L'Île du point Némo de Jean-Marie Blas de Roblès

L'Île du point Némo de Jean-Marie Blas de Roblès

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures , Littérature => Francophone

Critiqué par Psychééé, le 20 septembre 2014 (Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 875ème position).
Visites : 5 213 

Un voyage extraordinaire

Quiconque a lu ce livre peut saisir la difficulté à le résumer tant le contenu est dense et riche. Une histoire centrale toutefois : un diamant d’une valeur inestimable dérobé - probablement par le redoutable Enjambeur Nô – que Holmes, Canterel, Lady McRae et d’autres acolytes vont tenter de retrouver. A travers Londres, Moscou, Pékin et Sydney entre autres, on est transporté avec eux dans des aventures folles à un rythme effréné : une attaque dans le Transsibérien, un voyage en montgolfière, une croisade en bateau, des découvertes inespérées… Véritable roman d’aventures à la manière d’un Jules Verne, il est aussi excessivement loufoque que L’écume des jours – voire davantage-, et fait appel à la science fiction, que dis-je à un débordement d’imagination foisonnant! Autour de cette histoire gigogne, d’autres individus viennent agrémenter des chapitres transverses parmi lesquels le patron d’une fabrique de cigares où l’on lit des classiques aux ouvriers à voix haute, remplacée par une usine de livres électroniques avec à sa tête un boss pervers, d’un autre côté un couple misérable, un mari impuissant, un oiseau qui valait des millions…
D’une telle richesse et d’une telle absurdité, ce roman jubilatoire est un véritable coup de cœur, qui offre en plus de multiples réflexions. J’en suis ressortie complètement sonnée, enchantée par ce voyage dans un autre univers.

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Mises en abîme

7 étoiles

Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 18 octobre 2017

Ce roman sort de l’ordinaire avec son univers décalé servi par une galerie de personnages barrés et sa structure particulière où 2 récits alternent, se mêlent, s’engendrent.

Ça part à toute bringue dans un foisonnement de références et d’érudition. On est surpris, on s’interroge, on se laisse embarquer dans une aventure loufoque dont on ne comprend pas bien où elle va nous mener. L’intrigue est émaillée de réflexions sur l’environnement, l’objet littéraire ou encore le rapport entre la fiction et le réel.
Dommage qu’à mi-parcours le souffle tombe. L’histoire piétine, tourne en rond, les effets se répètent, les scénettes se suivent et se ressemblent. Jusqu’aux derniers chapitres qui retrouvent enfin l’inspiration du départ. Ouf ! Sauvé !

L'île du point zéro ?

4 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 9 août 2017

L’île du point zéro ?

Et pourtant tout avait si bien commencé : un style chatoyant, une jolie histoire de bijou volé, des personnages loufoques à souhait. Mais peu à peu, au fil des 458 pages je me suis senti en dehors, comme si je n’avais pas reçu mon carton d’invitation pour la fête.
Sans discréditer les nombreux lecteurs qui ont étoilé à foison cet ouvrage dru, ni l’usine de Monsieur Wang, ni les éléphants égarés croisant le train transsibérien ne sont parvenus à me dérider.

Mais l’auteur a peut-être raison sur un point : nous sommes tous morts à vingt ans sans nous en être rendu compte. Tu es morte ma vie, et je respire encore.

