Hernani de Victor Hugo

Hernani de Victor Hugo

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Banco, le 16 août 2004 (Cergy, Inscrit le 6 août 2004, 42 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 451ème position).
Visites : 12 665  (depuis Novembre 2007)

Classique audacieux

Premier manifeste du drame romantique nouveau et scandaleux, Hernani est un drame des plus sombres même quand le grotesque s'empare de la scène.

Saragosse en 1519. Le jeune roi d'Espagne Don Carlos, entré nuitamment chez la belle Doña Sol promise à son oncle dans le projet de la débaucher, surprend son rendez-vous avec son amant, le bandit Hernani qu'il provoque bientôt. Le duel est interrompu par le retour du jaloux et le roi use de tout son pouvoir pour apaiser l'oncle et protéger Hernani. Le roi tente pourtant d'enlever Doña Sol mais en est empêché par le proscrit Hernani, venu la chercher et désireux de tuer le roi par vengeance familiale et rivalité amoureuse. Ce soir-là nul ne peut l'emporter et tous deux partent sans Doña Sol. Le roi fait alors poursuivre Hernani qui trouve refuge chez l'oncle le jour même de son mariage avec Doña Sol. Pour l'honneur, le jaloux est contraint à abandonner Doña Sol au roi pour protéger son hôte qui lui jure de lui livrer sa vie à l'appel du cor s'il consent à le laisser poursuivre le roi. Quatre mois plus tard, Don Carlos surprend le duc jaloux et Hernani dans une conspiration au moment où il devient empereur. Devenu sage, il pardonne aux conjurés et offre même à Hernani, en réalité Jean d'Aragon, la main de Doña Sol. Revenu en Espagne, Jean d'Aragon peut enfin goûter le bonheur lors de ses noces avec Doña Sol. Hélas, le cor sonne et par fidélité à sa parole, Jean doit mourir non sans que Doña Sol choisisse de l'y rejoindre.

C'est avec Hernani que le jeune Hugo donne naissance, sous les lazzis et les insultes des tenants du classicisme furieux de voir la liberté s'inviter au théâtre, au genre nouveau du drame annoncé dans la préface de Cromwell. Car Hernani se veut un manifeste dans la liberté totale de l'artiste, ignorant les règles caduques des anciens. Bien qu'écrit en alexandrins, Hernani adopte une scansion singulière où se multiplient les rejets et les enjambements et où les scènes peuvent finir au milieu d'un vers comme pour une œuvre faite plus pour le pupitre que pour la scène. Le poète ne respecte aucune unité. Ainsi le lieu change à chaque acte, l'action s'étale sur plusieurs mois, l'action rassemble trois pièces en une : la jeunesse de Charles Quint, l'honneur castillan, celui du duc jaloux Don Ruy Gomes de Silva et Trois pour une, la rivalité de trois hommes épris d'une même femme.

Avec Hernani, Hugo donne naissance au drame et l'enfant est sombre et funeste et macabre : le grotesque de la scène d'espionnage du roi caché dans l'armoire débouche sur un duel, l'action se déroule plus de nuit que de jour, parfois dans un palais sinistre ou dans un tombeau, les noces finales y sont une fête sombre venue dissiper l'illusion d'un dénouement heureux. La farce est cruelle, la clémence inutile de Charles Quint d'autant plus terrible qu'Hernani n'est pas destiné à la mort, il peut encore choisir, il désire renoncer à son serment, il n'est pas enchaîné à un destin tragique, il meurt dramatiquement des suites de coïncidences. Le drame rétablit le pouvoir terrifiant des coïncidences et des mauvais choix et en cela, il est terrible car nul ne meurt qu'il n'y est consenti

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La pièce référente du romantisme

9 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 21 janvier 2021

Ah, Hernani ! La fameuse bataille de la première de Hernani, qui a eu lieu le 25 février 1830 ! Bataille littéraire et théâtral entre romantiques et classiques, devenue presque mythique ! J’ai toujours eu la curiosité de le lire et de mieux comprendre ce qui s’est passé. Grâce au dossier explicatif inclus dans l’édition de GF Flammarion dans laquelle j’ai lu la pièce, j’ai compris que Victor Hugo avait créé avec « Hernani » une innovation au théâtre, en incluant dans une tragédie des éléments comiques et prosaïques dans ce qui était censé un drame classique tout ce qu'il y a de plus sérieux dans la lignée d’un Corneille et d’un Racine. C’est aussi là qu’a été défini et fixé ce qu’est le romantisme, amours impossibles, destinée implacable, souffrances et morts, choix cornéliens, sentiments exacerbés… même si ces éléments existaient déjà dans le théâtre avant Hugo. Elle est devenue la pièce référente du romantisme.

À l’époque, cela avait outré les vieux habitués du classicisme et ravi les jeunes avides de nouveautés. D’où la fameuse bataille. Et de fait, le romantisme a fini par s’imposer et devenir plus tard la nouvelle norme qui, encore plus tard, sera combattue comme étant trop classique par de jeunes artistes comme Zola !

