L'amour du faux de Réal Lessard
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
Visites : 3 539
L’AMOUR DU (VRAI...) FAUX !
Après la lecture de la biographie que M. Roger PEYREFITTE consacra à M. Fernand LEGROS: «Tableaux de chasse ou la vie extraordinaire de Fernand Legros» (ici sur CL: https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/55097), j’ai voulu en quelque sorte «rétablir la vérité», en lisant l’autre pendant de la même histoire, à savoir «L’amour du faux» du canadien Réal LESSARD, qui est celui qui réalisa la quasi-totalité des faux tableaux que M. LEGROS vendit dans le monde entier… Comme authentiques, bien sûr!
Tout a commencé par une rencontre. Le 7 avril 1958 sur une plage de Miami en Floride un jeune canadien de 18 ans, Réal LESSARD rencontre Fernand LEGROS alors français (il obtiendra bien plus tard la nationalité américaine par mariage), âgé de 27 ans. Entre les deux c’est le coup de foudre immédiat et la naissance d’une passion homosexuelle qui – avec des hauts et des bas -, durera huit ans…
Une banale histoire d’amour? Oui, si ce n’est que Réal aime peindre. Mieux que ça, il est même extrêmement doué! Il a surtout une capacité incroyable à «peindre à la manière de» (ce qui, rappelons-le, n’est pas un délit, cela le devient seulement si on appose la signature du peintre que l’on imite sur le tableau), à se glisser dans la peau, à imiter les gestes, les couleurs, les habitudes, le coup de pinceau du peintre qu'il plagie… Un talent que son «mentor», ami et amant saura exploiter… À sa façon!
En effet, Réal qui rêve de devenir un grand peintre, de connaître un grand destin, et passe son temps à créer, attend que LEGROS lui organise une exposition. Il ne sait pas (encore) que celui-ci est aussi un génie… Mais de l’escroquerie! Il ne pense lui qu’à "l’exploiter". A coup de subterfuges et de fausses excuses, il vend les fausses toiles, - entre-temps signées du nom de l’artiste par un troisième comparse et certifiées comme vraies, par des experts plus ou moins complaisants ou les veuves des Maîtres -, à de riches collectionneurs américains peu regardants sur la provenance des tableaux…
Tous les artistes «y passent», des plus prestigieux, au plus modestes : Pablo PICASSO, Kees Van DONGEN, André DERAIN, Raoul DUFY, Amedeo MODIGLIANI, Henri MATISSE, Maurice De VLAMINCK, Georges BRAQUE, Marc CHAGALL, Othon FRIESZ, Albert MARQUET, Maurice UTRILLO, Fernand LÉGER, André DUNOYER De SEGONZAC…
Le livre de Réal LESSARD, se lit comme un roman, un roman d’aventure ou d’espionnage c’est selon… C’est bien écrit, réaliste, cohérent. C’est facile à lire, et les pages se tournent sans vraiment que l’on s’en aperçoive!
Ça manque parfois un peu d’honnêteté et on sent bien que parfois l’auteur s’est «retenu» pour ne pas en dire plus, pour ne pas aller au fond des choses et de sa pensée… On sent aussi qu’il minimise son propre rôle, on a par exemple du mal à admettre qu’il est devenu faussaire «à l’insu de son plein gré»!...
Qu’il ait été manipulé sans vergogne par LEGROS c’est un fait, qu’il tombe encore, et encore dans ce piège, des années après avoir découvert le «pot aux roses» là, j’ai comme qui dirait un doute! Il faut aussi dire qu’au moment où il écrit ce livre, soit 27 ans après les faits, tous les autres protagonistes de cette histoire sont morts, et donc ne sont plus là pour raconter leur version des faits et pour se défendre.
Par contre je le trouve qu’il manque singulièrement de modestie quand il se compare aux plus grands peintres, et va même jusqu’à dire que ses faux «a la manière de», sont plus beaux que les originaux de ceux-ci!...
A la fin de la lecture, un doute subsiste LEGROS-LESSARD duo maléfique? Ou pas?...
Les éditions
-
L'amour du faux
de Lessard, Réal
Hachette / Le Livre de Poche
ISBN : 9782253048541 ; EUR 5,00 ; 31/08/1992 ; Poche -
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Forums: L'amour du faux
Il n'y a pas encore de discussion autour de "L'amour du faux".