Ce qu'il faut de nuit de Laurent Petitmangin
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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roman « social » et familial
« Ce qu'il faut de nuit »
premier roman de Laurent Petitmangin
188 pages
août 2020
éditions la manufacture de livres
Le père élève seul ses deux fils après la mort de son épouse.
Ces trois là s'aiment bien.... Il existe même une forme de complicité dans le cadre de cette culture ouvrière apportée par le père et partagée.
Il y a le foot, les discussions et promenades ainsi qu'un engagement politique à gauche.
Le père n'est pas allé voter Macron, ni madame Le Pen, bien entendu .
Il continue à militer, à coller des affiche du PS auquel il est resté fidèle un peu par habitude.
Tout va pour le meilleur jusqu'au jour où l'aîné des garçons s'engage dans un autre camp, celui d'en face et notamment vers les ultras....
Ce sont les ennemis jurés de la gauche, les fascistes comme le père les appelle !
Un fils dans le camp d'en face (?), c'est une honte et surtout une douleur.
Comment se parler encore !?.
C'est l'engrenage de la violence, non au sein de cette famille où se côtoient l'amour filial et paternel mêlé à l'incompréhension.....
La vie de Fus, le grand fils va basculer sur un rien comme le comprend son père :
« ...toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n'étaient qu'accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués... »
Je m'arrête là quant à la reproduction de la citation pour ne pas vous faire découvrir le nœud du drame et l'issue de cette histoire écrite avec rythme, finesse et sensibilité.
Jean-François Chalot
Les éditions
-
Ce qu'il faut de nuit
de Petitmangin, Laurent
la Manufacture de livres
ISBN : 9782358876797 ; 16,90 € ; 20/08/2020 ; 187 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (6)
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ambiance maussade
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 29 juillet 2022
Ce roman ne respire pas la joie, mais décrit des vies restreintes, mis à part celle de Gillou qui essaie de s’extirper de son milieu sans horizon.
Contrairement aux autres critiques, je n'ai pas été emballée par ce roman, qui ne m'a pas fait rêver.
Père pour le meilleur et pour le pire
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 8 avril 2021
Fus (Frédéric), l’aîné a 22 ans. Gillou, le cadet va passer son bac, poussé par son frère à faire des études à Paris.
Quand arrive l’impensable. Alors que le père est engagé dans la lutte politique depuis toujours, son fils commence à fréquenter des jeunes du Front National, se laissant embrigader, jusqu’à se retrouver impliqué, responsable d’un drame.
Alors, le père se pose des questions. Où a-t-il failli ? Est-il coupable ? Pourquoi son enfant adhère-t-il à des idées, des idéaux, diamétralement opposés aux siens, à ce en quoi il a toujours cru, pour lequel il s’est même battu ?
"Est-ce qu’on est toujours responsable de ce qui nous arrive ? Je ne me posais pas la question pour lui, mais pour moi."
Puis le drame. Impossible retour en arrière. Le père prêt à renier son fils pour moins souffrir. Mais renier son fils, c’est renier tous les moments heureux partagés, ce qui est impossible. "Mais là, c’était mon fils. Tout ce qui lui arrivait m’arrivait."
On suit les joies, les bonheurs, les interrogations, puis la douleur d’un père comme on écouterait les confidences d’un ami ; un ami qui aurait besoin de vider son coeur, de raconter sa vie simple, besoin d’empathie pour qu’on lui dise qu’on le comprend.
Un roman très touchant où la simplicité de l’écriture accentue la proximité entre le lecteur et le narrateur.
Une belle vie...
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 16 février 2021
A la mort de son épouse, un père (le narrateur) se retrouve seul à devoir élever ses 2 fils.
Monteur de câbles à la SNCF, militant socialiste depuis son plus jeune âge -comme nombre d'ouvriers en Lorraine- il se débat pour préserver la famille.
