Le Palais des rêves de Ismaïl Kadaré
(Nepunesi i pallatit te endrrave)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Un livre passionnant, bien écrit,
Un livre tout à fait surprenant et inquiétant. Le pouvoir a déjà pensé à surveiller et interpréter les rêves des citoyens ?.
Impossible !… C'est pourtant ce que Kadaré a inventé ici. Nous sommes dans l’énorme bâtiment qui abrite les fonctionnaires de l'administration et de l’interprétation des rêves. Notre héros, Mark-Alem, en fait partie. Il est issu d’une grande famille, mais n'est encore qu'à un échelon assez bas de ce vaste ensemble de personnes.
Chaque jour qui passe, les citoyens du pays doivent envoyer leur rêve éventuel à l'administration. L'échelon tout en bas est inondé sous le poids des lettres et doit faire un premier tri. Il ne s’agit évidemment pas de transmettre n'importe quoi à l’échelon supérieur, sous peine de passer pour un idiot. Mais gare si un rêve important échappait à la vigilance de son lecteur ! L’échelon supérieur examine plus en détail les résultats de ce premier tri et doit décider si quelque chose mérite de passer une nouvelle étape. Un choix encore plus difficile !… Nouveaux échelons et tris de plus en plus serrés.
Le but du pouvoir au-dessus de tout cela est de tenter, par l’inconscient des sujets, de contrôler les pensées et de devancer, si possible, des tentatives de complots ou de rébellion contre le chef suprême. L'interprétation des rêves devient un acte politique. Le choix " du rêve " considéré comme digne d’être transmis au chef suprême est aussi une décision qui comporte de lourdes responsabilités personnelles. Ce choix peut coûter la vie à beaucoup de monde. Le plus terrible est que ces interprétations ne peuvent qu'être subjectives. Chacun devine, croit deviner, qu’en fonction de ce qu'il veut bien y voir !. C’est l’arbitraire absolu et le sort de beaucoup entre les mains de quelques-uns uns.
Un très grand roman et très bien écrit. Il donne froid dans le dos aux plus imaginatifs. Une fois le livre ouvert, on est captivé.
Les éditions
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Le Palais des rêves [Texte imprimé], roman Ismaïl Kadaré trad. de l'albanais par Jusuf Vrioni
de Kadaré, Ismaïl Vrioni, Jusuf (Traducteur)
Fayard
ISBN : 9782213021997 ; 20,90 € ; 05/09/1990 ; 242 p. ; Broché -
Le palais des rêves [Texte imprimé], roman Ismaïl Kadaré trad. de l'albanais par Jusuf Vrioni
de Kadaré, Ismaïl Vrioni, Jusuf (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche. Biblio
ISBN : 9782253064749 ; 6,70 € ; 01/09/1993 ; 190 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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Le Château ?
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 2 mars 2016
Ismaïl Kadaré, sans doute involontairement, a réussi à recréer l'ambiance du Château de Kafka. Il y a tout au moins des similitudes.
Tout à fait hors du temps (juste quelques détails distillés au compte gouttes), mais avec une intrigue qui parvient à tenir le lecteur en éveil tout au long de son parcours.
Excellent.
Inoubliable...
Critique de Natalia Epstein (, Inscrite le 13 novembre 2015, 44 ans) - 14 novembre 2015
J'ai été marquée par ce roman, d'abord par l'originalité du propos. Ensuite, ce qui m'a surprise, c'est que, sur le sujet du rêve, le livre est écrit comme un rêve. C'est donc assez fort, je trouve. Et en plus, il y a une ironie, une dérision, un tragique dans l'intrigue... C'est un thème qui est universel, même si là il est traité selon l'axe du totalitarisme. Les rêves, n'est-ce pas ce qui nous relie tous ? Quand on voit la prégnance des écrans à l'heure actuelle, quand on sait que les ondes cérébrales lorsque on regarde un film sont très proches de celles du rêve... L'auteur aurait pu parler de tout ça hors contexte de totalitarisme. Certes, ça aurait donné une autre tournure au récit. Mais cette idée d'analyser les rêves aurait à elle seule justifié le roman. Quant à ce palais labyrinthe, cette hiérarchie mystérieuse...
J'ai lu le livre il y pas mal d'années, mes souvenirs sont un peu flous. Mais d'en parler me donne envie de le relire. C'est, en tous cas, un roman très abouti et passionnant. Pour l'instant, le seul que j'aie lu de cet auteur.
Un roman magistral, à l'atmosphère oppressante
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 5 juillet 2015
Le talent de conteur d’Ismael Kadaré est ici absolument prodigieux, par sa capacité d’évocation d’un univers complexe et menaçant, où des complots sont sans cesse ourdis dans l’ombre, où des victimes innocentes périssent de luttes intestines et feutrées qui explosent soudain dans un déchaînement de violences policières… La description du Palais des Rêves, de ses longs couloirs déserts et labyrinthiques, de ses salles d’archives regorgeant des millions de rêves consignés dans les dossiers entassés, de ses fonctionnaires suspicieux, de son organisation à la fois folle et minutieusement réglée, etc. est fascinante : on ne peut s’empêcher de songer à la bibliothèque infinie de Borges aux mains d’une administration kafkaïenne (ou, même si la comparaison est peut-être moins prestigieuse, à certaines œuvres des frères Strougatsky construisant, sous une apparence de science-fiction, des univers totalitaires broyant les individus).
Des quatre romans que j’ai lus de Kadaré, celui-ci est pour l’instant mon préféré. J’ai, à plusieurs reprises, raté ma station de métro tant j’étais immergé dans ma lecture… Par son talent d’écriture (qui est ici manifeste dans l'intelligence des non-dits et le parfait équilibre entre la description explicite et la suggestion) et par sa compréhension subtile de l’essence des dictatures, qui lui permettent dans un court récit d’en dire davantage que bien des romanciers ou des essayistes, il me semble que Kadaré (que certains écrivains et critiques en France se permettent de considérer comme un simple très bon conteur d’histoires) aurait largement mérité le prix Nobel.
Passionnant et affolant
Critique de Printemps (, Inscrite le 30 avril 2005, 66 ans) - 7 novembre 2010
Aussi une défense de l'autre pensée et un renvoi indirect à la situation dans les Balkans et dans des régimes dictatoriaux. Toujours d'actualité.
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