Le central de Alain Gerber
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le roman du Central
Il s'agit sans conteste du roman du Central, café célèbre au coeur de la ville de Belfort ; mais un café ne peut vivre sans toutes les âmes qui l'habitent, le visitent, y circulent ; ce sont les romans de toutes ces âmes sous forme de portraits ciselés, qu'Alain Gerber nous offre dans ce livre qui pourrait se mesurer sans complexes aux célèbres "Portraits" de la littérature passée.
Un jour de ce café, et pourtant combien de jours dans ces vies ! C'est une grande photo de groupe qu'on ne découvrira qu'à la fin du livre, de la première heure d'ouverture à la fermeture.
C'est l'art du portrait vivant, qui peut en quelques dizaines de lignes résumer toute une vie ; mais de quelle façon ! Alain Gerber plongent dans ces vies avec une précision confondante. On a le sentiment qu'il les a toutes connues pour parvenir à saisir ces personnalités si différentes avec autant de détails, de finesse et de sensibilité.
Il est vrai qu'on pourrait penser que le café en général rassemble toute l'humanité. Qui n'a pas été tenté, assis à une table, de regarder tous ces visages à côté de soi ou qui vont et viennent, et d'imaginer toutes les vies qui se cachent derrière ? Il y a la surface et il y a le profond, et ce livre ouvre les portes sur cette profondeur grâce à une superbe écriture qui cible au coeur de ceux qui vont donner vie à ce café.
La grande richesse du vocabulaire, l'humour, un oeil aiguisé, parfois acéré qui s'intéresse à l'être humain, la subtilité du pinceau associée parfois à une grande tendresse, font de ces portraits vivants des sortes d'oeuvres d'art, mais sans démonstration, avec neutralité envers les uns et les autres, chacun étant comme il est. Et si certaines de ces vies semblent ratées ou ayant passé à côté d'un bonheur ou d'une réussite, l'absence de jugement les rend touchantes. De plus elles seront sources, pour le lecteur, de réflexions sur l'existence. Impossible de ne pas y retrouver des résonances en chacun de nous ou en des personnes que nous connaissons ou avons connues.
Mais le Central ne ressemblera certainement pas à un café de nos jours pour la simple raison qu'il existe là dans les années 60, dans une ville de Belfort que des plus jeunes ne reconnaîtront peut-être pas. D'autres, ayant vécu à cette période pourront eux, avec plaisir, s'y reconnaître. C'est dans cette ville qu' A.Gerber a vécu et on la retrouvera souvent dans son oeuvre en particulier dans "Le faubourg des Coups-de-Triques" et "Une sorte de bleu".
La base solide de ce Central c'est son gérant Serge Castillon qui se fait un point d'honneur à être irréprochable dans sa gestion et l'organisation , le tout dans "les règles de l'art". Mais auprès de lui, et sans lesquels il n'y parviendrait pas, il y a Simone la plus âgée des serveuses, Madeleine la sentimentale et maternelle et Victor le barman, de l'équipe du matin. M. Jean ancien héros de la résistance, Jeanne-Marie qui ne sourit pas, le vieux Joseph Baumann ancien communiste et qui l'a payé cher chez qui pourtant "on n'a même pas trouvé un numéro de l'Humanité qui aurait servi à tapisser un tiroir ou à emballer une vieille lampe à pétrôle..", pour l'équipe du soir ; Sans oublier M. et Mme Laigle, les propriétaires qui viennent "faire un tour dans leur affaire" les samedis matins !