Alors que Gillou se consacre à 100% à ses études et rejoint Paris pour continuer son parcours, Frédéric (Fuss) multiplie les mauvaises fréquentations et se rapproche de militants d'extrême droite.
L'amour d'un père pour son fils, la pudeur mal placée, les messages qui ne passent pas... tout cela empêche la prise de conscience d'un fils qui va commettre l'irréparable.
L'histoire d'amour contrariée entre un père et ses 2 fils.
Un roman où le contexte régional (la Lorraine), social et politique (une terre historiquement socialiste) joue un rôle majeur.
Une oeuvre poignante qui ne manque pas d'interroger quand on est père.
Les non-dits, l'amour aveugle, peuvent-ils être criminels ?
Une écriture au service des sentiments filiaux, un superbe moment de lecture.
Dommage qu'il soit entaché par des raccourcis et des caricatures politiques un peu faciles !
Des valeurs familiales
Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 69 ans) - 27 janvier 2021
C’est une plongée dans la tête du père, qui raconte ses souvenirs, ses convictions et les choix qu’il a fait pour ses fils. Quand son ainé s’écarte des valeurs qu’il lui a transmises, jusqu’à se trouver à l’opposé de ses opinions, le père hésite, ne sait pas. Lorsque l’irréparable est commis par ce fils, il oscille entre le pardon et le désaveu.
Mais cette histoire familiale est avant tout une formidable leçon d’amour, tant le respect entre ces trois là reste immuable.
Même si on relève de la faiblesse dans les décisions paternelles, il faut souligner l’empathie que dégagent ce père et ses enfants, contraints de faire face à la violence du destin.
Livre aux accents sociaux indéniables, il nous plonge dans le quotidien d’une famille ouvrière lorraine, sans pathos et sans excès de style. Les personnages y sont si bien écrits qu’il n’en faudrait pas trop pour presque les toucher.
Au final, c’est eux qui nous touchent et nous font déborder d’émotion
Au bout de la nuit
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 19 novembre 2020
On ne peut s’y tromper quand on a vécu soi-même dans ce coin-là. Dès les premières pages du roman de Laurent Petitmangin, on a le sentiment d’y être, on reconnaît l’accent, les tournures de phrases, les expressions propres à cette région frontalière où se mélangent allègrement un français plus ou moins arrangé et quelques mots d’allemand et où l’on met systématiquement un article devant tous les prénoms (sauf, éventuellement, quand on a affaire à quelqu’un qui n’est pas du pays).
C’est l’histoire d’une famille que raconte Laurent Petitmangin, en la plaçant dans la bouche du père, un homme qui travaille à la SNCF mais qui se passionne d’abord pour le football. Il a deux fils, Gillou et Fus, ou plutôt le Gillou et le Fus, ce dernier étant surnommé ainsi précisément à cause du football (Fußball en allemand). Quant à sa femme, il ne l’appelle pas autrement que la moman, une femme qui, malade d’un cancer, ne quitte pas le lit et, à 44 ans, en fait 20 ou 30 de plus. Le père tient le coup comme il le peut, mais, bientôt, la moman doit être hospitalisée et, après avoir subi 3 ans de maladie, elle meurt.
Elle n’en reste pas moins présente, d’une certaine façon, car, souvent, face à des événements imprévus, le père pense à elle et à ce qu’elle aurait fait ou à ce qu’elle aurait dit en certaines circonstances. Voilà, en effet, le père devant élever seul ses deux garçons et, bientôt, déboussolé, incapable de réagir à bon escient, comme s’il était paralysé. Alors que le Gillou réussit, de son côté, à se faire admettre dans une école à Paris, le Fus, lui, délaisse de plus en plus ses anciens copains pour leur préférer une bande de militants du FN.
