagine facilement se jouer ce drâme sur cette plage algérienne, le soleil couchant, le bruit des vagues, ce coup de feu.
Un livre qui aura bouleversé ma vie de lecteur, un personnage dérangeant, difficile à cerner, un silence. Une grande réflexion sur la vie en général, son absurdité, ses convenances.

je suis le meilleur!!!!

9 étoiles

Critique de M. Ruft (, Inscrit le 25 février 2005, 41 ans) - 25 février 2005

Je suis fasciné de ce livre.

Mais je ne comprends pas la vrai signification de ce nom: Meursault. Moi je crois qu'il y a deux vrai signification: Meurs Salaud!!!!!!!!! et la connection du nom d'un vin très connu et Meursault... mais il y a encore une troisième possibilité: Mais je ne le dis pas!!! :)

Merci

Excellent

9 étoiles

Critique de Lise (Rabat, Inscrite le 13 février 2005, 44 ans) - 13 février 2005

C'est un livre excellent, froid, il nous laisse sans souffle, ému,touché.
Le personnage principale est un homme différent , c'est son principal tort, il n'aime pas les faux semblants, sans même s'en rendre compte. Insensible, sa vie défile devant lui, et il suit son chemin, impassible, sans se poser de questions.

Personnellemnt je trouve que ce livre est avant tout une plaidoirie en faveur de tous les marginaux, qu'on regarde d'en haut, qu'on juge parce qu'ils ne nous ressemble pas, parce qu'il ne savent pas s'émouvoir, parce qu'ils sont passifs. Mais est ce un crime?

Ce livre est à lire absolument. Il nous opporte un regard nouveau sur la vie.

Où est mon enthousiasme?

7 étoiles

Critique de Kreen78 (Limours, Inscrite le 11 septembre 2004, 46 ans) - 6 février 2005

Beaucoup de choses ont été dites sur cette page, il y a d'ailleurs de très bonnes analyses.

Moi je ne vais pas en faire. J'ai bien aimé ce bouquin, mais j'étais loin d'être en extase devant. Je l'ai trouvé bien écrit, un peu trop simple à mon goût (mais à l'image de Meursault c'est vrai). J'ai été un peu déçue car je m'attendais à mieux en lisant un peu les critiques.

Peut-être que si je le relis dans une vingtaine d'années je l'apprécierais mieux...

indispensable

9 étoiles

Critique de Gab (bruxelles, Inscrite le 31 décembre 2004, 50 ans) - 3 février 2005

il n'y a rien à ajouter....

Vices de la conformité

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 11 novembre 2004

De manière générale, j’évite les classiques, surtout ceux considérés « incontournables » Pour la simple raison que la lecture de ces chefs-d’œuvre implique que nous devrions obligatoirement être éblouis alors qu’ils sont rarement une source évidente de divertissement.

Dès les premières pages de « L’étranger », je suis tombé sous le charme de l’univers sombre de cet énigmatique Meursault, sans prénom et sans émotions, pour ensuite être envoûté par les conséquences des événements. Car au-delà de cette histoire de vie, qui peut paraître simpliste, se cache une vision de la société totalement disloquée, en marge, qui nous force à ré-évaluer nos propres principes et ce qui est attendu de nous face à nos pairs. Là est la force de « L’étranger » Pour une fois, la grande littérature m’a étonné au lieu de m’ennuyer.

Un roman sur l'indifférence portée à l'extrême

9 étoiles

Critique de Le petit K.V.Q. (Paris, Inscrit le 8 juillet 2004, 32 ans) - 23 octobre 2004

Meursault est un homme indifférent. Incapable d'aimer. Un peu primaire, un peu barjo. Ce n'est pas un sentimental, c'st un antisentimental. Sa mère meurt, il ne pleure pas, le lendemain il va au cinéma avec une collègue de bureau. Il tuera un Arabe à cause de cette lourde chaleur caniculaire de l'Algérie. Il se fera tuer, mais ça ne le touche pas plus que ça. Il est mort car il n'a jamais eu de sentiments, il est mort car il n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère, car c'est un homme un peu primaire, si j'ose dire; En même temps, on peut se dire que les gens débordant d'émotionnalité à chaque grande occasion sont moins vrais que Meursault, qui ne se soucie pas du passé, et vit au jour le jour. Il aime la vie, il ne veut pas la gâcher par quelques souvenirs ou quelques enterrements. Il veut qu'on lui foute la paix. Un asocial. Raconté avec un style très simple, "sujet-verbe-complément" comme disait Malraux, mais avec aussi quelques images fortes? Camus est un grand auteur, et je dirai même plus, un Sartre grand public et au style moins difficile, quoique magnifique.

Super? Bof

1 étoiles

Critique de Lectrice (Pas de calais, Inscrite le 8 octobre 2004, 50 ans) - 8 octobre 2004

Dans mes souvenirs je n'ai abslomuent pas été transcendé par ce livre mais plutôt déprimée par l'histoire.

Idées étrangères

7 étoiles

Critique de V4nco (Mouscron, Inscrit le 19 février 2004, 44 ans) - 16 juillet 2004

Si Meursault est un étranger pour ses comtemporains, ce n'est pas dû à son origine, à sa religion, à sa confession, ni à la couleur de sa peau. Ses idées sont étrangères, ses idéaux, sa façon de vivre et son idéal sont aussi étrangères....à ceux et celle qu'il cotoie. Libéré des remords, regrets, jalousies, et de tout autres pensées que l'envie et le rejet, conjugués sous toutes leurs déclinaisons, cet homme est seul dans un monde qui s'encombre, ou ( selon les opinions) qui se maintient en équilibre grâce à structures psychologiques que sont l'ordre moral, le code de bonne conduite, le civisme...Toutes ces règles de vie en société quadrillent, de nos jours, l'esprit de chacun, permettant la cohabitation dans la (plus ou moins) bonne entente....mais ralentissant, freinant, canalisant toutes les pulsions de l'être humain, jusqu'à annhiler les plus meurtrières. Cet homme qu'on qualifiera peut- être d'égocentrique, ne cherche pourtant que son bonheur, ou plutôt il ne rêve qu'à une succession de plaisirs.....mais cet étranger fait peur, ou pitié, à ceux qui se sentent le droit de le juger, ou pire celui de le pardonner....

Article Premier:"Nul n'est censé ignoré la loi". Son pire péché?

