Journaux , 1950 -1962 de Sylvia Plath
(The journals of Sylvia Plath : 1950-1962)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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L'écriture ou la mort...
Ce qu’on retient de Sylvia Plath, c’est la poétesse au talent aujourd’hui incontesté, le suicide tragique en pleine jeunesse, et le couple qu'elle forma avec Ted Hughes, autre figure emblématique de la littérature anglo-saxonne.
On a d’ailleurs souvent imputé à ce dernier une grande part de responsabilité dans le naufrage psychologique de sa femme (ex-femme au moment de son suicide), et les turbulences de sa carrière.
On lui a également reproché d’avoir brûlé la partie des journaux concernant les deux dernières années de la vie de Sylvia Plath (il s’en explique dans la préface et fait prévaloir la volonté de protéger leurs enfants), ce qui a donné lieu à toutes les supputations possibles et inimaginables.
Mais l’enjeu de ces « Journaux » n’est pas de répondre à des questions laissées en suspens, ni de glaner des anecdotes croustillantes sur le couple Plath/Hughes, encore moins de savoir quel impact négatif a pu avoir l’époux écrivain sur la femme artiste (et potentielle rivale).
S’il est vrai que les années les plus prolifiques artistiquement ont été, pour Sylvia Plath, celles où elle vivait seule (au début et à la fin de sa vie), qu’elle est restée un peu en retrait derrière son géant littéraire de mari (sans compter la maternité qui l’a forcément accaparée), on découvre également, à travers ces écrits intimes, une réalité autrement plus complexe :
Sylvia Plath, entrée à Smith College à Cambridge grâce à une bourse, connaît une ascension fulgurante. Elle est rapidement publiée dans des revues, remporte un premier prix dans le magazine « Mademoiselle » qui l’invite alors en tant que rédactrice en chef à New-York.
C’est la consécration pour la jeune étudiante férue de littérature, mais également le début de LA hantise, celle qui ne la quittera plus, celle de ne pas être à la hauteur, de ne plus y arriver, de ne pas être légitime dans le monde des lettres, de ne pas être la meilleure.
Sylvia Plath fait une tentative de suicide au retour de New-York et sombre dans une dépression profonde, ce qu’elle relatera d’ailleurs dans « La cloche de détresse », publiée sous un pseudonyme tant elle doutait de sa capacité à écrire un roman.
Brillante mais bourrée de complexes, tourmentée, fragile, Sylvia Plath est habitée par un sentiment d’incomplétude récurrent, une espèce d’impossibilité à se réaliser complètement.
Envieuse, jalouse, paralysée par l’angoisse, ce qu’elle raconte, finalement, au fil de ces années, ce dont traite essentiellement ses « Journaux », c’est la difficulté, voire l’impossibilité, qu’elle éprouve à écrire, et la souffrance qui résulte de cette difficulté/impossibilité.
Ecartelée, c’est une femme qui peine à se rassembler, à équilibrer les différences facettes de sa personnalité : la fille, qui veut rentrer dans le ventre maternel mais qui déteste sa mère, parle souvent de bébés morts nés au sujet de ses textes, la femme, qui vit un peu dans l’ombre de son mari, la poétesse qui navigue entre échecs insécurisants et réussites tout aussi insécurisantes.
L’écriture était toute sa vie, elle fut sans doute, également, une des raisons de sa mort.
Les éditions
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Journaux [Texte imprimé], 1950-1962 Sylvia Plath [extr. choisis par Frances McCullough et Ted Hughes] avant-propos de Ted Hughes trad. de l'anglais... et préf. par Christine Savinel
de Plath, Sylvia McCullough, Frances (Editeur scientifique) Hughes, Ted (Editeur scientifique) Savinel, Christine (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070749201 ; 29,50 € ; 12/10/1999 ; 481 p. ; Broché
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