Nous l'aimons tant, Glenda et autres récits de Julio Cortázar

Nous l'aimons tant, Glenda et autres récits de Julio Cortázar
(Queremos tanto a Glenda)

Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Tistou, le 10 juin 2014 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 942ème position).
Visites : 5 517 

10 nouvelles réparties en 3 chapitres

10 nouvelles réparties en 3 chapitres : I, II et III et j’avoue n’avoir toujours pas compris le pourquoi de cette répartition ? Pas grave.
Bien évidemment, Julio Cortazar va encore une fois faire passer cul par-dessus la tête des situations de la vie courante qui vont devenir, ce faisant, des situations angoissantes, paranormales, délirantes, surréalistes, limite fantastiques.
J’ai du mal avec le procédé, ou plutôt avec l’auteur peut-être. Un signe qui ne trompe pas ; je n’avance pas dans les lectures des recueils de Julio Cortazar. Et c’est désespérant parce que je vois bien qu’il y a de la matière, du fond, du souffle, parce que l’écriture est belle – et certainement les œuvres bien traduites – mais non, rien à faire, je patine dessus. Problème.
- « Nous l’aimons tant, Glenda », la nouvelle éponyme, est typique. Un groupe de cinéphiles, au fil des années, se reconnaissent mutuellement comme des adorateurs d’une actrice de films, Glenda. Enfin plutôt adorateurs des diverses images de Glenda correspondant aux diverses œuvres dans lesquelles intervient Glenda. Ils prennent l’habitude de se retrouver en comités choisis et restreints pour gloser, faire l’exégèse de chaque film nouvellement sorti où intervient Glenda. Elle devient plus une icône qu’une femme réelle. Elle ne s’appartient plus. Mais ne le sait pas. Sauf que …
- « Coupures de presse » fait référence à la période sale que connût le pays de Julio Cortazar, l’Argentine, où disparitions et exactions n’étaient pas que des mots qui rimaient ensemble ! Une Argentine exilée à Paris, écrivaine, rencontre un sculpteur Argentin, exilé lui aussi qui lui demande d’écrire un texte pour accompagner l’exposition d’œuvres qu’il va réaliser. Travaillée par la question qui remue de traumatisants souvenirs en elle-même, elle va finir par rêver d’une situation violente, extrêmement violente même, dans laquelle elle intervient en quelque sorte en légitime défense. Elle sera encore plus troublée lorsqu’elle découvrira dans la Presse que cet évènement vécu par procuration en rêve, à Paris, vient de se dérouler, dans la vie réelle, à Marseille …
- « Texte sur un carnet » est passablement délirant lui aussi. Il se pourrait d’ailleurs qu’il raconte la montée de bouffées délirantes chez un quidam ? Il se pourrait, parce qu’avec Julio Cortazar … En substance, lors de comptage des usagers dans un métro – entrées et sorties – des différences apparaissent de temps à autre ; 4 passagers de moins sont sortis un jour par rapport aux entrés, 1 de plus un autre jour. Notre héros ne va pouvoir s’enlever cette donnée de la tête et va mener l’enquête en quelque sorte. Dans le métro, par l’observation et dans sa tête. Dans sa tête surtout par la réflexion, l’introspection. Et il pourrait bien y avoir laissé sa raison …

Il y en a 10 ainsi. Très intelligentes les nouvelles. Très cérébrales. Mais j’ai trop vite l’indigestion. Dommage.

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Des nouvelles étranges ...

7 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 3 novembre 2014

Julio Cortazar livre dans ce recueil dix nouvelles étonnantes par le fait même que l'auteur part de certains faits ancrés dans la banalité et, sous sa plume, les rend inquiétants.

Dans "Orientation des chats", l'auteur établit un lien entre le regard de la femme aimée et celui d'un chat. Dans "Nous l'aimons tant, Glenda", un groupe de fans d'une grande comédienne devient fort inquiétant lorsqu'il en vient à contrôler l'image de cette star. "Histoire avec des mygales", nouvelle la plus réussie à mes yeux, installe progressivement un climat inquiétant sous les tropiques. Dans "Texte sur un carnet", le nombre de personnes sortant du métro ne correspond au nombre de personnes qui y sont entrées. Dans "Coupures de presse", il est question des fameux enlèvements en Argentine qui ont gâché une multitude de vies. Avec "Le tango du retour", on fait la connaissance d'une femme qui semble avoir une vie rangée et qui se rend compte que celui qu'elle croyait mort, son premier mari, ne l'est peut-être pas. Elle aurait donc deux époux ... Le lecteur suit aussi un groupe d'artistes dans "Clone" qui ne parvient plus à trouver l'entrain qu'ils avaient auparavant. Non, non, cette histoire vous semble normale, vous faites erreur ... "Graffiti" est une très belle nouvelle, je n'en dirai pas plus car je ne veux rien révéler sur ce beau texte qui a inspiré le réalisateur Alexandre Aja pour son film "Furia" avec Stanislas Merhar et Marion Cotillard. Dans "Histoires que je me raconte", le personnage principal s'invente des histoires avant de s'endormir ... "Anneau de Möbius" a pour point de départ un viol et alors là, un point d'arrivée assez déconcertant ...

L'auteur excelle à créer des situations étranges en partant de faits bien réels. Il se plaît à mêler la réalité aux rêves et à l'imagination, si bien que l'on en vient à douter de ce qui est décrit. L'écriture est très plaisante, poétique, énergique. L'auteur parvient à insuffler du dynamisme à ses dialogues, parfois en enchaînant les répliques sans que l'on distingue nettement, par la ponctuation, qui parle. Ce procédé est surtout utilisé dans "Clone", texte suivi d'explications de l'auteur sur la naissance de cette nouvelle et son lien avec une partition musicale. Ici, l'écriture de Cortazar se fait musicale, symphonique. Cortazar est vraiment un grand auteur et ses textes sont ciselés, pas toujours faciles lors d'une première lecture. Comme toi, Tistou, je me suis interrogé sur la structure du recueil, sur les trois sections et je n'y vois pas de logique flagrante ...

Des textes énigmatiques et intelligemment constitués.

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