Etrange

8 étoiles

Critique de Monique (, Inscrite le 29 mai 2004, 52 ans) - 9 juin 2004

Ethymologie : étranger, étrange... je pense qu'on voit bien là la complexité du personnage dans l'apparente simplicité de l'histoire.

Humain

8 étoiles

Critique de Arkady (, Inscrit le 29 mai 2004, 42 ans) - 9 juin 2004

L'étranger, livre magnifique par la simplicité de son histoire.

Un homme face à lui même. Un homme qui veut vivre, mais qui vit dans un monde absurde. Dans le monde d'Albert Camus, la société des hommes toute entière est absurde.

Le héros du roman ne demande qu'à vivre. Après la mort de sa mère, il va voir une femme... Et ce sera un argument de plus pour sa condamnation. Que faire ? En fait c'est là que ce roman peut troubler, car d'une certaine façon il se pose un peu en complainte absolue de la vie.

C'est un roman à la fois simple et complexe. Simple dans sa forme, complexe dans son fond. Car cette petite histoire d'a rien d'anodin, et le génie de cette oeuvre, c'est que chacun y trouvera ce qu'il veut.


mélodie de mort

7 étoiles

Critique de Colchique (, Inscrite le 27 mars 2004, 38 ans) - 2 avril 2004

ce livre est beau il me rappelle une mélodie de chanson que j'écoutais quand je l'ai lu. Ce livre "pue la mort " et la détresse des hommes. Aucun sentiment, un seul mot "vide" d'amour mais pas de sens.

Nous sommes tous étrangers

8 étoiles

Critique de Banzaille (Rennes, Inscrite le 14 janvier 2004, 40 ans) - 21 janvier 2004

Etranger à soi-meme,étranger pour les autres...voici comment on pourrait définir Meursault,l'étranger de Camus! D'ailleurs,il est étrange avec sa logique froide vierge de toute considération morale!!On le juge pour son comportement et ses propos plus que pour son crime;c'est un incompris et chacun peut se retrouver derrière ce masque de l'étranger...Dans une société puritaine,nous sommes de plus en plus seuls et jugés sévèrement!C'est chacun pour soit et Dieu pour tous(comme dirait ma mère)!!C'est ce que dénonce Camus dans une histoire au ton clair et sans fioriture:il appuie là où ça fait mal pour le plus grand plaisir des lecteurs...pour mon plaisir!!

Oui !

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 16 décembre 2003

Oui la vie est absurde et chaque jour quelque chose nous le prouve. Mais attention, elle n'est absurde que pour nous les humains qui pensons et qui lui cherchons un sens. Les animaux se posent-ils toutes ces questions ?... Ils ne trouvent d'ailleurs pas la vie absurde, ils la vivent et c'est tout. La mort d'un enfant, la torture pratiquée par des hommes sur d'autres hommes, notre comportement vis à vis de notre planète, les guerres pour Dieu sait quoi, les camps... J'en passe et des meilleures ! Oui, tout cela est absurde !

Nous constatons que la vie, c'est la nature qui, elle, renaît toujours et se moque bien des petits insectes aux cerveaux développés que nous sommes. Elle est accompagnée du hasard aveugle, aussi aveugle que nos cerveaux comme le disait Rimbaud. Mais n'est-ce pas aussi notre gloire que de disposer de ce cerveau, origine de toutes nos angoisses existentielles mais aussi de toutes nos joies ?

Mais, si elle est absurde, pourquoi la révolte tant prônée par Camus ? Celle d'un homme ou collective.

Parce que, nous avons beau savoir que la vie est absurde, ce n'est pas une raison pour tout accepter et la seule dignité de l'homme se trouve là, dans sa fierté d'homme, dans sa volonté de se dépasser ou de tout simplement se conduire comme un "homme" et pas comme une bête ! Pas comme un SS, un Milosevic, un Saddam, un Pol Pot, un Staline. A défaut de cette volonté, de notre capacité à nous révolter, il ne nous resterait que la soumission de la vache qui marche vers l'abattoir, ou encore celle de nous suicider. Mais si Camus peut comprendre le suicide, il lui trouve quand même un goût d'abandon.

Tout cela est très clairement expliqué dans un petit ouvrage qui est "Le Mythe de Sisyphe" (voir la critique de Lucien). Et que fait Rieux dans "La Peste" si ce n'est se battre et se révolter ?

Quant à la révolte collective, c'est surtout dans "L'Homme Révolté" que nous la trouverons.

Oui, ce livre est triste et laisse un arrière-goûts d'amertume. Et pourtant, Camus est un homme de soleil, de nature, de lumière, amoureux de la vie et des femmes ! "L'envers et l'endroit", "Noces" nous le prouvent des plus clairement.

Alors il n'y a rien ?

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 16 décembre 2003

Alors il n'y a rien ? La démonstration du livre est-elle que la vie est absurde, vide de sens ? Rien d'autre que les cheveux de femmes qui valent plus que toutes les certitudes, rien de plus que la plage, les baignades sous le soleil ?

Meursault ne croit ni au ciel ni à l'enfer, on est loin du Raskolnikov de Crime et Châtiment qui descend en enfer pour avoir tué et qui aura besoin de l'amour de Sonia pour le rechercher au caveau. Meursault tue et n'éprouve aucun remords, juste de l'ennui. Personnage ambigu comme le montre les nombreuses critiques : héroïque dans sa lucidité et sa sincérité, son refus de plier devant la société mais inhumain dans son manque de remords, son manque de sentiments pour Marie, son manque de tristesse à la mort de sa mère.

Qu'a-t-il compris au moment de mourir ? L'absurdité de la vie ? Mais alors pourquoi cette révolte, cette colère ? Pourquoi ce refus d'une mort sans gloire, ce refus de la solitude devant la mort, pourquoi cette envie de marches à l'escabeau, de la foule haineuse pour qui glorifient sa mort ?

Ce livre est sombre et dérangeant, il a été écrit par un homme de 27 ans, ce qui n'est pas le moins étonnant.

un bon roman, facile à lire, mais difficile à analyser

10 étoiles

Critique de Killeur.extreme (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 43 ans) - 3 août 2003

Le titre de ma critique résume mon impression sur le livre, facile au premier abord, mais plus compliqué quand on essaie de "lire entre les lignes" car Camus n'est pas un écrivain populaire comme Dumas, mais plus un écrivain social comme Hugo qui à travers l'histoire de cet "étranger" attaque la société, ce n'est pas le crime qui sera jugé au procès, mais l'homme lui-même, ses actes, son attitude avec sa mère, etc. En fin de compte Meurtsault est un étranger car la société ne le comprend pas et comme il ne correspond pas aux critères de cette société, on le supprime.

