Nuages de saison de Jean-Louis Massot

Nuages de saison de Jean-Louis Massot

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie , Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 15 mars 2017 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 437ème position).
Visites : 3 509 

Poème photo

Mars secouait ses derniers flocons accrochés aux branches et réveillait le soleil un peu paresseux de la fin de l’hiver, alors le poète dériva la tête dans les nuages et se laissa bercer par la musique de ses vers, rêvassant à la belle photographe qu’il pourrait entraîner dans ses nuages.

« Ce matin des nappes
Polissonnes
Sont venues tirer
La langue au soleil
Qui se levait tandis
Que d’autres qui terminaient
Leur nuit
…. »

La photographe pris son appareil et fixa les brumes légères comme les gros nuages sur sa pellicule.

« Ces cumulus,
Lourds comme des
Boules d’angoisse,
Traversent à pas lents
La voûte pâle. »

Et ainsi, Jean-Louis Massot a peut-être inventé le poème photo comme un autre avant lui a inventé le roman photo. Mais ne serait-ce pas la photographe qui aurait emmené le poète dans ses images ? Lecteur je ne sais mais peut-être trouveras-tu la réponse dans ces jolis poèmes, légers comme une petite vapeur se levant sur la plaine un jour de printemps.
« Venu le soir,
Tirés d’un côté,
De l’autre poussé,
Les nuages rougissent

Et s’enlacent. »

La photographe et le poète ont réuni les nuages dans un même amour qui tonnera peut-être un soir d’orage.

« Vu du
Train Charleroi-Anvers à
L’entrée de La Gare
Du Midi
… »

Mais moi je ne prenais que le train pour Lille et je n’ai vu que les nuages qui sont dans les pages du recueil, sur les photos ou dans les vers.

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Merveilleuse balade

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 24 juillet 2022

Avec ses NUAGES DE SAISON, Jean-Louis MASSOT nous balade dans le ciel. Il suffit pour cela d’un endroit fixe et d’un regard. Les yeux tournés vers le haut, il passe en revue un défilé de nuages des plus divers et laisse vaguer son imagination pour nous donner des saynètes subtiles.

Des Cirrostratus

Comme de légères traces

Laissées par le pinceau

D’un peintre distrait



Et cet avion qui traverse

Sans s’attarder au tableau



Des questions fusent sur la marche des nuages qui modèlent notre humeur, des interrogations physiques et psychologiques…

Le propre du nuage, c’est son caractère fugace et variable. Il est l’objet de toutes les métamorphoses et de toutes les métaphores, c’est-à-dire du changement de forme et de lieu. Et les nuages qu’observent Massot figurent tour à tour, et suivant leur espèce (cirrus, cumulus, stratus et variantes), étoffe, drap, oreiller, rideau, mouton, accent, cachalot, faucilleur, feuille de papier, peau… Ils glissent, froissent, flottent, s’effilochent… En groupe, ils forment cavalerie ou bien foule.

S’est froissé le ciel

Ce matin,

Comme les draps d’un lit

Dans lequel

L’amour aurait été fait



Sauvagement



Ils voilent et tracent, dans les deux sens du terme, déposant des signes, une signature, dans l’horizon vertical, que l’observateur peut interpréter à sa guise comme présage ou écho à ses états d’âme.

On ne sait pas plus d’où ils viennent, ni où ils vont.

Nuages

Qui passez

Si lentement



Savez-vous

Votre destination ?


Lieux du mystère, de l’indécidable, ils sont complices du poète, du jardinier, de ceux qui sèment mots et graines dans les têtes et dans les terres.

À la fin du recueil, le poète inquiet du ciel, des mouvements des nuages qui conditionnent son mode de vie se met à la place d’un d’entre eux pour voir ce qu’il se passe ici-bas et lui-même comme dans un reflet. Ciel-miroir de nos peurs, de nos espérances…

En lisant ce recueil de Jean-Louis Massot, on réalise pourquoi l’étranger de Baudelaire préfère à tout ce qu’il n’a pas (ou dont il est éloigné : amis, famille, patrie, beauté, argent) les nuages qui passent… les merveilleux nuages…

Les textes du présent recueil sont accompagnés de photos-montages d’Olivia HB où des nuages sont mis en scène & en ciel, prolongeant, comme reconfigurant les images verbales du poète.

De la neige au nord,

Du brouillard au centre,

De l’infini

Au sud,



Trois fois rien

Pour tout dire.

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