L'essence du mal de Luca D'Andrea

L'essence du mal de Luca D'Andrea
(La sostanza del male)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Homo.Libris, le 25 janvier 2018 (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans)
La note : 6 étoiles
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Enquête montagnarde

2014. Haut-Adige/Sud Tyrol, enclave austro-germanique en Italie du nord. Jeremiah Salinger, américain, scénariste de TV, découvre cette région grâce à Annelise, son épouse, originaire d'un petit village montagnard où le couple s'est installé avec leur jeune enfant, Clara. Jeremiah Salinger et Mike McMellan, son associé, réalisateur, entreprennent le tournage d'un documentaire sur le secours alpin des Dolomites. Au cours d'une sortie en hélicoptère, Salinger se trouve isolé et blessé dans une crevasse après le crash de l'appareil dans lequel toute l'équipe de secours trouve la mort. Traumatisé, Salinger arrête tout et se recroqueville sur lui-même dans l'isolement du petit village de montagne. Durant sa convalescence, il surprend une conversation sur un massacre horrible, dans lequel un jeune homme, sa jeune compagne, et le frère adolescent de celle-ci, tous enfants du village, trouvèrent une mort affreuse, trente ans plus tôt. L'imagination de l'écrivain s'échauffe, il commence à s'intéresser de près à ce crime jamais résolu. Son intérêt tourne vite à l'obsession, au point de mettre en péril sa santé mentale et son couple. Sa jeune femme et son beau-père essaient de tempérer sa quête obsessionnelle. D'autant que, dans un petit village où le moindre fait et geste est épié et colporté, qu'un étranger se mêle des affaires du coin est mal vu. Tous ne voient pas d'un bon œil la résurgence de cette histoire affreuse dans un site en pleine expansion touristique. De plus, l'enquête de Salinger fait renaître de veilles rancœurs.
Pas facile de résumer ce roman tellement il a de substance. Ce n'est pas vraiment un pavé (450 pages en format broché), mais il est très dense, foisonnant de fausses pistes, de coupables possibles, de rebondissements.
"L'essence du mal" est plutôt bien écrit (et traduit, malgré de nombreux anglicismes qui auraient pourtant pu être évités, des équivalents français existant – à moins que ces anglicismes viennent de la VO, ce qui serait très dommage !). (Malgré cela,) Luca D'Andrea s'en tire bien, avec précision et efficacité. L'intrigue est solide et documentée. En utilisant ses connaissances, consolidée par une imagination fertile, l'auteur a su planter le décor de son roman dans une région au fort caractère, dure, sauvage, isolée, vivante, et riche d'Histoire et d'histoires. Ses habitants sont à la hauteur, rudes, taiseux, aux mentalités ancrées dans un lointain passé. Le tout distille une atmosphère maléfique et lourde dans laquelle s'étiolent des vies perdues, s'évaporent des destins brisés, se perdent des montagnards embués dans des relents d'alcool lourds et capiteux. Chercher l'auteur d'un triple meurtre violent et sanglant, commis trente ans auparavant, est une fumeuse gageure qui captive le lecteur de bout en bout.

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