Tous bourrés

10 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 4 mai 2003

Tous ces commentaires sur le nom du personnage sont autant de Meursault de bravoure. Meursault? Lucien nous a déjà mis ironiquement sur la voie à la fin de son intervention, mais je reprends à mon compte l'hypothèse: nos essais d'explication ne sont-ils pas très vins (sic)?

Meursault? Halala...

10 étoiles

Critique de Zenith_ (Bruxelles, Inscrite le 28 janvier 2001, 43 ans) - 3 mai 2003

Le cours durant lequel j'ai appris tant de choses sur Camus et sur cette oeuvre en particulier ne s'effacera pas de ma mémoire avant bien longtemps... J'étais en rhétorique. Et non seulement nous avons "analysé" ce livre, mais en plus, nous avons pris plaisir à rechercher des anecdotes et à comprendre les raisons qui ont poussé Camus à écrire ce livre tel qu'il est. Bref. L'élément le plus flagrant est donc ce nom: Meursault. Au risque de vous décevoir, il n'est question ni de sot, ni de soleil, ni de mère, ni de quoi que ce soit qui ait déjà été dit. Camus a utilisé ce nom comme contraction de l'expression: "Meurs, salaud!". Je ne suis pas Camus; je ne peux donc pas me permettre d'expliquer ce nom à sa place, et je pense d'ailleurs que personne n'en a le droit. Quoi qu'il en soit, voici l'énigme résolue. L'année passée, dans le cadre de mes études (en psychologie), j'ai réalisé un travail, une analyse d'une "psychopathologie quotidienne". Meursault s'est prêté au jeu de l'analyse avec brio... Ma collègue et moi avons été effarées de voir combien, en grattant un peu, le personnage de Meursault était complexe et unique. Et je terminerai en disant que c'est justement cela, la valeur de ce livre. Complexe et unique. Entre autres.

Meursault sot ?

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 26 avril 2003

Comme Lucien, je réponds: sûrement pas !
Camus a écrit ce livre et surtout la seconde partie sur base d'un récit que sa mère lui avait fait. Son père avait un jour assisté à une exécution capitale et il en était rentré complètement malade. Il l'était resté plusieurs jours tant il avait trouvé cela horrible ! Meursault, dans sa cellule, pense à des joies simples de la vie qu'il imagine se poursuivre à l'extérieur, Meursault est plus humain qu'on ne le croit. Meursault décortique intelligemment le processus de fonctionnement de la justice. Il n'est pas sot ! Simplement, Meursault ne réagit pas comme tout le monde et n'entend en rien mentir pour se couler dans le moule commun, celui qui aurait pû lui valoir une certaine clémence. Meursault est "vrai" vis à vis du monde et de lui-même. Meursault a compris toute l'absurdité du monde et l'assume. Il n'entend pas se suicider, ce qui serait refuser la vie et une certaine lâcheté, mais il n'entend pas non plus mentir pour plaire aux autres, pour tenter d'échapper à l'absurde.
Meursault n'est vraiment pas sot !

C'est un peu court, jeune homme...

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 25 avril 2003

J'aime bien les jeux de mots. J'aime bien tenter de décrypter grâce à eux l'onomastique d'un auteur. Mais je reste fidèle avant tout au vieux principe de l'adéquation du son et du sens. En clair, je crois que l'on ne peut pas faire dire n'importe quoi aux noms des personnages.
Killeur Extrême croit pouvoir traduire "Meursault" en "meurt sot". Voilà une idée intéressante a priori, mais qui ne résiste pas à la lecture du récit. En effet, Meursault ne meurt pas sot. Il n'entre pas dans cette catégorie d'êtres qui ratent leur vie au point de "mourir idiots". Confronté à l'expérience de la solitude et à l'attente de la mort, il découvre en effet une vérité essentielle qui éclate notamment lors de la confrontation avec l'aumônier : "pas une seule de ses certitudes ne valait un cheveu de femme". Donc la vie est absurde, mais il faut imaginer le bonheur possible comme il faut imaginer Sisyphe heureux. Mourir en ayant découvert ça, ce n'est pas donné à tout le monde, et ce n'est certainement pas mourir sot.
Ceci dit, d'autres se sont essayés au petit jeu des variations sur le nom de Meursault, comme Bach sur le sien. Et l'on eût pu en dire bien des choses en somme :
Meursault meurt seul (solus), un peu moins seul peut-être d'espérer la haine d'une foule nombreuse lors de son exécution.
Meursault meurt (du) soleil (sol), tué par le soleil (le dieu soleil, le destin tout-puissant, l’anankê grecque) qui lui commande son geste absurde.
Meursault meurt (mourra) décapité comme ces "marsaults", ces saules des marais dont le destin est de finir écimés, étêtés.
Meursault, mourant, fait le "saut", le grand saut, le saut dans le vide, dans l'inconnu.
La syllabe "meur" peut aussi, moyennant un minimum de trituration, évoquer la "mer" indifférente à l'acte central qui fait basculer le destin de Meursault, mais également la "mère" envers qui lui-même s'est rendu coupable d'indifférence, à tel point que l'on peut affirmer qu'il n'est pas condamné pour avoir tué un homme, mais pour n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère.
Je m'arrête là. A trop solliciter un nom, on l'épuise et on risque la digression. A quoi rimerait-il, par exemple, d'associer ce patronyme au nom propre dont il est tiré directement, sans la moindre modification, celui de la petite commune viticole de Meursault, en Bourgogne, qui produit un vin blanc doré, généreux, prisé des amateurs? Ce serait manifestement faire fausse route...

