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Je découvre Camus sur les conseils avisés de Jules, d'abord la chute et maintenant l'étranger. Assurément ce sont des lectures qui poursuivent pendant longtemps. La dernière critique de Jules m'éclaire pas mal sur ce livre que je trouve fascinant et profondément dérangeant.
Ceci dit je ne partage pas le point de vue de l'auteur qui semble celui de Jules aussi. Lucien et Jules pensent que Meursault a compris quelque chose avant de mourir, je le pense aussi mais je ne suis pas sur de savoir ce qu'il a compris. Si c'est vraiment l'absence de sens de la vie ou son absurdité, alors pourquoi réclame-t-il une foule haineuse qui assiste à son execution ? Pour l'acclamer ? Et pourquoi veut-il des marches à l'échafaud (pas à l'escabeau comme je l'écris dans ma critique!) ? Pour s'élever vers le ciel, glorifier sa mort ?
Mon point de vue personnel est que le simple fait de poser la question "Il n'y a rien ?" suffit déjà à y répondre. Toute personne sent confusément qu'il y a quelque chose, sinon elle ne se poserait pas la question. Quant à savoir ce qu'il y a, c'est autre chose et dans ce domaine il ne saurait être question de certitudes, juste une conviction personnelle (ce qui n'exclut pas le doute).
Comme le dit Jules on n'est pas des vaches qu'on conduit à l'abattoir. A mon avis il suffit de dire que la vie est absurde pour se rendre compte qu'on vient de dire une absurdité.
Il faut lire aussi "Le désert des tartares" de Buzzati : arrivé au terme de son voyage, le lieutenant Drago y regarde la mort en face, courageusement, dans une grande et magnifique solitude. C'est un héro. Pourtant je ne sais pas non plus ce qu'il comprend à ce moment...
Je vais continuer mes lectures dans ce domaine, me basant sur les livres mentionnés par Jules.
Ceci dit je ne partage pas le point de vue de l'auteur qui semble celui de Jules aussi. Lucien et Jules pensent que Meursault a compris quelque chose avant de mourir, je le pense aussi mais je ne suis pas sur de savoir ce qu'il a compris. Si c'est vraiment l'absence de sens de la vie ou son absurdité, alors pourquoi réclame-t-il une foule haineuse qui assiste à son execution ? Pour l'acclamer ? Et pourquoi veut-il des marches à l'échafaud (pas à l'escabeau comme je l'écris dans ma critique!) ? Pour s'élever vers le ciel, glorifier sa mort ?
Mon point de vue personnel est que le simple fait de poser la question "Il n'y a rien ?" suffit déjà à y répondre. Toute personne sent confusément qu'il y a quelque chose, sinon elle ne se poserait pas la question. Quant à savoir ce qu'il y a, c'est autre chose et dans ce domaine il ne saurait être question de certitudes, juste une conviction personnelle (ce qui n'exclut pas le doute).
Comme le dit Jules on n'est pas des vaches qu'on conduit à l'abattoir. A mon avis il suffit de dire que la vie est absurde pour se rendre compte qu'on vient de dire une absurdité.
Il faut lire aussi "Le désert des tartares" de Buzzati : arrivé au terme de son voyage, le lieutenant Drago y regarde la mort en face, courageusement, dans une grande et magnifique solitude. C'est un héro. Pourtant je ne sais pas non plus ce qu'il comprend à ce moment...
Je vais continuer mes lectures dans ce domaine, me basant sur les livres mentionnés par Jules.
Difficile de te répondre comme cela, Saule, en quelques lignes entre deux choses à faire (toujours !). Mais je vais essayer...
Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier, mais qu'il faut connaître pour mieux comprendre l'épisode de l'exécution. Elle s'est passée dans la vie de Camus et l'a fortement marqué: c'est l'histoire de son père.
Un jour son père était allé à la ville et avait assisté à une exécution publique, comme elles l'étaient à l'époque (voir le merveilleux livre de Michel Tournier "Le Roi des Aulnes" qui décrit aussi une telle scène). Le côté public n'a été supprimé que bien plus tard. Il en avait été tellement frappé qu'il en avait été malade en rentrant chez lui. Cela a fortement marqué le petit Albert qui en a gardé une haine profonde contre la peine de mort. C'est donc sous cet éclairage là qu'il faut comprendre tout ce qui touche à la peine de mort dans "L'Etranger" L'horreur donc pour la chose et pour la mise en scène par la société.
