Boussole de Mathias Enard
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Orientalisme, érudition....
Franz Ritter, musicologue autrichien, se retourne dans son lit sans trouver le sommeil ; les analyses médicales qu'il doit bientôt recevoir ne seront pas bonnes, il le craint. Le roman se déroule heure par heure au cours de cette nuit d'insomnie.
Il se rappelle ses voyages en Orient, Istanbul, la Syrie, Téhéran, ses rencontres, son parcours avec Sarah, qui lui échappe, fascinée qu'elle est par cet Orient mystérieux qu'elle connait si bien.
Le narrateur "convoque" également dans son souvenir ces hommes illustres qui au cours des derniers siècles ont été inspirés ou seulement attirés par cette région du monde mystérieuse. Des auteurs comme Henri Heine ou Thomas Mann, des musiciens comme Mendelssohn ou Beethoven, ou encore de fabuleux poètes persans que j'avoue sans honte n'avoir jamais entendu parler. Cette fresque est plaisante, surtout de la part d'un auteur qui manifestement connait son sujet.
J'ai beaucoup apprécié le récit de la prise de pouvoir des ayatollahs à Téhéran telle qu'elle fut vécue par quelques jeunes occidentaux qui y poursuivaient leurs recherches, archéologiques ou autres, et y ont pris du plaisir, au début tout au moins...
Un grand roman, pas toujours facile à lire.
Les éditions
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Boussole [Texte imprimé], roman Mathias Énard
de Enard, Mathias
Actes Sud / Domaine français (Arles)
ISBN : 9782330053123 ; 21,80 € ; 19/08/2015 ; 480 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (8)
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Un roman engagé sur l’altérité et le métissage
Critique de Evanhirtum (, Inscrit le 22 août 2016, 37 ans) - 23 août 2016
Un roman engagé sur l’altérité et le métissage (l’autre en soi). L’auteur nous emporte magistralement au cours d’une nuit d’insomnie dans un voyage à travers l’Orient passé et présent. Le narrateur, un musicologue érudit, mourant dans sa chambre à Vienne, cette ancienne porte de l’Orient, revient sur sa vie, ses rêves, ses espoirs et ses déceptions dans sa relation d’amour insaisissable avec l’Orient. On le suit tout au long de cette nuit dans ses souvenirs de voyages - d’Istanbul à Alep, en passant par Téhéran - mais également dans ses souvenirs de rencontres et dans ses réflexions de chercheur.
C’est avant tout un roman réflexif sur plusieurs siècles d’Orientalisme, sur les interactions et les influences de l’Orient sur l’Occident. C’est un roman encyclopédique, gonflé de références historiques et d’anecdotes drôles et cruelles (sur Balzac, Beethoven, Liszt et Wagner notamment). On ne s’ennuie jamais au cours de cette aventure littéraire, malgré l’érudition et la densité de l’ouvrage, tant le flux varie par son originalité. On trouve de tout dans ce roman fleuve : de l’engagement, du rêve, des délires d’opiomane, de l’amour, des documents historiques (sur le Jihad allemand notamment) et des réflexions sur l’actualité. C’est un roman qui prend le temps, on est plongé dans un monde, dans une discussion. J’ai été transporté par cette balade musicale à travers ces décors meurtris, ces révolutions manquées, et cette mélancolie orientale de l’auteur.
J’ai appris des choses et je me suis amusé. Un bonheur. J’avais noté ce passage : « L'être est toujours dans cette distance, quelque part entre un soi insondable et l'autre en soi. Dans la sensation du temps. Dans l'amour, qui est l'impossibilité de la fusion entre soi et l'autre. »
A l'Est toute!
