Les chiens de Pasvik de Olivier Truc

Les chiens de Pasvik de Olivier Truc

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 6 mai 2022 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 752ème position).
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Quatrième épisode de « la Police des rennes »

Après les très bons Le dernier lapon et Le détroit du loup, mettant en scène une police spécifique consacrée à la Laponie, le territoire des Samis, transfrontalier entre Norvège, Suède et Finlande, qu’on appellera « la Police des Rennes », Olivier Truc avait proposé La montagne rouge, qui m’avait moins enchanté. Il revient avec Les chiens de Pasvik, beaucoup plus convaincant.
Les deux policiers héros ; Klemet (le Sami) et Nina (l’urbaine, enfin urbaine, c’est relatif dans cette zone !) sont toujours les protagonistes majeurs de ce qu’on peut appeler maintenant une série, même si Nina a démissionné de « la Police des rennes » et travaille maintenant pour « la Police des frontières », en l’occurrence la frontière Norvège -Russie, à l’extrême nord-est de cet ensemble nommé « Laponie ».
Olivier Truc a systématiquement mis en scène ses intrigues dans différentes zones de la Laponie, balayant la partie norvégienne, tout au nord ; Kautokeino, Hammerfest, puis suédoise un peu plus au sud, là c’est l’extrême nord-est de la Norvège donc, vers Kirkenes en Norvège et Nikel en Russie (puisque la Laponie (le territoire des Samis) déborde historiquement aussi de l’autre côté de cette frontière.
Klemet a perdu au change avec le départ de Nina puisque c’est un rustre Finlandais, Jaakoppi Kujala qui fait équipe avec lui, « bas du front et taiseux ».
N’importe, ils sont la Police des rennes dans ce secteur problématique de la vallée de Pasvik qui fait frontière, une frontière pas comme les autres puisqu’en Russie, on imagine bien que les Samis locaux n’ont pas été traités de la même manière qu’en Finlande, Norvège et Suède. Collectivisés, acculturés, et privés de contacts avec leurs homologues non-russes. Et justement, il y a à faire pour la Police des rennes dans cette zone puisque les troupeaux de rennes, toujours à la recherche des lichens qui constituent leur alimentation courante se fichent bien de la notion de frontière et se font abattre par des chasseurs de l’autre côté quand ce n’est pas par des meutes de chiens errants, qui eux aussi n’en ont rien à faire de la frontière.
C’est d’une actualité brûlante avec ce qui se passe aujourd’hui du côté de l’Ukraine. Outre l’intrigue, bien plus intéressante que celle de La montagne rouge, le fond est là et notamment les évocations précises de ce qu’est la vie, les villes, les trafics du côté russe. Trafic de langues des rennes abattus clandestinement dans des chasses, des carnages plutôt, organisées pour des oligarques plein aux as, des trafics d’influences, des chassés-croisés mafieux – politicards. Corruption, désespoir des petites gens, absence d’avenir …
C’est qu’Olivier Truc, journaliste en poste à Stockholm depuis près de trente ans, est grand connaisseur de la chose nordique et balte, et les incursions que font le roman vers Nikel, Teriberka, du côté de Mourmansk, sont saisissants.
Un bel épisode de « La police des rennes » avec une belle incursion en Russie laponne.

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Les éditions

  • Les chiens de Pasvik [Texte imprimé] Olivier Truc
    de Truc, Olivier
    Métailié / Autres horizons
    ISBN : 9791022611183 ; 21,00 € ; 11/03/2021 ; 432 p. ; Broché
  • Les chiens de Pasvik [Texte imprimé] Olivier Truc
    de Truc, Olivier
    Points / Points policier
    ISBN : 9782757894699 ; 9,90 € ; 11/03/2022 ; 454 p. ; Poche
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samis au frais

8 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 28 décembre 2024

Des Lapons (pardon, il faut dire Samis pour être politiquement correct) comme s’il en pleuvait ! On est dans le Grand Nord, aux confins de la Norvège, de la Finlande et de la Russie, là où les frontières ont redessiné le destin de ces peuples nomades, éleveurs de rennes, colonisés et bousculés dans leurs traditions sans même prendre leur avis. Au jour d’aujourd’hui, il est pourtant de bon ton de leur tendre la main lorsque des intérêts mercantiles ou politiciens dont en jeu, via le tourisme et la publicité électorale autour de l’affichage de bons sentiments. L’intrigue démarre avec le passage de la frontière, de l’ouest (la Norvège) vers l’est (la Russie), par une horde d’une cinquantaine de rennes appartenant à l’élevage de Piera Kyrö. Un sacré problème pour aller les récupérer de l’autre côté de la frontière, dans un contexte géopolitique particulièrement explosif. Plusieurs organismes vont être mis à contribution, la police des frontières, bien sûr, mais aussi, côté norvégien, une police particulière, spécialisée dans la protection des rennes. Du côté russe, il existe une réserve, où nos rennes domestiques n’ont bien évidemment rien à faire. Cerise sur le gâteau, on a remarqué du côté norvégien une meute de chiens errants (d’où le titre) que l’on soupçonne être russes et avoir fait fuir les rennes. Le pauvre Piera, voyant là une occasion pour son troupeau de rejoindre de meilleurs pâturages où le précieux lichen est plus facilement accessible sous la neige, va se trouver malgré lui au centre d’une machination politico-financière dont il va être l’otage, au nom de la sacro-sainte défense des intérêts du peuple Sami. Olivier Truc a fait fort, très fort, dans ce roman noir dénonçant la corruption régnant en Russie et les bas intérêts politiciens du côté occidental. Hélas, la multiplication des personnages et la complexité de l’intrigue, comme dans les romans d’espionnage, rendent la lecture chaotique, laissant non élucidés certains points importants, notamment le rôle joué par les fameux chiens du titre. Souvenez-vous de l’intrigue du célèbre "Faucon maltais", que l’auteur lui-même (Dashiell Hammett) avait reconnu ne plus savoir la démêler. Dommage, car le roman est très bien écrit et la tension est constante. Aurait pu mieux faire, en élaguant…

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