Séraphin, c'est la fin ! de Gabriel Matzneff

Séraphin, c'est la fin ! de Gabriel Matzneff

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par Shelton, le 4 janvier 2015 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 636ème position).
Visites : 6 528 

Un ouvrage et un auteur qui posent question !!!

Ai-je vraiment envie de parler de Gabriel Matzneff, ce qui ne m’était pas arrivé depuis trois décennies ou presque… J’avais arrêté suite à quelques lignes de cet auteur sur la pédophilie, un texte où il reprochait presque aux parents de vouloir protéger leurs enfants… Et me voilà de nouveau face à lui, face à ses livres…

Certes, je n’étais pas obligé d’écrire, ni même de lire… Et, pourtant, j’ai ouvert ce Séraphin, c’est la fin ! Non pas parce que son titre aurait annoncé la fin d’une œuvre, ce qu’il annonce quasiment dès le départ et qui n’étonne pas entièrement puisque l’auteur a 77 ans en 2013, date de parution de l’ouvrage dont il est question ici… En fait, j’ai décidé de lire cet ouvrage car il était en solde chez mon libraire et que cela faisait longtemps que je n’avais pas fréquenté cette littérature de qualité. Soyons effectivement précis dès le départ, Gabriel Matzneff est un des meilleurs littérateurs de son temps, un des prosateurs et essayistes de qualité du vingtième siècle… Je lui ai toujours reconnu ce fond littéraire ce qui n’est pas toujours le cas avec le contenu de ses livres, comme c’est encore le cas avec ce dernier ouvrage.

Tout d’abord, il ne s’agit pas là d’un roman, d’un journal ou d’un essai. Il est question là d’un recueil d’articles, de conférences, d’interventions, sur des sujets variés. A chaque fois, le style est d’une grande qualité, la construction intellectuelle d’une crédibilité étonnante, et, pourtant, bien des fois, je suis resté sceptique sur le fond, pour ne pas dire plus dans certains cas.

Il faut commencer par reconnaître à Matzneff un esprit vif, inclassable, courageux. Il ose prendre la parole sur tous les sujets qui fâchent, des Roms à la ruée fatale pour Kadhafi. Certes, on peut lui reprocher d’être parfois trop à droite mais il est tellement unique en son genre que quelques pages plus loin on pourrait le prendre pour un centriste ou un anarchiste, pour un croyant ou un païen ancestral, pour un intellectuel enfermé dans sa tour d’ivoire ou un commentateur médiatique sur une chaîne d’information… Il est surtout un homme engagé qui ne craint rien et, pour cela, je ne peux que le saluer même si je ne partage pas tous ses choix, toutes ses affirmations, toutes ses croyances…

Reste la délicate question de l’amour. Gabriel Matzneff a toujours revendiqué une bisexualité et un amour pour les personnes jeunes, pour ne pas dire les adolescents, surtout ceux entre treize et quinze ans. Malgré les polémiques, il revient encore sur le sujet avec une conférence prononcée à la librairie Mollat de Bordeaux en 2007. Je peux accepter un grand nombre de choses dont l’affirmation initiale de la conférence : la vie amoureuse n’a jamais été chose facile ! Pour le reste je suis très prudent car j’ai du mal à entendre son discours sur la pédophilie. Même quand on est non-violent, doux et tendre, aimer un enfant, d’un amour physique et sexuel, me parait, pour un adulte, une situation extrême. Il y a, qu’on le veuille ou non, une pression de l’adulte vers l’enfant qui me semble inacceptable. Et ce n’est pas parce que les enfants peuvent avoir entre eux une forme d’activités sexuelles, autorisées ou non par les adultes, la morale ou les églises, que cela dédouanerait en quoi que ce soit les adultes pédophiles. Je n’en dirais pas plus sur le sujet, mais c’est bien là que je reste très dubitatif sur cet ouvrage comme sur d’autres qui ont précédé. Oui, Gabriel Matzneff écrit bien, oui, il est intelligent, oui, il est fascinant… mais je me refuse de le suivre sur certains sujets qui restent pour moi tabous tout simplement. Et je suis persuadé qu’une société a besoin de tabous, qu’ils permettent à chacun d’être respectés et de vivre en paix…

Voilà aussi pourquoi ma note de l’ouvrage n’est pas élevée, voilà pourquoi je ne vous conseille pas cette lecture et je peux comprendre que l’on ne partage pas mon point de vue !

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Séraphin cet indigent

1 étoiles

Critique de Passcalou (, Inscrite le 11 avril 2020, 66 ans) - 11 avril 2020

J'ouvre pour la première fois un livre de Gabriel Matzneff, curieuse de connaître l'auteur qui fait la une de l'actualité "scandaleuse". "Séraphin, c'est la fin!" Comme je préfère toujours me faire une idée par moi-même, je commande, m'installe dans un bon fauteuil et lis ... sans aller jusqu'au bout. Quel ennui, quelle indigence intellectuelle et littéraire! Scotchée, je suis ahurie par le fait que de tels prix aient été décernés à ce scribouillard snob et creux comme une calebasse. N'ayant pas grand chose à dire, Matzneff noie le lecture dans sa pseudo culture. Ce type est tellement "supérieur" au reste de l'humanité qu'il est capable d'écrire des torchons de pages en toute conscience, sans crainte, puisqu'on l'a laissé faire des dizaines d'années. Il aurait eu bien tort de ne pas profiter d'un auditoire complaisant.
Décidément, "l'écrivain" est nul sur toute la ligne. Son bouquin ne vaut pas un euro.

