La promenade des délices de Mercedes Deambrosis
Catégorie(s) : Littérature => Nouvelles , Littérature => Francophone
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Mémoires espagnoles
Ces nouvelles sont remarquables ! Mercedes Deambrosis a la plume assassine, elle en veut à son pays d'avoir basculé dans le sang et l'horreur. La faute à qui?.. Pour guérir de cette honte, Mercedes écrit huit nouvelles tranchantes et implacables. Elle écrit la guerre et ces gens ordinaires qui basculent meurtriers, bourreaux ou victimes. Sur un sujet aussi grave, le ton de l'auteur reste léger. A prendre avec du recul. Mais l'heure est solennelle. Telle l'héroïne qui conclut ce recueil dans "Mes plus belles années" : "Parfois on se demandait, nous les femmes, quand cela va-t-il finir? Les hommes, eux, étaient trop occupés à tuer pour penser. On tirait sur les fascistes, sur les Maures, sur les Allemands, puis sur les communistes, les anarchistes de la CNT, à nouveau sur les fascistes, les civils, par erreur peut-être. Il n'y avait plus de civils. Il y avait des femmes armées, des enfants armés, des vieillards armés, tout le monde tuait tout le monde. Fallait juste obéir, entendre un ordre, un bruit, une insulte et se mettre à tirer. A tuer."
Radical règlement de compte avec l'Histoire de son pays, "La promenade des délices" nous entraîne vers une balade qui n'épargne personne. Elle nous parle d'histoires simples, d'histoires tragiques, d'histoires avec un grand H. C'est écrit sans pathos. Et c'est très bien.
Les éditions
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La promenade des délices [Texte imprimé], nouvelles Mercedes Deambrosis
de Deambrosis, Mercedes
Buchet-Chastel / buchet/chastel
ISBN : 9782283019498 ; 12,15 € ; 14/01/2004 ; 120 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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La promenade des atrocités
Critique de Leroymarko (Toronto, Inscrit le 19 septembre 2008, 51 ans) - 21 mai 2010
Mercedes Deambrosis utilise un ton tranchant. Son écriture va droit au but. Chaque nouvelle sert à illustrer le ridicule de la guerre et l’horreur de la situation. Le nombre d’exécutions sommaires ne se compte plus. Ces gens ordinaires, ces voisins, ces parents qui deviennent bouchers du jour au lendemain. Tout ça nous invite à se poser la question : dans quel camp me serais-je rangé ou quel voisin ou soi-disant ennemi aurais-je dénoncé, à tort ou à raison?
Extrait : « Parfois, on se demandait, nous les femmes, quand cela va-t-il finir? Les hommes, eux, étaient trop occupés à tuer pour penser. On tirait sur les fascistes, sur les Maures, sur les Allemands, puis sur les communistes, les anarchistes de la CNT, à nouveau sur les fascistes, les civils, par erreur peut-être. Il n’y avait plus de civils. Il y avait des femmes armées, des enfants armés, des vieillards armés, tout le monde tuait tout le monde. Fallait juste obéir, entendre un ordre, un bruit, une insulte et se mettre à tirer. À tuer ». (p. 126)
Guerre d'Espagne
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 23 juin 2006
Il y a de la matière. Il y a une manière adaptée, directe on l’a dit. Le titre est empreint d’une ironie désabusée. C’est le titre d’une des nouvelles, très belle. A défaut de délices, ça parle plutôt de cela :
« Des hommes, une dizaine, deux ou trois femmes, tous ligotés les mains dans le dos attendaient près du camion. Beaucoup pleuraient. Don Luis regardait autour de lui avec curiosité, peut être à la recherche d’un dernier papillon.
Les miliciens les poussèrent devant eux, sur les ordures. Ils formèrent deux haies serrées, leurs mains brandissaient des bâtons, longs et épais.
Une femme cria. Son cri fut repris par un homme, mais il était jeune.
Une voix grave hurla :
- A paseo ! Cojones ! A paseo !
Un fusil dans le dos, les prisonniers commencèrent à avancer, puis à courir entre les hommes qui les frappaient sans joie, le visage grave. »
C’est dans le ton des nouvelles. Graves et exorcisantes.
Hommage aux combattants espagnols
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 6 mai 2004
Marquée par ces notions et l'histoire contemporaine espagnole, Mercedes Deambrosis a décidé de se venger avec une arme pacifique mais tranchante : la plume et les mots. A travers ce recueil de nouvelles, elle retrace l'Espagne et ses visages, les larmes et le sang, l'amour et la haine, la mort aussi, les Phalanges, la survie...
Ensemble de nouvelles d'une grande intensité, "La Promenade des Délices" peut surprendre par la violence du ton, il y a du ressentiment là-derrière. De la rancoeur face à cette guerre civile qui a opposé des amis, des voisins, des frères, qui a vu Franco s'emparer de la république. Et comment, lorsque la guerre prendra fin, les ennemis d'hier pourraient redevenir les amis d'aujourd'hui ? Trop de sang et de crimes sur les doigts.
C'est sans doute pour cela que Mercedes Deambrosis a habillé ses pages de douleur et de désillusion et affirme clairement son soutien aux défenseurs de la république.
Ces textes sont beaux et nobles, ils inspirent le respect pour cette femme et pour tous ceux qui se sont battus pour une grande cause.
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