L’intérêt de l’enfant de Ian McEwan

L’intérêt de l’enfant de Ian McEwan
(The Children Act)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Nav33, le 12 janvier 2016 (Inscrit le 17 octobre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (25 004ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 6 068 

Grandeur et fragilités d'une juge

Fiona est juge aux affaires familiales. A 59 ans elle a une longue expérience et est une magistrate expérimentée et respectée de la « high court ». Sa pratique professionnelle la conduit quotidiennement au cœur de conflits familiaux tristement ordinaires impliquant des déchirements autour de la garde d’enfants, d’appropriation des biens du couple ou des revenus du conjoint et de négation de la réalité d’années de liens amoureux. Au delà de cet ordinaire, elle se trouve confrontée à des situations extrêmes de décisions concernant des questions de vie et de mort face à des parties arc-boutées sur des convictions religieuses, des valeurs morales, des éthiques médicales. Son rôle est par définition de dire le droit et non la morale ni ses sentiments personnels. Elle doit en dernier ressort trancher personnellement en tant que juge. Trancher, ceci est devenu effroyablement concret quand elle décidera de la séparation de frères siamois dont l’un sera sacrifié à la survie viable de l’autre, sachant que l’alternative était à terme pire pour les deux enfants. Cette affaire envahira sa vie personnelle, la bouleversera même physiquement et l’éloignera de l’intimité avec son mari. Celui-ci qui n’apparaît guère à son avantage dans ce roman, lui fait part de son désir de vivre une aventure extra conjugale et entreprend rapidement de passer des intentions aux actes. Simultanément Fiona hérite d’un nouveau dossier sulfureux concernant un jeune témoin de Jéhovah de 18 ans souffrant d’une leucémie. L’hôpital requiert de la part de la justice qu’elle ordonne une transfusion sanguine, malgré le refus des parents également témoins de Jéhovah et du jeune homme encore mineur pour 3 mois avant ses 18 ans.
Dans l’urgence les parties exposeront dans toute leur complexité les éléments de ce drame opposant la nécessité médicale , la frustration des soignants, face à l’interdiction d’administrer par la force une thérapie à un individu aux aptitudes intellectuelles apparemment remarquables et qui semble vivre ses convictions religieuses jusqu’à leur logique extrême avec sérénité dans le cocon de sa communauté.
Fiona, comme la loi l’y autorise, ira au chevet du jeune, pour juger de son aptitude à décider pour lui-même. Elle échouera à le convaincre intellectuellement. De retour à la cour elle dictera ensuite sa propre décision de transfusion. Mais à l’occasion de cette visite et sans que cela soit forcément calculé elle aura provoqué chez lui le choc esthétique et émotionnel qui va le faire sortir de son emprisonnement sectaire. Ceci constitue à peu près la première partie du roman. La deuxième partie déroule les conséquences des événements et des forces mises en branle dans la première mais avec une intensité que j’ai ressentie comme plus faible, bien que l’histoire soit aussi dramatique.

Ian Mc Ewan nous fait pénétrer avec précision dans ce qui est sans doute la réalité de la mécanique judiciaire, dans la philosophie, la technique, la pratique, la sociologie d’une classe de haut magistrats, leur vécu quotidien, la confrontation à la misère humaine. Il montre la façon dont on essaye de se blinder. Avec Fiona il nous fait découvrir le meilleur de la pratique professionnelle. En marge à travers des récits de collègues magistrat ou avocat on découvre aussi le pire avec les conséquences désastreuses, d’erreurs de bonne foi, ou de pratiques négligentes ou d’affaires criminelles bâclées.

Enfin en marge de ce roman, je ne peux pas m’empêcher de songer aux discussions d’actualité brûlante en ce début d’année 2016 sur les processus de déradicalisation. Le désembrigadement dont il est question se fait véritablement comme un passage d’une vision unique, totalitaire, confortable et rassurante dans sa simplicité au sein de la communauté sectaire, vers un monde où dominent la beauté, la lumière, la poésie, la musique, mais aussi la liberté, les doutes, les choix, les incertitudes.

