La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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« (.) c'est lourd un corps quand il n'y a plus personne dedans ».
Un père vit depuis toujours isolé avec ses deux enfants. Il meurt. Qu'advient-il des jeunes ? Ils vont devoir prendre contact avec le monde et leurs « semblables » sans y être vraiment préparés. C’est l’un de ces enfants qui raconte dans une langue un peu décalée, pleine d'humour et de surprises. A elle seule, elle vaut le détour cette langue ! Il faut dire que l'enfant narrateur s’est nourri de trois sources littéraires : les romans de chevalerie, les Mémoires de Saint-Simon et l'Ethique de Spinoza.
Une préface-présentation nous invite (un peu à la hussarde) à voir dans ce texte un conte métaphysique. Pourquoi pas ? Le père y devient le Père donc. Mais la lecture au premier degré est à conseiller aussi : ailleurs, un jour, des êtres isolés creusent leur sillon. Et, comme ils sont un peu hors du monde, leur regard est autre et leur étonnement finit par provoquer le nôtre : oui, le monde est étrange. N'est-ce pas un des rôles majeurs de la littérature ? Décrire les choses comme si on était les premiers à les voir. Il faut que le lecteur s’étonne, qu'il retrouve lui aussi son premier regard. Sinon, autant ne pas écrire. J’aime beaucoup ce livre (un peu moins la fin) et j’en dirai donc peu pour ne pas en gâcher la lecture. On y trouve cette phrase, écrite sans doute pour faire se pâmer d’aise tous les lecteurs de Critiques Libres : « Et nous lirons, nous lirons ! Jusqu'à tomber par terre d’ivresse, car après tout qu'importe qu’elles nous mentent, ces histoires, si elles ruissellent de clarté… »
Les éditions
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La petite fille qui aimait trop les allumettes [Texte imprimé], roman Gaétan Soucy [présentation par Pierre Lepape]
de Soucy, Gaétan Lepape, Pierre (Préfacier)
Seuil / Points (Paris).
ISBN : 9782020386715 ; 6,50 € ; 18/02/2000 ; 180 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (8)
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Mitigé
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 2 novembre 2010
L'exception qui confirme la règle?
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 16 août 2010
Marqué par l'expérience
Critique de Calepin (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 43 ans) - 13 décembre 2007
Ce fut pour moi un livre marquant, tant par l’originalité de sa démarche que par l’étouffante étrangeté de ce récit. Un moment que je n’oublierai jamais.
Accrochez les ceintures !
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 10 juillet 2007
L’histoire débute par la mort du père, racontée par celui de ses deux fils qui prend en charge la narration (le secrétarien). Elevés totalement à l’écart du monde, il prend également sur lui de partir acheter un cercueil au village voisin, l’occasion de voir des « semblables », chose rarissime là où ils vivaient. Il en reviendra bredouille, du moins en ce qui concerne la « boite à trous »…
Notre narrateur a avec les mots une relation extrêmement particulière. Son éducation réalisée par les « dictionnaires », notamment Les mémoires de Saint-Simon ou L’éthique de Spinoza, couplée à une criante absence d’oralité de son minuscule entourage, l’ont amené à un langage qui sort, pour le moins, de l’ordinaire. Néologismes, mots pour un autre, à peu près & co offrent leurs saveurs déroutantes et suprêmement séduisantes, nous étourdissent et nous font passer du glauque à une pureté attendrissante.
Un roman mené tambour battant avec une verve jubilatoire.
La tyrannie
Critique de Vigno (, Inscrit le 30 mai 2001, - ans) - 15 avril 2005
Soucy va plus loin : il choisit deux enfants sauvages : l’un n’a qu’une connaissance livresque (Moyen-Âge, Ancien régime) du monde, une compréhension mal assimilée mais une culture quand même : « Je fais confiance aux mots, qui finissent toujours par dire ce qu'ils ont à dire. Tournez cinq fois sur vous-même, les yeux fermés et, avant que de les rouvrir, un caillou que vous aurez lancé, vous ne saurez pas dans quelle direction il est parti, mais vous saurez qu'il aura bien fini par retomber sur terre. Ainsi sont les mots. Ils arrivent toujours, coûte que coûte, par se poser quelque part, et cela seul est important. » L’autre se tient loin des livres et au plus près de la nature, même dans le sens sexuel du terme.
Leur tyran étant décédé, tous eux doivent affronter la vie, user de cette énorme responsabilité qui leur tombe dessus sans crier gare, qu’on appelle aussi la liberté. Celui (c’est une femme, comme il se doit) des deux qui s'est nourri de culture s’en sort relativement bien : « On dirait des fois que je suis seule sur terre à l'aimer, moi, la vie. Mais quand on essaie d'aimer, tout devient compliqué, car peu de gens ont de cela la même imagination dans le chapeau. » Ou encore : « J'entends qu'une nouvelle existence pour moi, un printemps en plein automne va peut-être commencer, ce que je ne devrais jamais me laisser aller à faire tant c'est dangereux pour mon aplomb, qui est fragile, de rêver. L’autre, à l’instar du Père se forge une certaine religion, afin de mieux tyranniser ses semblables. Il finira, comme il se doit, criminel et menotté.