Entendons-nous aussi sur lse termes "la vie est absurde" Bien sûr la vie est merveilleuse quand elle reste dans une logique et un cadre de vie que notre esprit peut comprendre. Mais qu'était la vie pour l'esclave noir dont on vendait la femme et les enfants, ou lui-même sans eux ? Qu'est-ce que la vie pour un homme ou une femme du quart -monde entouré de tout notre luxe ? Pour ne pas encore aller jusqu'aux exemple des juifs transportés comme du bétail pour être traités moins bien que des bêtes ? Là, plus de logique ! L'enfant arraché à sa mère par une maladie ? Plus de logique !
Si tout le fonctionnement de la nature respecte une logique profonde avec pour objectif de perpétuer la vie, il n'en est plus du tout de même dans le comportement humain. Que le faible soit mangé par le fort fait partie de la logique de l'univers, chaque espèce ne pouvant survivre qu'en se nourrissant d'une autre. Or, nous faisons intégralement partie de cette vie. Mais notre cerveau ne peut accepter (avec raison) que ce processus puissent s'accepter pour l'être humain.
Les notions de fatalité et de hasard nous perturbent profondément, comme tout ce que nous ne contrôlons pas. Or, elles font partie intégrante de la vie. Nous cherchons toujours une logique qui n'existe fondamentalement plus quand un être est condamné alors qu'un autre passe au travers des mailles du filet. S'il n'y a pas de logique, il y a là quelque chose d'absurde puisque nous ne pouvons le comprendre.
Une phrase que je viens de lire: "Pourquoi Dieu, cette entité autoritaire au pouvoir absolu de prodiguer le bien et le mal, avait-Il décidé de faire de son existence une série de deuils et d'incertitudes ?" (Guy de la Valdène, auteur américain) Pour cet homme, oui, la vie est absurde ! Tout au moins pour lui et pour ceux qui regardent et observent ce qui se passe autour d'eux.
Drago, que tu cites, a l'attitude que Camus prône et qui l'a fait entrer dans la résistance: le monde est absurde, mais ce n'est pas une raison pour ne pas se comporter en Homme ! Absurde pour absurde autant la vivre la tête haute plutôt que d'être un lâche ou un tortionnaire. La révolte contre un monde absurde, en se conduisant bien, en refusant la lâcheté, en respectant l'autre, est pour lui une façon de nier cette absurdité. Une lumière dans le long tunnel. L'homme se doit de vivre debout et ce faisant il défie l'absurde, même si le combat est inégal.
Voilà, en très gros, quelques éléments de réponse. Mais seule une conversation pourrait permettre d'aller plus loin. Ici, nous écrivons un peu sous pression... Celle du temps.
Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier, mais qu'il faut connaître pour mieux comprendre l'épisode de l'exécution. Elle s'est passée dans la vie de Camus et l'a fortement marqué: c'est l'histoire de son père.
Un jour son père était allé à la ville et avait assisté à une exécution publique, comme elles l'étaient à l'époque (voir le merveilleux livre de Michel Tournier "Le Roi des Aulnes" qui décrit aussi une telle scène). Le côté public n'a été supprimé que bien plus tard. Il en avait été tellement frappé qu'il en avait été malade en rentrant chez lui. Cela a fortement marqué le petit Albert qui en a gardé une haine profonde contre la peine de mort. C'est donc sous cet éclairage là qu'il faut comprendre tout ce qui touche à la peine de mort dans "L'Etranger" L'horreur donc pour la chose et pour la mise en scène par la société.
Entendons-nous aussi sur lse termes "la vie est absurde" Bien sûr la vie est merveilleuse quand elle reste dans une logique et un cadre de vie que notre esprit peut comprendre. Mais qu'était la vie pour l'esclave noir dont on vendait la femme et les enfants, ou lui-même sans eux ? Qu'est-ce que la vie pour un homme ou une femme du quart -monde entouré de tout notre luxe ? Pour ne pas encore aller jusqu'aux exemple des juifs transportés comme du bétail pour être traités moins bien que des bêtes ? Là, plus de logique ! L'enfant arraché à sa mère par une maladie ? Plus de logique !
Si tout le fonctionnement de la nature respecte une logique profonde avec pour objectif de perpétuer la vie, il n'en est plus du tout de même dans le comportement humain. Que le faible soit mangé par le fort fait partie de la logique de l'univers, chaque espèce ne pouvant survivre qu'en se nourrissant d'une autre. Or, nous faisons intégralement partie de cette vie. Mais notre cerveau ne peut accepter (avec raison) que ce processus puissent s'accepter pour l'être humain.