Meursault meurt sot

10 étoiles

Critique de Killeur.extreme (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 43 ans) - 25 avril 2003

Le seul point qu'on peut critiquer dans l'étranger, c'est son héros (ou anti-héros) qui porte un nom qui symbolise son destin, car le fait d'être condamné à mort ne va pas le changer contrairement à celui de Hugo dans "le dernier jour d'un condamné" (le sujet du livre est un peu le même, un condamné qui raconte son histoire avant d'avoir la tête tranchée, seule similitude entre ces deux livres, mais qui méritait quand même d'être soulignée) Camus décrit le comportement d'un homme qui a perdu son humanité (sa mère meurt, pour lui ça n'a rien d'exceptionnel, sa fiancée l'aime et veut l'épouser, lui il ne veut se marier que pour lui faire plaisir, il tue un homme et n'éprouve aucun remords et même sa propre mort ne l'affecte que très peu. le Soleil est aussi présent dans ce roman comme seul élément qui aura un effet sur le héros, c'est à cause du Soleil qu'il va tuer. un grand roman.

Foutu couillon d'Lulu !

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 22 janvier 2002

Et j'ai entendu la baffe retentissante arriver en même temps que le cri "Nooooon !"... Mais voilà, c'est fait ! Maintenant, Lulu, faut assumer !... Moi, personnellement, l'histoire de Camus, je l'aimais bien jusqu'ici, mais faut avouer que celle de Sisyphe Meursault et de Gaston Meursault causent encore mieux aux écoutilles... L'absurde de l'absurdité traverse mieux la surdité, je trouve... C'est plus flagrant, plus vivant, on sent qu'ça va r'bondir tous azimuts ces histoires là !... Comme quoi... Les grands z'écrivains, z'ont beau être grands, connaissent pas tout quand même !... Faut dire aussi qu'l'Albert il s'imaginait pas à l'époque qu'on pouvait écrire comme ça et quand même avoir le Nobel ! Y avait bien eu Céline, mais ils z'étaient pas si copains Louis-Ferdinand et Albert et puis, Louis-Ferdinand, avec sa façon d'causer il a pas eu le Nobel, lui ! N'empêche, hein Lulu, qu'je maintiens qu'c'est l'droit de Virgile de pas aimer le livre d'l'Albert. Et puis, l'Virgile, il aura toujours apporté l'idée des nouvelles versions et qu'c'est pas rien ça quand même !...

Une opinion

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 22 janvier 2002

Une petite réponse à Bolcho d'abord. Je suis bien d'accord pour dire que le lecteur donne aussi un sens à une oeuvre et c'est son droit. Il n'en demeure pas moins que tout lecteur n'est pas pour autant capable de comprendre un texte et lui donner son vrai sens, en principe celui que l'auteur a voulu lui donner. L'analyse littéraire laisse la place a l'explication de chacun, ce n'est pas pour cela que chacun donne la bonne intérprétation de ce qu'a voulu dire un auteur. Il me semble que les différentes interprétations données aux écrits de Nietsche est un bon exemple de cela. Si nous en voulions un autre, il ne nous resterait qu'à lire ce que des élèves peuvent écrire sur un même texte ! Nous savons que si nous sommes en principe tous capables de lire un texte, ce n'est pas aussi vrai quant à sa compréhension. Virgile a son opinion sur "L'Etranger" et c'est son droit. Bien sûr, elle ne vaut que ce qu'elle vaut et je n'y adhère pas du tout ! Mais de là à "conseiller" Camus quant au choix de son histoire, je ne me le serais pas permis, mais cela ne m'est jamais venu à l'idée non plus ! "Camus a du talent" nous dit Bolcho... Il est vraiment très gentil et ceux qui aiment cet auteur doivent en être réconfortés.
Que l' on puisse trouver Meursault relativement peu sympathique je peux très bien le concevoir. Un homme qui n'accepte pas de jouer le jeu que la société attend de lui
l'est assez rarement en effet ! Il n'y a là rien que de banal. Meursault est remplis de contradictions ?... Oui et qui ne l'est pas ?... Je reviens avec ma citation de Montherlant: "Seuls les personnages de romans sont cohérents" et Camus ne cherchait pas un personnage comparable à un bloc monolytique. Meursault a une logique, mais ce n'est pas pour cela qu'il n'évolue qu'à l'intérieur de celle-ci ! Il "néglige plein de choses dans ses raisonnements" ? Mais qui ne le fait pas ? A commencer par certains quand ils expliquent que toute oeuvre d'art est égale à une autre ! Et puis, Camus a-t-il essayé de nous présenter Meursault comme un grand penseur ?...Pas que je sache ! Ce n'est qu'un homme moyen parmi d'autres... Et voilà Brett Easton Ellis qui, soudain, débarque en face à face avec Camus !
Selon moi, mais ce n'est qu'une opinion, Brett Easton Ellis ne tente pas de montrer le côté absurde de "La vie" ! Jusqu'à ce jour, ce que j'ai lu de lui ne fait jamais que montrer l'absurdité de "la façon" de vivre d'une certaine partie de la société, une petite partie de celle-ci, celle des camés, paumés, "Junkies" des années 90 et du monde, assez superficiel, du spectacle et autres personnes gravitant autour de lui, ou tentant de... Cela ne me paraît pas tout à fait la même chose. Camus cherche ce qu'est la condition de l'homme, Easton Ellis ne décrit que l'absurdité d'un microcosme ! J'aimerais qu'on ne compare pas trop l'un et l'autre. L'écriture d'Easton Ellis est superbe, mais il ne l'a jamais mise, jusqu'à aujourd'hui, qu'au service de la description d'une seule et même chose: les paumés. Sont-il censés contituer la totalité de l'Amérique et de l'humanité ?

Une autre manière de voir les choses

10 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 22 janvier 2002

Pourtant, l'oeuvre d'art n'existe que parce qu'elle a un public. Ce public en est donc, lui aussi (et dans une mesure particulière), l'auteur. C'est ce qui l'autorise à en dire ce qu'il veut. L'écrivain, lorsqu'il a terminé son bouquin, en devient un lecteur comme les autres. Et si Rachilde a vu dans l'Immoraliste autre chose que ce que Gide a voulu y mettre, rien ne dit a priori qu'il est moins bon lecteur que Gide. J'ai dit "a priori"...

