Le Faucon des mers de Rafael Sabatini
(The sea hawk)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Voyages et aventures
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La revanche d'Olivier Tressilian
Sous le règne de la Reine Elizabeth 1ère d’Angleterre, Sir Olivier Tressillian fréquente la belle Rosamonde Godolphin. Mais le frère de Rosamonde, Peter, n’apprécie pas la famille Tressillian. Au cours d’une dispute sans témoin, Lionel, le frère cadet d’Olivier, tue Peter. Mais du fait de sa réputation de batailleur, tous les soupçons se dirigent vers Olivier qui se refuse pourtant à dénoncer son frère. Lionel, aux abois, y voit l’opportunité de faire main basse sur le domaine familial. Il fait enlever Olivier par des pirates, menés par le vénal Jasper Leigh.
Sacré roman d’aventure et de piraterie que ce Faucon des mers ! J’insisterai tout d’abord sur sa très grande qualité d’écriture (et il faut saluer sans doute là aussi le travail du traducteur). La prose, magnifique, s’inspire du style flamboyant du dix-septième siècle. Le vocabulaire, souvent recherché, ou peu usité (c’est la première fois que je vois par exemple quelqu’un être traité de rodomont !) donne beaucoup de cachet au récit. Cette richesse syntaxique, ainsi que le rythme très agréable du phrasé, participe à la réussite des descriptions, fort vivantes et colorés, à l'image de celles des souks d’Alger. Si vous ajoutez à tout cela l’art de la composition de Rafael Sabatini, cela donne naissance à quelques passages d’anthologie (je pense notamment à la vente aux enchères de Rosamonde sur le marché aux esclaves, éminemment cinématographique).
On pourrait reprocher au roman de baigner dans la théâtralité: cela ne m'a pas gêné, bien au contraire, car elle est exploitée de façon fort équilibrée et vient renforcée la mise en scène. Cette théâtralité se retrouve ainsi dans les échanges entre les personnages. Ils font écho, dans la façon dont ils sont menés, à des dialogues de tragédie, très enlevés, jouant sur les sentiments et la psychologie. On pourrait aussi évoquer la situation de départ, quasiment cornélienne, avec ses dilemmes, ses trahisons, ses retournements de situation, ses appels à l’honneur ou à la forfaiture, que n’affadit même pas une conclusion des plus classiques.
Outre la qualité littéraire déjà évoquée, l’originalité du Faucon des mers se trouve dans le fait que nous sommes plongés, pour une bonne partie du livre, du côté des pirates barbaresques musulmans, qui écument la Méditerranée, à partir de leur base d’Alger. La plume de l’écrivain se montre assez juste, me semble-t-il (malgré un orientalisme parfois excessif) dans la peinture de cette culture. Dans ce décor oriental, Olivier Tressilian, devenu par le hasard du destin un redoutable capitaine barbaresque, renvoie dos-à-dos Christianisme et Islam, leur préférant comme religion le courage et le sens de l’honneur.
Les éditions
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Le faucon des mers [Texte imprimé], roman Rafael Sabatini traduit de l'anglais par Éric Chedaille
de Sabatini, Rafael Chédaille, Éric (Traducteur)
Phébus / Libretto (Paris. 1998).
ISBN : 9782752905895 ; EUR 10,99 ; 10/11/2011 ; 382 p. ; Format Kindle
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Haletant
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 6 juillet 2023
Avant d’écrire le fameux Captain Blood (1922), Sabatini écrivit, dès 1915, Le Faucon des Mers, un roman d’aventures d’allure classique mais ne manquant pas, cependant, de singularité, ne serait-ce que parce qu’il se réfère autant aux récits de cape et d’épée qu’aux histoires maritimes et aux aventures imprégnées d’exotisme.
Au centre de la trame imaginée par Rafael Sabatini, dans l’Angleterre du XVIème siècle, il y a un homme du nom d’Oliver Tressilian, un héros qui vient d’être anobli par la reine pour ses faits d’armes contre les galions de l’Invincible Armada. Cependant, dans sa Cornouailles où il s’est retiré, il doit se confronter à son demi-frère Lionel, un frère qui se révèle si félon qu’il le fait accuser d’un crime qu’il n’a pas commis. La première partie du roman raconte le piège qui se referme sur Oliver, l’éloignant, qui plus est, de Rosamonde, la femme qu’il aime éperdument. Trahi par Lionel, Oliver est pris par les Espagnols qui le condamnent aux galères, alors que, de son côté, le traître parvient à convaincre Rosamonde de l’épouser, ce qui le met à la tête des deux domaines, celui dont il s’est rendu maître par sa fourberie et celui dont il a hérité par son mariage.
Commence alors la deuxième partie du roman, la plus passionnante, la plus surprenante aussi car nous y découvrons Oliver sous un autre nom, Sakr El-Bahr, « le faucon des mers ». Que s’est-il passé ? Un combat entre Espagnols et Barbaresques a délivré Oliver de la chiourme et l’a bientôt transformé en un des corsaires les plus redoutables au service du pacha d’Alger et de la gloire de l’Islam. Oliver, qui avait déjà renié la foi anglicane pour la catholique, n’a eu aucune peine à embrasser celle de l’Islam, d’autant plus qu’il garde le souvenir cuisant d’un prêtre catholique qui, observant les galériens sur leurs bancs de misère d’un navire espagnol, ne manifesta pas le moindre geste de commisération pour eux. En vérité, Oliver/Sakr El-Bahr est totalement dénué de conviction religieuse.
Comme on peut aisément l’imaginer, notre héros, devenu le protégé du pacha d’Alger, va néanmoins devoir se heurter à lui, et ce à cause de celle qu’il a tant aimée, la belle Rosamonde. Car il n’en a pas fini, ni avec elle ni avec son demi-frère félon. Leurs routes se croisent à nouveau pour notre plus grand bonheur de lecteurs, car tous ces personnages se trouvent bientôt confrontés à des dangers extrêmes, à des dilemmes, à des changements de regards, à des conversions pourrait-on dire, à des affrontements. Jusqu’à la dernière page, Sabatini mène son récit avec un art consommé ressortissant au suspense ainsi qu’au drame qu’on peut dire cornélien.
Ajoutons qu’après avoir adapté Captain Blood en 1935, Michael Curtiz signa en 1940 un film intitulé The Sea Hawk (en français, L’Aigle des Mers), film au demeurant de grande qualité, mais qui, s’il s’inspira, au départ, du roman de Sabatini, s’en éloigna ensuite considérablement, au point qu’il n’en resta vraiment pas grand-chose. Le scénario du film n’a presque plus rien de commun avec le roman.
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