Les notions de fatalité et de hasard nous perturbent profondément, comme tout ce que nous ne contrôlons pas. Or, elles font partie intégrante de la vie. Nous cherchons toujours une logique qui n'existe fondamentalement plus quand un être est condamné alors qu'un autre passe au travers des mailles du filet. S'il n'y a pas de logique, il y a là quelque chose d'absurde puisque nous ne pouvons le comprendre.
Une phrase que je viens de lire: "Pourquoi Dieu, cette entité autoritaire au pouvoir absolu de prodiguer le bien et le mal, avait-Il décidé de faire de son existence une série de deuils et d'incertitudes ?" (Guy de la Valdène, auteur américain) Pour cet homme, oui, la vie est absurde ! Tout au moins pour lui et pour ceux qui regardent et observent ce qui se passe autour d'eux.
Drago, que tu cites, a l'attitude que Camus prône et qui l'a fait entrer dans la résistance: le monde est absurde, mais ce n'est pas une raison pour ne pas se comporter en Homme ! Absurde pour absurde autant la vivre la tête haute plutôt que d'être un lâche ou un tortionnaire. La révolte contre un monde absurde, en se conduisant bien, en refusant la lâcheté, en respectant l'autre, est pour lui une façon de nier cette absurdité. Une lumière dans le long tunnel. L'homme se doit de vivre debout et ce faisant il défie l'absurde, même si le combat est inégal.
Voilà, en très gros, quelques éléments de réponse. Mais seule une conversation pourrait permettre d'aller plus loin. Ici, nous écrivons un peu sous pression... Celle du temps.
Je découvre Camus sur les conseils avisés de Jules, d'abord la chute et maintenant l'étranger. Assurément ce sont des lectures qui poursuivent pendant longtemps. La dernière critique de Jules m'éclaire pas mal sur ce livre que je trouve fascinant et profondément dérangeant.
Ceci dit je ne partage pas le point de vue de l'auteur qui semble celui de Jules aussi. Lucien et Jules pensent que Meursault a compris quelque chose avant de mourir, je le pense aussi mais je ne suis pas sur de savoir ce qu'il a compris. Si c'est vraiment l'absence de sens de la vie ou son absurdité, alors pourquoi réclame-t-il une foule haineuse qui assiste à son execution ? Pour l'acclamer ? Et pourquoi veut-il des marches à l'échafaud (pas à l'escabeau comme je l'écris dans ma critique!) ? Pour s'élever vers le ciel, glorifier sa mort ?
Mon point de vue personnel est que le simple fait de poser la question "Il n'y a rien ?" suffit déjà à y répondre. Toute personne sent confusément qu'il y a quelque chose, sinon elle ne se poserait pas la question. Quant à savoir ce qu'il y a, c'est autre chose et dans ce domaine il ne saurait être question de certitudes, juste une conviction personnelle (ce qui n'exclut pas le doute).
Comme le dit Jules on n'est pas des vaches qu'on conduit à l'abattoir. A mon avis il suffit de dire que la vie est absurde pour se rendre compte qu'on vient de dire une absurdité.
Il faut lire aussi "Le désert des tartares" de Buzzati : arrivé au terme de son voyage, le lieutenant Drago y regarde la mort en face, courageusement, dans une grande et magnifique solitude. C'est un héro. Pourtant je ne sais pas non plus ce qu'il comprend à ce moment...
Je vais continuer mes lectures dans ce domaine, me basant sur les livres mentionnés par Jules.
Jules, merci pour ta réponse.
En espèrant ne pas paraître morbide, je vous livre un passage sur lequel je viens de tomber, une autre exécution capitale mais assez différente de celle de l’étranger. Je vous laisse deviner l’auteur. Plus loin il y a un long passage dans lequel il imagine l’état d’esprit du condamné les dix minutes qui précèdent l’exécution. Impressionnant ! Il faut dire que l’auteur savait de quoi il parlait, cela devrait vous aider à deviner de qui il s’agit.
“Le condamné, ce jours-là, était, paraît-il, un homme sans peur, intelligent, d’âge mûr, du nom de Legros. Eh bien, je vous assure, croyez-moi si vous voulez, en montant sur l’échafaud, il pleurait, il était blanc comme du papier. Est-ce possible ? N’est-ce pas affreux ? Vraiment peut-on pleurer d’épouvante, je ne dis pas un enfant, mais un homme qui n’avait jamais pleuré auparavant, un homme de quarante-cinq ans ! Que se passe-t-il en cette minute dans l’âme ? A quelle convulsion est-elle amenée ? C’est un outrage à l’âme, pas autre chose ! Il est dit pourtant : « Tu ne tueras point. » Et voilà qu’on tue un homme parce qu’il a tué ! Non, c’est inadmissible. Il y a déjà plus d’un mois que j’ai assisté à cette scène, je la revois encore, comme si je l’avais devant les yeux. J’en ai rêvé au moins cinq fois ».