Le livre comme objet d'art

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 21 janvier 2002

Voici le contexte de la citation de Gide. C'est un extrait d’une lettre à son ami Henri Ghéon, où il déplore avoir été mal compris dans son « Immoraliste » : « As-tu lu l'article de Rachilde sur L'Immoraliste
? Il aiguille bien dangereusement le lecteur. Ceux qui entendent mal sont combien plus dangereux que les sourds ! j'en suis réduit à affirmer que mon livre n'est qu'une satire, tant on croirait, sinon que c'est une apologie. N'y a-t-il donc pas place entre les deux pour l'oeuvre d'art ? et prétend-on contraindre l'artiste à prêcher pour ou contre ses héros ? On exige aujourd'hui, surtout, des opinions - politiques, artistiques, morales. Et je prétends, surtout, m'en passer. J'en ai de moins en moins, sur moi, et sur les autres. Rien n'aide autant les imbéciles ; rien ne me gêne plus que cela. Et même cette « opinion » je m'en passe ; je me parais un imbécile en la disant. Qu'on laisse donc à tout son caractère. »
Où je voulais en venir exactement : les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Certes. Mais un objet d’art est un objet d'art. Un spécialiste de la peinture peut ne pas apprécier Guernica. D’accord. Mais peut-il donner des leçons de peinture à Picasso ? Un musicologue peut détester la sonate Hammerklavier. D'accord. Mais donnera-t-il des leçons de composition à Beethoven ? Un lecteur de 2002 peut ne pas apprécier L’étranger. Entendu. Mais peut-il expliquer à Camus comment il aurait pu s'y prendre pour rendre son propos plus attrayant ? Je ne pense pas que ce soit la fonction ni du spécialiste de la peinture, ni du musicologue, ni du lecteur.

???

10 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 20 janvier 2002

Lucien, si ta phrase s'adresse à Virgile (si ce n'est pas le cas, excuse-moi), je te trouve particulièrement et injustement dur. Car quoi, on n'aurait pas le droit de rester indifférent à l'Etranger? Si c'était le cas, je n'aurais plus, à l'heure actuelle, beaucoup d'amis. Pour moi, c'était un livre culte pendant toute mon adolescence, et tout le monde me prenait pour une barge, parce que peu de gens l'appréciaient. Encore une fois, et je sais que je me répète, laissons les gens aimer et ne pas aimer ce qu'ils veulent! Merci! :-)

En une ligne

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 20 janvier 2002

Gide : "Ceux qui entendent mal sont combien plus dangereux que les sourds!"

Je suis venu, j'ai relu, je n'ai pas été convaincu...

6 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 20 janvier 2002

Comme ca faisait des années que je l'avais lu et que tout le monde semblait unanime au sujet de ce livre je me suis dit qu'il faudrait le relire avant d'avoir un avis vraiment pertinent.
J'ai donc relu ce petit livre, et voila mon opinion définitive (enfin si on peut avoir une opinion réellement définitive).
Quand je l'ai recommencé j'ai trouvé ca excellent, c'est bien écrit et interessant, mais apres mon enthousiasme est retombé de plus en plus. Je ne sais pas vraiment l'expliquer clairement. Je crois que ce qui me déplait c'est le fait que je n'aime pas trop Meursault, que je ne le trouve pas stupide mais trop emplis de contradiction, je trouve qu'il néglige pleins de choses dans ses raisonnements et puis son crime est vraiment trop con!
Mais bon, si j'ai quand même remonté ma cote c'est que j'ai mieux aimé que dans mon souvenir, je suis arrivé au bout sans devoir trop me forcer à avancer dans la lecture.
Ce que je reproche aussi à ce livre c'est qu'il me fait penser au procès de kafka mais en (beaucoup) moins bien.
Je m'étonne d'ailleurs de ne pas avoir fait le rapprochement plus vite et que personne ne l'aie vraiment fait jusqu'ici alors que ces deux livres me paraissent fort similaires au niveau du fond.
Enfin bref je trouve que Camus à du talent, il n'aurait pas pu rendre cette histoire meilleure, mais je trouve qu'il aurait du trouver une meilleure histoire pour faire passer ses idées. A ce niveau je trouve Kafka bien supérieur... en toute subjectivité bien sûr et je trouve aussi que Brett Easton Ellis avec Moins que zéro (et American psycho dans une moindre mesure) illustre mieux l'absurdité ou le non sens de la vie que j'ai cru déceler dans l'étranger.

Réponse à Zoom

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 30 décembre 2001

Même si "L'étranger" est particulièrement bien écrit et dense, oui il existe d'autres livres de ce type ! Il y a "Noces" et "La Chute" pour rester dans le plus digeste. "Le premier homme" est une splendeur au niveau des sentiments qui y sont exprimés, mais ce n'est pas au même niveau intellectuel (mais est-ce aussi toujours ce que l'on cherche?). Plutôt un Pagnol, mais avec davantage de réflexions... (surtout ne pas vexer les amateurs de Pagnol, dont je suis aussi). Et "L'oeuvre au noir" de Youcenar et les "Mémoires d'Hadrien"... Et bien d'autres, mais en littérature française d'aujourd'hui, c'est une autre paire de manches... Ce ne sont pas les Van Cauwelaert, Amélie Nothomb ou autres Houllebecq qui risquent de nous en offrir ! Ils jouent dans une autre cours !... "La douleur" de Duras. Et certains américains... La littérature d'aujourd'hui est à l'image de notre société: elle est devenue d'abord une source de revenus, a été nivelée vers les moyennes (comme la société), et a viré dans la facilité, toujours comme l'ensemble de notre société...Raison pour laquelle les grands classiques français retrouvent de plus en plus de couleurs (Zola, Hugo, Flaubert, Balzac) et Malraux, Camus, Yourcenar Montherlant, Gide, Giono, qui sont déjà devenus des classiques.

