Liège à la France de Maurice Des Ombiaux

Liège à la France de Maurice Des Ombiaux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Critiqué par Alceste, le 4 juillet 2018 (Liège, Inscrit le 20 février 2015, 63 ans)
La note : 10 étoiles
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Quand les Liégeois font leur Révolution

La fin du XVIII ème siècle a été très agitée en Principauté de Liège : entre 1789 et 1795, elle a connu trois révolutions et deux restaurations, qui ont débouché sur l'annexion pure et simple à la République française. Il y a donc une complexité dans le déroulement des événements que Maurice des Ombiaux, spirituel conteur, contourne en campant, à côté des grandes figures historiques de l’époque, quelques personnages imaginés, truculents et pittoresques à souhait, qui vont conduire le lecteur dans le dédale des faits . Ainsi, D’Elcott, un brave chanoine, Midouche, un professeur chafouin, Marinette, une piquante soubrette ou Athime, le sculpteur, vont servir de fil conducteur à travers la grande histoire où se sont illustrés Nicolas Bassenge, le tribun, mais aussi Velbrück, Hoensbroeck, Mean, les Princes-Evêques successifs. Mais l’intention est didactique, et à la manière d’un docu-fiction, le roman instruit le lecteur sur cette période méconnue, y compris par de nombreux Liégeois, tout en le ravissant par des tableaux hauts en couleurs des quartiers de Liège et de ses habitants.

Comme le titre le suggère, l’influence de la France est déterminante. Bien sûr, l’attraction de la Révolution française est irrésistible, mais inversement, Mirabeau de passage chez nous ne peut que s’émerveiller des institutions liégeoises du passé, exprimant l’espoir que la France s’inspire d’un tel exemple. Lors de la restauration du pouvoir épiscopal, Bassenge s’écrie : « Je retourne en France, car que je préfère périr par elle que vivre sans elle. Pour Léonard Defrance - le bien nommé-, Liège n’appartient au Saint-Empire romain germanique que par un accident de l’histoire et reste un « rameau toujours verdoyant de la souche gauloise. » Moyennant quoi Liège fut privée de sa cathédrale séculaire…

Maurice des Ombiaux, plume trop oubliée, aime parsemer son récit de réflexions et maximes qui prouvent qu’il tient son sujet à distance et qui lui donnent tout son sel :
« Il est parfois plus sûr de régner sur un cœur que sur un royaume. »
« Sans humeur et sans honneur », tels sont les ingrédients dont se compose la recette donnée par Henri Estienne pour devenir un parfait courtisan. »
« Les remèdes aux maladies gouvernementales arrivent toujours trop tard, on venait d’en faire l’expérience à Paris. La prophylaxie est fort rarement employée, la thérapeutique souvent négligée, voire méprisée, et l’on attend presque toujours jusqu’au moment où il n’y a plus que la chirurgie qui peut avoir raison du mal. »
« Partout les plus nobles causes ont leurs parasites. Liège ne pouvait échapper au sort commun à toutes les révolutions parce qu’elles remuent trop de lies. »

Et c’est sur une belle page mélancolique que s’achève le récit, lorsque le sculpteur Athime erre sur la place laissée vide par la cathédrale Saint-Lambert détruite, et entre en communication avec les fantômes de ceux qui en firent la gloire, et qui, comme des âmes en peine, évoquent le glorieux passé en demandant des comptes à l’ancien révolutionnaire. Celui-ci ne peut qu’exprimer des regrets.

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