En espèrant ne pas paraître morbide, je vous livre un passage sur lequel je viens de tomber, une autre exécution capitale mais assez différente de celle de l’étranger. Je vous laisse deviner l’auteur. Plus loin il y a un long passage dans lequel il imagine l’état d’esprit du condamné les dix minutes qui précèdent l’exécution. Impressionnant ! Il faut dire que l’auteur savait de quoi il parlait, cela devrait vous aider à deviner de qui il s’agit.
“Le condamné, ce jours-là, était, paraît-il, un homme sans peur, intelligent, d’âge mûr, du nom de Legros. Eh bien, je vous assure, croyez-moi si vous voulez, en montant sur l’échafaud, il pleurait, il était blanc comme du papier. Est-ce possible ? N’est-ce pas affreux ? Vraiment peut-on pleurer d’épouvante, je ne dis pas un enfant, mais un homme qui n’avait jamais pleuré auparavant, un homme de quarante-cinq ans ! Que se passe-t-il en cette minute dans l’âme ? A quelle convulsion est-elle amenée ? C’est un outrage à l’âme, pas autre chose ! Il est dit pourtant : « Tu ne tueras point. » Et voilà qu’on tue un homme parce qu’il a tué ! Non, c’est inadmissible. Il y a déjà plus d’un mois que j’ai assisté à cette scène, je la revois encore, comme si je l’avais devant les yeux. J’en ai rêvé au moins cinq fois ».
J'avoue, Saule, ne pas retrouver l'auteur de cet extrait mais je me souviens très bien des circonstances dans lesquelles j'ai lu ce texte, pendant un cours de français de cinquième année. Mais j'ai tout de même envie de rebondir sur le propos qu'il tient car il illustre très bien ce que je trouve d'inacceptable dans la peine de mort. Nombreuses personnes pour la peine capitale me disent que c'est justice pour quelqu'un qui a ôté la vie et que, pour la famille des victimes, c'est un droit de la désirer mais à cela, malgré l'empathie que l'on peut éprouver à l'égard de ces familles, j'estime que c'est inconcevable qu'on légitime le droit de tuer par le fait que celui/celle que l'on tue l'a commis avant.
C'est effectivement absurde. Personne n'a le droit de tuer, personne n'a le droit d'ôter la vie, quels que soient les actes de celui qu'on juge mériter la mort. Si tuer mérite l'exécution, alors tous les juges et exécutants doivent la mériter aussi.
Et de toute façon, la peine de mort ne rendra jamais une personne disparue.
C'est effectivement absurde. Personne n'a le droit de tuer, personne n'a le droit d'ôter la vie, quels que soient les actes de celui qu'on juge mériter la mort. Si tuer mérite l'exécution, alors tous les juges et exécutants doivent la mériter aussi.
Et de toute façon, la peine de mort ne rendra jamais une personne disparue.
Je suis entièrement d'accord avec toi Bluewitch. C'est en outre un excellent texte à faire lire en classe, en tout cas il est difficile de rester insensible quand on le lit.
Voila un extrait supplémentaire. L'auteur sait de quoi il parle car il a échappé à l'exécution in-extremis (gracié au dernier moment). Je vous laisse encore un peu chercher quel est l'auteur...
«Enfin on le mène à travers la ville, vers l’échafaud… Je pense que là aussi, pendant qu’on vous emmène, on doit croire qu’on a encore une vie infiniment longue devant soi. Il me semble qu’il devait sûrement se dire pendant le trajet : « J’ai encore longtemps à vivre, il me reste encore trois rues, puis encore cette rue-ci, puis celle où il y a une boulangerie sur la droite […] Mais voici l’échelle qui conduit à l’échafaud, et devant cette échelle il se met tout à coup pleurer, et c’était pourtant un homme viril et fort, un terrible bandit paraît-il. […]. Déjà au pied de l’échelle, l’homme était très pâle, mais une fois sur l’échafaud il devint blanc comme un linge. Probablement les jambes lui manquaient, raides comme du bois, et il devait avoir la nausée, comme si quelque chose le chatouillait dans la gorge ; avez-vous jamais ressenti cela quand la conscience demeure entière mais n’a plus aucun pouvoir ? […] C’est curieux il est rare qu’on s’évanouisse pendant ces dernières secondes ! Au contraire le cerveau vit intensément et d’une façon très active, très puissante même, comme une machine en pleine action ; j’imagine le martèlement des pensées, toute inachevées, peut-être bizarres et même drôles : « Ce bonhomme qui me regarde, il a une verrue sur le front ; le bourreau a un des boutons de sa veste rouillée… » Et à ces instants on sait tout et on se souvient de tout ; il y a là un point qu’il n’est pas possible d’oublier, et on ne peut pas s’évanouir, et c’est autour de ce point que tout tourne. Et pensez qu’il en est ainsi jusqu’au dernier quart de seconde, quand la tête est déjà sous le couperet et qu’elle attend et… qu’elle sait et entend tout à coup au-dessus d’elle le grincement du fer ! Car on ne peut pas ne pas l’entendre ! […] Et imaginez-vous, il y en a qui prétendent qu’une fois la tête tombée, elle sait peut-être encore, pendant une seconde qu’elle est tombée… Quelle sensation !»