Et bien sûr les clients dont les vies s'intercaleront entre celles des employés du café. Et des clients il y en aura ! Impossible de tous les citer mais on trouvera entre autres :
Suzette, ancienne demoiselle du téléphone ; Renaud Vinchelmes professeur ayant obtenu son diplôme in extremis, alcoolique qui déteste son métier et regrette l'Algérie française, considérant que son pays se précipite dans une "'inéluctable décadence" (ce qui rappelle certaines personnalités de nos jours...) ; Waldberg, le dentiste, l'esthète, qui "place au-dessus de tout sa liberté de penser et d'agir" alors que sa vie est en fait "réglée comme du papier à musique, bien qu'il ait le sentiment d'improviser sans cesse...", nostalgique d'un amour "immortel" depuis quarante ans ; Lorraine Mistler journaliste à l'Est qui se réalise dans les interviews en particulier, ce jour, de celui d'un écrivain imbu de lui-même ; une femme qui boit pour échapper à un mari qui la dévalue et dont elle ne se croit pas digne ; Michel Vurpillot qui rêve d'être comédien et célèbre ; un groupe de maîtres d'internat qui "descendent " au Central pour se défouler, bruyants et qui" s'adonnent à un jeu de massacre verbal qui les met en joie et n'épargne personne" ; Bastien Bertheaux le champion du billard électrique admiré par tous les autres ; deux amies Viviane et Delphine aux rapports complexes et déséquilibrés dont la première "se satisfait de vivre au contact de Delphine, d'évoluer dans son ombre ou d'être éclaboussée par sa lumière" alors que la deuxième est en recherche de personnalité ; Francis écrivain de pièces de théâtre et qui rêve que "un jour, quoi qu'il arrive, il publiera un texte capital, une référence pour la culture universelle",; et bien d'autres qui s’intercalent .
L'ensemble bercé par la voix de Dalida au Juke box, Just a Gigolo et des chansons à la mode....
Toutes ces vies parallèles et tourmentées peu à peu se mélangent, physiquement parfois, le plus souvent par la pensée ; certains rêveront d'être remarqués par celui ou celle-là. Et la photo de groupe où chacun semblait porter son unique vie devient la grande vie du Central. La vie, faite de toutes nos vies...
Évoquant, en préambule au roman, le phénomène de la "blancheur de la nuit" :
"Il se produit, très souvent, à l'heure où les échos en vadrouille remontent vers leur source, celle où les premiers cafés de France ouvrent leurs portes. L'obscurité laisse alors la place à une sorte de brume. Immobile, intangible, homogène, recouvrant d'un voile uniforme toute la terre et l'ensemble du ciel, à proprement parler on ne le voit pas, mais elle affecte la vision, dans la mesure où elle filtre chaque teinte, même la plus crue, de manière que celle-ci devienne un avatar, une subtilité de l'incolore : en d'autres termes, l'une des infinies nuances que peut prendre le blanc".
Les éditions
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Le Central [Texte imprimé], roman Alain Gerber
de Gerber, Alain
Fayard
ISBN : 9782213668529 ; 13,99 € ; 11/04/2012 ; 272 p. ; Broché
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Des déracinés
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 15 octobre 2024
L'herbe est toujours plus verte ailleurs, c'est bien connu. C'est particulièrement vrai pour la bande des Américains, les biens nommés, nourris de musique, de cinéma et de littérature venus d'outre-Atlantique, ces boomers qui ne jurent par que ce qui est étranger, ce qui n'est pas d'ici: trop vu, pas assez frais sans doute. Cette génération qui tourne le dos à ses racines pour puiser son inspiration et ses idées chez Oncle Sam. Ils ne me sont pas très sympathiques ces jeunes gens arrogants, sûrs de la domination qu'ils exercent sur leur société, image de leur volonté d'imposer leurs vues libérales aux générations à venir.
C'est aussi le cas de la journaliste de l'Est Républicain, qui se verrait bien exercer son métier à Paris, de Delphine Zinc, la madone de Belfort qui ne sait pas encore quel destin lui est réservé dans cette vie. C'est le cas de Vinchelmes, le professeur d'histoire géographie qui est passé de Langres (déjà pas fameux) à Belfort (le Purgatoire), qui doit se coltiner sa bourgeoise, alcoolique comme lui. C'est aussi le cas du gérant, désavoué par les propriétaires, qui a moins d'ambition mais qui souhaite quitter ce commerce pour s'installer. Tous ont des rêves, des ambitions comme ces déracinés dans le roman de Barrès. Quitter ces lieux pour naviguer au loin de ce navire pourtant solidement ancré au cœur de la ville.
