Fuki-no-tô de Aki Shimazaki

Fuki-no-tô de Aki Shimazaki

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 6 juin 2018 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 860ème position).
Visites : 3 323 

Tape sur les bambous

Quand la Montréalaise Aki Shimazaki traite directement en français d’un sujet tabou il n’y a pas si longtemps, elle ne sort pas l’artillerie lourde. Ce n’est pas l’aspect juteux du sujet qui l’intéresse. Elle analyse plutôt avec respect les sentiments de ceux qui vivent la différence, en l’occurrence deux amies japonaises qui se découvrent un amour mutuel.

Quand ses personnages marchent à pas feutrés dans leur jardin secret, c’est tout un questionnement qui s’impose. Quis ego sum ? Suis-je vraiment ce que je suis ? Atsuko, la femme de Mitsuo, fait le tour de son univers sans bulldozer le territoire qu’elle veut investiguer. Elle procède avec délicatesse comme pour son bosquet de bambous qu’elle veut protéger de l’état sauvage. La métaphore tombe à point. L’héroïne a quitté la ville avec son mari et ses deux enfants pour se consacrer à l’agriculture sur la ferme héritée de son père. Mitsuo a quitté son emploi de journaliste et son amante pour suivre sa femme. Pour la région qu’il habite maintenant, il a fondé l’Azami, un journal consacré aux nouvelles locales. La vie s’annonce belle d’autant plus que ce qu’ils ont entrepris s’avère fructueux.

Ce bonheur durement conquis est soumis à un élément déclencheur d’une tempête existentielle. La perturbation n’arrive pas en coup de vent. Elle s’insinue sournoisement dans le quotidien d’Atsuko. En quête d’une employée pour l’aider sur sa ferme maraîchère, elle éprouve un vif choc quand elle reçoit la candidature de Fukiko, une compagne d’études au lycée. En fait, c’était une amitié particulière qu’elles ont vécu à l’époque. Elles échangeaient leurs états d’âme dans un journal intime commun.

C’est la source première qui a fait battre leur cœur à l’unisson. Se retrouver après vingt ans est suffisant pour attiser les braises. Et elles flamboieront de nouveau lors d’un voyage en amies à l’Île de Sado au large de la mer du Japon. Comment se dénouera cet amour que chacune assume ?

L’auteure a évité les éléments superfétatoires pour ne s’attacher qu’au réveil d’un amour homosexuel, qui dévoile avec discrétion l’âme féminine. Comment s’articulent en fait les sentiments de celles qui aiment, peu importe leur orientation sexuelle ? C’est une introspection fort réussie, qui s’appuie sur des faits et gestes concrets posés dans un décor nippon bien souligné. Aki Shimazaki ne ratiocine pas. Elle évoque tout simplement la complexité de l’âme humaine en général. Pour pigmenter son roman de saveur exotique, elle l’a intitulé Fuki-no-tô. Son héroïne en fait le commerce. Cette plante pousse partout au Québec au printemps. C’est le pétasite qui produit des fleurs blanches que l’on voit dans les sous-bois. Le Bambou aurait été un titre plus judicieux.

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Les livres liés

  L'ombre du chardon

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femmes

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 28 janvier 2023

Aki Shimazaki, dans l’avant-dernier tome de sa série "L’ombre du charbon", aborde un sujet difficile, celui des amours mal assorties, un domaine où le déni prévaut sur l’acceptation difficile de la réalité. Atsuko s’est installée à la campagne pour réaliser son rêve de devenir fermière, en compagnie de son mari, rédacteur d’une revue d’histoire locale, et de leurs deux enfants. À la faveur d’une annonce pour recruter une personne capable de l’aider elle retrouve par hasard son ancienne amie Fukiko, amitié qui va très vite se transformer en un amour partagé et longtemps différé. La fin, ouverte, laisse le lecteur partagé entre le souhait de voir les protagonistes accepter (ou braver) leur destin et le présage d’un drame possible. Avec sa sensibilité coutumière, Aki Shimazaki se garde bien de juger ses personnages mais ne cache rien des contradictions au cœur du sentiment amoureux.

Toujours sous le charme ce cette auteure

10 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 15 août 2018

Bonjour les lecteurs ….
C'est toujours avec un réel plaisir que je me plonge dans les petits livres d'Aki Shimazaki!
Atsuko, mariée et mère de deux enfants, exploite une petite ferme bio.
Victime de son succès, elle embauche une jeune femme pour l'aider.
Il s'avère que celle-ci est une amie d'enfance.
Les souvenirs resurgissent, les confidences suivent.
Très bon livre sur la sensualité, la sexualité et les choix qui s'imposent dans la vie
Difficile d'en dire plus sans révéler le contenu de ce court roman ( 140p).
Il fait partie du cycle " l'ombre du chardon", qui contient déjà 3 opus , mais peut très bien se lire indépendamment des autres opus.
Que dire qui n'a déjà été dit sur Aki Shimazaki? sinon qu'elle nous envoûte avec son écriture fluide et épurée.
Cette romancière, avec son écriture tout en retenue, nous enchante à chaque printemps.
Je ne me lasse pas de ces petits moments de plaisir qu'elle nous distille goutte à goutte.
Si vous ne connaissez pas Aki, empressez-vous de la rajouter à votre Pal.

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