Ultramarins de Mariette Navarro

Ultramarins de Mariette Navarro

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Frunny, le 19 septembre 2021 (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 121ème position).
Visites : 1 833 

A la dérive !

Mariette Navarro (1980- ) est une dramaturge et romancière française. Depuis 2016, elle est directrice avec Emmanuel Echivard de la collection Grands Fonds des éditions Cheyne.
"Ultramarins" (2021) est son premier roman.

Une commandante à la tête d'un équipage de 20 marins opère sa nième traversée de l'Atlantique à bord d'une cargo qu'elle connait par coeur, reliant St Nazaire aux Antilles.
Une commandante professionnelle, éperdument amoureuse de son métier, respectée par un équipage qui connait sa rigueur.
Rigueur qui rencontre une faille quand elle accorde une "parenthèse récréative " à l'équipage, l'autorisant à stopper les moteurs, couper les radars et s'accorder une baignade collective au beau milieu de l'océan.
20 marins partis se baigner.... 21 recensés après cette escapade ! Le cargo ne parvient pas à reprendre son allure, une épaisse brume vient obscurcir l'horizon.
Les certitudes de la commandante s'effritent et c'est une dérive collective qui s'amorce.

Un court roman magnétique, envoûtant où la langue, la poésie emportent tout.
On se prend à chercher "l'intrus" sur le cargo, mais la dérive, l'anomalie sont ailleurs.
Je vous invite à découvrir ce magnifique premier roman où l'émotion va croissante, portée par une superbe qualité d'écriture.
Une moment de lecture "hors du temps" !

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C'est pas l'homme qui prend la mer...

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 8 juin 2024

C’est la mer qui prend l’homme.
En l’occurrence, la mer a surtout pris une femme.
Une commandante de cargo qui s’est fait sa place dans ce monde masculin, en reprenant le métier de son père, en gravissant tous les échelons, jusqu’à ce que ses compétences inspirent le respect à tout l’équipage. Équipage qu’elle sait composer, qu’elle sait équilibrer, comme elle sait équilibrer sa cargaison, tracer la route, prévoir, anticiper et surtout écouter le cœur de son bateau.
Pourquoi, lors d’un repas, a-t- elle prononcé ces deux mots : "D’accord" ? Elle ne sait même pas l’expliquer. D’accord pour arrêter le bateau en pleine mer, couper les communications et autoriser tout l’équipage à descendre dans l’eau, en plein océan pour un moment hors du temps, quitter le "monstre d’acie" pour nager au "dessus de profondeurs sombres".
Cette pause marquera le début de phénomènes étranges, inquiétants.

L’autrice d’une écriture aussi linéaire qu’une mer plate, a l’art de faire monter l’angoisse quand tous les repères disparaissent.
Avec un réel talent pour décrire les sensations, les questionnements d’un équipage dépendant et confiant dans une seule personne qui pendant quelques secondes a montré une faille et qui tente de faire face aux événements.
J’ai ressenti la même impression qu’à la lecture de l’Anomalie ; un événement inexplicable qui place les humains et les lecteurs en face d’énigmes que ni les cerveaux les plus affûtés, ni les ordinateurs les plus puissants ne parviennent à expliquer,  provoquant un malaise, un vertige devant l’irrationnel, l’incompréhensible.

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