Comme un équipage, cette société interagit, parfois même parvient à grappiller des instants de grâce. C'est pourtant les rapports aux autres qui commandent la façon dont les personnages agissent, qui les enferment, qui les font paraître au lieu d'être: un théâtre permanent dont le Central serait la scène.
J'ai beaucoup aimé la façon dont Alain Gerber navigue d'un protagoniste à l'autre et met en scène ses personnages, porteurs d'espoirs, de désillusions un peu comme un Camilo José Cela l'a fait dans La Ruche. Grâce à une plume vive et précise, parfois poétique, l'auteur, qui est du cru, donne un roman qui remonte le temps vers les années 60, période bénie dans l'imaginaire actuel. Et pourtant, on voit que tout n'était pas rose pour tout le monde: l'herbe est toujours plus verte ailleurs on vous dit.
Piliers de bar
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 17 février 2016
Dans ce bar de la Place Corbis, à Belfort, dont j’ai encore poussé la porte l’an dernier, Alain Gerber installe la traditionnelle cohorte des clients qui viennent là juste pour un moment comme pour célébrer un rituel fortement ancré dans leur quotidien : le prof qui passe vider son aigreur avant son cours, le plombier qui retrouve son ouvrier avant de partir sur le chantier, la retraitée qui s’offre chaque jour le luxe d’un petit déjeuner en ville, la femme qui noie le dédain de son mari dans l’alcool, le dentiste retraité, dandy, coureur de filles, frimeur, la petite journaliste au talent prometteur, la plus belle fille de la ville avec sa copine faire-valoir, la bande des étudiants qui s’ennuient le week-end… et, évidemment, le personnel : serveuses, barmans, gérant qui ont eux aussi leur passé. Alain Gerber raconte l’histoire de chacun d’eux, leur quotidien, leurs ambitions, leurs déboires, mais aussi la face cachée de leur existence, celle qu’ils viennent oublier en buvant quelques verres dans ce bar, un des plus reluisants de la cité. Les portraits que peint l’auteur sont empreints d’une dose plus ou moins forte d’acidité ou d’aigreur, les plus anciens sont plutôt déçus de l’existence qu’ils mènent, trop différente de celle qu’ils ont espéré mener ; les plus jeunes ne distinguent pas très bien quel avenir ils peuvent espérer dans cette ville grise et triste qui fournit essentiellement la main d’œuvre des grandes usines de l’Alsthom et de Peugeot. Seuls quelques clients semblent satisfaits de leur vie et n’éprouvent pas le besoin de la noyer dans les verres que le patron et ses employés leur servent.
L’amertume et l’espoir déçus constituent un excellent fonds de commerce que tous les cafés de France ont largement exploité et exploitent encore pour ceux qui subsistent dans les campagnes et dans les quartiers populaires de nos villes. J’ai l’impression que dans ce texte, Alain Gerber raconte un peu sa jeunesse, les espoirs qu’il aurait, comme Querlier, gâchés avant de tenter l’aventure dans la capitale, tout en admirant une superbe jeune fille, une Delphine, qu’il n’a jamais osé aborder et en rêvant de finir comme le l’ancien dentiste Waldberg entouré jeunes filles à peine nubiles et le nez dans le champagne. Ce bar il le connait bien, il habitait dans ce quartier ou presque, on peut le suivre mètre par mètre dans les pérégrinations de ses personnages, de l’avenue Wilson au Faubourg-des-coups-de-trique. Belfort, c’est le temps des désillusions mais aussi celui de l’insouciance, de l’ennui et de la frime, l’époque où le cinéma américain déferlait sur les écrans, où le rock and roll envahissait les radios. Le temps où cette bande de jeunes intellos, les Américains, lisait américains, écoutait de la musique américaine, notamment « Just a gigolo » par Louis Prima et se gavait de films américains. Comme Querlier, qui « ne peut pas faire davantage pour renier son ascendance belfortaine, Belfort-la-Grise, Belfort-la-Frileuse » mais « n’en reste pas moins son royaume en ce monde, depuis qu’il a perdu tous ses paradis sur un coup de tête ».
