Donnez moi des nouvelles du monde...

Le voyage commence avec Guillermo, globe-trotter mexicain en voyage au Japon, à quelques heures du tsunami avant de nous retrouver sur une croisière en Mer du Nord avec un français, Frantz, heureux gagnant de ce voyage.
Tout, ici, n'était que l'occasion de se répéter que l'Occident est un grand mouroir dans une région sans cœur, une maison de retraite où les humains semblent plus vieux que les statues millénaires de leurs musées." (Frantz)

Nous débarquons en Israël en même temps que Salma, en plein attentat, puis allons à Moscou où Syafiq, bel ingénieur de Kuala Lumpur vit une passion ravageuse et interdite, avant de nous retrouver au bord d'une piscine à Dubaï avec un discret serveur philippin.
Quelques pages avec Denis et Dorothée dans l'avion qui les emmène en lune de miel avant de faire un safari en Tanzanie avec 3 couples quinquagénaires australiens.
Une jeune londonienne Fancy, amoureuse de son beau-père nous fera découvrir Rome avant un drame dans le golfe d'Aden où deux espagnols seront attaqués sur leur catamaran par des pirates somaliens.

Arrive l'une des rencontres les plus touchantes : celle de Giorgio et Ernesto, 76 et 78 ans deux vieux solitaires italiens qui envisagent un "long" voyage de leur vie à Nova Gorica pour aller jouer au casino en Slovénie ; abandonnant Geronimo le petit chien au centre de leur angoisse ; pour moi la plus incertaine, la plus amère.

Simples touristes américains en Thaïlande, Alec verra sa femme Jaycee, quitter la réalité, en rencontrant des esprits de gens non-nés.
Mais, plus il y réfléchit, plus il se dit que c'était une erreur parce que, quand on part si loin de chez soi, ce qu'on trouve parfois, derrière le masque du dépaysement, c'est l'arrière-pays mental de nos terreurs." (Alec)

Le voyage sera presque terminé quand l'angoissant Caine s'enfuira de chez ses parents à Atlanta en auto-stop ; des rencontres angoissantes, une nouvelle construite comme un thriller.

La boucle sera enfin bouclée avec une famille de touristes japonais coincés à Paris car leur village a été détruit par le tsunami.

Une lecture exigeante que ce voyage autour du monde. Un style déstabilisant avec cette absence de coupure entre les chapitres, dans une même phrase, on quitte un personnage et l'on commence un nouveau voyage, une photo pour nous aider à faire la transition ; des phrases longues obligeant quelquefois à une re-lecture ; des histoires qui restent souvent en suspens, frustrant parfois le lecteur.

Mais on ne peut qu'admirer le travail de l'auteur, son originalité bien sûr, mais cette diversité sans fausse note dans la rencontre de tous ces gens loin de chez eux, que ce soit pour du tourisme, le travail, de toutes origines sociales, tous différents. Des histoires incroyablement variées, des vécus, des caractères, des psychologies différentes avec le tsunami du Japon en fil rouge.

"Pour l'instant, il entre dans le bureau de poste de la rue du Louvre, il imagine les lettres et les colis par milliers, les gens qui circulent au même moment partout dans le monde. Il imagine les montagnes de sacs postaux, et il pense à tous ces mots, par millions, qui s'écrivent, se lisent, se froissent, s'oublient, et à tous ces gens qui se frôlent et ne se rencontreront jamais."
Mots de la fin, dernières phrases du livre

Une critique un peu longue due à mon incapacité à "choisir" une nouvelle plutôt qu'une autre, (je trouve toujours périlleux la critique d'un recueil de nouvelles) et une grande admiration pour l'auteur qui, loin de la poésie de Supervielle, nous emmène dans un impressionnant tour du monde humain.

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  Autour du monde [Texte imprimé] Laurent Mauvignier

  de Mauvignier, Laurent
  les Éditions de Minuit
  ISBN : 9782707323859 ; 19,50 € ; 04/09/2014 ; 384 p. ; Broché

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