Frunny
avatar 16/02/2021 @ 22:30:03
Je viens de terminer ce roman "social" et.... "politique".
Je rejoins la très grande majorité des lecteurs et confirme qu'il s'agit d'un roman réussi .
Néanmoins, j'ai été dérangé par les positions politiques ouvertement affichées par l'auteur (même s'il s'en défend).
On se fiche bien qu'il soit "de Gauche"... et nous savons tous que c'est un affichage obligatoire quand on espère pourvoir mener une carrière artistique.
Hypocrisie... quand tu nous tiens !

Cyclo
avatar 17/02/2021 @ 10:21:10
Victor Hugo n'a jamais caché ses opinions politiques, royaliste d'abord, puis républicain, opposant à l'Empire... "Les châtiment", "L'Année terrible" regorgent de poèmes clairement politiques, sans parler des pamphlets et "les Misérables" est un grand roman politique et social.
Il est vrai que ça peut être gênant dans un roman si on sent l'auteur plus que les personnages...

Feint

avatar 17/02/2021 @ 10:57:55
Victor Hugo n'a jamais caché ses opinions politiques, royaliste d'abord, puis républicain, opposant à l'Empire...
Allant jusqu'à prendre la défense des Communards (et mériter pour cela de violents reproches du jeune Zola, qui évoluera par la suite). C'était l'époque où l'on devenait de gauche avec l'âge. Maintenant on a Finkielkraut...
Cela dit, c'est toujours intéressant de lire des opinions opposées aux siennes. Intéressant et même indispensable en démocratie.
Mais c'est vrai aussi que ça peut plomber un livre, même si on partage les idées qui y sont défendues (pour moi, par exemple, la Peste).

Radetsky
avatar 17/02/2021 @ 11:01:01
"L'Art pour l'Art", c'est bien beau, mais c'est bien creux et c'est surtout suprèmement hypocrite. Dire que la littérature n'a que faire de "la" politique, tout en souhaitant évacuer le politique de la vie, est une pauvre ruse pour quiconque espère trouver un petit coin d'univers rassurant, simple à comprendre, dépourvu de poil à gratter ou de motif d'inquiétude.
La naissance et la vie sont des tragédies, dues au fait que les êtres humains n'ont jamais su vivre en société sans violence organisée.
On ne peut pas cacher cette évidence sous le tapis rassurant de l'apolitisme, selon les canons d'une certaine "littérature" qui est la caricature d'elle-même, puisqu'en voulant dissimuler les rouages intimes d'une société, quelle qu'elle soit, elle montre du même coup ses fondements, ses ressorts et le simple fait qu'elle existe sous le masque du mensonge...la pub et le spectacle du monde donné par les media ,en sont la patine.


Eric Eliès
avatar 17/02/2021 @ 11:48:06
@Frunny : je pense que ta question trouve plus facilement sa réponse dans la formulation inverse : Est-ce le devoir de l'écrivain (ou de l'artiste en général) de cacher ses idées politiques ? Personnellement, je pense que non et que rien ne justifie une telle exigence qui s'apparenterait à de l'autocensure : la littérature a le droit (je dis le droit, pas le devoir : chaque auteur est libre de s'assumer) d'être engagée, voire militante.

Martin1

avatar 17/02/2021 @ 11:59:06
à Feint : oui, lire des livres d'opinions opposées aux siennes, c'est fondamental.
On peut se sentir extrêmement éloigné d'un auteur du point de vue des convictions, et en même temps extrêmement proche dans son attitude vis-à-vis de la société.
Moi j'ai ressenti cela avec Jens Peter Jacobsen, c'était à en pleurer tellement j'avais l'impression d'avoir trouvé un frère. Encore aujourd'hui, je le place à mille lieues au-dessus des meilleurs auteurs chrétiens que je connaisse, il est d'une certaine manière, mon auteur favori (quoique signifie cette expression).

Les livres influencent les idées politiques... et donc l'auteur ne peut se permettre d'exprimer trop ouvertement son manifeste. Ils nous influencent lorsqu'ils nous font observer ce que notre esprit identifie, à tort ou à raison, comme une vérité fondamentale, sur les rapports humains, sur les mécanismes psychiques, sur l'histoire, etc. Sitôt cette vérité identifiée, nous nous débattons pour l'intégrer dans notre pensée sans offenser les postulats que nous défendions jusqu'ici.

D'ailleurs les engagements politiques créent parfois des blocages chez les lecteurs. C'est particulièrement clair pour la littérature de la droite-collabo (Brasillach, Drieu La Rochelle, et j'en passe), sur laquelle, il me semble, les lecteurs eux-mêmes sympathisants de droite ont établi une sorte de monopole.