Tout est possible

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 30 décembre 2001

Mais dire que ce livre n'a pas apporté une réflexion plus profonde sur certaines choses est quand même étonnant... Les rapports entre Meursault et la société, notamment lors de la veille du corps, de l'enterrement, sont très particuliers. Toujours son refus de jouer un rôle. Idem pendant la durée du procès. Un homme qui agit ainsi, cela pose des questions ne fut ce qu'en le comparant avec le rôle que jouent bien souvent les autres. L'engrenage qui provoque le crime, la lumière, la peur, le soleil dans les yeux, la transpiration, le hasard d'avoir ce révolver sur lui...Meursault est-il vraiment un assassin ? Ce crime est-il volontaire ? Ce "crime solaire" comme l'a appelé Camus. L'impossibilité dans laquelle il se trouve de parler lors de son procès. Que dire ? Comment expliquer ce qu'il a ressenti, ce qu'il a fait, comment et pourquoi...Qu'est ce que la communication et ses limites ?... Et la peine de mort ?... Ce qu'elle représente pour la société et pour l'homme condamné. Meursault pense à la vie qui continue dehors, sans lui, mais après tout, dehors ce ne sont que des morts en sursis aussi... Alors, un peu plus tôt, un peu plus tard ?... Mais il a des sursauts de révolte, puis il revient à l'acceptation. Pas qu'il accepte le jugement des hommes, mais voilà... Et l'horreur de l'exécution elle-même ? Oui Meursault se sent coupable, mais surtout d'avoir mis sa mère dans la maison de repos. C'est cette culpabilité là qui pèse sur lui. Quant au style du livre, il est volontaire évidemment: il est aussi impersonnel que l'acte commis par son personnage.
Il est flagrant que la justice ne peut pas plus comprendre son acte que lui ne peut le leur expliquer ! Et la justice crée alors un coupable par un mécanisme faussé qui tente de reconstituer un homme par l'explication de la société quant à son comportement. On monte une vie comme la société les aime: chaque étape explique les suivantes et le théorème avance vers son but logique: ce qu'elle veut prouver. Cela marche en mathématiques, mais pas nécessairement pour expliquer la vie d'un homme ! Comme le dit Malraux pour lui-même, une vie humaine ne s'explique pas par l'addition de ses actes, dans l'ordre chronologique où ils se passent ! Sartre et l'existentialisme tendent vers cela. Ici, tout est beucoup moins simple ! Et, comble de tout, la condamanation de Meursault ne découle-elle pas aussi en grande partie d'un autre procès, presque concommittant: celui d'un parricide. Une malchance de plus !...
Un livre qui, selon moi, pose au contraire beaucoup de questions ! Et en voici une pour Virgile (sans ironie
aucune): ne serait-il pas temps de le relire après cette expérience scolaire ?

InterprétationS...

4 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 29 décembre 2001

Comme je l'avais déjà dit dans une critique éclair concernant "American Psycho" ou "Moins que Zéro" (voir les critiques de ces livres pour trouver le rapport...) je ne sais plus, je n'ai pas du tout aimé "L'étranger"! J'avais été forcé de le lire pour le cours de français, mais ce n'est pas ca qui m'en a dégoûté (j'ai pu apprécier d'autres livres lu par obligation). Je n'ai rien trouvé de particulièrement édifiant dans ce récit, il ne m'a pas ouvert la porte à de grandes réflexions et je suis finalement resté aussi indifférent envers ce livre que son héros face aux choses en général!
Mais bon, pour en revenir au titre de cette critique éclair, ce que je voulais dire avant tout c'est que tous les livres (même ceux qui paraissent à priori les plus "stupides") sont sujets à interprétation et que l'acte de lecture est une interprétation à part entière. La façon dont un auteur comprend son livre lui est propre et n'est pas nécessairement retrouvée par les lecteurs (c'est même plutôt très rare à mon avis!). C'est sans doute pour ca que j'ai pu constater dans plusieurs interview que les écrivains parlent d'un livre comme d'un enfant qui une fois publié suis son évolution propre jusqu'a ne plus appartenir à son créateur!
Voila, c'était la petite chose que je voulais dire en réaction aux critiques de Lucien, Jules et Bluewitch!
Ne faites pas trop de folies au réveillon! (moi je compte bien en faire! ;op)

L'auteur seul maître?

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 29 décembre 2001

J'ai relevé, dans la critique éclair de Bluewitch, deux remarques sur lesquelles je voudrais réagir. Tout d'abord, je n'ai pas l’impression que Meursault « utilise les autres, amis, amantes, au profit de son seul et unique intérêt ». Bien au contraire, Meursault m’apparaît comme « désintéressé » dans la mesure où il ne cherche rien, où il « se désintéresse » non pas de sa propre vie (il vit intensément certains moments), mais de la direction qu’elle pourrait prendre. A la même époque ou à peu près, Sartre, définit l'homme comme un « projet ». Or, il semble que Meursault n’ait pas de projet… il semble prêt à accepter de jouer dans le jeu des autres (les affaires de son patron – même s’il rejette finalement l’aventure parisienne ; les projets de mariage de Marie ; la vengeance de Raymond…) mais ne devient jamais sujet de sa propre histoire, sauf au moment de la révolte finale. En fait, je pense que Meursault ne se sert jamais des autres mais que les autres se servent de lui. D'autre part, je pense comme Bluewitch que « dans un roman comme celui-là, l'interprétation multidirectionnelle est bien possible. » Je nuancerais toutefois cette opinion en parlant de « lecture plurielle », la notion d' « interprétation » supposant qu’il faille ajouter un texte au texte, une glose, une exégèse à un document incomplet. Le roman (notons au passage que Camus n'a pas parlé de roman, mais de récit) dit TOUT. Au lecteur de réaliser sa part du travail de création : LIRE. Et là, toutes les personnalités peuvent s’exprimer : un roman est une auberge espagnole. Quant à savoir si
« Camus lui seul connaissait le véritable fondement des idées de son roman... », je crois que oui, dans une certaine mesure. Mais comme un compositeur qui livre une partition achevée à un « interprète » ; et c’est plutôt dans ce sens-là qu’il convient d’envisager, à mon sens, le mot « interprétation ».

Un avis ?

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 28 décembre 2001

Il me semble qu'aucun homme n'est un bloc cohérent et monolytique. Pourquoi Camus plus qu'un autre ? Comme disait Montherlant, seuls les personnages de romans sont tout à fait cohérents. Meursault est un homme qui surtout ne veut pas mentir pour correspondre à ce que l'on attend de lui. Là, il reste cohérent. Dans ses rapports avec les autres, il est comme tout le monde: tout est question de moment. Il me semble cependant que dans l'ensemble il paraît non pas froid, mais plutôt distant des événements qui l'entourent. Cela ne l'empêche pas d'être heureux sur une plage au soleil, heureux à se prélasser sur un ponton avec une jolie femme.
Mais Lucien a raison quand il dit que Camus dit "oui". Et bien plus souvent qu'il ne dit "non" ! Il était un amoureux de la vie, il aimait les femmes, aimait le football, aimait la vitesse et les voitures sports. Et la nature, très présente dans son oeuvre: "Oui, il suffit d'un soir de Provence, d'une colline parfaite, d'une odeur de sel, pour apercevoir que tout est encore à faire."

Belle intervention!

