La fête au Bouc de Mario Vargas Llosa
( La fiesta del Chivo)
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques , Littérature => Sud-américaine
Moyenne des notes : (basée sur 10 avis)
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Une dictature dans tout ses états.
A Saint-Domingue en 1961 sévit la dictature de Rafaël Léonidas Trujillo. Vargas LLosa nous ouvre plusieurs portes.
Il décrit l'univers glauque et effrayant du despote. On découvre les mécanismes du pouvoir sur le peuple mais également l'organisation interne de la dictature. Les draps de l'intimité et de la folie sont levés, on perçoit le dictateur de l'extérieur jusqu'à l'intérieur.
C'est aussi l'histoire de quatre dominicains qui s'unissent pour réaliser un attentat. Ils n'ont pas le même passé, pas les mêmes raisons mais le même objectif. On entre là chez le peuple dominicain.
Et puis c'est l'histoire d'Urania Cabral qui a vécu cette dictature et qui se décide après tant d'années de silence à se raconter.
Un livre passionnant qui m'a fait découvrir une période de l'histoire et un auteur. J'aime lorsqu'un écrivain s'immisce dans les personnages, c'est le cas.
Vargas Llosa, j'y retournerai c'est certain.
Les éditions
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La fête au Bouc [Texte imprimé], roman Mario Vargas Llosa trad. de l'espagnol, Pérou, par Albert Bensoussan
de Vargas Llosa, Mario Bensoussan, Albert (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070760343 ; 25,40 € ; 31/03/2002 ; 603 p. ; Broché -
La fête au Bouc [Texte imprimé] Mario Vargas Llosa trad. de l'espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan
de Vargas Llosa, Mario Bensoussan, Albert (Traducteur)
Gallimard / Folio
ISBN : 9782072851131 ; EUR 10,80 ; 23/05/2019 ; 592 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Dur !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 23 octobre 2019
Il instaura autour de lui un fort culte de la personnalité, se fit officiellement appeler « Son Excellence le généralissime docteur Rafael Léonidas Trujillo Molina, Honorable Président de la République, Bienfaiteur de la Patrie et Reconstructeur de l'Indépendance Financière », fit construire des milliers de statues à son effigie et rebaptise la capitale du pays Ciudad Trujillo. Il prit possession de plus du tiers des terres du pays et de 80 % des industries. À sa mort, sa fortune fut estimée à 800 millions de dollars, ce qui fait de lui l'un des hommes les plus riches de son époque.
Sa cruauté et celle de ses sbires était légendaire, ses mœurs particulièrement odieuses.
Vargas Llosa signe ici son meilleur texte. Comme ses autres romans, il est long, touffu et dur. Cette fois... très dur.
La structure du texte est assez complexe. L'histoire progresse par séquences.
Que vient donc faire cette jolie avocate américaine plus de 30 ans après les faits ?
Comment fonctionnait l'entourage de Trujillo ?
Peu à peu tout s'explique.
Mon dernier Vargas Llosa car je pense que j'en ai fait le tour, son roman indiscutablement le plus fort. Dur et parfois insoutenable il laisse un lecteur abasourdi et anéanti. Il ne s'oublie pas !
Tuer le bouc pour laver la corruption
Critique de Justine J (, Inscrite le 19 mars 2013, 38 ans) - 5 juin 2013
Une œuvre qui passera les années, les décennies et plus encore, sans prendre une ride parce ce récit, bien qu'il réfère à l'Histoire d'un pays, est certes celui d'un temps, d'un lieu, d'un peuple, mais il est aussi une réflexion sur l'Homme.
En effet, le destin des habitants de Saint-Domingue soumis au dictateur Trujillo est tout à fait exemplaire.
L'ambivalence des rapports à un homme qui détient le pouvoir absolu et agit d'une manière autoritaire en sacrifiant toute liberté individuelle est forte: Trujillo est aussi considéré comme le Bienfaiteur, est le parrain de quantités de nouveaux nés, se révèle un généreux donateur. Et la corruption peut bien régner autour de ce personnage. Toutes les relations sous ce régime sont faussées, teintées de mensonges, le mal s'immisce partout...
De nombreux protagonistes sont dépeints comme souvent chez Vargas Llosa : les portraits sont étonnants, saisissants et suscitent chez le lecteur de véritables passions. Ici, en l'occurrence, le dégoût pour certains personnages est fort.