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L'intérêt de l'enfant

9 étoiles

Critique de Annelete56 (, Inscrite le 11 octobre 2020, 35 ans) - 12 octobre 2020

Fiona Maye, juge spécialisée en droit de la famille, est passionnée par son travail. Elle en délaisse son mari, surtout depuis l'affaire Adam Henry. Cet adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, mais les croyances religieuses interdisent toute transfusion sanguine. Les médecins s'en sont remis à la cour. Après avoir entendu les deux parties, Fiona se rend à l'hôpital. Mais la rencontre avec Adam s'avère troublante et, indécise, la magistrate peine à rendre son jugement..

Message de la modération : Extrait de la présentation éditeur


L’intérêt de l’enfant, mais pas celui du lecteur !

5 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 12 mars 2016

Nous sommes ici confrontés à la vie quotidienne d’une magistrate londonienne, spécialiste du droit de la famille, et qui nous confie les tenants et aboutissants juridiques de 2 affaires délicates qu’il lui a fallu arbitrer.

L’affaire des enfants siamois dont la chirurgie séparatrice permettrait la survie de l’un des deux bébés est le premier des cas limites exposés. Le second est relatif à une transfusion sanguine salvatrice, refusée par un mineur d’âge sous influence de la secte des Témoins de Jéhovah.

L’auteur entremêle l’analyse juridique approfondie de ces affaires et leur aboutissement avec des événements affectant la vie privée de la juge, et ce mélange des genres affaiblit me semble-t-il l’intérêt du roman, dont l’écriture s’avère en outre (et comme l'écrit Falgo) sans grande recherche littéraire.

Roman un peu faible, à mon avis !

La justice, affaire de raison ou de coeur ?

7 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 6 mars 2016

Fiona est juge pour affaires familiales à Londres, sans enfant. Son couple traverse une crise car elle a du mal à partager sur ses sentiments avec son mari Jack, en particulier à propos des affaires juridiques qui la tracasse. Fiona est amenée à trancher le cas d'un jeune de dix-sept ans, Adam, fils de parents témoins de Jéhovah qui refusent toute transfusion sanguine, quitte à le laisser mourir d'une leucémie. Fiona décide de rencontrer le jeune homme à l'hôpital. Fiona comprend à la fin du roman que sa responsabilité ne se limitait pas à la cour : en s'impliquant davantage que ce que la loi lui demandait, elle a déclenché des engagements qui l'ont dépassée.
L'histoire tourne presque davantage autour de Fiona que d'Adam. Les cas annexes qu'elle traite servent de bouche-trous et ne viennent pas rajouter grand-chose. Sa relation avec son mari rend l'atmosphère plutôt glauque : elle s'enlise dans des non-dits et un manque de volonté manifeste de dialoguer en laissant pourrir la situation. La relation Fiona-Adam pose la question de l'interaction professionnel-personnel : dès que le sujet n'est plus un simple objet de décision judiciaire, un dossier sur papier, Fiona franchit une frontière qui la protégeait, mais jusqu'où faut-il aller ? pour le bien de qui ?

Passionnant et banal

6 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 1 février 2016

Agée de 59 ans, Fiona Maye est juge aux affaires familiales et a, en conséquence, à connaître de cas d'enfants placés dans des situations difficiles. Le roman décrit l'activité de cette femme sur quelques semaines, mêlant sa vie professionnelle aux difficultés de sa vie conjugale. L'aspect professionnel m'a fortement intéressé. Le lecteur pénètre dans les tenants et aboutissants d'un jugement, prenant en compte les principes juridiques et psychologiques ou sociétaux qui le fondent. Les attendus permettent de saisir sur le vif les comportements des acteurs et le résultat est passionnant. Par contre, les démêlés conjugaux de Fiona et Jack sont d'une affligeante banalité. Les détails utilisés sont tellement convenus que l'on se demande si l'auteur croit vraiment à cette partie de l'intrigue. Pourquoi diable avoir introduit ce volet qui n'apporte rien? Mystère. Par ailleurs le texte se lit très bien et facilement, sans grande recherche littéraire.

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  Oui à la juge, non à la femme 2 Miss Tigrette 27 février 2016 @ 14:57

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