Un écrivain unique

10 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 5 février 2015

Gabriel Matzneff fait partie des écrivains que j’affectionne tout particulièrement. Avec lui, je me sens bien, jamais l’ennui ne vient me titiller lorsque je tiens un de ses livres et que je tourne les pages avec gourmandise et un plaisir toujours renouvelé. Oui, j’aime cet écrivain pour sa sincérité, son érudition, sa charmante naïveté, sa classe, son attrait pour le spirituel et le sacré. Je termine toujours un de ses livres avec regret et je le garde tout près de moi afin de pouvoir relire des chapitres qui m’ont touchée.

Ce recueil de textes écrits sur une période s’étirant sur une cinquantaine d’années soit mille neuf cent soixante-quatre à deux mille douze renferme de petites merveilles. Si vous le lisez, vous trouverez des articles sur des sujets aussi divers que Rozanov, la censure, le viol, Schopenhauer, Pierre Bourgeade, Casanova, Khadafi, enfin tous les sujets chers au cœur de l’écrivain et auxquels il nous a habitués nous ses fidèles lectrices et lecteurs.

Vous lirez aussi le texte de trois conférences : « À propos du viol », « « De la censure » et « Casanova et la victoire sur la mort ». Le regard que jette l’écrivain sur les sujets chauds de l’actualité est évidemment très intéressant et instructif. Il émaille ses écrits d’expressions italiennes dont il donne heureusement la traduction. Cette langue est si belle, riche et mélodieuse et c’est une joie de découvrir ces petites pépites tout au long de la lecture.

Le livre est bien équilibré, pas trop long et les thèmes sont variés. La prose de Gabriel Matzneff est d’une richesse exceptionnelle de même que sa philosophie et sa pensée. Chaque lecture de cet auteur m’enrichit et m’apaise. Il est unique et encore inégalé parmi mes auteurs de prédilection et le restera je crois bien.

« Quand nos prières s’élèvent, telles les volutes de l’encens, vers le Ciel, peu importe qu’elles soient entendues par le Christ, ou par Osiris, ou par personne. L’essentiel est le plaisir et la consolation que nous éprouvons en les formulant. Si Dieu n’existe pas, tant pis pour lui. »

« Qu’est-ce qu’un écrivain ? C’est une sensibilité modelée par une écriture, un univers soutenu par un style. »


L’infréquentable

6 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 11 janvier 2015

On réduit souvent Matzneff à ses opinions sur la pédophilie. Mais, il n’est pas juste ça. De nombreux autres thèmes sont abordés dans ses écrits qui pourront peut-être rejoindre les lecteurs pour qui le malaise de la pédophilie rend cet écrivain infréquentable.

Les textes de ce livre s’étendent de 1964 à 2012. La première portion contenant les articles de ‘Combat’ aurait pu être retranchée puisqu’elle est dépassée. Après 2000, cela devient plus intéressant. Si Matzneff peut en choquer plusieurs, ce n’est certainement pas un crétin. Ses pensées sont lucides et limpides. Il touche la cible régulièrement notamment lorsqu’il parle de ‘l’hystérie puritaine’.

Par contre, Matzneff n’est pas un écrivain attachant et chaleureux. On dénote une pointe de prétention dans son style et un certain détachement probablement dû au fait qu’il soit si souvent retranché derrière sa résistance. Il est plutôt drôle de le lire se plaindre constamment dans ce livre qu’il n’a jamais remporté de prix littéraires alors que c’est justement ce titre qui lui vaudra le Renaudot.

La principale qualité de ce recueil est de porter à la réflexion. Toutefois, j’aurais aimé une plus grande diversité des thèmes au lieu de répéter les mêmes. Une manie que Matzneff avoue lui-même. Au-delà de tout, il s’agit d’un homme qui défend la liberté. Et sur l’essence de ce point, nous devrions tous être d’accord.

« Lorsque l’imbécile ‘nouvel ordre mondial’ prôné par les pharisiens glabres d’Outre-Atlantique et les excités barbus d’Arabie (qui, les uns et les autres, prétendent régenter nos mœurs, nous dicter ce que nous devons penser, croire, écrire, manger, fumer, aimer) étend son ombre sur la planète ; lorsque le décervelage opéré par les média, les sales guerres de l’impérialisme américain, la bruyante omniprésence des mufles du tourisme de masse, les mercuriales des tartufes bouffeurs de curés, les prurigineux anathèmes des quakeresses de gauche et des psychiatres de droite, s’emploient à détruire tout ce qui constitue le charme et le sel de la vie, un écrivain épris de liberté a d’autant plus le devoir de se répéter que cette liberté est désormais tenue pour subversive, sulfureuse. »

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