On passe de chapitre en chapitre de la grande Histoire à la petite dans une alternance subtile qui lie une destinée personnelle à ce grand tout dévorateur, ravageur. C'est l'histoire de la fille du sénateur Cabral, Urania, qui revient dans son pays d'origine qu'elle a quitté, retrouve une famille avec laquelle elle avait rompu, et qui fait ressurgir les souvenirs d'un traumatisme dont on n'aura la révélation qu'à l'extrême fin du roman.
Aussi, par cet entrelacement des récits extrêmement maîtrisé, par la justesse des interrogations que le roman soulève, par cette parole qui n'approche jamais le pathos, qui est toujours rigoureuse, par les jugements sans appel, Mario Vargas Llosa nous offre avec la Fête au Bouc plus que l'histoire d'un pays, un regard sur la nature humaine dans ce qu'elle peut avoir de plus pervers.
Cette fête (l'assassinat du dictateur), finalement, on se met à l'espérer, on veut la célébrer comme une délivrance pour des millions d'hommes, mais elle semble, étrangement, pour beaucoup d'entre eux, laisser un goût amer.
Condamnation ferme d'une dictature ubuesque
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 20 avril 2012
Ici, les arcanes du pouvoir sont décortiquées, et il apparaît dans son jour le plus cynique, le plus sordide et le plus glauque. Le lecteur y est amené à le constater de l'intérieur, au point qu'il se prête à espérer qu'il s'agisse d'un roman fictif, mais il s'agit bien d'un retour sur une réalité, la République dominicaine des années 1960.
Les histoires personnelles se croisent, se mêlent, jusqu'au projet d'attentat, jusqu'au retour de l'avocate, fille en exil d'un pilier du régime, qui ressasse ses souvenirs.
La charge est efficace, et est richement illustrée. L'auteur, péruvien fortement engagé, s'est solidement documenté, pour nous offrir un portrait clinique d'un régime verrouillé mais rouillé, à chaque instant au bord de choir. Un autre Prix Nobel de littérature, sud-américain, Gabriel Garcia Marquez, a pu traiter d'un sujet similaire sur le mode burlesque, dans l'Automne du patriarche.
Ce livre est à recommander pour toutes celles et ceux qui cherchent à connaître le fonctionnement des régimes autoritaires, qui s'intéressent aux fresques historiques ou sont curieux du passé de pays peu connus.
Mort d'un tyran
Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 58 ans) - 27 juin 2011
Quatre heures du matin, un jour de mai 1961. Rafael Trujillo se lève dans son palais de Santo Domingo (Trujillo Ciudad à l’époque). Alors qu’il se lave et s’habille, son esprit est préoccupé par le blocus économique des Etats-Unis et par l’opposition de l’église catholique à son régime…
A la fin de la même journée, sur un boulevard de Santo Domingo, quatre hommes attendent le passage de la voiture de Trujillo pour l’assassiner. Pour tuer le temps, ils se replongent dans leur passé…
A travers ces trois récits superposés, Mario Vargas Llosa décrit avec puissance et maestria un moment clé de l’histoire de la République Dominicaine. Le fonctionnement du régime de Trujillo, archétype de toutes les dictatures sanguinaires, y est disséqué au scalpel.
Mais ce roman est tout autant une nouvelle version de la condition de l’être humain face à son destin et aux soubresauts de l’histoire.
Les thèmes sont riches et variés : la lâcheté, le courage, la condition de la femme, la nostalgie, la liberté, la folie, la tyrannie, le pouvoir, la peur, la manipulation, l’humiliation, la vengeance. Leur subtil assemblage digne de Gabriel Garcia Marquez et d’André Malraux est écrit avec sobriété et élégance par un écrivain au sommet de son art, justement récompensé par le prix Nobel 2010.
A l’époque des révolutions des pays arabes et de l’affaire DSK, « La fête au bouc » reste totalement d’actualité.
Passionnant, fascinant et bouleversant.
Pour mieux comprendre St Domingue
Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 5 janvier 2011
Entre temps Vargas Llosa décrira par le détail la dictature de Trujillo, les conditions de l'exercice du pouvoir, puis la mise en place de l'attentat, sa réalisation, sa répression et le redémarrage de la république sur des bases un peu plus démocratiques. Dans cette partie fort documentée, pas de roman, tous les noms sont réels, les personnages et les situations sont précisément analysés. C'est un document remarquable, précieux pour tous ceux qui s'intéressent à cette partie du monde, en particulier après que Haïti, qui partage l'île avec la République de St Domingue, a fait la une de l'actualité ces derniers mois.