When Conan Doyle meets Jules Verne …

10 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 14 mai 2016

Allez ! Le Conan Doyle, celui du Professeur Challenger, du “Monde perdu” et le Jules Verne de “20 000 lieues sous les mers ». Mais aussi le Conan Doyle de Sherlock Holmes et le Jules Verne du « Tour du monde en 80 jours ». Jean-Marie Blas de Roblès fait preuve d’une virtuosité étourdissante, casant comme autant de mines prêtes à vous sauter à la mémoire des références à chaque détour de page.
Et pour corser le tout, il nous mixe les époques puisque la partie centrale – ou que l’on peut croire centrale – fait plutôt référence au début XXème siècle mais que des éclats réguliers de personnages dont on ne comprend pas bien, au début (et pour longtemps !), ce qu’ils viennent faire là, se réfèrent sans ambiguïté à notre époque moderne ; époque de liseuses électroniques et de webcams …
C’est inracontable. Ce sont clins d’yeux permanents, irrévérences, performances de héros « tintinesques », c’est de la poésie à tous les étages et de l’érudition, mine de rien, à jet continu. J’ai même pensé pour un passage au roman inachevé de Jean Giono, « Fragments d’un paradis » !
Il y a de tout et tout est bon. Rien à jeter. Transposé au cinéma ce serait un mélange de Patrice Schulmann tendance « Et la tendresse ? Bordel ! » avec « Tintin et les oranges bleues » mâtiné de Francis Ford Coppola tendance « Apocalypse now ».
On y trouve aussi bien ça :
« La vérité, songea Wang, lorsqu'il fut enfin seul, c'est que c'était du pipeau ; la guerre ne répugnait à aucune ruse. En clair, si les textes inclus dans la liseuse étaient tous du domaine public, il ne fallait pas compter y trouver La Comédie humaine ou Les Rougon-Macquart en collection complète, annotée, illustrée et agréable à lire. Les éditeurs historiques de Balzac et de Zola en auraient attrapé des boutons de fièvre. Ces versions-là, il faudrait encore les racheter pour quelques euros sur les plates-formes dédiées. Pas question de les mettre directement sur le B@bil Book. Parmi les deux cents livres proposés, il n'y avait que des œuvres ultraconnues, choisies pour la façon dont elles entraient en résonance avec le cinéma. Hugo ? Les Misérables ; Zola ? Germinal ; Balzac ? Le Colonel Chabert ; La Recherche ? le premier tome, pas les autres, et ainsi de suite. S'ils ne les avaient pas lus plusieurs fois, les gens pouvaient se rattraper avec les aventures complètes de Sherlock Holmes, les Fables de La Fontaine ou Vingt Mille Lieues sous les mers. Cela lui rappelait la Chine sous Mao, quand tout le corpus littéraire et philosophique se limitait peu ou prou à la production du XIXe siècle.

Du point de vue des éditeurs, il s'agissait simplement de produits d'appel pour vendre ensuite leurs nouveautés. Pour les concepteurs de liseuses, cela n'avait aucune espèce d'utilité. Le temps que les acheteurs ouvrent leur e-books, ne serait-ce que pour les feuilleter, et on aurait changé trois fois de tablettes et de normes de fichiers. L'important, ce n'était même pas qu'ils achètent des livres numériques récemment parus, mais qu'ils achètent encore et encore la possibilité de les acheter. Le même système que partout ailleurs, et qui fonctionnait à vide, comme le reste de l'économie. La bibliothèque numérique n'était qu'une variation moderne du péché d'orgueil, celui de parvenus pressés d’exhiber leur prospérité, s'entourant de livres tape-à-l’œil -voire de simples reliures vides- qu'ils n'avaient jamais lus et ne liraient jamais.

Dans les bureaux de recherche de la maison mère, on travaillait déjà à des liseuses one shot, des B@bil Books jetables qui ne contiendraient qu'un seul titre et se réduirait à une feuille de plastique souple. La technologie était au point, il n'y avait plus qu'à développer des stratégies de communication permettant de la rendre indispensable. Un autre projet, tout aussi avancé, visait à se passer définitivement des écrivains. Monsieur Wang avait pu tester une version du logiciel, une merveille d'intelligence artificielle qui combinait la mécanique bien rodée du storytelling et plusieurs générateurs de textes, de situations, de personnages, dans le style désiré. Il voyait déjà ce que cela donnerait dans quelques années. "Déçu par la littérature contemporaine ? Réagissez, ne lisez plus que les romans dont vous êtes l'auteur !" Ou ceux de vos enfants, de vos amis, de votre chien. »

Que ça :

