Vivre pour la raconter de Gabriel García Márquez, Annie Morvan

Vivre pour la raconter de Gabriel García Márquez, Annie Morvan
( Vivir para contarla)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Jules, le 3 mai 2004 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 282ème position).
Visites : 6 482  (depuis Novembre 2007)

Une vie bien remplie !

Ce volume des mémoires de Garcia Marquez nous est annoncé comme le premier d’une série de trois.

Un ouvrage vaste, qui dépasse largement la personnalité du grand romancier et qui va nous entraîner dans de bien nombreuses directions.

L’auteur a vingt ans quand il accompagne sa mère qui désire vendre la maison qu’elle a héritée de son père il y a bien des années. Le voyage à travers la Colombie est long pour arriver au tout petit village de Aracataca. Il aura donc tout le temps de discuter avec elle, mais aussi celui de laisser tous ces souvenirs lointains d’une autre vie remonter en lui.

D’abord son grand-père, homme à la forte personnalité, devenu colonel des troupes libérales après des années de guerres civiles contre les conservateurs. Les libéraux ont perdu, mais il n’en est pas moins respecté pour autant. Tout en Aracataca nous fait penser au village de « Chronique d’une mort annoncée » ou « Des feuilles dans la bourrasque »

Cet homme avait plus d’enfants naturels, conçus après son mariage, que d’enfants avec sa femme. Est-ce une habitude dans ce pays ? Peut-être puisque le propre père de Gabriel en aura trois, également faits après mariage, et la mère de Gabriel s’arrangera pour les avoir chez elle. Cela au nom d’un principe simple qu’elle énonça à son fils : « Le même sang que celui de mes enfants ne peut pas traîner n’importe où. »

Garcia Marquez nous montre, au travers de la vie de sa famille et la sienne, ce qu’était la Colombie de l’époque (il naît en 1927) ainsi que celle d’aujourd’hui. La véritable misère était le lot de toute sa famille qui comptait onze enfants plus les enfants naturels connus. Aussi sera-t-il l’espoir de ses parents pour un avenir meilleur au moment où il va entamer des études supérieures. Son père le voit en avocat et se dit que ses beaux jours sont devant lui.

Mais voilà, Garcia Marquez doit annoncer à sa mère qu’il a abandonné ses études et qu’il n’envisage aucun autre avenir que celui d’écrivain !… Adieu veaux, vaches, cochons et couvées !…

L’auteur ne suit pas toujours un ordre chronologique. A l’énoncé de certains souvenirs lui en viennent d’autres, qu’ils soient antérieurs ou postérieurs à celui qu’il évoquait au départ. Il est évident qu’il nous cite énormément de noms d’amis d’enfance, d’étudiants, de journalistes, d’écrivains, d’hommes politiques que nous ne connaissons absolument pas. A priori cela ne devrait donc pas nous concerner beaucoup, mais sa puissance narrative et d’écriture est telle que tout cela passe et que l’on a toujours envie de reprendre son livre en mains.

D’où lui vient son envie d’être écrivain, comment a-t-il débuté ? Quelles ont été ses plus grandes expériences, comment voit-il le monde, celui qui l’entoure et celui bien plus vaste ?

Ce qui est certain c’est que sa mère a joué un bien plus grand rôle dans sa vie que son père et il dit des femmes : « De là aussi vient peut-être ma conviction que ce sont elles qui soutiennent le monde tandis que nous (les hommes) en troublons l’ordre avec notre brutalité séculaire. »

Hasard incroyable : sa mère va décéder de mort naturelle le neuf juin 2002 alors que toute la famille se préparait à fêter son premier siècle de vie, le jour même et à l’heure même où il mettait un point final à ces Mémoires.

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Trop factuel, rasoir

5 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 21 août 2011

Gabriel Garcia Marquez raconte sa vie jusqu’à ses 30 ans et son départ pour la Suisse : son enfance vécue dans la pauvreté (« Depuis tout petit, mes penchants avaient pu faire croire que je serais dessinateur, musicien, chantre ou même poète du dimanche. »). Son père était télégraphiste et ensuite pharmacien homéopathe parfois errant pour essayer de gagner sa vie tant bien que mal.
Ensuite, il décrit son combat pour devenir écrivain, malgré les réticences de ses parents qui avaient mis toutes ses espérances en la réussite sociale de cet aîné de 11 enfants. Il décrit une véritable quête de la perfection dans l’écriture qui atteint un tel degré que l’on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il reste de spontané dans son art. Il cherche à tout prix à se démarquer de tout style existant, mais devient à mon sens trop compliqué.
L’auteur se décrit comme un homme extrêmement timide, mais par ailleurs, il est un bon vivant que la morale ne taraude pas trop et que les études ne passionnent pas en dehors de la littérature. Il commence sa carrière en étant poète (dans « un pays où l’art majeur était la poésie »), novelliste et puis journaliste.
J’ai trouvé le premier tiers de ce livre intéressant surtout grâce au style de l’écriture, mais ensuite l’accumulation de détails, de noms, d’anecdotes, de titres de livres rend la lecture très lourde et trop longue. Le récit manque de chapitres pour l’aérer et devient carrément rasoir. On dirait que l’auteur écrit plus pour lui-même, de peur d’oublier tout ce qu’il a vécu, que pour ses lecteurs.

Les années d’apprentissage

7 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 15 janvier 2010

Des fois je plonge dans ce bouquin avec bonheur, des fois je le fuis en raison d’un trop plein ; l’impression d’étouffer sous un millier de scènes, saynètes et apparitions épisodiques. C’est peut-être plus accessible au lecteur familier de l’univers culturel sud-américain.

L’ensemble dégage une incroyable force vitale. Un irrésistible tourbillon qui rend vaine toute tentative de le résumer.

Le versant le plus facile est sans doute le pittoresque. On y croise un village nommé Macondo et une jeune fille qui mange de la terre. Le narrateur possède le don de construire des scènes, des vignettes, et de leur donner une aura de mythe fondateur.

Oui, mais en refermant le bouquin, mon souvenir de lecture s’évanouit dans un épais brouillard. Garcia Marquez me semble souvent bavard et rusé.

Un peu déçu

6 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 10 mai 2005

C'est assez intéressant, on en apprend pas mal sur l'histoire de la Colombie, assez mal connue des Européens, et très mal de moi-même.
On en apprend évidemment sur la vie de cet auteur que j'adore. Et il est vrai qu'on y prend la mesure de la sensibilité du personnage déjà bien présente dans ses livres.
MAIS, mais, mais... je m'attendais à plus sur l'inspiration de ses oeuvres, sur leur genèse, leur processus de rédaction et leurs conséquences pour lui-même.
Certes, j'en demandais trop, puisque je désirais un peu la clé des songes, à savoir son grimoire, ses secrets de fabrique.
Mais bon, ça m'a déjà apporté pas mal.

Il la raconte si bien

9 étoiles

Critique de Alandalus (BORDEAUX, Inscrite le 1 juillet 2004, 67 ans) - 21 septembre 2004

Un livre superbe qui révèle au lecteur de l'oeuvre de García Márquez d'où il tient ses extraordinaires inspirations.

Tout n'est que mélange de magie et réalité et une très grande sensibilité.

Un excellent livre écrit par un écrivain remarquable.

J'ai hâte de pouvoir dévorer les "prochains" tomes.

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