Les lettres de Edith Wharton

Les lettres de Edith Wharton
( The letters)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Kinbote, le 7 novembre 2003 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 322ème position).
Visites : 6 472  (depuis Novembre 2007)

Les arrangements de l'amour

Lizzie West, une jeune institutrice, tombe amoureuse à Paris de Vincent Deering, le père de sa petite élève. Quand sa femme meurt, Mr Deering doit retourner aux Etats-Unis pour gérer des biens de son épouse. Les deux amoureux promettent de s’écrire. Lizzie West ne faillit pas à sa promesse, mais elle ne reçoit jamais de réponse et se fait une raison. Deux ans se passent et Lizzie West qui a hérité d'un vieil oncle retrouve à Paris Mr Deering sans le sou. Permutation des situations financières. Son voyage aux Etat-Unis s’est soldé par un fiasco, c'est la raison – son dénuement pécuniaire - qu'il invoque pour n'avoir pas répondu à ses missives enflammées.
Lizzie West lui pardonne et l'épousera. Deering va vivre à ses crochets ; ils auront un enfant. Un jour, une malle ayant appartenu à Vincent revient des Etat-Unis avec, entre autres choses, des lettres fermées : toutes celles que Lizzie lui a envoyées...
L'emploi narratif qu’Edth Wharton fait de la lettre en tant qu’objet (rien à voir avec l’évanescence des mails d’aujourd’hui) permet de révéler à son héroïne la duperie de Vincent Deering. Elle montre ensuite que l’amour & ou son idée - s’arrange des diverses tromperies et réalités qui pourraient l'amenuiser ou l’anéantir.
Une nouvelle qui nous apprend aussi que les affaires de coeur ne se traduisent verbalement (hier comme aujourd'hui) qu'avec difficulté et qu'il faut, pour les épier, mettre au jour leurs nuances, leurs accidents, des moyens matériels, l'emploi de pièges et de ruses n’ayant rien à voir avec les mots.

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Sposa son disprezzata

10 étoiles

Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 50 ans) - 31 août 2007

Sposa son disprezzata,
fida son oltraggiata,
cieli che feci mai?
E pur egl'è il mio cor
il mio sposo, il mio amor,
la mia speranza.

je ne peux que penser à ce magnifique aria, attribué à Vivaldi, lorsque je me souviens de la lecture de cette nouvelle d' Edith Wharton.

"je suis outragée, ciel qu'ai je fais ? et pourtant il est mon coeur, mon époux, mon amour, mon esperance".

Du grand art, ça s'appelle !

9 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 28 juin 2005

Je n'affectionne pas les histoires à tendance sentimentale, j'éprouve vite un sentiment de lassitude et d'ennui. Chez Edith Wharton, ses histoires baignent tout autant dans ce sentimentalisme rébarbatif, pourtant l'auteur arrive à contourner les clichés sirupeux ou, du moins, sait merveilleusement en jouer. Elle jongle avec le cynisme avec une rigueur, une facilité et un brio époustouflants !

L'exemple se démontre une nouvelle fois avec cette nouvelle, "Les lettres", extraite du recueil "Le fils".
L'histoire tourne autour des méandres amoureux de Lizzie West, jeune américaine de 25 ans, institutrice sans le sou dans cette campagne française. Elle travaille chez le couple Deering, tandis que l'homme tourne en rond dans son atelier de peintre, à la quête de l'inspiration foudroyante, l'épouse est alanguie à l'étage, aborbée par la lecture de romans quelconques. Lizzie tente de parfaire l'instruction de la petite Juliette mais la tâche s'avère délicate. Un jour, les sentiments entre l'innocente préceptrice au coeur pu et l'indolent peintre pétri de dignité basculent en un élan d'amour d'une noblesse affligeante. Et c'est là qu'on s'amuse, qu'on remercie Edith Wharton de prendre à la légère ces élans du coeur, de qualifier cet état de grâce en "une envolée de rêve sur un escalier céleste" !

Il y a une mesquinerie dissimulée chez l'écrivain, celle d'épingler la rigidité des sentiments et des rapports humains chez ses semblables. Elle s'amuse, nous aussi. Elle peaufine une magnanimité chez ses personnages, loin d'être crédible ou tolérable pour le lecteur contemporain. Bref, après moults rebondissements, Lizzie fait un succinct travail d'introspection de son coeur, à se questionner les limites de la loyauté et d'honnêteté chez l'homme et chez elle. Comme souvent chez Edith Wharton, l'héroïne adopte une droiture exemplaire, se conforme à un fol idéalisme, un peu vain, pliant presque l'échine à une douce nostalgie dépassée. Chez l'auteur, très peu de cris, beaucoup de larmes (amères) et un sourire mystèrieux, un regard perdu et vague pour conclure !...
Du grand art, ça s'appelle !

Un petit régal selon Saint Jean-Baptiste

8 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 7 décembre 2003

J’ai découvert à la librairie de Louvain-La-Neuve le seul et unique Edith Wharton qu’ils possédaient encore.
C’est un tout petit bouquin à deux euros mais qui vaut son pesant d’or.
Sans doute que les critiques enthousiastes de Saule ont poussé les lecteurs de Critiques-Libres à dévaliser les rayons des libraires à la lettre W…
En tout cas Saule ne s’y est pas trompé, le talent de Edith Wharton est éclatant !
C’est une courte nouvelle qui raconte une histoire d’amour où l’auteur sonde, avec tendresse et compassion, le cœur d’une fille amoureuse.
Ca se passe au début du siècle dernier à Paris et ça nous vaut une observation très fine de la société de ce temps. Le récit est plein de charme et de poésie.
Un vrai petit régal !


Une nouvelle toute Whartonienne

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans) - 12 novembre 2003

Il m’est toujours agréable de lire une nouvelle de Wharton et je remercie Kinbote d'avoir attiré mon attention sur celle-ci qui vient d'être publiée dans la collection folio 2 euros. Bien sur cette nouvelle n’est pas aussi bien que l'incomparable Xingu, mais on retrouve en partie le style alerte de l'auteur.
Une petite phrase pour vous en convaincre, c’est ce genre de phrase qui me fait aimer Wharton, elle a vraiment le chic pour exprimer les choses joliment, ainsi ici lorsque la jeune Lizzie West se laisse impressionner par son amant plus âgé.
« Mr. Deering savait exprimer avec une clarté incomparable les pensées qu'elle sentait frémir au fond de son propre esprit : parler avec lui, c'était s'envoler dans l’azur sur les ailes déployées de son intelligence et contempler avec netteté, en dépit du vertige, toutes les merveilles et toutes les splendeurs de l’univers.»

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