Eclairs lointains - Percée à Stalingrad de Heinrich Gerlach

Eclairs lointains - Percée à Stalingrad de Heinrich Gerlach

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques , Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Homo.Libris, le 28 avril 2018 (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 670ème position).
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Qui sème le vent ...

Six novembre mille neuf cent quarante-deux, la Sixième Armée de la Wehrmacht, commandée par le Général von Paulus, est aux portes de Stalingrad. Le rude hiver russe approche. Les Soviétiques résistent et lancent plusieurs contre-offensives qui leur permettent d'encercler les Allemands dans le "chaudron" de Stalingrad. Le siège dure plusieurs mois et finit par la capitulation de von Paulus.
Heinrich Gerlach, à l'époque jeune officier d'état-major de cette Sixième Armée, romance cet épisode à partir de ses souvenirs et de son expérience, complétés de témoignages de camarades. Tout au long de son récit, il suit deux personnages principaux, le lieutenant Bernhard Breuer, officier d'état-major, et son chauffeur Ralf Lakosh, auxquels il accroche des personnages satellites. Tous sont inspirés d'hommes qu'il a croisés pendant ce terrible événement.
Ce roman a été écrit par l'auteur pendant sa captivité en Sibérie. Il a été libéré en mille neuf cent cinquante. Mais son manuscrit est resté confisqué par les Soviétiques. Il a été exhumé récemment par un historien allemand, lors de l'ouverture des archives russes après l'effondrement de l'URSS. Les conditions d'écriture expliquent sans doute la certaine complaisance pour les Soviétiques !?
Gerlach excelle dans la description de la détérioration de l'organisation de l'armée allemande, dans les hésitations du commandement, dans la folie du Haut-Commandement Nazi. Il témoigne des souffrances des soldats de la Wehrmacht, de leur état d'esprit, de leurs sentiments vis-à-vis du régime nazi, sentiments parfois contradictoires, souvent émis à demi-mot. Il témoigne aussi de leur immense courage.
Bien écrit, bien traduit, ce livre peut être lu comme un énième roman de guerre, mais il est beaucoup plus que cela : c'est un témoignage de première main sur cet événement vu du côté allemand.

P.S. : la lecture de la postface n'est pas indispensable. Elle commence par une autocongratulation du chercheur qui a trouvé le manuscrit dans les archives russes. Les lecteurs intéressés par la découverte du manuscrit pourront commencer la lecture de l'annexe au chapitre V ; ceux intéressés par la genèse du roman, plus quelques explications supplémentaires sur Gerlach et ses conditions de vie pendant les événements de Stalingrad, pourront commencer au chapitre VII.

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NKFD

9 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 2 mai 2018

"Les conditions d'écriture expliquent sans doute la certaine complaisance pour les Soviétiques !?" nous dit Homo Libris... En voici en partie les raisons.

Heinrich Gerlach, blessé et capturé à Stalingrad par les Soviétiques fin janvier 1943, quelques jours avant la capitulation de Von Paulus, faisait partie d'un mouvement anti-nazi qui regroupait des officiers allemands captifs, le NKFD (Comité National pour une Allemagne Libre - je vous l'épargne en Allemand). Ce mouvement publiait avec l'aval des autorités soviétiques des articles de propagande incitant (sans grand succès) les soldats de la Wehrmacht à se rendre. Il a donc bénéficié d'un traitement de faveur de la part de ses geôliers jusqu'en 1949. Remis en prison, il propose ses services aux services secrets et c'est d'ailleurs de cette façon qu'il a pu rentrer à Berlin en 1950 et profiter de ça pour repasser à l'Ouest à la première occasion !
Sur un peu plus de 200.000 prisonniers allemands capturés à Stalingrad, environ 10.000 seulement rentreront en Allemagne les derniers en ... 1956.

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