Les pommes d'or du soleil de Ray Bradbury
(The golden apples of the sun)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique , Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles
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Pommes d'or et pommes de plomb
Grand fan des Chroniques Martiennes et de L'Homme Illustré, j'attendais beaucoup de ma lecture des Pommes d'or du soleil, autre recueil de nouvelles de Bradbury. Peut-être trop.
D'abord quelques remarques d'ordre général : les textes sont très variés, allant du conte au récit réaliste en passant par la science-fiction et le fantastique, mais aussi très inégaux. Certaines histoires sont de vrais bijoux, d'autres, naïves, ou au message un peu lourd, ont mal vieilli. Reste une grande tendresse pour les personnages et un style que certains qualifieront de bon pour la bibliothèque verte (on ne pourra pas toujours leur donner tort) mais qui dans sa simplicité atteint à de vrais moments de grâce.
Les thématiques chères à Bradbury sont toutes là : l'enfance, le voyage, la découverte de l'inconnu, le rêve, la nostalgie, la menace de la guerre et du totalitarisme.
Passons à un bref examen nouvelle par nouvelle (sans spoiler) :
La Corne de brume : une merveille qui, par certains aspects, n'est pas sans rappeler Lovecraft pour l'environnement et la thématique marine, tout en étant du pur Bradbury
Le Promeneur : nouvelle de SF dystopique ayant un ou deux bons moments mais plutôt anecdotique
La Sorcière d'avril : par moments enchanteresse, par moments exaspérante de naïveté, une nouvelle qui reste agréable
Les Grands espaces : rappelle les Chroniques martiennes mais en moins bien, aurait gagné à être plus brève
Les Fruits au fond de la coupe : un exercice de style à la Edgar Poe mêlant description psychologique et intrigue policière, plutôt amusante, mais loin d'être à la hauteur du maître
Le Garçon qui était invisible : peut plaire à de jeunes lecteurs, pour les autres ça vaut le coup de se faire violence jusqu'au dernier paragraphe qui est un authentique moment de grâce
La Machine volante : un chef d'oeuvre ! Tout y est : beauté et limpidité stylistique, profondeur philosophique, concision, justesse, un conte maîtrisé de bout en bout
L'Assassin : nouvelle de SF réellement prophétique, remplacer "contact" par connexion, "téléphone-montre" par portable ou smartphone, vous y êtes ! Je ne suis vraiment pas pressé d'être à l'ère de la réalité augmentée... Au-delà de ça, stylistiquement et narrativement c'est plutôt plat
Le Cerf-volant doré et le vent argenté : très beau conte dans la même veine que La Machine volante mais qui n'atteint pas tout à fait son niveau
Je vous vois jamais : nouvelle réaliste, anecdotique
Broderie : très belle nouvelle typique de Bradbury
Les Noirs contre les blancs : nouvelle aux intentions louables mais plutôt anecdotique
Un Coup de tonnerre : pure SF old school ou âge d'or, sans être un chef d'oeuvre, se lit plutôt bien
Le Vaste monde par-delà les collines : un petit bijou dans une veine réaliste, beau texte simple sur des gens simples
La Centrale électrique : là encore petit bijou, parfois trop lyrique mais ayant une ambiance très réussie qui rappelle un peu celle d'Un Cantique pour Leibowitz
En la noche : nouvelle réaliste, anecdotique
Côté ombre, côté soleil : nouvelle réaliste, le gros plantage du livre, sans intérêt
La Prairie : nouvelle qui s'approche du réalisme magique intéressante mais manque de légèreté et un peu convenue
L'Eboueur : nouvelle de SF, idée de départ intéressante mais très moyenne tant sur le plan narratif que stylistique
Le grand incendie : l'autre gros plantage du livre, si vous trouvez La Sorcière d'avril lourdingue à force de vouloir être belle, celle-là, à force de vouloir être drôle, dans une thématique proche, c'est bien pire
Adieu et bon voyage : nouvelle fantastique, une merveille sur le thème de l'enfance et du temps qui passe
Les Pommes d'or du soleil : nouvelle de SF classique, pas la meilleure du recueil, histoire sans surprise, mais là encore avec des moments de grâce ; pour ceux qui l'ont vu, peut faire penser à Sunshine de Danny Boyle.
Au total, Les Pommes d'or du soleil aurait gagné à être plus court, certaines nouvelles étant franchement dispensables. Plutôt à conseiller aux fans de Bradbury (ce serait dommage de passer à côté de La Machine volante par exemple) ou à des jeunes lecteurs.
Les éditions
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Les pommes d'or du soleil [Texte imprimé] Ray Bradbury traduit de l'américain par Richard Negrou traduction révisée et complétée par Philippe Gindre
de Bradbury, Ray Negrou, Richard (Traducteur)
Gallimard / Folio. Science-fiction
ISBN : 9782070441259 ; 8,10 € ; 27/05/2011 ; 352 p. ; Poche
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profusion en dents de scie
Critique de Magicite (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 46 ans) - 10 octobre 2015
Moyen je dis car rien n'est vraiment mauvais ni sans intérêt et la pléthore de thèmes et idées exploitées compense le moindre intérêt de certaines des nouvelles.
En plus pour avoir lu certaines des nouvelles en v.o. la traduction ne rend pas hommage à la version originale (notamment la corne de brume qui est un vrai bijou de poésie surprenante triste et drôle comme cet auteur sait le faire).
J'ai été aussi déçu par la nouvelle qui donne son titre au recueil.
Je remonterais aussi la critique de certaines nouvelles comme A sound of thunder/Un coup de tonnerre (la vo ne rajoute rien par rapport à la traduction ici sauf pour le titre) qui sans être révolutionnaire est un voyage dans le temps avec un traitement qui reste très original, en tout cas elle m'a beaucoup marqué et a donné lieu à plusieurs adaptations vidéos (une tv et une plus récente en film) donc a dû trouver quelques personnes intéressées (même si le film récent est plus que médiocre tout en étant peu fidèle à la trame d'origine).
La sorcière d'avril est un bijou et une nouvelle emblématique de l'affection pour les 'monstres' gentils de l'auteur (face aux humains barbares).
Bon vous l'aurez compris je suis un fan de cet auteur!
Mon principal regret c'est d'avoir déjà lu la plupart des meilleures nouvelles parues dans différents recueils postérieurs car c'est le 2ème ouvrage publié par l'auteur -et regroupant des publications dans des magazines SF en général-, l'intérêt est aussi de voir l'évolution de l'artiste (les germes de Chroniques martiennes ou du monde sinistre de Fahrenheit 451...).
En deçà de L'homme illustré (son premier recueil) mais supérieur aux recueils Les machines à bonheur, équivalent voire meilleur (quand on ne connait pas déjà les nouvelles) que 'Un remède à la Mélancolie'.
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