La machine à assassiner de Gaston Leroux

La machine à assassiner de Gaston Leroux

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique , Littérature => Francophone

Critiqué par Ellane92, le 8 janvier 2015 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans)
La note : 8 étoiles
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L'âme et le corps

Bénédict Masson est mort, criant son innocence, guillotiné, pour le meurtre des jeunes femmes disparues qui étaient en stage avec lui. Mais des faits étranges continuent de se produire, et les plus folles rumeurs courent les rues de Paris. Des jeunes femmes continuent à disparaître à proximité de la demeure secondaire de l'ancien relieur. La comtesse de Coultray est au plus mal, malgré l'assiduité des soins prodigués par le médecin hindou de son mari, mari qui se rapproche sensiblement de la belle et inquiétante danseuse La Dorga. M. Gaillard et le prosecteur Quentin, son futur gendre, sont affolés : d'après eux, la "machine à assassiner" qui sème la terreur dans les rues de Paris serait le fruit de leur invention, et se serait enfuie avec leur fille et fiancée, la belle Christine.

Qu'il est difficile de faire un résumé de cette suite de "La poupée sanglante" sans dévoiler la fin du premier opus ! Ce second tome emprunte toujours, comme le premier, à différents registres littéraires : l'histoire d'amour (bien que moins présente), le roman policier et le fantastique. A ce propos, j'ai beaucoup aimé la façon dont Gaston Leroux revisitait les mythes des vampires et de Frankenstein pour mettre en lumière une question fondamentalement humaine : le corps et l'âme. Car c'est finalement en ces termes que se pose l'intrigue sentimentale de ce diptyque : Christine est attirée par la finesse et la poésie de l'esprit de Bénédict, mais est répugnée par son physique ; elle est attirée par l'intelligence de son fiancé Jacques, mais il manque justement du romantisme poétique et passionné de Bénédict ; elle est captivée par "Gabriel" l'automate, l'homme parfait, à qui il ne manque… qu'une âme. Quant à Bénédict, dont la tête guillotinée a été greffée sous le visage sans défaut de Gabriel, peut-il prétendre à l'amour de Christine ? Peut-il rencontrer le bonheur et la sérénité ?
Ces réponses, ainsi que les énigmes posées dans le premier volume (la comtesse de Coultray est-elle folle ? Bénédict est-il un assassin ?) trouveront réponse dans ce roman qui propose, comparativement au premier, plus d'action et plus d'humour (grinçant). La première partie notamment tient beaucoup de la peinture ironique d'une certaine société, dans laquelle les hommes et les femmes ne sont pas vraiment dépeints à leur avantage ! La dernière partie se situe plus dans l'action, et inclut de façon heureuse course poursuite, suspense et retournements de situation.
Même si j'ai trouvé "La machine à assassiner" un chouia inférieur à "La poupée sanglante", l'ensemble propose un très agréable moment de divertissement !


Non, il n'y a pas de plus grande douleur au monde que d'être un pur esprit !... La religion chrétienne a compris cela qui a mis au premier rang de ses dogmes : la résurrection de la chair !... Oui, Christine ! voilà le paradis !... renaître en chair et en os pour cueillir ton baiser éphémère dans lequel tu aurais mis l'éternité !... Mais l'éternité sans ce baiser-là je n'en veux plus !

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