Les Sept morts d'Evelyn Hardcastle de Stuart Turton
(The seven deaths of Evelyn Hardcastle)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Anglophone
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Black Mirror chez Agatha Christie
Un homme se réveille, amnésique, dans un bois, avec pour seul souvenir le prénom d’Anna à l’esprit. Et quand, au fil des heures, il finit par commencer à se repérer dans le château de Blackheath où l’ont invité lord et lady Hardcastle, pour célébrer le retour en Angleterre de leur fille Evelyn, il s’endort et se réveille dans la peau d’un majordome, destiné à revivre la même journée mais d’un autre point de vue. Tel est le point de départ des "Sept morts d’Evelyn Hardcastle". L’homme, dont on finit par apprendre que le prénom est Aiden Bishop, ne cessera de s’endormir et de se réveiller dans des peaux différentes tant qu’il n’aura pas découvert qui va tuer Evelyn Hardcastle à la fin de la journée.
L’idée pourrait être originale si elle n’avait été reprise à la série "Black mirror" (l’épisode "La Chasse" de la saison 2), jusqu’à (attention spoiler pour ceux qui connaissent la série) l’explication finale du pourquoi du comment. Par ailleurs, ce que le format de la série rendait compact et limpide s’avère dans le roman d’une complexité aussi pesante que superflue. Le lecteur passe son temps à effectuer une gymnastique laborieuse pour relier entre eux les faits vécus par les différentes incarnations du personnage afin de reconstituer une certaine logique, mais le jeu n’en vaut pas vraiment la chandelle : de découvertes en retournements de situation dont on se doute qu’ils seront démentis, on finit par se lasser. Surtout dans les dernières pages, quand tout est tiré au clair. "Tout ça pour ça", se dit-on avec l’impression d’avoir affronté beaucoup de complications pour pas grand-chose.
Enfin – et dernière source d’agacement –, cet énième univers anglais entre Agatha Christie et "Downton Abbey", comme si le temps s’était arrêté dans une Angleterre fantasmée du début du XXe siècle, sans plus de vérité qu’un cliché, mais faisant naître toujours autant d’espoir de gains chez des auteurs en mal de vrais sujets.
Bref, on l’aura compris, un livre dont on peut aisément se dispenser.
Les éditions
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Les sept morts d'Evelyn Hardcastle [Texte imprimé] Stuart Turton traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau
de Turton, Stuart Pointeau, Fabrice (Traducteur)
Sonatine Editions
ISBN : 9782355847264 ; 22,00 € ; 16/05/2019 ; 544 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (1)
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8 jours et 8 vies pour trouver l'assassin
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 19 novembre 2020
Je n’ai pas regretté de l’avoir noté et chopé, ni de l’avoir lu. C’est à un récit complexe, un peu bizarre, dans un temps indéfini entre présent, passé et futur, un véritable labyrinthe que nous convie à suivre l’auteur, avec des rebondissements à chaque chapitre ou presque. On a une impression d’étrangeté, de hors-sol au début. Puis on comprend que qu’il s’agit d’un jeu de piste où le postulat de départ est le suivant : un homme doit trouver l’identité de l’assassin d’une femme, Evelyn Hardcastle. Il doit enquêter au milieu d’invités à une fête, conviés dans une grande maison appelée Blackheat par les propriétaires des lieux, les Hardcastle, parents de l’assassinée, en étant chaque jour dans un corps différent et ne dispose que de 8 jours pour cela. Idée originale s’il en est.
C’est une intrigue ultra complexe construite comme un jeu d'échecs à plusieurs joueurs ou une sorte de jeu de rôle grandeur nature. Il faut saluer l'auteur d'avoir réussi à construire un tel dédale de tenants et d'aboutissants sans se tromper. Et pourtant on parvient à s’y repérer sans difficultés tellement le labyrinthe des énigmes est aisé à suivre sans pour autant perdre de sa complexité et ça c'est le vrai tour de force de l'auteur.
Le style est empesé, sans que ce soit une véritable faiblesse. Ce n’est pas gênant mais j’aime bien quand c’est écrit avec élégance. Toutefois ça ne nuit pas au récit, et l’auteur nous fait la grâce de le parsemer d’expressions rigolotes comme « la pluie tape à la fenêtre, demandant qu'on la laisse entrer » ou « la maison toujours enfoncée jusqu'aux genoux dans la soirée d'hier ». Il y a parfois quelques tournures de phrases maladroites ou pas exactement appropriées à la situation décrite, mais c’est peut-être un problème de traduction.
Tout m’a paru cohérent, sans fausse note. Il faut imaginer le plan préparatoire que l'auteur a dû établir pour construire une intrigue de cette sorte sans se perdre ! Il est seulement dommage que la raison donnée pour la présence de XXX à Blackheat soit si peu crédible. N'était-il pas possible d'inventer une autre raison qui ne suscite pas un sentiment d’incrédulité ? Toutefois cela reste mineur et ne touche pas l’architecture de l’ensemble qui est solidement plantée avec une grande ingéniosité.
Une très bonne histoire en définitive, et les 500 pages passent rapidement, même en prenant son temps !
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