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 12 avril 2016
C'est certes très érudit, de temps en temps ça confine au catalogue, on se perd dans les références et les personnages, c'est parfois si pointu que s'en est excluant. Mais ces découvertes m'ont beaucoup intéressé. Et surtout j'ai été passionné par le thème de l'orientalisme et des orientalistes. Ceux qui ont cherché et inventé un Orient fantasmé. Et qui ont même exporté cet Orient imaginaire chez les Orientaux. Mathias Enard décrit ses personnages comme des hommes et des femmes abîmés qui s'exilent dans une fuite en avant.
Un beau livre sur cet Occident et cet Orient qui n'ont eu de cesse d'échanger et de se changer parce que leur histoire est commune.
O rage O désespoir
Critique de Insider (EYSINES, Inscrit le 25 avril 2011, 64 ans) - 12 mars 2016
Mais Boussole est insupportable.
Et mises bout à bout les critiques précédentes y compris les plus favorables en expliquent le motif; monument d'érudition élitiste, digressions documentaires insupportables, perte de cette puissance stylistique qui m'avait envoûté chez cet auteur.
Je compatis sincèrement à ceux qui auront acheté Boussole es-qualités Goncourt de l'année.
J'attends le prochain Enard, de l'auteur que j'ai jusqu'alors apprécié.
Pour certains de la grande littérature, pour moi de l'insupportable
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 8 mars 2016
J'ai apprécié quelques passages. Celui où, sans nommer l'auteur (pourquoi?), Enard s'en prend au titre d'un livre de Eric-Emmanuel Schmitt. Celui où (est-ce exact?) il décrit Beethoven jouant juste sur un piano désaccordé, sans pouvoir l'entendre vu sa surdité, et où le public, médusé, est envahi d'un flot de notes fausses.
A part cela, cet auteur fait preuve d'un incroyable érudition universitaire et la place dans tout son livre, oubliant complètement qu'il tentait d'écrire un roman pour lequel la récompense du Goncourt est bien mal venue.
Boussole… un rêve d'Orient
Critique de Hcdahlem (, Inscrit le 9 novembre 2015, 65 ans) - 12 février 2016
Si la lecture de ce roman couronné du Prix Goncourt 2015 résonne aussi fort en moi, c’est d’abord pour les souvenirs qu’il évoque et que doivent partager tous ceux qui ont arpenté le site de Palmyre, les ruelles d’Alep ou le souk à Damas. Cette impression d’un drame absolu, né de la folie d’hommes qui ont oublié d’où ils venaient, combien leur culture, leur art, leur science et même leur religion était riche.
Avec une époustouflante érudition – je vous l’accorde, il faut quelquefois s’accrocher pour suivre le récit – Mathias Enard en témoigne. En nous entraînant sur les pas de Franz Ritter, musicologue installé à Vienne, il jette sans cesse des ponts entre les occidentaux avides de connaître cet orient au-delà des fantasmes. A moins que ce ne soit à cause de ces fantasmes qui ont nourri leur œuvre de musicien, de poète, d’écrivain.
Entre colloques universitaires et récits de voyages, entre découvertes archéologiques et conversations autour d’un verre ou d’un feu de camp, on découvre la richesse de l’orientalisme inventé par Napoléon Bonaparte «c’est lui qui entraîne derrière son armée la science en Egypte, et fait entrer l’Europe pour la première fois en Orient au-delà des Balkans. Le savoir s’engouffre derrière les militaires et les marchands, en Egypte, en Inde, en Chine.»
Derrière lui, les écrivains et les musiciens seront nombreux à raconter leur vision de cet orient. De Victor Hugo avec «Les Orientales» à Chateaubriand, de T. E. Lawrence à Agatha Christie, de Klaus Mann à Isabelle Eberhardt, sans oublier les poètes comme Rimbaud, Nerval, Byron.
