Cambronne de W. Sérieyx

Cambronne de W. Sérieyx

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 28 mai 2022 (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans)
La note : 10 étoiles
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Parmi ces géants, il y eut un titan : Cambronne (Victor Hugo)

Les combats du temps de Napoléon n’étaient certes pas plus joyeux qu’aujourd’hui mais, curieusement, ceux qui les faisaient l’étaient bien souvent. Ils considéraient la guerre comme une aventure pleine de bruit, de fureur et de gloire. C’était certainement le cas du Capitaine Cambronne.

Comme nous l’apprend l’auteur, l’excellent historien W. Sérieyx, d’après un billet de l’époque : « C’était un bel officier que ce capitaine ! Et un rude gaillard ! Haut de taille, jeunesse rayonnante, visage énergique, teint chaud et coloré, on sent une flamme courir sous sa peau. Son œil étincelle. Loin d’abattre son courage, le danger semble l’exalter, tout en lui respire la vigueur et l’audace. C’est un guerrier imposant et superbe. La beauté d’Alcibiade dans la force de Coriolan ».

Il était entré tout jeune dans les armées du Consulat et quand il a rencontré Napoléon en 1803 au Camp de Boulogne, comme tant d’autres, il a été fasciné et a décidé de se vouer entièrement à son service pour le meilleur et pour le pire. Napoléon, qui s’y connaissait en hommes, l’avait tout de suite distingué. Il l’avait mis à l’épreuve et, de batailles en batailles, il l’avait fait monter en grade jusqu’à le nommer Général des grognards de la Garde – « la Garde qui se meurt mais ne se rend pas » – un des titres les plus prestigieux si pas le plus prestigieux de la Grande Armée.

Il avait la tête près du bonnet et n’hésitait jamais à dire ses quatre vérités à l’Empereur dans les grandes discussions. Mais l’Empereur l’aimait comme un fils. Après maintes batailles Napoléon avait voulu qu’il l’accompagnât à l’île d’Elbe et c’est lui, Cambronne, qui avait été chargé d’organiser ce que Napoléon a appelé « ma plus belle campagne », son retour triomphal de l’île d’Elbe à Paris. Il avait préparé ce périple avec entrain comme on prépare une expédition touristique et pourtant c’était une vraie gageure : il fallait improviser un itinéraire, trouver des chevaux et des équipements et, surtout, la mission était terriblement dangereuse, il fallait protéger l’Empereur. On a dit qu’il aurait suffi de six gendarmes pour s’en débarrasser définitivement. Mais c’était sans compter sur Cambronne !

Avant la bataille de Waterloo il était déjà connu comme le loup blanc. Mais ce qui a fait entrer son nom dans la légende c’est son mot, « le mot de Cambronne », le mot qu’il a hurlé à Waterloo en réponse aux Prussiens qui criaient aux Grognards de la Garde : « Rendez-vous ! ». Le Général Cambronne, en bon Français qu’il était, a répondu par ce mot célèbre, que ma belle-mère m’interdit de prononcer ici, comme du reste partout ailleurs…

Louis XVIII, qui était rentré d’exil dans les chariots des ennemis de la France, était assoiffé de vengeance et, après les Cents Jours, il ne pardonnait pas à Cambronne d‘avoir ramené l’Empereur à Paris. il exigeait que fût condamné à mort « celui qui à Waterloo, par l’attitude sublime du « Dernier Carré » a su faire briller, à travers l’horreur de la défaite, un rayon de gloire immortel ! », comme il voulait que soient fusillés tous les héros de la Grande Armée qui n’étaient pas tombés au champ d’honneur. Heureusement le Général Cambronne, qui avait été gravement blessé à Waterloo, a été défendu par d’intrépides avocats qui ont osé dire au Roi que « le métier d’un Roi n’était pas de relever les blessés sur le champ de bataille pour les porter à l’échafaud ! » . Le procès du Général Cambronne soulevait les passions du petit peuple de Paris. Sa condamnation à mort, après celle du Maréchal Ney, aurait provoqué une révolution populaire contre les royalistes. C’est l’opinion publique qui a sauvé son héros de la vengeance du Roi.

Cette biographie se lit comme un roman d’aventures avec des héros grandioses et pétris d’humanité. C’est une lecture ravigotante. Elle est merveilleusement écrite, dans un français raffiné, un peu vieille France, et j’ai eu la chance de la découvrir dans une brocante, pour quelques sous, dans une très belle édition avec de superbes illustrations.

L’épopée napoléonienne est condamnable assurément. Elle a provoqué trop de misères partout en Europe. Mais elle aura aussi engendré, des héros de légende, des héros magnifiques qui devraient rester pour les jeunes générations des modèles de courage, de bravoure, de panache, de patriotisme et de fidélité à la parole donnée. Des qualités qui ont fait la renommée de l’armée française, et sont peut-être aussi pour une part dans ce qui fait la grandeur de la France.

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Les éditions

  • CAMBRONNE
    de Sérieyx, W.
    Tallandier / Bibliothèque "Historia"
    ISBN : SANS000062739 ; 01/01/1931 ; 250 p. ; 21 x 13 x 2.5
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