Cosmopolis de Don DeLillo
(Cosmopolis)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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En quête de sens
Eric Packer est un jeune financier new-yorkais de 28 ans à qui tout réussit. Un personnage suffisant qu'on dirait tout droit sorti d'un roman de Brett Easton Ellis. Il souffre d'insomnie et se réveille un matin avec comme principal but de spéculer sur le yen et se faire couper les cheveux. Le seul problème est que le salon de coiffure se trouve de l'autre côté de New-York. Il lui faut donc traverser la métropole de bout en bout dans sa limousine géante accompagné de sa garde rapprochée et de ses conseillers financiers. Car il est riche ce golden boy! Suffisamment pour posséder une limousine blindée avec un sol en marbre, un bombardier russe,...
Coincé dans sa limousine, il a les yeux rivés sur le cours du yen dont il a parié la chute et qui contrairement à l'attente remonte étrangement, le laissant lui et ses spécialistes boursiers dans l'incompréhension. Tous ils analysent incrédules la folle sarabande des chiffres, le flux continu d'informations qui se déversent sur les écrans. Difficile de ne rien maîtriser quand on est habitué à tout dominer. Tous, ils traversent un New-york cosmopolite noyé dans l'apocalypse: le président des Etats-Unis est en visite et l'on craint pour sa sécurité, une manifestation contre l'ordre financier se déroule avec son cortège de violences, l'enterrement d'un chanteur rap à Soho. Une ville en état de siège!
A travers cette balade agitée dans New-York, on assiste à la quête d'identité d'un homme rongé par le doute. Il sent son monde basculer, ses références s'envoler. Un voyage qui va s'achever par la mort programmée d'un homme et d'un système. A travers ce roman, Don DeLillo dénonce les excès du monde occidental: la mondialisation à outrance avec son cortège de licenciements justifiés uniquement par une logique de profits, la misère qui l'accompagne...Il propose une vision résolument critique du monde dans lequel nous vivons, un monde déshumanisé dans lequel les relations se passeront bientôt par écrans interposés. " En fin de compte, il s'agit d'un système qui est incontrôlable. L'hystérie à grande vitesse, d'un jour à l'autre, d'une minute à l'autre. Dans les sociétés libres, les gens n'ont pas à redouter la pathologie de l'Etat. Nous créons notre propre frénésie, nos propres convulsions de masse, entraînés par des machines à penser sur lesquelles nous n'avons aucune autorité définitive. La plupart du temps la frénésie se remarque à peine. C'est simplement notre façon de vivre."
Les éditions
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Cosmopolis [Texte imprimé], roman Don DeLillo trad. de l'américain par Marianne Véron
de DeLillo, Don Véron, Marianne (Traducteur)
Actes Sud / Lettres anglo-américaines (Arles)
ISBN : 9782742744510 ; 18,20 € ; 12/09/2003 ; 222 p. ; Broché -
Cosmopolis [Texte imprimé], roman Don DeLillo traduit de l'américain par Marianne Véron
de DeLillo, Don Véron, Marianne (Traducteur)
Albin Michel / Par ailleurs (Paris)
ISBN : 9782226155399 ; 12,89 € ; 01/03/2006 ; 190 p. ; Poche -
Cosmopolis [Texte imprimé], roman Don DeLillo traduit de l'américain par Marianne Véron
de DeLillo, Don Véron, Marianne (Traducteur)
J'ai lu / Par ailleurs (Paris)
ISBN : 9782290349670 ; 5,90 € ; 20/03/2006 ; 190 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Odyssée vers le vide
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 16 janvier 2015
Puis vient le doute, tant en lui même, une fois que le yen lui résiste : pourquoi cette vie, malgré ses avoirs, sa femme, ses maîtresses, son cadre de vie.
Vient aussi une société qui s'écroule autour de lui : violences, destruction dans un New York qui bascule vers Gotham City. Sauf qu'ici il n'y a pas de superhéros pour sauver le monde, il n'y a que le vide, et une odyssée froide et hallucinée vers la mort.
La vacuité d'une réussite-éclair
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 31 août 2014
La santé paraît tout de même le tracasser quelque peu, et l'envie de faire l'amour arrive encore à le mouvoir, car même les sommes astronomiques qu'il amasse ne l'impressionnent plus.
Ce roman est un mélange d'or et de crasse, l'un de ces deux éléments constitutifs finissant par prendre le dessus, à la fin. Celles et ceux qui ont vu l'adaptation de David Cronenberg le savent, car elle s'avère vraiment très fidèle, au dialogue prêt.