L'attribution du Prix Nobel a remis l'auteur dans l'actualité littéraire ; on ne peut que s'en féliciter
Quand la réalité dépasse la fiction
Critique de Oburoni (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans) - 29 juillet 2010
Rafael Trujillo, le Chef, le Bienfaiteur, le Generalissimo fut un dictateur qui maintint la République Dominicaine sous terreur pendant plus de trente ans, de 1930 à 1961.
Mario Vargas Llosa a le talent immense de revenir sur cette ère, nous la racontant sous les yeux de différents personnages appartenant à différentes époques -contemporains ou trente ans après les faits-, regards qui se superposent comme un mille-feuilles avec la précision d'une horloge et une finesse, spécialement en ce qui concerne la psychologie des héros, remarquable.
On suit le dictateur, ses ministres et sa famille dans leur pompe, le faste et la corruption d'un pouvoir absolu perverti jusque dans une misérable débauche sexuelle. On vit aux côtés des conspirateurs qui ont piloté son assassinat, tout comme on partage les conséquences terribles qui en résultent. On découvre une femme revenant dans son pays après plus de trente ans passés à New-York pour régler des comptes avec un père, ex-homme de main de Trujillo, qui osera commettre l'impensable pour s'attirer les faveurs du Chef. On suit avec agitation les conséquences de l'attentat, découvre les faits comme s'ils nous étaient racontés aujourd'hui même dans la presse ( encore une fois je ne connaissais rien de l'ère Trujillo avant de livre ce live ).
C'est en effet toute une histoire qui redéfile en filigrane sous nos yeux : le massacre de Parsley en 1937 qui verra la mort de plus de 20 000 haïtiens, les relations tendues avec les Etats-Unis, l'invasion ratée par Cuba le 14 juin 1959, la tentative d'assassiner le président vénézuélien Betancourt, la terreur menée par le SIM, cette police politique dont la cruauté culminera avec le meurtre des soeurs dissidentes Mirabal etc... "La Fête au Bouc" est avant tout un roman, on y apprend pourtant énormément.
Je pèse mes mots : un chef-d'oeuvre.
Les rouages de la dictature
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 23 septembre 2006
Les flash-backs multiples ont par contre ralenti ma lecture : j’ai décroché à plusieurs endroits car ce rythme coupé qui passe d’un personnage à l’autre, d’un temps à l’autre me faisait sortir de l’histoire. Mais ceci n’est qu’un détail… que d’autres semblent avoir apprécié…
En tout cas, à conseiller à ceux qui votent extrême-droite…
Vraiment très bon !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 18 avril 2006
Trujillo partage avec Staline une profonde méfiance envers son entourage et joue à faire peur à chacun en permanence. Il joue...
Le livre est parfaitement bien construit avec ses retours fréquents sur images et la montée du suspense. Ce ne sera que dans les dernières lignes que nous connaîtrons le pourquoi des décisions d'Uranita ainsi que le résultat de la tentative de complot contre le Bienfaiteur.
Des scènes de tortures, des plus réalistes, ne nous seront pas épargnées.
Nous pouvons mettre ce livre en parallèle avec "La saga moscovite" d'Axionov et "Le zéro et l'infini" de Koestler, comme certains livres sur Hitler ou Franco (les scènes de tortures détaillées en plus ).
Vraiment à lire car, outre le côté très réaliste et parfaitement documenté, ce livre est passionnant à lire.
Une horreur humaine de plus...
Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 51 ans) - 27 septembre 2004
La réponse est distillée tout au long de ce roman qui nous plonge dans l'enfer de la dictature trujilliste. Le retour d'Urania, fille d'un ancien pilier du pouvoir va raviver le passé. L'auteur nous fait partager les derniers instants du règne du Generalissime Rafael Leonidas Trujillo.
Petit à petit, minute après minute, le lecteur prend conscience de l'horreur de la dictature, de ses aberrations, de ses folies. Les mécanismes machiavéliques du pouvoir sont décortiqués. Le dictateur est mis à nu. Froid et calculateur, Son Excellence manipule, torture, élimine toutes les personnes autour de lui pour s'assurer le pouvoir absolu. Les opposants au régime sont éliminés. L'humain n'a plus de valeur et sa vie est entre les mains du Chef. L'humain est prêt à tout pour plaire au Chef, pour avoir sa place dans son organisation.
Le lecteur suit également les différents itinéraires des membres du complot qui vont éliminer le Bouc. Opposants de la première, anciens fervents trujillistes dépassés par la folie de leur guide, tous ont des raisons de tout sacrifier, d'entraîner tout leur entourage avec eux, pour éliminer Trujillo.
"Il y a au secrétariat un traître ou un incapable. J'espère que c'est un traître. Les incapables sont encore plus nuisibles."
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