Tiens, je m'étais juré de lire Lucien Rebatet, tant on m'a fait des louanges (des louanges interminables, et qui m'ont paru dignes de foi, pour ce que j'en sais). Pourtant je ne sais pas ce qui me retient d'ouvrir le livre. La détestation absolue et sans appel dont cet auteur fait l'objet chez la gauche, l'influence discrète et sournoise qu'il a pu exercer sur toute une partie de la droite nationaliste encore aujourd'hui, l'ambition démesurée de son oeuvre, tout cela me fait un peu peur. Qu'il soit un grand écrivain, je l'accepte volontiers. Mais j'ai l'impression qu'en se lançant dans la lecture des "Deux Etendards" on inscrit son nom sur une liste, quelque part, en bas d'un parchemin que je ne suis pas sûr d'avoir bien identifié. Il y a ceux qui ont lu Rebatet, et qui sont DEFINITIVEMENT de droite, et même de la droite de la droite, irrécupérables en quelque sorte, et ceux qui ne l'ont pas lu, qui ne le sont que partiellement ou pas du tout^^ Alors même que ce livre n'aborde que des sujets qui n'ont rien de scandaleux et certainement intéressants (amour, religion, musique, pas de quoi se terrer!), c'est assez amusant. Je le lirai sûrement un jour, mais pas aujourd'hui.

Marvic

avatar 17/02/2021 @ 12:25:41
Pour en revenir au roman que j'ai lu mais pas encore critiqué.
Le personnage principal est un communiste engagé comme l'étaient (le sont ?) de nombreux ouvriers.
Mon grand-père, cheminot, a été communiste toute sa vie, et nous avions le droit au "Temps des cerises" à chaque fin de repas de famille.
Pour moi, le sujet central est la confrontation des idées auxquelles on croit, avec celles diamétralement opposées du fils.
Quant à l'engagement personnel de l'auteur...
"Voyage au bout de la nuit" est un de mes livres préférés, mais pas vraiment son auteur.

Frunny
avatar 17/02/2021 @ 15:52:08
@Frunny : je pense que ta question trouve plus facilement sa réponse dans la formulation inverse : Est-ce le devoir de l'écrivain (ou de l'artiste en général) de cacher ses idées politiques ? Personnellement, je pense que non et que rien ne justifie une telle exigence qui s'apparenterait à de l'autocensure : la littérature a le droit (je dis le droit, pas le devoir : chaque auteur est libre de s'assumer) d'être engagée, voire militante.


Je suis en partie d’accord avec ça.
Cependant, dans ce roman, l’auteur met dans le même panier la délinquance des fachos d’extreme droite et le FN de Marine.
Ce raccourci est médiocre. Bien évidemment ses amis communistes ont des comportements irréprochables et les mouvements d’extreme gauche sont non violents.
Les skinheads et autres fachos sévissaient en Lorraine bien avant la montée du FN.
Mais pour faire ce constat il faut être impartial, ce qui ne semble pas le cas dans ce roman.

Blue Cat

avatar 17/02/2021 @ 17:31:07
@Martin1
Lu 'Les décombres' de Rebatet. C'est très bien écrit. Il me semble qu'en littérature, il faut savoir faire le distingo entre le style et les idées politiques de l'auteur. La littérature reste un art avant tout. Sinon, qui lirait encore Céline ? C'est un auteur majeur de la littérature française, au style magistral.


@Funny
Ce qui peut me gêner chez un auteur, c'est qu'il n'assume pas ses idées politiques, pourtant clairement exprimées dans son oeuvre. Je vise Makine, en particulier. Il n'assume pas en public son gros penchant pour Poutine et pour la droite identitaire en France.

Saint Jean-Baptiste 17/02/2021 @ 18:35:01

Tiens, je m'étais juré de lire Lucien Rebatet, tant on m'a fait des louanges (des louanges interminables, et qui m'ont paru dignes de foi, pour ce que j'en sais).
Un livre de Rebatet a fait l’objet d’une belle critique de Jefopera suivi d’une grande discussion sur la musique en politique.
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/21610
mais je crois que tous les livres de cet auteur ont été critiqués sur le site.

Hamilcar

avatar 18/02/2021 @ 16:01:34
Un livre dont le thème traite de convictions et de valeurs politiques perdrait de sa force si son auteur se défendait d'en avoir. On peut ne pas apprécier les charges gratuites de l'écrivain. L'auteur devrait contenir son émotion pour que seules celles de ses personnages soient audibles. Mais il lui faut aussi la crédibilité, une certaine fusion avec le contenu de son œuvre. Admettons que pour un premier ouvrage, l'auteur peut aussi ne pas retenir toutes ses convictions. Un trop plein d'investissement peut-être, mais surtout pas de l'hypocrisie.

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