C'est assez bon, riches en désillusions, en dialogues qui font mouche. L'argent ne fait pas le bonheur, et les facilités qui s'ensuivent ne suffisent pas à éviter de côtoyer le glauque et éviter les ennuis et menaces. C'est donc assez moral, derrière un halo de mystère assez épais, en effet.
société du vide
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 15 mai 2013
Don DeLillo, quant à lui parle toujours de lui également en un sens, tous les écrivains partent de ce matériau qui est eux-mêmes, mais son propos devient universel, et d'une lucidité que l'on aimerait retrouver chez d'autres littérateurs qui en restent à un niveau beaucoup plus plat comme s'ils avaient peur en perdant leurs illusions de perdre en somme leur innocence.
Dans « Outremonde », il parvient à raconter des décennies d'histoire américaine dans un roman choral extrêmement densifié, sans asséner de jugements péremptoires, désigner des « bons » et des « méchants », ne voir que du noir et du blanc chez le pitoyable primate humain alors qu'il n'y a que du gris.
Et ce universellement...
Dans « Mao II », il montrait la vacuité des aspirations à l'heure d'un présent permanent imposé par tous les médias, dans lequel il y a peu de places pour les idéaux individuels, dans lequel l'individu de toutes façons n'existe plus perdu dans la masse informe des communautés diverses et variées auxquelles on le somme de s'attacher.
Il écrit des livres denses qui ne moralisent pas, ne jugent mais qui décrivent simplement dans un style sans fioritures que d'aucuns appelleraient sec la société qui est malheureusement la nôtre, marquée par le spectacle et le commerce, ou la virtualisation de tout échange humain réel, et dans laquelle même la contestation fait partie du système spectaculaire, des « flash mobs » civiques aux rassemblements d'« indignés » déguisés qui utilisent les mêmes codes que ceux qu'ils prétendent combattre sans les remettre en question une seule seconde.
Il utilise les codes de la littérature dite « de genre » (polars ou SF) pour cela, car ainsi que le rappelait Jean-Patrick Manchette dans ses fameuses « chroniques » sur le polar pour « Charlie Hebdo » (je parle de l'ancien pas du « Canard enchaîné » bobo actuel) c'est le meilleur moyen de détricoter les hypocrisies sévissant dans notre monde. Et de continuer aussi à écrire de la littérature qui ne soit pas qu'un alibi pour présenter une cause ou la mettre en scène.
« Cosmopolis » suit donc l'errance sans but, dans sa « stretch limo » (sa limousine allongée) d'un « golden boy » de Wall Street, Eric Packer, qui a fait fortune grâce à une « start-up », son avidité, son absence totale de scrupules. Il paye sa réussite par sa déshumanisation, ne sachant plus ressentir quoi que ce soit, sachant très bien que sa vie n'a aucun sens. Il ne sait plus ce qu'il veut, possédant tout ce que la société hyper-matérialiste recommande d'avoir pour montrer sa réussite. Il vit dans l'immédiateté absolue, dans le délire de transparence totale de l'époque, subissant un toucher rectal dans sa voiture sous l’œil de ses assistants et subalternes.
Les « Gymnopédies » d'Erik Satie ne sont pour lui qu'une musique d'ascenseur, l'art ne lui sert que pour l'entretien de son hygiène mentale, du « coaching » intellectuel en quelque sorte qui le conforte dans sa situation.
Il rencontre sa femme, une poétesse sans talent, qu'il n'aime pas, s'étant marié avec elle pour un nom et s'intégrer ainsi à la « bonne » société.
Des manifestants déguisés en rats manquent de détruire sa voiture. Et vers le crépuscule, il se mêle à des participants à une « performance artistique » censée démontrer la perversité du capitalisme en montrant en les filmant en vidéo des centaines de corps nus étendus dans la rue, toutes choses qui participent du système dont il est un des profiteurs opportunistes.
Il s'enrichit un peu plus encore et perd tout pendant la même journée.
Bientôt, averti par son garde du corps, Torval, il apprend que quelqu'un rôde en ville pour le tuer. Il ressent enfin quelque chose face au danger, a envie de vivre ce moment seul, raison pour laquelle il tue Torval, se préparant à affronter son assassin face à face, après s'être enfin fait couper les cheveux dans un quartier déshérité et après avoir retrouvé un peu de lien avec le reste de l'humanité en ayant mangé un dernier repas avec le coiffeur et son chauffeur.