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 28 décembre 2001

J'avoue que la critique éclair de Lucien m'amène à me reposer des questions sur l'opinion que je m'étais faite de Meursault. Ses arguments sont loin d'être négligeables... J'ai peut-être fait fausse route en supposant que le personnage de "L'étranger" était un être insensible, indifférent... Pourtant, il ne m'inspire pas grande sympathie quand je ressens sa façon d'évoluer par rapport aux autres comme n'étant pas tout-à-fait désintéressée. Comme s'il utilisait les autres, amis, amantes, au profit de son seul et unique intérêt (d'où cette très juste idée des plaisirs au jour le jour, sans se projeter dans l'avenir, faisant fi de ce dernier). Je peux tout aussi bien me tromper... Cela dit, il me semble également que dans un roman comme celui-là, l'interprétation multidirectionnelle est bien possible. Camus lui seul connaissant le véritable fondement des idées de son roman... A votre avis??

Pas si étranger que ça

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 28 décembre 2001

Jules a raison, dans sa dernière critique éclair sur "Noces" et "L'été". Il est vrai que le Camus des années 42, 43 a évolué, en moins de 10 ans, notamment en ce qui concerne la notion de révolte. Il dira d'ailleurs, dans son essai sur ce sujet, qu'un "homme révolté", c'est d'abord un homme qui dit "non" (comme Antigone, Spartacus, Prométhée...) mais que c'est aussi, "et dans le même instant, un homme qui dit OUI". Je crois que l'on peut dire que l'oeuvre entier de Camus est dans cette balance, dans cette oscillation de pendule entre le "oui" et le "non". Qu'en est-il de Meursault? Que dire de ce livre qui n'ait déjà été exprimé (j'ai parcouru les diverses critiques éclair qui montrent la passion et l'intelligence des lecteurs de ce roman phare)? Que dire, sinon - et je vais sans doute à contre-courant de l'opinion communément admise - l'étrange... sympathie que je ressens malgré tout pour Meursault. Un monstre de froideur, insensible à tout y compris à la mort de sa mère, y compris à l'amour de Marie? Ou... un homme comme les autres? Un homme qui vit sa vie au jour le jour, tout simplement, sans se poser de questions insolubles; un homme qui ne s'enthousiasme pas pour les résultats des matches de football; un homme capable de témoigner de l'intérêt - un intérêt sincère - au vieux Salamano, veuf et jumeau de son horrible chien; un homme capable d'amitié (Céleste, Emmanuel), et même un peu trop bon avec les camarades de rencontre (c'est le petit voyou Raymond Sintès qui le perdra); un homme qui, comme Camus, aime la vie, la nage, les femmes; un homme qui dira, lors de son procès, face au regard gris du petit journaliste (image évidente de Camus lui-même) : "J'ai eu l'impression que j'étais regardé par moi-même" - et Camus était tout sauf "étranger" au monde; un homme capable, enfin, tout à la fin, de témoigner violemment sa révolte, poussé à bout par le prosélytisme de l'aumônier, et d'attendre presque sereinement la mort comme le dernier événement capable de donner un semblant de sens à son acte absurde. Chaque fois que je relis Camus, je ne peux m'empêcher de frissonner, entre autres, devant la phrase qui clôture la première partie ("Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais à la porte du malheur") et devant la phrase finale où explose l'humanité "malgré tout" de Meursault : "Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution, et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine".

si court et si puissant

10 étoiles

Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 24 septembre 2001

Le classement de ce livre en tête du " hit parade " réalisé par Beigbeder sur les choix littéraires des français (cf " dernier inventaire avant liquidation ") m’a donné l’envie de le(re)lire . Par rapport aux " briques " de prose actuelles, il est édifiant de constater qu’un livre si court soit si dense : et quelle écriture, quelle construction , quelle puissance, quel talent... En trouve-t-on encore des auteurs pareils ? J'aimerais savoir s'il y a d’autres Camus à lire absolument comme celui-ci. C'est de la toute, toute grande littérature. Celle qui laisse, en quelques mots qui deviennent chef-d'oeuvre, un trace insidieuse, profonde, durable.

Les avis sont partagés...

9 étoiles

Critique de Zenith_ (Bruxelles, Inscrite le 28 janvier 2001, 43 ans) - 8 septembre 2001

... mais je rejoins la masse de ceux qui ont aimé, voire adoré ce roman. Meursault n'est certes pas un être que l'on aimerait à cotoyer tous les jours, tant sa froideur apparente est "dérangeante". Toutefois, j'aimerais qu'on me prévienne si l'on découvre une once de méchanceté chez ce personnage. Il est étranger à lui-même, étranger au monde, étranger à cette culture qui nous est quelque part imposée. Il ne pleure pas à l'enterrement de sa mère, n'a pas l'air de la regretter plus que cela, ne semble pas abattu par sa mort. Cela prouve-t-il forcément qu'il ne l'aimait pas? Non.
L'intérêt de ce roman réside également, selon moi, dans divers éléments qui reviennent tout au long du livre. Par exemple, la lumière! Les néons dans la "chambre mortuaire", le soleil et la chaleur qui l'accompagne sur le chemin qui mène au cimetière, puis encore le soleil, la chaleur, la sueur, et les miroitements de lumière sur la lame du couteau, qui viennent agresser les yeux de Meursault...
Dernier "détail"... Le fait qu'il soit condamné à la peine de mort n'est pas un hasard. Cet élément est lié à un épisode de sa vie personnellle.
Une merveille que ce livre... Qui comme le dit Sorcius, bouleverse bien souvent la manière de penser des lecteurs.

Peut-être une relecture...

10 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 11 juillet 2001

Tous les avis se défendent et je serais mal placé pour dire le contraire, alors que je viens de faire une critique négative sur "La Chartreuse de Parme", mais... "L'Etranger" est probablement un des plus grands romans du vingtième siècle. Je ne vais pas dire que Meursault est un personnage attachant, vivant, respirant la joie et la sympathie... Mais ce roman est essentiel pour deux choses: les idées qui y sont défendues et le style. La première phrase est un véritable chef-d'oeuvre et la suite reste dans la ligne. C'est un livre à thèses, et ce ne sont pas souvent les plus drôles, mais à découvrir les idées défendues le livre prend une tout autre dimension !... Je crois sincèrement qu'il vaut une relecture... Il est aussi à placer dans le contexte de l'oeuvre de Camus.