« Il faut 45 cm3 d'urine anglaise pour tuer un kilo de lapin, mais seulement 30 cm3 d'urine française, et encore beaucoup moins dans le Bas-Rhin. »

Ou ça :

« - Mazette ! s'exclama Holmes. Vous êtes un cachottier Martial. A quoi fonctionne donc ce palais roulant ?(...)
- Au méthane, répondit Miss Sherrington en chuchotant à son oreille. Il y a un embout à l'arrière qui permet d'extraire ce gaz de n'importe quel purin : veaux, vaches, cochons, poulets, tout est bon. (...)
- Si je puis me permettre, dit Holmes soucieux, comment fait-on le plein ?
- Nous sommes en France, Monsieur, ce ne sont pas les tas de fumier qui manquent. »

C’est régénérant en diable. Une promenade vers le pays du lapin blanc d’Alice, qu’on pourrait situer en plein milieu des océans …

Une imagination débridée

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 11 novembre 2015

Tout d'abord, un grand bravo à Psychééé qui a réussi à écrire un résumé de cette œuvre foisonnante.
Entre la découverte des "trois arpions" chaussés de baskets portant le nom d'un célèbre diamant dérobé et le réveil de Dulcie, on va vivre un nombre incroyable d'aventures.
Suivant l'équipe partie sur les traces d'un abominable assassin, suivant aussi la vie des employés d'une fabrique de cigares à la sexualité particulièrement frénétique, Jean-Marie Blas de Roblès nous emmène en voyage dans un roman d'aventures suranné, multipliant de savoureux anachronismes, de longues énumérations exotiques imaginatives et délirantes.
Émaillant le roman de passages scientifiques pointus qu'on aimerait croire :
"Un biophysicien qui travaillait sur les pathologies ostéoarticulaires a découvert par hasard qu'une enzyme protéolytique était capable d'associer le collagène du cartilage, à certaines molécules de matière plastique, avec pour effet de polymériser ces deux agents et de produire une régénération fonctionnelle des tissus lésés".
évoquant des faits d'actualité tristement mémorables :
"Le premier à s'échapper fut le commandant Scheletro. On le vit d'éloigner du Médiator, à plat ventre sur un matelas pneumatique… indifférent aux injures napolitaines qui fusaient de la nacelle".
Utilisant avec talent les écrits d'illustres auteurs, les plus évidents étant bien sûr Conan Doyle, Jules Verne, Homère… ou des épisodes dont la concordance nous fait sourire.

Si j'avais admiré l'érudition de l'auteur dans son roman "Là où les tigres sont chez eux", j'admire maintenant son imagination, son humour et encore son incroyable talent. Et moi aussi, j'emploierai le "jubilatoire" pour qualifier cette lecture.
Un plaisir de lecture formidable. Une réussite totale.

Accrochez-vous !

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 15 décembre 2014

Oui, c'est difficile de résumer ce livre en quelques lignes. Bien sûr, on pense à Jules Verne, d'autant que l'on rencontre vers la fin du récit un fantôme du Capitaine Némo qui réagit à la musique d'un orgue de tradition et que les protagonistes embarquent sur une version étonnante du Nautilus ! Mais on peut aussi penser aux pieds nickelés, à Tintin et aux frères Dalton... Manifestement l'auteur a laissé son imagination débordante le mener et nous mener pour notre plaisir, dans des aventures extravagantes. Au passage nous découvrons, ou redécouvrons, des allusions à des anecdotes qui nous ont fait rêver dans notre enfance : la transsibérien, les rouleuses de cigares transportées au Périgord Noir, les créatures marines fantastiques, et beaucoup d'autres.

L'auteur s'est probablement amusé à mettre bout à bout ces anecdotes inimaginables a priori. Nous nous amusons autant à le suivre dans ses pérégrinations jubilatoires. Les descriptions sont parfois un peu crues, mais cela fait partie du jeu.

Allez-y, je pense que vous ne le regretterez pas

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