Dans la main de Bouddha de Chow Ching Lie

Dans la main de Bouddha de Chow Ching Lie

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Darius, le 10 février 2021 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 8 étoiles
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Cruauté de la Chine

Chow Ching Lie est une excellente pianiste qui a émigré en France depuis la Chine. Après son roman « le palanquin des larmes » dans lequel elle raconte sa vie de petite fille mariée de force à 13 ans, nous suivons son aventure française et ses allers-retours en Chine pour y revoir et soutenir sa famille, mais aussi pour y faire du commerce, car la soie chinoise est très appréciée dans les boutiques françaises .

Ce qui m’a frappée dans ce livre, tout comme dans le précédent, c’est la manière cruelle qu’ont les Chinois de traiter leurs animaux et ceci peu importe le régime en place.

Recette de la tortue :
« Il faut pour cela une casserole avec une grille au-dessus de l’eau. On y pose la tortue qui sera cuite lentement à la vapeur. L’animal est maintenu par un couvercle en forme de dôme percé d’un trou central. Quand l’eau commence à bouillir, la tortue, pour respirer, passe la tête par ce trou, et comme elle étouffe, elle ouvre la bouche. On en profite pour lui verser dans la bouche une cuillerée d’une sauce piquante. Ayant avalé involontairement la sauce, la tortue rentre aussitôt la tête et comme elle doit la sortir à nouveau, une nouvelle cuillerée de sauce est versée. Ainsi de suite jusqu’à ce que la tortue ne bouge plus et soit cuite à point en même temps qu’assaisonnée de l’intérieur. »
Sans compter que sous Mao, il fallait faire les chasse aux insectes, aux mouches et aux moustiques qui devaient tous disparaitre..

Mais cette maltraitance d’animaux se retrouve aussi chez les êtres humains, les enfants en particulier:
« Depuis la nuit des temps, les pauvres n’ont guère d’autre distraction que celle du lit. Les paysans n’ont d’autre main d’œuvre que leurs rejetons. Et tous n’ont d’autres solutions pour survivre dans leurs vieux jours que de faire des enfants. De préférence des garçons, car les filles ne comptent pas. Dès lors qu’elles se marient, elles appartiennent à leur belle famille. Elles sont aussi irrécupérables que l’eau renversée.
Or depuis la révolution, la croissance démographique devient inquiétante.. Quatre mots résonnent comme un ordre « un couple, un enfant »
Si par négligence survient un second bébé, une lourde amende est imposée, qui correspond à six mois de salaire d’un cadre. De plus l’enfant n’a pas de papiers d’état civil. Il devient un clandestin. On ne peut même pas l’inscrire à l’école !
Nul ne sait combien de fillettes ont servi à la campagne de nourriture aux cochons, ni combien dans les villes ont été jetées aux ordures. On en retrouve encore vagissantes dans les poubelles, avec parfois quelques malheureux garçonnets atteints d’une malformation plus ou moins grave.. Car pas question d’élever un infirme qu’on ne pourra même pas utiliser pour la mendicité, désormais interdite… »

D’autres supplices chinois vous surprendront dans ce livre :
« Lorsque l’enfant atteint 3 ans, la mère enduit ses orteils d’une mixture corrosive et on les retrousse vers le dessus en les maintenant fortement avec une bande de soie. Le produit brûlait les chairs et ramollissait les os, qui se déformaient de plus en plus et finissaient par se casser au bout de deux semaines d’atroces souffrances qui rendaient les fillettes à demi folles. Dès lors, mutilées, pour la vie, elles apprenaient à marcher à petits pas en faisant porter leur poids sur les talons, ce qui musclait la partie du corps qui donne du plaisir aux hommes »

A la lecture de ce livre rédigé en 2001, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec la pandémie que nous vivons et qui nous vient de Chine et la manière dont les animaux y sont traités et consommés. Ne dit-elle pas ceci « Au reste, les animaux cuits encore vivants ont toujours un goût plus délicat et leur chair est plus tendre »

Une seconde chose qui m’a frappée et qui explique la pandémie actuelle, c’est que la Chine est coutumière des épidémies..
« Une épidémie d’hépatite infectieuse se répand à Shangaï. Elle provoque de tels ravages qu’un orchestre américain, également invité, annule son voyage. La presse occidentale fait état d’une situation de jour en jour plus alarmante. Mon fils et sa femme me supplient de renoncer à mon voyage.. »

J’ai trouvé ces tranches de vie très instructives et passionnantes.Il serait utile que chacun lise les deux livres de cet auteur pour en connaître plus sur les coutumes de ce pays qui nous a transmis cette pandémie qui n’en finit plus… et dont l'Occident ne peut plus se passer puisque nos entreprises ont, pour la plupart, délocalisé leurs productions là-bas...

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