La panthère des neiges de Sylvain Tesson
Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures
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À l'affût de la beauté
« On ne blesse pas un songe avec des bavardages. » Cette formule offre à elle seule un condensé de l’ouvrage qui lui sert d’écrin, le dernier à avoir jailli de la plume de Sylvain Tesson. Dans La panthère des neiges, publié chez Gallimard, l’écrivain pérégrinant nous livre un récit sublime de son initiation à l’art de l’affût, cette philosophie du « sans doute rien, jamais », sur les plateaux tibétains. Invité par le grand photographe Vincent Munier à aller traquer avec lui et deux acolytes ce félin magnifique, il s’est rendu dans les contreforts de l’Himalaya, là où l’encre gèle, le thé est servi avec du beurre et les loups chantent, pour tenter de dérober à l’« esprit des neiges » l’image de sa toison d’or et de bronze. L’argonaute crapahuteur renoue ici avec sa vocation première, celle de géographe, peignant avec la justesse du scientifique des paysages de montagne que viennent peupler chèvres bleues, yacks et faucons, hantés par la potentielle apparition de la déesse panthère. Poétique réflexion sur l’attente et le passage du temps, manifeste de la beauté du monde sauvage, savante méditation sur l’espoir, c’est un puissant antidote à la vanité du « tout, tout de suite » que nous livre ici Sylvain Tesson.
Les éditions
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La panthère des neiges
de Tesson, Sylvain
Gallimard
ISBN : 9782072822322 ; EUR 18,00 ; 10/10/2019 ; 176 p. ; Broché -
La panthère des neiges [Texte imprimé] Sylvain Tesson
de Tesson, Sylvain
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782072936494 ; 8,10 € ; 12/08/2021 ; 192 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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A défaut de licorne, sus à la panthère des neiges
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 10 décembre 2022
Mais Vincent Munier, cinéaste animalier, veut capturer son image, et s’en donne les moyens. Une nouvelle expédition sur les hauts plateaux tibétains est montée, avec Marie, Théo et donc Sylvain Tesson. Un Sylvain Tesson qui a subi 5 ans auparavant un terrible accident en voulant escalader la façade d’une maison, qui s’en remet toujours un peu plus (cf son ouvrage « Sur les chemins noirs ») mais qui a conservé des séquelles, au point de ne pouvoir assumer une part normale de portage pendant les phases de progression et d’observation au Tibet.
Mais il n’est pas là pour porter. Son accident, paradoxalement, l’a fait évoluer vers une approche des choses moins … « terre à terre », moins sportive, et davantage philosophique. Il est devenu un penseur qui marche alors qu’il était plutôt un marcheur qui pense. Le fait d’être passé tout près d’une terrible catastrophe pour son intégrité physique lui procure un recul qu’il n’avait peut-être pas avant et qui évoque davantage qu’avant – avant son accident – Nicolas Bouvier, une référence absolue en la matière.
Alors oui, il va nous relater les détails de l’expédition, nous conter le froid, l’attente , l’attente dans le froid, particulièrement ingrate, mais il va dériver régulièrement vers des considérations plus philosophiques ou, au moins sociétales. La réflexion est toujours intéressante et amène, de la part du lecteur, beaucoup de questionnements.
La bête est un joyau serti dans la couronne. Dût le diadème se laver de sang. La morale n’est pas invitée dans ces ordonnancements, ni la cruauté dans les dévorations. La morale était cette invention de l’homme qui avait quelque chose à se reprocher. La vie ressemblait à une partie de mikado et l’homme s’avérait brutal pour ce jeu délicat. Il avait débarqué avec une violence pas toujours nécessaire à la survie de sa race et par surcroît, sortant des cadres légaux par lui-même institués. »
Au bout de cette lecture il y a la relation d’une expédition en milieu hostile, en elle-même un petit exploit. Il y a aussi beaucoup de considérations humanistes d’un Sylvain Tesson qui prend de la hauteur. Et pas qu’au sens propre.
Eloge de la patience
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 12 avril 2022
La première chose qu’il apprendra de Munier, c’est la patience : "l’insaisissabilité des bêtes et de cette vertu suprême : la patience".
Des heures d’attente, d’attention extrême qui susciteront de nombreuses réflexions et comparaisons entre l’espèce humaine qui s’arroge la planète, et les espèces animales respectueuses des autres espèces et de leurs milieux.
On peut ne pas être d’accord avec sa vision magnifiée du règne animal, contrairement à l’espèce humaine qui se croit maître du monde alors qu’elle ne fait que le détruire.
