Le rire de Maurin des Maures de Jean Aicard
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Nouvelles
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Galéjades à gogo
Jean Aicard n’est pas n’importe qui dans le monde des lettres. C’est lui qui, dans le fameux portrait de groupe peint par Fantin-Latour, a le privilège de figurer debout derrière Verlaine et Rimbaud. Auteur de romans, de poésie et de théâtre, il trouve la consécration en étant élu à l’Académie française. Mais écoutons Léon Daudet, dans « Quand mon père vivait », récemment recensé sur ce site : « C’est une des drôleries de notre époque que l’Académie, n’ayant pas offert un siège à Mistral, sous prétexte « qu’il n’écrivait pas en français », - reproche à mourir de rire, car il a traduit toute son œuvre dans un français classique et fort beau – ait choisi à sa place ce jean foutre d’Aicard, auteur de l’innommable « Chanson de l’Enfant », et de cette panne pseudo-idyllique « Miette et Noré », sans compter Maurin des Maures, pastiche onomastique de Tartarin. »
On le voit, il y avait, entre Daudet père et Mistral, un créneau, une sorte de filon à exploiter, la veine provençale pittoresque, avec ses galéjades, ses criquets, son accent du midi, ses régionalismes. Qu’Aicard ait sensiblement démarqué le Tartarin de Tarascon d’Alphonse Daudet, ça n’est pas douteux, et c’est ce qui a fait bondir Daudet fils.
Dans ce volume, Maurin passe au second plan, et sert de prétexte à une collection d’histoires dont il aurait pu se servir pour animer une assemblée de compatriotes. Mais il faut admettre que ce recueil n’a ni la poésie ni la saveur et le coloris vif des « Lettres de mon Moulin ». Le régionalisme est plus artificiel, les contes ont quelque chose de mièvre, voire de puéril, de fort daté, sauf quand ils ont pour toile de fond la rivalité entre les clercs et les laïcs, auquel cas ils préfigurent les querelles du petit monde de Don Camillo.
Ainsi, dans « L’athée de Bourtoulaïgue », un brave curé voit l’occasion de détourner une âme de l’irréligion en acceptant de faire apparaître une somme d’argent à un athée qui se dit prêt à croire en Dieu si celui-ci le soulage d’une dette qui lui pèse. Mais le croyant en devenir ne se laisse pas facilement convaincre et ses exigences vont mettre le pauvre curé dans l’embarras.
Une curiosité littéraire plus qu’autre chose.
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