Voila un extrait supplémentaire. L'auteur sait de quoi il parle car il a échappé à l'exécution in-extremis (gracié au dernier moment). Je vous laisse encore un peu chercher quel est l'auteur...
«Enfin on le mène à travers la ville, vers l’échafaud… Je pense que là aussi, pendant qu’on vous emmène, on doit croire qu’on a encore une vie infiniment longue devant soi. Il me semble qu’il devait sûrement se dire pendant le trajet : « J’ai encore longtemps à vivre, il me reste encore trois rues, puis encore cette rue-ci, puis celle où il y a une boulangerie sur la droite […] Mais voici l’échelle qui conduit à l’échafaud, et devant cette échelle il se met tout à coup pleurer, et c’était pourtant un homme viril et fort, un terrible bandit paraît-il. […]. Déjà au pied de l’échelle, l’homme était très pâle, mais une fois sur l’échafaud il devint blanc comme un linge. Probablement les jambes lui manquaient, raides comme du bois, et il devait avoir la nausée, comme si quelque chose le chatouillait dans la gorge ; avez-vous jamais ressenti cela quand la conscience demeure entière mais n’a plus aucun pouvoir ? […] C’est curieux il est rare qu’on s’évanouisse pendant ces dernières secondes ! Au contraire le cerveau vit intensément et d’une façon très active, très puissante même, comme une machine en pleine action ; j’imagine le martèlement des pensées, toute inachevées, peut-être bizarres et même drôles : « Ce bonhomme qui me regarde, il a une verrue sur le front ; le bourreau a un des boutons de sa veste rouillée… » Et à ces instants on sait tout et on se souvient de tout ; il y a là un point qu’il n’est pas possible d’oublier, et on ne peut pas s’évanouir, et c’est autour de ce point que tout tourne. Et pensez qu’il en est ainsi jusqu’au dernier quart de seconde, quand la tête est déjà sous le couperet et qu’elle attend et… qu’elle sait et entend tout à coup au-dessus d’elle le grincement du fer ! Car on ne peut pas ne pas l’entendre ! […] Et imaginez-vous, il y en a qui prétendent qu’une fois la tête tombée, elle sait peut-être encore, pendant une seconde qu’elle est tombée… Quelle sensation !»
Bonjour Saule,
Je ne connais pas les extraits que tu nous a donnés. Mais comme c'est un jeu, difficile de m'en désintéresser. Alors j'ai cherché. Mais j'ai triché à mort en râclant comme un furieux dans Google. Alors je dis que ce texte a été écrit par un auteur né un 30 octobre et mort un 28 janvier, 60 ans plus tard.
Je te laisse le plaisir de révéler de qui il s'agit et de me dire si j'ai raison ou tort.
Et si j'ai raison, c'est que Google a décidément une grosse culture.
Je ne connais pas les extraits que tu nous a donnés. Mais comme c'est un jeu, difficile de m'en désintéresser. Alors j'ai cherché. Mais j'ai triché à mort en râclant comme un furieux dans Google. Alors je dis que ce texte a été écrit par un auteur né un 30 octobre et mort un 28 janvier, 60 ans plus tard.
Je te laisse le plaisir de révéler de qui il s'agit et de me dire si j'ai raison ou tort.
Et si j'ai raison, c'est que Google a décidément une grosse culture.
Oui pas de doutes, tu as trouvé. Il y avait une biographie de l'auteur sur le site mais on dirait qu'elles se sont perdues dans le nouveau site.
Le style est familier une fois qu'on sait qui c'est : écrit à la serpe pour reprendre une expression de Kinbote.
Allez le prochain qui trouve peut révéler le nom de l'auteur...
Le style est familier une fois qu'on sait qui c'est : écrit à la serpe pour reprendre une expression de Kinbote.