Pour le musicologue, il y a tout autant à raconter, tant les influences orientales parsèment les œuvres de Schubert, Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Strauss, Schönberg. Il semble que l’occident tout entier ait eu cette soif d’Orient. «Les Allemands, dans l’ensemble, avaient des songes bibliques et archéologiques ; les Espagnols, des chimères ibériques, d’Andalousie musulmane et de Gitans célestes ; les Hollandais, des visions d’épice, de poivriers, de camphriers et de navires dans la tempête, au large du Cap de Bonne-Espérance.» Quant à Sarah et aux Français, ils se passionnent non seulement pour les poètes persans, mais aussi pour ceux que l’Orient en général avaient inspirés.
Voilà justement le moment de dire quelques mots de cette Sarah que Franz rencontre lors d’un voyage et qui va servir de fil rouge au romancier. Tout au long du roman, on suit en effet la quête de Franz, amoureux transi. La belle rousse, spécialiste de cet Orient qui le fascine tant, avec qui il va pouvoir partager ses découvertes. Même si cette femme ne possède rien («Ses livres et ses images sont dans sa tête ; dans sa tête, dans ses innombrables carnets»), il s’imagine, depuis une nuit à la belle étoile passée au pied de la forteresse d’Alep, ne plus jamais la quitter.
Mais c’est elle qui s’envolera pour enterrer son frère, traumatisme dont elle ne se remettra pas et que l’entraînera à «l’orient de l’orient».
Des années plus tard, il va pourtant la croiser à nouveau en Autriche : «L’avenir était aussi radieux que le Bosphore un beau jour d’automne, s’annonçait sous des auspices aussi brillants que cette soirée à Graz seul avec Sarah dans les années 1990, premier dîner en tête à tête…»
Sauf que «la vie est une symphonie de Mahler, elle ne revient jamais en arrière, ne retombe jamais sur ses pieds. Dans ce sentiment du temps qui est la définition de la mélancolie, la conscience de la finitude, pas de refuge à part l’opium et l’oubli».
Mathias Enard dit avec élégance la souffrance du manque. Au soir de sa vie, il a beau ressortir «la boussole qui pointe vers l’orient, la boussole de l’illumination, l’artefact sohrawardien. Un bâton de sourcier mystique», il compris que le monde qu’il a rêvé n’est plus, que seuls les récits témoignent de la beauté et de l’amour. Que le paradis est artificiel.
«Une bouffée d’opium iranien, une bouffée de mémoire, c’est un genre d’oubli de la nuit qui avance, de la maladie qui gagne, de la cécité qui nous envahit.»
http://urlz.fr/34Zh
A la recherche de l'Orient
Critique de Provisette1 (, Inscrite le 7 mai 2013, 12 ans) - 10 décembre 2015
Foisonnement de références tant littéraires que musicales, majeures ou plus anecdotiques: une érudition qui, parfois, peut déranger une lecture qui se voudrait fluide.
J'avoue, d'ailleurs, que je ne suis "entrée" dans ce livre qu'après 40 pages mais ayant eu la chance de rencontrer l'auteur pour une conférence sur l'orientalisme- beaucoup trop brève- je ne pouvais que persévérer!
Si, toutefois, je n'ai pas retrouvé ce style, cette puissance d'écriture qui me fascine tant chez lui habituellement, il reste que ce "roman", documentaire pour moi, est passionnant.
Des mots de Mathias Enard pour dédicace qu'ils fait siens:
"Il y a toujours
Un Orient
à l'Orient
de l'Orient."
(Fernando Pessoa)
L'obsession de Franz pour Sarah
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 24 novembre 2015
C'est beau, riche et envoûtant mais parfois, le roman demande une bonne concentration et un effort intellectuel soutenu. N'importe, nous avons là un chef-d'oeuvre à ne pas laisser passer.
Goncourt 2015
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 12 novembre 2015
Ce roman a obtenu le prix Goncourt, et l'on peut s'interroger sur cette attribution. Car une telle récompense va entraîner des achats par des personnes qui lisent relativement peu et qui privilégient les livres primés. Elles risquent d'être rebutées, et de poser rapidement un tel ouvrage, de presque 500 pages. Sans doute pas la meilleure idée pour redonner à certains le goût de la lecture...
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