Il rencontré enfin son éventuel meurtrier, Benno Levin, un déséquilibré pour qui les banques sont des édifices religieux, qui a parfaitement intégré tous les codes de la société spectaculaire lui, et qui explique ses actes de violence et ses meurtres sur des milliers de feuillets sans queue ni tête comme un certain Anders Breivik, ou un Mohammed Merah.
futur et néant
Critique de Lectio (, Inscrit le 16 juin 2011, 75 ans) - 15 mai 2013
Le spleen du golden boy
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 15 janvier 2012
Journée man.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 23 janvier 2009
Chorégraphie funèbre
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 26 juillet 2006
Ce livre m’a paru désespérant tant il est déshumanisé.
C’est mon premier Delillo et j’avoue ma déception. L’histoire m’a paru manquer de chair alors que j’ai trouvé le style remarquable et c’est lui qui m’a poussé à aller au bout du roman. Certaines descriptions, certaines scènes, ces dialogues qui n’en sont pas, ces mots superbement choisis qui se heurtent sont signés d’un grand écrivain.
Si je suis passé à côté d’un livre, j’ai découvert un écrivain.
Cette recherche d’une nouvelle théorie du temps où même le doute du futur serait dominé, « Cet immense flux rapace où la volonté physique de la ville, les fièvres de l’ego, les affirmations de l’industrie, du commerce et des foules façonnent l’anecdotique dans chacun de ses moments » est peut-être la description du monde dans lequel nous entrons et c’est funèbre..
Subversif
Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 54 ans) - 6 octobre 2005
Saine lecture.
Quelle journée!
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 10 juin 2004
Dans le cas présent, les repères moraux ou émotionnels n'existeraient plus, tout serait régi par les lois du marché, la violence et l'argent (et aussi un peu de sexe, malgré tout...). Au centre de cet univers, un golden boy qui ne dort pas ou peu, le non-besoin de sommeil étant le signe absolu qu'on se maîtrise à la perfection mais qu'on peut également dominer le monde. Et pour économiser encore davantage le temps gagné en ne dormant pas, il suffit de transformer une limousine en bureau - salle de bain - garçonnière et le tour est joué. Il faut une ville, aussi, bien sûr et là, qu'imaginer d'autre que Big Apple, la ville de tous les délires. Ceux-ci pouvant prendre l'apparence d'écrans d'ordinateur ou de télévisions reliées à tous les centres d'information de la terre et concentrés dans cette fameuse limousine blanche qui fait aussi office de cuisine.
Tout semble régulé, ordonnancé, calculé, répondant à une logique implacable jusqu'au moment où un grain de sable enraie la mécanique et provoque inéluctablement la chute d'Eric, encore triomphant quelques heures plus tôt.
Je reconnais volontiers du talent à De Lillo, même si il ne fait pas partie de mes favoris. Sa leçon futuriste interpelle (un peu à l'image de celle de Somoza dans "Clara et la pénombre"), on se dit que c'est de la fiction mais en y regardant de plus près, il suffirait de changer quelques éléments pour que le cauchemar se transforme en réalité.
pas le meilleur mais déjà largement au dessus de la mêlée
Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 4 janvier 2004
La suite des événements est trop mécanique, trop prévisible, pour tout dire, très caricaturale (le youpee dans sa bagnole), alors que Delillo m'avait plutôt habitué à des récits chaotiques, presque sans début ni fin, sans morale à en retirer.
Ici, Delillo surligne en gros ce qui lui semble caractéristique de l'époque pour illustrer ce qui se retrouve dans tous ses romans : la sensation de vide que produit la société moderne, mais ici il brode exagérément pour rendre le message intelligible. Inutile, Don, définitivement inutile. Ici, les intentions de Delillo se repèrent à 100 mètres, et l'excellent dénouement (écriture magistrale) n'y changera rien.
Enfin tout de même, pour terminer sur un touche positive, Cosmopolis reste tout de même bien meilleur que la moyenne des romans qui encombrent les étagères chaque année, et c'est déjà pas si mal.
Un roman ardu et plein de confusion
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 29 octobre 2003
Comme d'habitude avec Delillo je n'ai pas compris grand chose à ce qu'il voulait me dire. Mais alors que ça passait très bien dans Americana ou le style et l'humour transcendait l'histoire, ici son discours est au service d'une histoire finalement banale d'un prodige de la finance et son style devient un peu énervant. Il y a bien quelques passages forts : l'immolation en direct d'un manifestant anti-mondialiste et les réactions qu'elle suscite par exemple. Des descritions de la solitude et de l'anonymat dans la ville et la foule font mouche. Mais c'est peu. J'ai trouvé la fin hautement improbable et un peu burlesque.
Temps qui passe
Critique de Tentation (Asnieres sur seine, Inscrit le 12 octobre 2003, 56 ans) - 12 octobre 2003
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Cosmopolis : Robert Pattinson est Eric Packer | 16 | B1p | 31 août 2014 @ 18:26 |