Pour en revenir à la pièce elle-même, écrite en vers alexandrins, il y a des passages de toute beauté et l’ensemble est fort plaisant à lire. La fin fait penser à Roméo et Juliette de Shakespeare. Toute l’histoire tourne autour d’une femme, Dona Sol, aimée et désirée par 3 hommes, dont un seul a les faveurs de son cœur, Hernani. Les deux autres sont son oncle, don Ruy Gomez à qui elle est fiancée (l’action se passe chez les nobles d’Espagne en 1519) et don Carlos, roi d’Espagne et futur Charles Quint. Le genre d’histoire et de personnages qui ne peuvent que mal tourner, selon le canon romantique.

Ainsi, « Hernani » est qualifié de chef d’œuvre du théâtre et on doit sûrement en être convaincu quand on le voit jouer sur scène et aussi parce que c’était nouveau pour l’époque. Pour ma part, mon jugement ne porte que sur la version écrite et mon sentiment ne me porte pas à m’extasier devant cette version écrite mais je l’ai bien aimée, j’aime les beaux vers et on prend beaucoup de plaisir à suivre l’intrigue jusqu’au bout.

Trois prétendants pour une seule femme

10 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 5 avril 2020

La doña Sol est courtisée par trois hommes, tous trois bien nés, Don Ruy Gomez, aux soixante ans bien tassés, mûr mais prévenant, Don Carlos, son neveu, jeune et nouveau Roi d'Espagne, prétendant au trône du Saint-Empire romain germanique, et Hernani, noble proscrit vivant en marge, qui attire pourtant la préférence de la fort convoitée et belle jeune femme. Ce dernier menace le monarque, appelé à monter en puissance, et attise la jalousie du barbon. Elu Empereur, Don Carlos, devenu Charles Quint, par sa clémence, offre la main de la promise à son rival, Hernani. Tout semble s'arranger, mais le doyen des prétendants compte toujours exercer sa vengeance contre l'impétrant et jure toujours sa perte. Fidèle à sa promesse, Doña Sol souhaite suivre dans la mort l'homme pour qui elle brûle, si un tel malheur advenait.

Ce drame, mêlant parfois des effets comiques, confirme le goût pour l'emphase et l'inspiration historique de l'auteur, au prix de moult rebondissements et par le soutien d'une fort belle langue. Aussi continué-je à beaucoup apprécier ce traitement qui tient en haleine.

Cette pièce a créé une vive polémique sur sa valeur et sa portée, les tenants des classiques critiquant l'inspiration trop appuyée à ces dernier et une forme de vanité, ce qui semble fort injuste. Cela n'a pas empêché Chateaubriand de donner son aval et au public d'apprécier l'oeuvre, souvent comparée au Cid de Pierre Corneille.
Elle est emphatique et dramatique, c'est sûr. Laissez-vous tenter, au moins pour vous faire votre opinion. Vous ne perdrez pas votre temps avec cette pièce qui se lit fort bien.

Nous somme trois chez vous! C'est trop de deux, madame.

7 étoiles

Critique de Koolasuchus (Laon, Inscrit le 10 décembre 2011, 35 ans) - 3 février 2013

Cette pièce, essentiellement connue pour la fameuse bataille qu'elle a provoquée, reste un classique du romantisme. On sait pertinemment que l'issue sera tragique, on en a parfaitement conscience mais l'on ne peut s'empêcher de pester contre l'ironie cruelle du sort et d'espérer un retournement de situation qui n'aura pas lieu.

Même si Victor Hugo à pris quelques libertés avec l'Histoire on a peu de difficultés à se croire dans cette Renaissance espagnole dans laquelle l'honneur a une place prépondérante dans les mentalités. En effet sans cet honneur castillan rien de tout cela ne serait arrivé, c'est donc un sentiment fort noble, mais quand il mène à la mort est-ce vraiment le cas ou révèle-t-il la bêtise humaine?

La pièce est assez agréable à lire et doit également l'être à voir, cependant on a l'impression que les protagonistes adorent s'écouter parler et nous sortent de longues tirades passionnées, très belles, mais pas toujours facile à appréhender. Il est vrai que c'est du romantisme, qu'aujourd'hui cela parait un peu désuet et que l'on a du mal à voir ce qui était tellement révolutionnaire il y a deux siècles mais il faut essayer de laisser cela de côté pour apprécier vraiment le texte, même si ce n'est pas toujours facile.

Bonne pièce de théâtre

9 étoiles

Critique de Kurenai (, Inscrite le 5 janvier 2011, 29 ans) - 5 janvier 2011

N'aimant pas très spécialement le théâtre, j'admets que celui-là m'a plutôt plu. J'ai bien aimé le dénouement.

Moins classique qu'il en a l'air

7 étoiles

Critique de John (, Inscrit le 2 novembre 2010, 34 ans) - 2 novembre 2010

J'avais envie de lire un livre et je suis tombé sur celui-ci dans la bibliothèque de ma conjointe . M'attendant à lire un livre lu et relu , j'ai apprécié les différents rebondissements du livre qui nous laissent éveillés et curieux . Apportant des connaissances historiques intéressantes , ce livre est plaisant à lire mais je ne crois pas non plus qu'il sera pour vous gage de passion

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