Lépante de Jean-Yves Delitte (Scénario), Federico Nardo (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Shelton, le 13 octobre 2017 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 806ème position).
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Excellente BD dans une très bonne collection !

En 1946, Louis de Saint Quentin racontait aux enfants l’histoire de la marine française avec des dessins d’André Mathiot. Ces mêmes auteurs avaient d’ailleurs raconté l’histoire de France. Leurs livres sont aujourd’hui presque introuvables et à l’époque on les offrait comme récompense aux meilleures élèves de primaire…

On a oublié ces auteurs depuis bien longtemps et certains ouvrages qu’ils avaient produits ont servi la propagande nationale du maréchal Pétain. Faut-il pour autant oublier les aventures navales vécues par nos ancêtres ? On oublie bien souvent que la France fut – est encore un peu d’ailleurs – un Empire colonial et que les mers étaient le chemin qui reliait la Métropole à ces terres lointaines, les outremers !

Vous vous demandez où je veux vous emmener… Vous vous dites que je suis frappé par un relent nationaliste ou chauvin… Qui sait, je vais peut-être même vous demander de vous engager dans la Marine nationale, la Royale comme disent encore certains… Non, rien de tout cela, juste pointer du doigt une collection de bandes dessinées qui permet de prendre conscience de l’importance de certaines grandes batailles navales… Pas pour exalter la guerre, car, disons-le clairement, une guerre sur mer tue autant qu’une guerre sur terre… Pas pour chanter cocorico car cette collection s’intéresse – et donc tente de vous intéresser – à toutes les batailles navales même quand la France n’y était pas !

Pour réaliser cette collection, on a d’abord un partenariat – mot très à la mode – entre les éditions Glénat – une référence dans le monde des bulles – et le Musée national de la Marine. Le pivot central de la collection est Jean-Yves Delitte, un auteur de bandes dessinées qui est aussi – surtout diront certains – Peintre officiel de la Marine et membre Titulaire de l’Académie des Arts & Sciences de la Mer…

Jean-Yves Delitte est d’une façon générale le scénariste des albums et il en dessine quelques-uns – par exemple Jutland – ce qui fait de lui un directeur de collection et un auteur… Les premiers albums parus montrent parfaitement la volonté de ne pas se laisser enfermer dans l’histoire franco-française… Trafalgar, Jutland, Chesapeake, Tsushima, Lépante… En plus, avouons que beaucoup de ces batailles ne sont pas trop étudiées à l’école… Non ?

Chaque album va donner les clefs de la bataille et donc il ne s’agit pas de montrer uniquement des planches de bataille avec des bateaux s’abordant, se détruisant ou arrivant à s’en sortir… Non, beaucoup plus complexe et complet et comme il s’agit de bande dessinée, on va s’attacher à des personnages et les suivre au cours de cette bataille… A ce titre, Lépante est un magnifique album de bédé…

Mais qui connait cette bataille qui fut – il est bon de s’en souvenir – la dernière grande bataille de l’histoire au nom de la Croisade. Là encore, il ne faut pas se laisser abuser par les mots et les actes. Le pape Pie V, on le voit dans cet album, n’est pas seulement celui qui prie pour les combattant comme on peut le voir sur une mosaïque dans la basilique de Fourvière mais il est celui qui manipule tout le monde pour que cette bataille puisse avoir lieu et il en espère beaucoup et, malheureusement, pas seulement des fruits spirituels…

Enfin, pour les Chalonnais, c’est l’occasion de rappeler que les 5 et 6 décembre, au théâtre du Port Nord, une pièce de théâtre, Tableau d’une exécution, de Howard Barker et avec une mise en scène de Claudia Stavisky, nous donnera l’occasion d’entendre reparler encore de cette bataille de Lépante…

Au fait, pour les méticuleux et amateurs de précision, la bataille de Lépante eut lieu le 7 octobre 1571, dans le golfe de Patras, au large des côtes grecques. Ce ne fut pas une partie de plaisir et on pense aujourd’hui qu’il y eut ce jour près de 30000 morts !

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Repousser le Turc

8 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 27 juillet 2021

A l’issue de la prise de Famagouste sur l’île de Chypre, alors possession vénitienne, les envahisseurs turcs excédés par la résistance des défenseurs se livrent à un grand massacre qui donne au pape Pie V une occasion rêvée pour rassembler la chrétienté et repousser les menaces d’invasions de l’Europe par le Turc. C’est ainsi que Vénitiens, Espagnols, Savoyards, Ordre de Malte assemblent une grande flotte de galères et de galéasses pour tenter de brider l’ambition de Sélim II. Les deux flottes vont s’affronter au large de la Grèce et la Sainte Ligue, du nom que les Chrétiens ont affublé leur armada, vont écraser les galères de la Sublime Porte.
J’ai beaucoup apprécié cet album qui s’inscrit dans la très bonne collection des Grandes batailles navales par Glénat. Le parti-pris de Delitte, scénariste de cet album (…et Peintre de la Marine) de placer le lecteur à la hauteur des protagonistes de cet affrontement historiquement très important mais largement ignoré des Français (et pour cause, la France ne participera pas à la Sainte Ligue, prolongeant la politique des Valois de maintien des bonnes relations avec les Ottomans, politique initiée par François Ier) est très judicieux.
J’ai en effet particulièrement aimé suivre la condition de la chiourme, les rameurs prisonniers des turcs, vivant un véritable enfer sur les bancs de nage des bateaux ottomans (le sort des turcs prisonniers n’étant guère plus enviable je présume…). Le destin de Cervantès et de ses deux compagnons ressemblant furieusement à don Quichotte et à Sancho, l’un appartenant à l’ordre de Malte, l’autre étant vénitien est également très bien mis en scène, les passages humoristiques rythment le récit de façon agréable, les personnages se mettant dans des situations assez burlesques à la manière de ceux de Cervantès dans le Don Quichotte… c’est assez bien trouvé.
Pour ceux qui aimeraient creuser un peu le sujet et comprendre le déroulé de la bataille de Lépante, je conseille la lecture du livre La Bataille de Lépante, d’Henri Pigaillem chez Economica (édition revue en 2017)

Naupaktos

9 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 13 octobre 2017

Miguel de Cervantès, l'auteur de Don Quichotte, combattait avec les troupes espagnoles à Lépante et il y perdit l'usage de sa main gauche... d'où son surnom de "Manchot de Lépante". On peut encore admirer aujourd'hui une statue de Cervantès ( sous les traits de Don Quichotte) à Naupacte (Naupaktos) qui est le nom grec de Lépante.

La coalition chrétienne opposée aux Turcs rassemblait la République de Venise, L'Espagne, le Duché de Savoie, la République de Gênes, les États Pontificaux et les Chevaliers de l'Ordre de Malte. Le Roi de France, approché par le Pape V instigateur de cette "croisade", avait refusé de participer... la France, bien que soi-disant "fille aînée de l’Église" était alliée à l'Empire Ottoman ! Suite à cette victoire, des milliers d'esclaves chrétiens furent libérés (entre 10 et 15000).

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  Décès de Federico Nardo 2 Patman 10 juin 2021 @ 13:07

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