Refus d'obéissance de Jean Giono
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Giono en enfer
On connaît "Le grand troupeau" de Giono, tout comme on sait avec quelle obstination celui-ci défendit jusqu'à la prison un pacifisme total. Peut-on le lui reprocher sans voir à quoi a été soumise une génération de jeunes hommes dont on a brisé ou ôté la vie...? En 1939, l'adversaire ne méritait plus qu'on se dérobât, mais on n'avait pas encore vu Auschwitz et cette opiniâtreté se comprend. Giono aux tranchées à Verdun, Saint-Quentin, au Mont Kemmel. Le reste se passe de commentaires. Ce n'est pas de littérature mais de l'histoire atroce des hommes dont il s'agit, vécue et racontée par qui a payé de sa personne, sans fioriture, intrigue, esthétique de gare. Rien d'un roman donc. Publié en 1937, il ne semble pas avoir été réédité sinon sous un autre titre peut-être
Les éditions
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Refus d'obéissance [Texte imprimé] Jean Giono
de Giono, Jean
Gallimard / Folio. 2 euros
ISBN : 9782072803390 ; EUR 2,00 ; 01/11/2018 ; 128 p. ; Poche
Les livres liés
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- Refus d'obéissance
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poilu et percutant
Critique de Magicite (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 46 ans) - 5 juin 2021
Je découvre une facette inconnue de cet auteur avec ces textes extraits de Écrits pacifiques.
Le premier texte "Je ne peux pas oublier" des 3 qui composent ce recueil est autobiographique et presque sans fioriture des envolées des différents styles qu'a pu essayer l'auteur dans ses romans. Presque comme s'il voulait exposer sa pensée sans l'astuce de la littérature.
Les phrases simples semblent dépouillées, n'en sont que plus percutantes.
La plupart par groupe de 2 ou 3 dans un paragraphe mériteraient d'être citées tellement elles m'ont choqué, ému et ont parlé à ma conscience du monde, moi qui n'ai connu que les guerres des livres. Choisir un extrait me semble presque impossible, néanmoins nécessaire. Si le début commence par le détails des batailles (dont Verdun, le Chemin des dames et 2 autres) faites par son bataillon 3 pages plus loin d'intenses phrases gravée au feu du souvenir:
"Il n'y a pas un moment de ma vie où j'ai pensé à lutter contre la guerre depuis 1919. J'aurais dû lutter contre elle pendant le temps où elle me tenait, mais à ce moment là j'étais un jeune homme affolé par les poètes de l'état bourgeois."
Page suivante même paragraphe un peu plus loin:
"A la guerre j'ai peur, j'ai toujours peur, je tremble, je fais dans ma culotte. Parce que c'est bête, parce que c'est inutile. Inutile pour moi. Inutile pour le camarade qui est avec moi qui est avec moi sur la ligne des tirailleurs. Inutile pour le camarade qui est en face qui s'avance sur la ligne des tirailleurs qui s'avance vers moi. Inutile pour le fantassin, pour le cavalier, pour l'artilleur, pour l'aviateur, pour le soldat, le sergent, le lieutenant, le capitaine, le commandant. Attention j'allais dire le colonel, mais arrêtons nous. Inutile pour tous ceux qui sont sous la meule, la farine humaine. Utile pour qui alors?"
La pensée visionnaire de l'auteur (sur ce sujet) qui a dû tant être décriée s’étend sur la période d'après guerre, sur des considérations sur la société. Sans misérabilisme, sans détails tape-à-l’œil mais avec la fougue du vécu qui est évoqué avec la réflexion de l'auteur. Percutant comme si les considérations dans sa tête pouvaient arrêter les percuteurs des fusils... comme ce passage où il explique comment les soldats ne voulant plus savaient rendre inefficace leur arme pour charger au front avec une arme transformée en bâton incapable du moindre coup de feu.
Les deux autres textes sont des sortes de face B du roman Le grand troupeau. Des textes non publiés (je n'ai pas lu ce roman) qui évoquent la guerre avec un regard mélangeant une histoire des soldats, de combats et de morts, dont on s'imagine une part peut-être vécue, une part peut-être romancée. Bien qu'hors contexte de l'histoire les poilus présentés j'ai été directement au front avec eux. C'est triste, c'est sombre, c'est la faim, le froid et la boue. Le sang et les visages qui disparaissent où il y avait des hommes l'instant d'avant. J'entendais il y a quelques années que les derniers poilus avaient disparu et leur histoire avec. Il reste aussi Giono ou ces textes, mais ici cela semble la même chose, des tripes à la tête.
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