Le Solitaire de Eugène Ionesco
Le Solitaire de Eugène Ionesco
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
Critiqué par Nelibelul, le 24 juillet 2004
(TOURS, Inscrite le 19 juillet 2004, 55 ans)
Critiqué par Nelibelul, le 24 juillet 2004
(TOURS, Inscrite le 19 juillet 2004, 55 ans)
La note :
Moyenne des notes : (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : (24 557ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 5 833 (depuis Novembre 2007)
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un chef d'oeuvre à mon goût
La tristesse de la solitude, l'évitement du dehors, le repli sur soi...
et pourtant... quel humour et quel espoir de vie en lisant ce livre.
mon livre fétiche.
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Les éditions
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Le Solitaire [Texte imprimé] Eugène Ionesco
de Ionesco, Eugène
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070368273 ; 6,90 € ; 06/07/1976 ; 207 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Un roman sur la solitude métaphysique d'un homme en quête d'absolu
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 3 janvier 2013
Les deux critiques précédentes sont trop laconiques sur le texte et ne donnent pas réellement une juste image de l'intérêt de ce roman assez particulier, qui commence en satire sociale désabusée (nota : Houellebecq cite souvent ce livre parmi ses romans favoris) et s'achève, après une espèce de farce science-fictionnesque (Paris ravagée par une guerre civile absurde, que l'auteur traverse en se calfeutrant chez lui tout en tentant de préserver ses habitudes), en oeuvre mystique où le narrateur reçoit la visitation du signe qu'il avait attendu toute sa vie (ce passage rappelle d'ailleurs la scène d'effacement du mur dans la pièce "la soif et la faim").
Le récit est une sorte de monologue intérieur à la 1ère personne, entrecoupé de dialogues, par un narrateur âgé de 35 ans environ. Ayant reçu un héritage (décès d’un oncle d’Amérique), il décide de quitter son travail d’employé de bureau et quitte son modeste studio pour un appartement en proche banlieue parisienne. Il aménage avec soin son appartement, dont il apprécie l'ensoleillement et la position géographique qui lui donne le sentiment d’être à la fois en ville et à la campagne. En fait, le narrateur est un homme velléitaire, qui rêve d'absolu et, ne le trouvant pas dans la vie quotidienne, considère que les choses ne valent pas la peine d'être faites. Ainsi, il ne tient pas sa promesse de revoir ses anciens collègues de travail. Son seul vrai plaisir est dans l'alcool, qu'il consomme excessivement, et dans les repas au restaurant (toujours la même place dans le même restaurant).
Les gens du quartier (la concierge, etc.) se méfient un peu de cet homme asocial et solitaire, qui se pose des questions métaphysiques sur le sens de sa vie, sur la vacuité de la société et sur le néant sur lequel toutes les choses humaines sont bâties. Comme la "Vérité" est inaccessible, l'ignorance est absolue : nous ne savons rien du sens et de la nature du cosmos. Les gens se posent des questions à l’adolescence puis s’accommodent de leur ignorance, mais le narrateur ne cesse de ressasser son angoisse métaphysique, qui génère un ennui existentiel car toutes les choses humaines, faites et vécues, sont vaines et absurdes si leur sens réel reste caché. Le narrateur fait des expériences "d’ailleurs", en cherchant à devenir simple témoin du spectacle du monde. Les hommes, jusqu’à leurs paroles et leurs actes quotidiens, lui deviennent alors étrangers et incompréhensibles. Pourtant, il pressent qu’un état de grâce est possible (qu’il y a une fontaine qui irrigue la création divine, même si celle-ci est cachée) puisqu’il y a des bons moments dans la vie, dont on prend conscience par les regrets que leur perte ou que le souvenir suscite (ex : le café du matin, sa vie au bureau et les repas avec les collègues).
Le narrateur expose son sentiment de la vie lors d'un long entretien téléphonique avec un étudiant en philo, qui lui dit que ses questions sont celles que tout homme se pose un jour (elles remplissent les livres) mais qu’il doit soigner par la chimiothérapie son état obsessionnel. Pour le narrateur, l’étudiant a une approche « culturelle » du problème alors qu’il s’agit pour lui d’un problème existentiel. Néanmoins, le narrateur rompra temporairement sa solitude avec la serveuse du restaurant dans lequel il prend ses repas, intriguée et peu à peu séduite par sa bizarrerie et sa fragilité. Mais elle le quittera rapidement, ne pouvant de vivre avec un "neurasthénique" dont elle a vainement espéré pouvoir changer le caractère.
Le narrateur lit également le journal : il s’inquiète des mauvaises nouvelles en même temps qu’il apprécie ces signes de vie. Le quartier commence à être agité par des signes précurseurs de guerre civile (barricades, émeutes, hommes armées, cadavres ensanglantés, etc.), qui éclate peu après. Les fondements idéologiques sont tournés en dérision par Ionesco (qui s'inspire de Mai 68) : il imagine une guerre entre 2 factions du même bord politique, l’une soutenue par les Lapons l’autre par les Turcs. Le narrateur culpabilise un peu d’être pris pour un bourgeois. Ionesco multiplie les évènements tragi-comiques et cruels (on meurt beaucoup...), qui sont en même temps peu rationnels et permettent de s’interroger sur la santé mentale du narrateur (récit objectif d'un témoin ou récit fantasmé d'un fou ?). Le narrateur vit en reclus dans son appartement, grâce à un stock de vivres constitué avec l’aide de sa concierge. Après la guerre, il constate qu'il est l’un des derniers habitants du quartier.
Peu après, un matin, en ouvrant ses volets, il voit un arbre qui a poussé sur le tas des détritus accumulés dans la cour. Cet arbre n’est qu’une vision mais a pourtant une réalité tangible (le narrateur cueille trois fleurs qui subsistent après la disparition de la vision). Il reçoit alors le signe qu’il attendait depuis si longtemps : les portes de son armoire s’ouvrent sur une image merveilleuse du paradis.