Pour le père, c’est pire qu’un séisme. Lui, qui est toujours resté fidèle au PS, voir l’un de ses fils traîner avec des fachos ! On a beau lui dire que, malgré tout, le Fus reste un bon gars, un gars qui n’est pas à une contradiction près (il continue d’écouter les chansons de Jean Ferrat tout en relayant les propos de ses nouveaux potes), le père a honte et, plutôt que d’affronter son fils, se réfugie dans le silence.
Il n’est pas au bout de ses peines, le malheureux ! Car, quand on fait partie d’une bande aussi typée que celle des militants du FN, il peut survenir des rencontres qui dégénèrent en pugilats. Et quand le Fus est tabassé au point d’être hospitalisé, c’est le début d’un engrenage qui conduit à la prison en passant par un assassinat, un premier jugement, puis un jugement en appel. Tous ces événements, terribles, le père, s’il se contente, dans un premier temps, de les subir, parce qu’il est trop sonné pour réagir, dans un deuxième temps, les affronte ou se confronte avec eux, à sa manière. Son regard change, et sur son entourage, et sur son fils incarcéré. Quand il rend visite au père de Krystyna, la petite amie du fus, lui-même militant facho, ce qu’il voit, d’abord, c’est un pauvre type. En fin de compte, se dit le père, tout est affaire de petits riens qu’on ne maîtrise pas. Un petit rien, pas grand-chose, et une vie bascule et le « bon gars » devient taulard.
Ce roman, court, sans chichis, qui prend parfaitement en compte des réalités de ce coin de Meurthe-et-Moselle proche du Luxembourg, de cette région sinistrée, traditionnellement bien ancrée à gauche, mais avec, dorénavant, une forte emprise du FN, ce roman, d’un bout à l’autre, sonne juste, si l’on peut dire. Et, malgré sa brièveté, il induit plus d’une réflexion, plus d’une interrogation. Comment se fait-il que des « bons gars » comme le Fus soient si facilement séduits par la propagande du FN ? Gardons-nous de donner une réponse simpliste.
Vivre encore ......
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 10 novembre 2020
Muré dans le silence, rongé par la honte, le père tente d'évaluer sa part de responsabilité dans le drame causé par la conduite de son fils . Lui a-t-il fourni les bons repères ? Qu'a-t-il fait ou plutôt que n'a t-il pas fait pour l'éviter ?
L'auteur a su trouver le ton juste pour évoquer sans pathos ni misérabiliste, avec les mots simples d'un ouvrier, tout le poids qui pèse sur les épaules d'un homme seul en charge de deux enfants dans une bourgade industrielle en déclin de l'Est de la France. Le lecteur partage l'intimité d'une famille entièrement masculine où il est parfois difficile de gérer le quotidien, où même si l'on manque de mots pour traduire la tendresse, elle se manifeste par des regards ou des gestes.
Chronique familiale sur le mode mineur, tout en émotion contenue, le récit est aussi la chronique sociale d'une région dont la prospérité était autrefois assurée par le travail en usine, désormais touchée par la crise de l'industrie métallurgique, en proie au fatalisme et aux sirènes inquiétantes d'un populisme entraînant haine et violence.
CE QU'IL FAUT DE NUIT : ce beau titre à connotation mystérieuse m'a attirée. Il renvoie au premier vers d'un beau poème de Jules Supervielle qui a pour titre VIVRE ENCORE . Je ne peux m'empêcher de vous en livrer quelques vers tant ils me semblent faire écho à l'état d'âme de ce père désemparé : « Ce qu'il faut d'amour /Au fond du silence / Et l'âme sans gloire / Qui demande à boire, /Le fil de nos jours/ Chaque jour plus mince/ Et le cœur plus sourd/ Les ans qui le pincent »
J'ai été profondément touchée par ce roman sobre, poignant, qui sonne juste et témoigne, comme d'anciens films du néo-réalisme italien, de la grandeur et de la détresse des gens ordinaires .
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Est ce le rôle de l'écrivain de clamer ses idées politiques ? | 11 | Frunny | 18 février 2021 @ 16:01 |