On peut faire dire bien des choses à ce roman. Quant à moi, j’y vois le triomphe de la culture sur la tyrannie.
Le Verbe comme salut du monde
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 10 février 2005
En exploitant ce dernier aspect, Gaëtan Soucy a écrit une oeuvre qui outrepasse le premier degré de lecture, comme c’est le cas pour La Métamorphose de Kafka ou Les Fables de La Fontaine. L’auteur s’est inspiré de l’esprit d’une époque pour transposer ses préoccupations existentielles. En fait, il a concocté une longue nouvelle allégorique qui plonge les protagonistes dans un univers primaire où un veuf s’isole dans son domaine à la suite de la mort de sa femme. Incapable d’en assumer le deuil, il sombre dans les abysses de la démence. Ses enfants, laissés à eux-mêmes, sont obligés de se donner une éducation pour apprivoiser le monde à partir des rares livres qui traînent dans le manoir. La situation s’aggrave quand ils trouvent leur père pendu. C’est le canevas sur lequel Gaëtan Soucy brode un monde qui n’appartient qu’à ceux qui ont la maîtrise des mots. On comprend que, comme écrivain, il choisisse ce moyen pour assurer la rédemption de ses héros. En somme, la question qu’il pose est simple : comment assurer le salut de l’humanité?
L’auteur peaufine cette esquisse en calquant la philosophie de Spinoza. Son roman véhicule un message qui prône la libération par la connaissance à travers la servitude de deux adolescents soumis à leur père, mais aussi à leur ignorance. Ils doivent tout apprivoiser de l’existence. La mort d’abord, la féminité et l’amour ensuite. Il n’est pas facile de cheminer vers la liberté. Et cheminer vers la liberté, c’est aussi s’ouvrir aux autres.
L’emballage fort original de cette œuvre profonde cache plein de surprises. Dans son grimoire, l’un des jeunes confiera le quotidien de la famille avec la seule lettre L. C’est rempli de trouvailles qui font sourire ou qui émeuvent. Malgré la gravité du sujet, les protagonistes ont une tendance à la béatitude à l’instar du philosophe déjà mentionné. L’écriture tout imprégnée de l’esprit d’un temps ancien s’ajuste adéquatement à l’âge des enfants. Ceux qui sont familiers avec l’écriture de Rutebeuf et le Roman de Renart apprécieront les expressions de Gaëtan Soucy, expressions enrichies de québécismes. Cette œuvre sublime et exigeante peut nous faire faire des grimaces. Mais l’auteur affirme que l’« on ne montre pas à un vieux singe à faire de la philosophie ».
le secrétarien se laisse aller à écrire n'importe comment
Critique de JeanBoucher (, Inscrit le 22 février 2004, 61 ans) - 26 avril 2004
Ce n’est pas une lecture facile, les enfants possèdent leur propre langage, héritage de feu leur père, ce qui est à mon avis agaçant et ralentit la lecture.
Un livre où les dialogues sont à peu près inexistants.
Après la première partie, le livre est constitué de deux parties, je me suis demandé si j’allais terminer le livre. Car j’ai comme principe : Si je ne suis pas intéressé après 100 pages, je laisse tomber le livre...Il y a beaucoup trop de bons livres à lire, nul besoin de perdre mon temps avec les mauvais.
La raison pour laquelle j’ai terminé ce livre, c’est qu’il n'y avait que 180 pages.
Je suis quand même content d’avoir terminé le livre, car la deuxième partie est plus intéressante à mon avis. L’action est plus soutenue et l’on découvre enfin le pourquoi du titre du livre.
J’ai lu ce livre suite à une entrevue que l’auteur a donné à l’émission de Marie-France Bazzo -- Indicatif présent, à la radio de Radio-Canada. Ils y faisait mention que ce livre était en quelque sorte devenu un livre culte, ce qui piqua ma curiosité.
Loin d’un livre culte pour moi, à lire si vous n’avez rien d’autre sous la main. Si vous voulez lire de bon roman québécois, je vous conseille les livres de Jean-Jacques Pelletier.
jean boucher
Héritage étrange
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 5 février 2004
On navigue dans un monde flou, s'accrochant à certaines phrases pour se situer. Le mérite de Soucy est d'avoir réussi à inventer ce style et cet univers totalement original et énigmatique. Mais, je ne peux m'empêcher de penser que l'écriture aurait gagnée à être plus sobre, afin de refléter avec plus de cohérence la voix du narrateur(trice)....
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Décès de Gaétan Soucy | 11 | Libris québécis | 21 août 2013 @ 21:11 |
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