Allez le prochain qui trouve peut révéler le nom de l'auteur...
Bonjour Saule,
Je ne connais pas les extraits que tu nous a donnés. Mais comme c'est un jeu, difficile de m'en désintéresser. Alors j'ai cherché. Mais j'ai triché à mort en râclant comme un furieux dans Google. Alors je dis que ce texte a été écrit par un auteur né un 30 octobre et mort un 28 janvier, 60 ans plus tard.
Je te laisse le plaisir de révéler de qui il s'agit et de me dire si j'ai raison ou tort.
Et si j'ai raison, c'est que Google a décidément une grosse culture.
Ou plutôt : le prochain qui trouve pourra donner un indice supplémentaire :-)
Bolcho, je suis impressionné par la culture de google, et par ton talent de chercheur ! Pas évident de trouver des mots-clé pourtant avec juste une citation.
Bolcho, je suis impressionné par la culture de google, et par ton talent de chercheur ! Pas évident de trouver des mots-clé pourtant avec juste une citation.
Oui pas de doutes, tu as trouvé. Il y avait une biographie de l'auteur sur le site mais on dirait qu'elles se sont perdues dans le nouveau site.
Le style est familier une fois qu'on sait qui c'est : écrit à la serpe pour reprendre une expression de Kinbote.
Allez le prochain qui trouve peut révéler le nom de l'auteur...
Je pense avoir également trouvé, cette fois (j'ai aussi un peu triché, merci Google...). Si je dis que c'est un auteur russe, je me trompe, Saule??
Ou plutôt : le prochain qui trouve pourra donner un indice supplémentaire :-)
Bolcho, je suis impressionné par la culture de google, et par ton talent de chercheur ! Pas évident de trouver des mots-clé pourtant avec juste une citation.
Oui il est Russe, né à Moscou en 1821 et mort à St Petersbourg en 1881. Autant le dire : c'est Dostoïevski. Les citations sont de l'Idiot. C'est une brique, mais passionnant, et avec les disgressions habituelles chez lui : ainsi ces scènes brillantes tombent au détour d'un dialogue, sans autre lien avec le récit.
Je pense avoir également trouvé, cette fois (j'ai aussi un peu triché, merci Google...). Si je dis que c'est un auteur russe, je me trompe, Saule??
Et il parlait d'expérience puisqu'il avait été condamné à être fussillé et a été amené au poteau en même temps que les autres condamnés.
Alors que cela n'a été, sur ordre secret du Tsar, qu'un simulacre d'exécution, il n'en demeure pas moins qu'un des condamnés est mort au poteau: d'un infar et de peur. Dostioïevski, lui, ira réfléchir sur son propre cas pendant cinq années dans "La maison des morts"...
Alors que cela n'a été, sur ordre secret du Tsar, qu'un simulacre d'exécution, il n'en demeure pas moins qu'un des condamnés est mort au poteau: d'un infar et de peur. Dostioïevski, lui, ira réfléchir sur son propre cas pendant cinq années dans "La maison des morts"...
Oui il est Russe, né à Moscou en 1821 et mort à St Petersbourg en 1881. Autant le dire : c'est Dostoïevski. Les citations sont de l'Idiot. C'est une brique, mais passionnant, et avec les disgressions habituelles chez lui : ainsi ces scènes brillantes tombent au détour d'un dialogue, sans autre lien avec le récit.
Je pense avoir également trouvé, cette fois (j'ai aussi un peu triché, merci Google...). Si je dis que c'est un auteur russe, je me trompe, Saule??
Et il parlait d'expérience puisqu'il avait été condamné à être fussillé et a été amené au poteau en même temps que les autres condamnés.
Alors que cela n'a été, sur ordre secret du Tsar, qu'un simulacre d'exécution, il n'en demeure pas moins qu'un des condamnés est mort au poteau: d'un infar et de peur. Dostioïevski, lui, ira réfléchir sur son propre cas pendant cinq années dans "La maison des morts"...
Alors que cela n'a été, sur ordre secret du Tsar, qu'un simulacre d'exécution, il n'en demeure pas moins qu'un des condamnés est mort au poteau: d'un infar et de peur. Dostioïevski, lui, ira réfléchir sur son propre cas pendant cinq années dans "La maison des morts"...
Oui il est Russe, né à Moscou en 1821 et mort à St Petersbourg en 1881. Autant le dire : c'est Dostoïevski. Les citations sont de l'Idiot. C'est une brique, mais passionnant, et avec les disgressions habituelles chez lui : ainsi ces scènes brillantes tombent au détour d'un dialogue, sans autre lien avec le récit.