Le récit est une sorte de monologue intérieur à la 1ère personne, entrecoupé de dialogues, par un narrateur âgé de 35 ans environ. Ayant reçu un héritage (décès d’un oncle d’Amérique), il décide de quitter son travail d’employé de bureau et quitte son modeste studio pour un appartement en proche banlieue parisienne. Il aménage avec soin son appartement, dont il apprécie l'ensoleillement et la position géographique qui lui donne le sentiment d’être à la fois en ville et à la campagne. En fait, le narrateur est un homme velléitaire, qui rêve d'absolu et, ne le trouvant pas dans la vie quotidienne, considère que les choses ne valent pas la peine d'être faites. Ainsi, il ne tient pas sa promesse de revoir ses anciens collègues de travail. Son seul vrai plaisir est dans l'alcool, qu'il consomme excessivement, et dans les repas au restaurant (toujours la même place dans le même restaurant).
Les gens du quartier (la concierge, etc.) se méfient un peu de cet homme asocial et solitaire, qui se pose des questions métaphysiques sur le sens de sa vie, sur la vacuité de la société et sur le néant sur lequel toutes les choses humaines sont bâties. Comme la "Vérité" est inaccessible, l'ignorance est absolue : nous ne savons rien du sens et de la nature du cosmos. Les gens se posent des questions à l’adolescence puis s’accommodent de leur ignorance, mais le narrateur ne cesse de ressasser son angoisse métaphysique, qui génère un ennui existentiel car toutes les choses humaines, faites et vécues, sont vaines et absurdes si leur sens réel reste caché. Le narrateur fait des expériences "d’ailleurs", en cherchant à devenir simple témoin du spectacle du monde. Les hommes, jusqu’à leurs paroles et leurs actes quotidiens, lui deviennent alors étrangers et incompréhensibles. Pourtant, il pressent qu’un état de grâce est possible (qu’il y a une fontaine qui irrigue la création divine, même si celle-ci est cachée) puisqu’il y a des bons moments dans la vie, dont on prend conscience par les regrets que leur perte ou que le souvenir suscite (ex : le café du matin, sa vie au bureau et les repas avec les collègues).
Le narrateur expose son sentiment de la vie lors d'un long entretien téléphonique avec un étudiant en philo, qui lui dit que ses questions sont celles que tout homme se pose un jour (elles remplissent les livres) mais qu’il doit soigner par la chimiothérapie son état obsessionnel. Pour le narrateur, l’étudiant a une approche « culturelle » du problème alors qu’il s’agit pour lui d’un problème existentiel. Néanmoins, le narrateur rompra temporairement sa solitude avec la serveuse du restaurant dans lequel il prend ses repas, intriguée et peu à peu séduite par sa bizarrerie et sa fragilité. Mais elle le quittera rapidement, ne pouvant de vivre avec un "neurasthénique" dont elle a vainement espéré pouvoir changer le caractère.
Le narrateur lit également le journal : il s’inquiète des mauvaises nouvelles en même temps qu’il apprécie ces signes de vie. Le quartier commence à être agité par des signes précurseurs de guerre civile (barricades, émeutes, hommes armées, cadavres ensanglantés, etc.), qui éclate peu après. Les fondements idéologiques sont tournés en dérision par Ionesco (qui s'inspire de Mai 68) : il imagine une guerre entre 2 factions du même bord politique, l’une soutenue par les Lapons l’autre par les Turcs. Le narrateur culpabilise un peu d’être pris pour un bourgeois. Ionesco multiplie les évènements tragi-comiques et cruels (on meurt beaucoup...), qui sont en même temps peu rationnels et permettent de s’interroger sur la santé mentale du narrateur (récit objectif d'un témoin ou récit fantasmé d'un fou ?). Le narrateur vit en reclus dans son appartement, grâce à un stock de vivres constitué avec l’aide de sa concierge. Après la guerre, il constate qu'il est l’un des derniers habitants du quartier.
Peu après, un matin, en ouvrant ses volets, il voit un arbre qui a poussé sur le tas des détritus accumulés dans la cour. Cet arbre n’est qu’une vision mais a pourtant une réalité tangible (le narrateur cueille trois fleurs qui subsistent après la disparition de la vision). Il reçoit alors le signe qu’il attendait depuis si longtemps : les portes de son armoire s’ouvrent sur une image merveilleuse du paradis.
intéressant.... mais en effet un peu ennuyeux
Critique de Plum01 (Lyon, Inscrit le 30 août 2004, 36 ans) - 26 mars 2005
J'ai été surpris en découvrant ce livre. Il est vrai que nous tombons sur un résumé plutôt alléchant et puis il faut reconnaître que Ionesco n'est pas n'importe qui. Le protagoniste est bizarre mais je dirais pas foncièrement mauvais. Comme le nom de l'oeuvre l'indique, c'est un solitaire, ne manquons pas de préciser aussi alcoolique mais pacifique. Il se passionne pour les serveuses du restaurant dont il est habitué et s'évite à toute violence pourtant présente de la part des habitants à un moment dans le livre. Ce qui me pousse à ne pas mettre plus d'étoiles, c'est qu'à la fin, j'ai quand même trouvé ce livre vers la fin un peu ennuyeux ce qui gâche un peu le plaisir. Seulement, le principe est de montrer qu'un homme s'ennuie mais je persiste à penser que nous le comprenons dès le début. Bref, à découvrir mais pour mon compte, c'est un livre intéressant de par son thème particulier mais sans plus...
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Correction sur la catégorisation | 6 | Eric Eliès | 6 janvier 2013 @ 22:21 |