Étude à propos des chansons de Narayama de Shichirō Fukazawa
(Narayama-bushikô)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
Moyenne des notes : (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : (13 269ème position).
Visites : 3 493
Mythique et poétique
Très déroutant, ce récit se passe dans un village isolé du Japon autour d'une très ancienne tradition qui veut que le fils aîné porte sa vieille mère sur la montagne de Narayama pour y mourir. Au fil de scènes diverses, de chansons, de discussions et de séances cocasses, on voit vivre ce village d'invention où la faim règne et se dessinent peu à peu les caractères des principaux protagonistes: la grand'mère "O Rin", le fils "Tappei", la belle fille "Mata-yan". Par l'usage d'une langue d'une profonde poésie, l'auteur entraîne le lecteur dans un parcours des traditions anciennes de ce village ainsi que de ses préoccupations bouddhistes. Une fois pris dans le dépaysement de la langue et des évènements, on n'a plus qu'à se laisser emporter dans un monde étrange, difficile et sublimement poétique. Ce court récit m'a emmené dans un monde inconnu dont il m'a permis d'approcher humblement les mystères.
Shohei Imamura a tiré de ce livre un film remarquable "La ballade de Narayama" que j'ai vu à sa sortie sans connaître le grand impact de la lecture de ces pages que je découvre aujourd'hui avec bonheur.
Les éditions
-
Étude à propos des chansons de Narayama [Texte imprimé] Shichirô Fukazawa traduit du japonais par Bernard Frank
de Fukazawa, Shichirō Frank, Bernard (Autre)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070371792 ; 2,98 € ; 12/03/1980 ; 151 p. ; Poche
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (1)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Bouche inutile
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 10 novembre 2016
Dans une famille où vivent la grand-mère et son fils veuf avec ses enfants, l’aïeule sait bien qu’un jour, il faudra qu’elle laisse sa place, quand son fils trouvera une nouvelle épouse pour le seconder. Dans le « village d’en face » un accident laisse une veuve qui fera tout à fait l’affaire, elle vient donc vivre à la maison mais le petit-fils décide lui aussi de prendre pour femme la fille qu’il a engrossée, la grand-mère comprend alors que le moment est venu pour elle d’accomplir le pèlerinage de Naramaya, la plus haute montagne de la région, le dieu tutélaire des villages alentours. L’hiver sera rude et il y a trop de bouches à nourrir dans la maison.
Ce texte est tiré de vieux contes et de légendes de la région natale de l’auteur qui présente même la partition de la fameuse Ballade de Narayama en fin de cet ouvrage. Il s’appuie particulièrement sur un conte très connu au Japon dont l’auteur cite de nombreux extraits tout au long de son récit. Ces textes ancestraux appartiennent à la tradition orale qui perpétue les us et coutumes locaux depuis des siècles, la région étant très pauvre et très isolée, l’écriture n’est devenue qu’assez tardivement le moyen de communication commun à tous. Lors des fêtes, la forme orale permet à chacun d’ajouter un couplet personnel à une chanson pour décrire, narguer, glorifier un personnage ou pour simplement perpétuer un événement remarquable. Ainsi, l’auteur a tenu, à plusieurs occasions, à préciser que le fameux pèlerinage de Narayama n’avait aucun fondement culturel, cultuel, social ou autre, que ce n’était probablement que l’héritage d’un pamphlet oral datant de nombreux siècles.
Il reste néanmoins qu’après le succès mondial de cette nouvelle et celui encore plus grand du film qui en a été tiré, la Ballade de Narayama est devenue un mythe mondial et que Fukazawa restera à tout jamais comme l’un des grands maîtres de la littérature nippone.
« A la montagne de derrière irons-nous abandonner la vieille
Mais de derrière même un crabe reviendrais en rampant. »
Forums: Étude à propos des chansons de Narayama
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Étude à propos des chansons de Narayama".