Un été avec Baudelaire de Antoine Compagnon

Un été avec Baudelaire de Antoine Compagnon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Alceste, le 2 septembre 2020 (Liège, Inscrit le 20 février 2015, 64 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 760ème position).
Visites : 5 534 

Baudelaire ne déçoit jamais

D’emblée, Antoine Compagnon le reconnaît : il est moins aisé de passer un été avec Baudelaire qu’avec Montaigne, son précédent sujet d’étude. Baudelaire offre des aspérités qui l’empêchent de « cocher les bonnes cases » de nos valeurs en vogue. Il déteste le rire, le suffrage universel, la philanthropie, la photographie, la presse, le progrès en général, et ne parlons pas de sa misogynie ou de son refus de l’émotion facile. On est loin de l’idéologie du « sympa ».
Comment rendre donc cette compagnie agréable ? Tout naturellement en lisant et en écoutant Baudelaire. C’est donc ce que fait Antoine Compagnon qui multiplie les citations, thème par thème, et qui les commente, rentrant ainsi au cœur de la sensibilité du poète. Et cela nous donne droit à quelques pensées roboratives telle que :
« Etre un homme utile m’a toujours paru quelque chose de bien hideux. » Ou :
« Par le suffrage universel, l’homme cherche la vérité dans le nombre comme dans un miroir. » Ou encore :
« Paris, tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ».
Amusant d’apprendre qu’il a fait acte de candidature à l’Académie française.
Comme souvent, Proust est de ceux qui ont fait les observations les plus fines sur Baudelaire : « Rien n’est si baudelairien que Phèdre, rien n’est si digne de Racine que les Fleurs du mal. » Plus loin, Il saisit bien le côté torturé de Baudelaire, quasi janséniste, adepte d’une « théologie désolée. ». Selon Anatole France, « Baudelaire n’est pas le poète du vice ; c’est le poète du péché, ce qui est bien différent. »
Proust encore comprend bien le tragique qui imprègne toute la vie de Baudelaire : « Dans sa dureté, dans les souffrances qu’il raille, qu’il présente avec cette impassibilité, on sent qu’il les a ressenties jusqu’au fond de ses nerfs. » A mettre en rapport avec ce vers singulier :
« Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs. »
Peu de vers d’anthologie, en somme, mais bien des lignes qui mériteraient d’y figurer.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Eloge d'un dandy provocateur

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 14 septembre 2025

L'élégance et la provocation ont étayé l'oeuvre de Baudelaire, sombre et forte, empreinte d'une attraction pour les vertiges crépusculaires, comme pour certains plaisirs. Il déconcerte, voire choque, notamment par sa perception des femmes ; mais il demeure incontestablement novateur, son style tenant de Racine et de la presse de son époque, comme l'a noté Paul Valéry.. Comme le note l'auteur de cet ouvrage, le tempérament de l'artiste tient plus de l'automne que de l'été, ce qui n'enlève rien à l'intérêt qu'il présente. Son style, ses passions, ses provocations, une forme de brio, d'emphase et d'élégance méritent une synthèse pour faire le tri et se forger une idée précise du poète. Cet ouvrage le permet et incite à la réflexion au sujet de cet artiste.

Forums: Un été avec Baudelaire

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Un été avec Baudelaire".