Ohlàlà, ohlàlà...

3 étoiles

Critique de Veronicnac (Braine-le-Château, Inscrite le 11 juillet 2001, 45 ans) - 11 juillet 2001

Comment est-ce possible d'être aussi passif... Mais secouez-le bon sang! Meursault n'est vraiment pas un personnage "accrochant". Pour moi, la lecture fut en quelque sorte un chemin de croix.
Il faut dire que j'étais peut-être un peu jeune (14 ans) pour le lire... quoique Sorcius a eu une révélation au même âge! Qui sait, une relecture me ferait peut-être voir le livre autrement. mais jusqu'ici, je ne suis vriament pas convaincue!

Un détail encore...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 8 juillet 2001

"L'Etranger" est aussi le livre le plus vendu par les éditions Gallimard et cela depuis des années !... Il est certain que les écoles doivent contribuer à cela, car il est incontournable, mais c'est quand même un solide record... Je me demande qui suit ?... "La condition humaine", le "Voyage au bout de la nuit", "Le Petit Prince" ?... Je serais curieux de savoir !

En Tête.

9 étoiles

Critique de Chat pitre (Linkebeek, Inscrite le 23 février 2001, 53 ans) - 8 juillet 2001

La Fnac avait organisé l’année passée une sélection des meilleurs livres du siècle. L'étranger fût le grand gagnant .

Indispensable!

10 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 8 juillet 2001

Sans revenir sur l'histoire, ni même sur le message de "l'.tranger", je vous dirai que ce livre m'a profondément marquée. Je devais avoir 14-15 ans à l'époque où je l'ai lu, et il a bouleversé ma manière de penser, de voir les choses. Ce fut, durant de longues années, mon livre de référence, et si aujourd'hui, je ne sais pas s'il l'est encore, c'est uniquement parce que je pense ne plus en avoir, du moins dans le sens où je l'entendais à l'époque.
C'est un livre plein de puissance, un livre indispensable dans une bibliothèque, bref, un livre de chevet.
Et je voudrais dédier cette critique éclair à Christophe, un ami d'enfance que je n'ai plus vu depuis longtemps, mais qui adorait Camus, et quand je pense à Camus, je pense à lui aussi...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 21 mars 2001

" L'.tranger " doit être compris en fonction de trois autres Ïuvres de Camus : " Caligula ", " Le Mythe de Sisyphe " et " La Mort Heureuse " qui n’a jamais été terminée par l’auteur. Le héros, dans ce dernier livre, s'appelait " Mersault "..
" L'.tranger " me paraît être un livre des plus dense tout en étant un des plus courts. On dit que Meursault est le spectateur de sa vie plutôt que l'acteur. Cela est partiellement vrai. Mais on ne peut pas oublier qu'il est parfaitement conscient de l’absurdité de la vie. Après sa condamnation, il dit : " Mais tout le monde sait que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. " La vie est absurde.
Meursault parle peu parce qu’il n'y est pas tellement habitué. Il vit entouré de gens des plus modestes.et non par des gens instruits. Comme le dit son ami Céleste, pendant le procès : " Il ne parle pas pour ne rien dire. " Il se contente des plaisirs immédiats parce que, pour lui, il n'y a rien d’autre. Le passé est sans importance et le futur n’existe pas. Seul existe le moment présent : la mer, le soleil, une jolie femme, une soirée à son balcon, un beau ciel.
Meursault est aussi un coupable avant que d’avoir tué. Il croit être coupable d’avoir mis sa mère à l’hospice, il dit à son patron que la mort de sa mère n’est pas de sa faute, etc. Mais, c’est surtout de ne pas se comporter comme les autres qu'il est coupable, et il le sent ! Son problème est de refuser de respecter les conventions des autres. Il refuse de jouer ! Lors de l’enterrement de sa mère il ne joue pas. Est-il mauvais pour autant ?
Mais arrivons à un point essentiel : le soleil. Celui-ci est presque le véritable héros de ce livre. Il est omniprésent ! Il dispense le bien être et la souffrance. A lire la description du crime, le vrai coupable c'est le soleil ! Il l’a dans les yeux, il transpire, il voit mal, il interprète mal, et le crime naît d’une double peur. Meursault responsable de son crime ? Je ne le crois pas, mais comment l'expliquer ? Il le dit lui-même pendant son procès : " J'ai dit rapidement, en mêlant un peu les mots et en me rendant compte de mon ridicule, que c'était à cause du soleil. Il y a eu des rires dans la salle. " La justice construit une culpabilité et le soleil ne peut pas intervenir là-dedans !
Camus écrit dans " L’été à Alger " une phrase qui devrait aider à comprendre beaucoup de choses :
"
Il n’y a rien ici pour qui voudrait apprendre, s’éduquer ou devenir meilleur, ce pays est sans leçons. On le connaît dès l’instant où l'on en jouit. Ses plaisirs n'ont pas de remords, et ses joies restent sans espoirs. Ce qu’il exige, ce sont des âmes clairvoyantes, c’est à dire sans consolation. "
Et pour couronner le tout on le juge aussi pour " le meurtre " de sa mère en pensant au procès qui suivra le sien !. Les réflexions de Meursault qui attend son exécution sont aussi des plus intéressantes, mais j'ai déjà été bien trop long !…

Un classique incontournable

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 16 mars 2001

« L'étranger » est certainement un livre fascinant. Mais affligeant, aussi. Le personnage de Meursault (dont le nom, d’après un de mes anciens professeurs de français, n'aurait pas été choisi innocemment, à vous de voir!) est davantage étranger à l’espèce humaine qu’il ne l’est à lui-même. Il se l’aliène par son indifférence à tout ce qui n’est pas un besoin primitif ou un désir.
Le sentiment ? Il ne connaît pas… Et pourtant, n’est-ce pas là une caractéristique fondamentale de l’être humain ?
Camus écrivait ici son premier roman, qui nous donne une vision glaciale d’un personnage dépourvu de vie, chaque événement de son existence lui laissant une trace mnésique aussi brève qu’un soupir. Meursault n'aime pas se souvenir ni s'interroger. Quel intérêt à se rappeler les choses sans importance? Un roman froid et dérangeant, mais qui atteint son but ! Un très bon choix de critique, dommage qu'elle n'ait pas été davantage développée.

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  La vie est absurde ? 18 Saule 25 septembre 2015 @ 22:13

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