Je pense avoir également trouvé, cette fois (j'ai aussi un peu triché, merci Google...). Si je dis que c'est un auteur russe, je me trompe, Saule??
Pour moi, dans L'Etranger, le véritable coupable est l'avocat qui a envoyé Meursault à la mort. Dans sa plaidoirie il le fait passer pour un homme monstrueux, il va jusqu'à insinuer qu'il aurait tué sa mère : « un homme qui tuait moralement sa mère », dit-il lors de sa plaidoirie... Simplement parce que personne ne l'a vu pleurer quand sa mère est morte.
Je pense qu'un avocat habile peut toujours mettre en avant certaines circonstances de la vie d'un homme pour le faire condamner sans rémission.
Je me souviens qu'à la mort de mon père ma plus jeune sœur était montée sur son cercueil pour arrêter la pendule qui se trouvait au dessus sur un meuble.
Nous avions passé des jours épouvantables. Notre père bien aimé était mort à l'issue d'une agonie qui avait duré longtemps. La famille s'était réunie. Nous devions nous occuper de tout ; nous avions dû remettre la maison en ordre, nous occuper de maman, recevoir les visites... Aux visiteurs qui venaient de loin, mes sœurs devaient servir un café avec une gosette ou une pâtisserie pas trop défraîchie ; il fallait préparer les repas, téléphoner aux connaissances, s'occuper des pompes funèbres, du médecin légiste, de l'annonce, recevoir le curé pour préparer l'office religieux... bref, de quoi épuiser les natures les plus robustes. Nous n'en pouvions plus... !
Enfin les croques morts sont venus faire la mise en bière ; nous nous sommes réunis dans la pièce d'à côté ; maman s'est endormie et on restait silencieux en entendant ces hommes qui faisaient leur métier en jurant et en s’apostrophant bruyamment ... C'était horrible !
Et puis, quand ils sont partis, nous nous sommes retrouvés entre frères et sœurs autour du cercueil, comme autrefois quand nous étions autour de la table familiale, certainement soulagés, comme si l'épreuve était finie. C'est alors que ma jeune sœur a dit : « nous avons oublié d'arrêter la pendule ! »
Je ne sais pas si cette coutume à cours partout mais, chez nous, c'est une tradition, on arrête les pendules dans la maison d'un mort.
Elle a pris une chaise, elle a enlevé ses chaussure et elle a mis un pied sur la table ; mais il fallait arriver derrière le boîtier et ouvrir la petite porte pour arrêter le balancier ; elle risquait de faire tomber la pendule alors elle a escaladé le cercueil et elle y est arrivée. Et elle s'est retournée triomphante ; mais, tout à coup, son regard s'est figé sur la porte qui venait de s'ouvrir derrière nous : dans l'embrasure de la porte il y avait un petit monsieur qui nous regardait avec stupéfaction. C'était un vieil ami de la famille qui, voyant les portes ouvertes, était entré sans faire de bruit ; et maintenant, il nous regardait, partagé entre la consternation et la réprobation.
Nous l'avons conduit au salon, nous avons réveillé notre mère et ils ont échangé des paroles éplorées pendant un bon quart d'heure... Un quart d'heure durant lequel, dans la pièce d'à côté, rassemblés autour du cercueil de notre père, nous avons été pris d'un fou-rire sans fin, comme au bon vieux temps de notre enfance, quand nos parents faisaient des efforts désespérés pour tenter de nous éduquer et qu'un d'entre nous faisait le pitre pour nous faire rire...
Mais je pense aujourd'hui que si ce cher monsieur avait été un avocat mal intentionné, il aurait pu nous faire passer pour des monstres ; il aurait pu dire au tribunal « je les ai entendu se marrer autour du cercueil de leur père, pendant que je consolais leur malheureuse mère... J'ai même vu, de mes yeux vu, la plus jeune fille de la maison qui se pavanait à pieds nus sur le cercueil... » Et il aurait pu ajouter, comme l'a fait le procureur au procès Meursault, dans l’Étranger : « ces enfants ont moralement assassiné leur père ».
Je pense que si nous avions dû passer au tribunal pour une affaire quelconque, un avocat de la trempe du procureur au procès de l’Étranger, nous aurait joyeusement envoyé à la guillotine !
Mais, finalement, ce serait peut-être un bien pour un mal : je ne serais pas là, aujourd'hui, à vous bassiner les côtes avec ce nouvel épisode de cette interminable série : je vous raconte ma vie.
;-))
Je pense qu'un avocat habile peut toujours mettre en avant certaines circonstances de la vie d'un homme pour le faire condamner sans rémission.