Comme on peut débattre de sa conception de l’éducation quand il admire les trois enfants " à huit ans, ces mômes avaient la notion de la liberté, de l’autonomie et des responsabilités... Ils n’avaient pas de conseiller d’orientation, ils savaient courir la montagne… Ils échappaient à l’infamie de nos enfances européennes : la pédagogie, qui ôte aux enfants la gaieté."
Mais l’écriture de Sylvain Tesson est toujours superbe. Son sens des mots, des phrases, qu’il faut prendre le temps de déguster par petites gorgées, quelquefois de noter.
Pour moi, Sylvain Tesson comme Philippe Delerm, fait partie de ces écrivains qui incitent à faire une pause, nous engageant à nous arrêter pour regarder, entendre, réfléchir, se souvenir.
Profiter de l’instant.
Philosophie et poésie
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 23 mars 2022
J’ai déjà eu le grand plaisir de lire les récits merveilleux de Sylvain Tesson. Je l’ai vu en vrai lors d’une de ses conférences à Liège. J’apprécie son écriture emplie de poésie, son humilité. C’est un tout grand de la littérature française.
Extraits :
- Chez les bêtes, on voisine, on se supporte mais on ne copine pas. Ne pas tout mélanger : bonne solution pour la vie de groupe.
- L’homme est la gueule de bois de Dieu.
- Le cheminot défend le cheminot. L’homme se préoccupe de l’homme. L’humanisme est un syndicalisme comme un autre.
- Les bêtes appartenaient aux origines dont la biologie nous avait éloignés. Notre humanité leur avait déclaré une guerre totale. L’éradication était presque finie. Nous n’avions rien à leur dire, elles se retiraient. Nous avions triomphé et bientôt, nous autres humains, nous serions seuls à nous demander comment nous avions pu faire le ménage aussi vite.
La quête d’un monde perdu et une ode à la patience
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 24 mai 2021
Sylvain Tesson accompagne son ami Vincent Munier au Tibet à la recherche de cet animal mystérieux et énigmatique qu’est la panthère des neiges. N’aurait-elle pas disparu, chassée par l’homme et s’étant réfugiée aux confins de territoires hostiles et glacés ?
C’est l’occasion pour l’écrivain et poète de mettre en musique une aventure visuelle, mais aussi se livrer à des pensées et des comparaisons historiques et philosophiques.
Ceux qui n’auraient pas aimé ce livre n’auraient-ils pas compris qu’il est une merveilleuse allégorie ?
Certes le vocabulaire de ce récit est parfois un peu pompeux, mais son prix Renaudot 2019 ne m’a nullement semblé usurpé.
Un voyage au Tibet
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 21 novembre 2020
Pas bon
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 14 août 2020
Le sujet, les lieux ont tout pour nous passionner et il n'y a rien.
Évidemment, cette traque est surtout faite d'attente et de patience, mais au delà de cela, ce que Tesson nous dit de ses camarades, du bivouac est tellement attendu et creux! Nous pouvons lire des choses différentes, mais là non, c'est une duperie, un objet commercial pas de la littérature.
Récit initiatique
Critique de Lolo6666 (, Inscrit le 20 août 2009, 51 ans) - 27 février 2020
Je m'attendais à un récit plus aventureux. Or, plus qu'une expédition, Sylvain tesson décrit ici une expérience. Un voyage initiatique à la découverte d'un milieu encore sauvage, où immensité, splendeur et générosité de la nature sont exacerbées par un objectif ultime : apercevoir l'Once des hauts plateaux tibétains.
Sa progression au sein de ces paysages suscite des réflexions et des questionnements liés aux interactions homme/nature. Plus une introspection où l'auteur tente de comprendre certaines de ses faillites personnelles.
Tout cela ferait de ce roman une histoire unique où la magie du récit atteindrait son apogée lorsqu'au bout des jumelles on aperçoit enfin le joli minois tacheté, si longtemps espéré, si intensément imaginé.
J'ai parcouru ce roman comme une évidence. Comme une pierre inutile de plus à l'ascension irrésistible d'un cairn qui finira fatalement par s'effondrer sur nous tant la panthère des neiges, certes plus sensationnelle et racoleuse, n'est malgré tout que l'un des nombreux et tristes représentants d'une liste UICN ne cessant de grandir.
La forme est belle. Le fond est connu. A quand le prix Renaudot pour l'Agrion bleuissant ou la Crevette cavernicole ?
En quête
Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 4 février 2020
TIBET
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 2 décembre 2019
Il suffit de lire « La panthère des neiges » !
Magnifique récit de son voyage au Tibet avec Munier, Marie et Théo.
A lire absolument !
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Film animalier | 2 | Frunny | 3 août 2023 @ 19:37 |