Il y a comme un petit vent de nostalgie dans ce texte, j’ai eu l’impression que Gerber, même s’il est très sévère envers sa ville natale, regrettait un peu ce temps où la société respirait devant le comptoir, où les brèves fusaient comme des pets sur une toile cirée, où la politique se réinventait à chaque tournée, où les mauvaises journées s’oubliaient dans le pastis, où les bonnes se célébraient avec du mousseux, où il était toujours possible de retrouver un ami pour partager un bon comme un mauvais moment, où, eux les jeunes intellectuels paradaient, frimaient, épataient les jeunes filles et narguaient les bourgeois. Je suis sûr que quand il revient à Belfort, ça doit bien arriver, il fait un petit détour pour pousser la porte du Central avant de remonter « le faubourg-des-coups-de-trique » où il a passé son enfance. Il se souviendra de ces journées « où les Américains n’auront rien fait d’autre que d’édifier contre leur ennui des digues de vent » et, pourtant, il ne regretterait pas ces journées, ça se sent dans son texte, il est rempli d’empathie et de tendresse pour ces gens simples et besogneux, parfois aigris mais toujours chaleureux.
Il est 6 heures, Belfort s'éveille...
Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans) - 25 septembre 2015
Je lis très rarement ce genre de livres, qui présente une galerie de personnages, représentatifs d'une époque et d'un lieu, j'avoue avoir un peu de mal quand il n'y a pas d'histoire suivie...
Ce roman (?) évoque donc, dans une unité de lieu (la brasserie) et de temps (le samedi), le personnel et les clients du Central. On ne s'en éloignera pas tout au long des 270 pages, et s'il se passe quelque évènement en dehors de la place Corbis, celui-ci sera relaté par l'un des personnages fréquentant la brasserie.
Le choix du lieu, symboliquement, est plutôt intéressant. C'est un lieu de passage, mais aussi de rassemblement, où les gens se croisent sans se parler, se saluent sans se connaitre. Certains viennent se montrer, d'autres se cacher. Certains viennent y rejoindre un ou des amis, d'autres pour rester seuls, ou pour travailler. Certains viennent y tromper l'ennui, pour d'autres, c'est "la sortie" du weekend. Certains aimeraient bien lier connaissance... Mais chacun repart avec ce qu'il avait amené avec lui, ni plus ni moins. A moins qu'un évènement extraordinaire ne vienne bousculer les us et coutumes de tout ce petit monde, permettant des rapprochements inattendus et inespérés !
Alain Gerber croque avec beaucoup de talent les portraits et petites histoires de ces Belfortains du début des années 60, probablement représentatifs des habitants des villes de province d'après l'Indochine et d'avant l'Algérie. De ces destins à peine entrevus, il ressort une sorte de mélancolie, la difficulté de changer ou de partir, l'impossibilité de rester, l'impasse au final, dont Le Central est à la fois le dérivatif et le terminus.
Mais même si le sujet est bien traité, même s'il n'y a pas de monotonie dans la ronde des arrivées et des départs, j'ai eu du mal à arriver au bout de cette journée presque comme toutes les autres, et c'est avec un lâche soulagement (parce que je n'ai rien à reprocher à ce livre!) que j'ai assisté à la fermeture du café et tourné la page finale !
Le carrefour des solitudes !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 15 août 2015
L'Indochine est perdue et l'Algérie est sur le point de s'émanciper. La télévision n'est pas encore répandue, le cinéma est à peu près l'unique distraction qui s'offre aux Belfortains.
La jeunesse vit avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus du crâne; l'Algérie.
Belfort, la Cité du Lion où l'ennui rythme la vie de la population.
Se croisent au Central des personnages de conditions diverses et variées qui ne se fréquenteraient probablement pas sans cet "espace de récréation".