Je me souviens qu'à la mort de mon père ma plus jeune sœur était montée sur son cercueil pour arrêter la pendule qui se trouvait au dessus sur un meuble.
Nous avions passé des jours épouvantables. Notre père bien aimé était mort à l'issue d'une agonie qui avait duré longtemps. La famille s'était réunie. Nous devions nous occuper de tout ; nous avions dû remettre la maison en ordre, nous occuper de maman, recevoir les visites... Aux visiteurs qui venaient de loin, mes sœurs devaient servir un café avec une gosette ou une pâtisserie pas trop défraîchie ; il fallait préparer les repas, téléphoner aux connaissances, s'occuper des pompes funèbres, du médecin légiste, de l'annonce, recevoir le curé pour préparer l'office religieux... bref, de quoi épuiser les natures les plus robustes. Nous n'en pouvions plus... !
Enfin les croques morts sont venus faire la mise en bière ; nous nous sommes réunis dans la pièce d'à côté ; maman s'est endormie et on restait silencieux en entendant ces hommes qui faisaient leur métier en jurant et en s’apostrophant bruyamment ... C'était horrible !
Et puis, quand ils sont partis, nous nous sommes retrouvés entre frères et sœurs autour du cercueil, comme autrefois quand nous étions autour de la table familiale, certainement soulagés, comme si l'épreuve était finie. C'est alors que ma jeune sœur a dit : « nous avons oublié d'arrêter la pendule ! »
Je ne sais pas si cette coutume à cours partout mais, chez nous, c'est une tradition, on arrête les pendules dans la maison d'un mort.
Elle a pris une chaise, elle a enlevé ses chaussure et elle a mis un pied sur la table ; mais il fallait arriver derrière le boîtier et ouvrir la petite porte pour arrêter le balancier ; elle risquait de faire tomber la pendule alors elle a escaladé le cercueil et elle y est arrivée. Et elle s'est retournée triomphante ; mais, tout à coup, son regard s'est figé sur la porte qui venait de s'ouvrir derrière nous : dans l'embrasure de la porte il y avait un petit monsieur qui nous regardait avec stupéfaction. C'était un vieil ami de la famille qui, voyant les portes ouvertes, était entré sans faire de bruit ; et maintenant, il nous regardait, partagé entre la consternation et la réprobation.
Nous l'avons conduit au salon, nous avons réveillé notre mère et ils ont échangé des paroles éplorées pendant un bon quart d'heure... Un quart d'heure durant lequel, dans la pièce d'à côté, rassemblés autour du cercueil de notre père, nous avons été pris d'un fou-rire sans fin, comme au bon vieux temps de notre enfance, quand nos parents faisaient des efforts désespérés pour tenter de nous éduquer et qu'un d'entre nous faisait le pitre pour nous faire rire...
Mais je pense aujourd'hui que si ce cher monsieur avait été un avocat mal intentionné, il aurait pu nous faire passer pour des monstres ; il aurait pu dire au tribunal « je les ai entendu se marrer autour du cercueil de leur père, pendant que je consolais leur malheureuse mère... J'ai même vu, de mes yeux vu, la plus jeune fille de la maison qui se pavanait à pieds nus sur le cercueil... » Et il aurait pu ajouter, comme l'a fait le procureur au procès Meursault, dans l’Étranger : « ces enfants ont moralement assassiné leur père ».
Je pense que si nous avions dû passer au tribunal pour une affaire quelconque, un avocat de la trempe du procureur au procès de l’Étranger, nous aurait joyeusement envoyé à la guillotine !
Mais, finalement, ce serait peut-être un bien pour un mal : je ne serais pas là, aujourd'hui, à vous bassiner les côtes avec ce nouvel épisode de cette interminable série : je vous raconte ma vie.
;-))
Encore un épisode croustillant de cette fameuse série. Merci !
J'aime bien cet épisode, moi !
Ca montre que la notion de vérité, c'est tout de même piégeux.
Ca montre que la notion de vérité, c'est tout de même piégeux.
Si tu as d'autres histoires à nous raconter (avec ton talent habituel), surtout ne nous en prive pas SJB;-)
Moi aussi, j'en redemande...
Tu peux nous le dire maintenant, lequel des 2 as-tu inspiré à Hergé, Quick ou Flupke ?
Tu peux nous le dire maintenant, lequel des 2 as-tu inspiré à Hergé, Quick ou Flupke ?
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Tu peux nous le dire maintenant, lequel des 2 as-tu inspiré à Hergé, Quick ou Flupke ?
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