Quelques personnages croustillants, hauts en couleur :
-> Renaud Vinchelmes, 43 ans, professeur d'Histoire et Géographie, désabusé par un métier formant "les ruminants de demain". Il se donne un peu de courage au bar avant d'affronter l'insondable vide de son existence. Il vit avec la réincarnation d'un ectoplasme: une femme.
-> Waldberg, un dentiste cynique, au regard d'entomologiste. Un esthète mandarinal qui trône entre ses vestales du Péché. Un homme à femmes, hédoniste; qui viendra secouer la douce routine du café.
-> Bastien Bertheaux et Delphine Zinc, les "belles gueules" qui auraient tout pour se rencontrer mais qui semblent se complaire à s'éviter.
Une incroyable galerie de portraits. Des personnages amusants, tendres, tentant de remplir le vide de vies sans horizon.
L'auteur brosse un tableau sans concession d'une jeunesse aux rêves ternes. Reproduire les schémas familiaux sans s'élever au dessus de sa condition.
"Se dirigent-ils vers le début d'une ascension ou vers la fin des espérances ? "
Difficile de vous expliquer pourquoi j'ai adoré ce roman.
Le style est agréable. Beaucoup d'humanité mais des portraits au vitriol, sans pitié sur des hommes que l'auteur semble vouloir bousculer pour faire exploser leurs rêves d'ailleurs.
Une oeuvre très originale qu'on aimerait pouvoir continuer.
L'auteur nous laisse au bord de la route, les personnages rentrent chez eux au terme d'un samedi qui vient amputer le Week-end.
Précipitez-vous vers cette petite pépite sans prétention !
Sociologie « bistrotienne »
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 18 juin 2015
« Le Central », le roman, lui va nous détailler tout au fil d’un samedi ce petit monde ; son personnel, ses clients, les habitudes qu’ils y ont prises … Mais Alain Gerber va bien au-delà puisqu’il ne se contente pas d’être factuel : il nous donne pour chacun le contexte psychologique personnel afin de permettre au lecteur de comprendre les tenants et aboutissants ou, peut-être, d’avoir loisir de les imaginer. C’est très bien réalisé, parfaitement « documenté » si je puis dire, mais l’ensemble m’a paru long (en fait comme longue parait la journée qui n’en finit plus de s’étirer depuis l’heure d’ouverture matinale à la fermeture vers une heure du matin le lendemain à Serge Castillon, le gérant). Peut-être les occasions de décrocher, lors des passages des uns aux autres, peut-être manque de concentration de ma part … Pourtant c’est tellement bien croqué qu’on s’y replonge facilement mais il m’a, semble-t-il, manqué du « liant » ?
Certainement faut-il préciser que nous sommes en 1960, une époque où, peut-être ( ?), Alain Gerber fréquentait assidûment un « Central » avec sa bande « d’Américains » telle que la bande de jeunes gens désoeuvrés – et qui n’ont rien d’Américains ! - qui fait les riches heures du Central le week-end.
Belfort, au moins en 1960, nous est présentée comme l’archétype de la ville de province. Vous savez, celle où rien ne se passe, où tout le monde connait – à peu près – tout le monde, où un changement de comportement anodin resplendit dans la ville comme un phare dans la nuit. Clairement, en 1960, on s’y emm… à Belfort. Grave ! (Evidemment la magnifique course à pied « Le Lion de Belfort », reliant Belfort à Montbéliard n’existait pas encore puisque le Belfort que je connais, lié à cette course ne m’apparaît pas ainsi, cinquante ans plus tard est-il juste de dire)
Toute une galerie d’êtres plus ou moins paumés, tous avec leurs fêlures (comme nous n’est-ce pas ?) s’agite au fil des 273 pages et ça sonne vrai. Parce qu’Alain Gerber a une précision d’entomologiste mais aussi l’amour de son sujet. Il a beaucoup aimé quelque part un « Central » !
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Le central?? "Mon" central??? | 36 | Sissi | 24 octobre 2022 @ 14:48 |